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Durant les deux premiers mois, alors que l’atelier prenait forme, nous avons pris des notes pendant et après la séance sur tout ce qui nous paraissait significatif. Il était cependant difficile d’observer, de prendre des notes et dans le même temps d’être présent auprès des enfants dans une démarche active. De plus, cette approche était subjective, car elle était le produit d’un seul point de vue.

Dès janvier nous avons tenté de filmer chacune des séances. En raison de quelques se-maines où les enfants étaient particulièrement agités, nous n’avons pu enregistrer toutes les séances. Cela a pourtant permis de compléter les observations que nous avons pu faire durant l’atelier.

Nous souhaitions, pour valider ou invalider ces hypothèses, accompagner ces trois gar-çons sur plusieurs mois et évaluer une potentielle évolution à travers une grille d’observation graduée. Nous étions consciente que celle-ci ne permettrait pas réellement une évaluation quantitative. Ayant choisi de construire cet atelier au fur et à mesure à l’intérieur du cadre décrit ci-dessus, nous avons également choisi d’avoir une approche clinique permettant

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d’enrichir si possible les données cliniques, existantes mais peu nombreuses, au sujet des en-fants présentant des traits psychotiques.

L’utilisation d’une grille posait pourtant quelques problèmes : d’une part la qualité des enregistrements (la caméra étant sur pied, les enfants sont parfois hors-champ, ce qui rend difficile l’évaluation du non verbal). D’autre part, évaluer quelques séances, comme des pho-tos prises à certains moments, ne nous paraissait pas révélateur. En effet, ces enfants peuvent être très différents d’une séance à l’autre. Comment choisir alors de manière objective deux séances réellement représentatives ? Nous avons eu des facteurs extérieurs entraînant des va-riables notables dans le déroulement et le comportement des enfants (crises d’autres enfants devant la porte, enfants qui nous ont rejoints pendant une partie de l’atelier, etc). De plus, l’atelier a un peu évolué au fil du temps dans ce que nous proposions, car nous avons progres-sivement ajusté le contenu de celui-ci. Pour ces raisons, une évaluation à travers une grille d’observation à un moment T puis à un moment T1 ne nous semblait pas pertinente.

Nous avons donc jugé plus judicieux de présenter l’évolution globale de chacun de ces enfants au fil des mois, en se basant sur l’observation qualitative de certains domaines que nous allons présenter sous forme de tableaux. Nous avons sélectionné ces domaines en fonc-tion de notre problématique et de nos hypothèses, mais aussi dans le but de faire un portrait assez global de chaque enfant.

Pour tenter de répondre à notre problématique sur l’apport du conte dans cet atelier, nous avons mis en parallèle, enfant par enfant et pour chaque domaine, les observations faites lors de la première partie de l’atelier et celles relevées lors du temps du conte. Cette compa-raison permet de faire ressortir les effets de ce temps de conte par rapport à la première partie de l’atelier. On observera dans ces grilles une quantité d’informations inégales entre ces deux axes. Plusieurs raisons expliquent cela : la première partie utilisant plusieurs matériaux, cela entraîne plus d’observations différentes. D’autre part, le matériel du conte entraîne moins de productions verbales et moins d’agitation ce qui produit moins de détails à retranscrire.

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Les domaines d’observation retenus sont les suivants :  RAPPORT AU CONTENU

Changement

- l’accepte sans difficulté

- difficile, s’oppose, mais peut l’accepter - crise de colère forte

Recherche de même dans le jeu/histoire:

- demande toujours le même scénario/matériel - innove, propose des modifications, anticipe

Attention :

- permanente

- forte distractibilité (évènement extérieur identifié ou sans raison) - faible distractibilité (évènement extérieur identifié ou sans raison) - pas d’attention

 CRISES

Angoisse

- l’enfant l’exprime mais peut se calmer seul

- idem, mais a besoin de l’aide de l’adulte pour le calmer (aide verbale, non verbale) - idem mais l’enfant ne peut se calmer

- l’enfant se met en retrait, mais peut revenir tout seul

- idem mais a besoin de l’adulte pour revenir (aide verbale, non verbale, insistance né-cessaire ou non)

- idem mais l’enfant reste dans sa bulle

- l’enfant a une grande agitation (motrice ou/et verbale) mais peut se calmer seul - idem mais a besoin de l’aide de l’adulte (verbale, non verbale)

- idem mais ne peut se calmer

Facteur externe d’angoisse Facteur externe d’apaisement

 RELATION AUX AUTRES

Relation à l’adulte

- cherche spontanément son contact physiquement/verbalement

- sur sollicitation de l’adulte, prend celui-ci en compte physiquement/verbalement - ignore spontanément physiquement/verbalement

- sur sollicitation de l’adulte, continue de l’ignorer physiquement/verbalement - demande de l’aide à l’adulte

- si l’adulte lui en propose, l’accepte - idem, mais la refuse

- idem mais la refuse + crise - cherche l’affection

71 - accepte une contrainte sans difficulté

- s’oppose mais peut se soumettre avec aide de l’adulte - s’oppose + fuite, cris ou coups

Relation avec ses pairs

- cherche spontanément son contact physiquement/verbalement

- sur sollicitation de l’adulte, le prend en compte physiquement/verbalement - ignore spontanément physiquement/verbalement

- sur sollicitation de l’adulte, continue de l’ignorer physiquement/verbalement - partage spontanément des objets ou activités

- partage des objets ou activités si on le sollicite - ne partage pas d’objets ou activités.

Par rapport au groupe, se situe comme - initiateur, il commande

- suiveur

- ne prend part à aucune interaction, mais reste tout seul

 COMMUNICATION

Communication non verbale

- sans langage,

- en accord avec communication verbale - en décalage avec la communication verbale - sourire, rire

- colère - peur

- pas d’expression faciale - attention conjointe possible - contact visuel adapté - pointage

- posture orientée vers l’interlocuteur (collé, à côté, en face, dos tourné)

Langage :

- langage pour soi - langage pour l’autre

- langage pour se protéger de l’autre - adapté

>mot-phrases >phrases simples

>utilisation de pronoms personnels - crée du langage ? joue avec ? - non adapté

>écholalies

>slogans, chansons, expressions

>décalage entre langage et situation (signifiant/signifié) - argot

- mutisme

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