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Chapitre 3. Etude de la biodiversité sur les plateformes de puits

1. Matériel et Méthode

Intérêt potentiel des plateformes de puits pour la biodiversité

Sur les sites industriels de Storengy, les plateformes de puits sont dispersées autour de la station centrale. Elles permettent la circulation du gaz du réservoir souterrain à la station centrale et au réseau de distribution. Ces installations ont une dimension d’environ 70m x 70m. En surface elles sont constituées d’un mélange de graviers et d’une fine couche de béton avec au centre une tête de puits bétonnée comportant les vannes de sécurité (Figures 20, 21). Depuis la tête de puits un tube métallique d’environ 10cm de diamètre plonge dans le sol jusqu‘à la bulle de gaz. Sur le domaine foncier de Storengy, les plateformes représentent une surface cumulée d’environ 215ha, soit 14% de sa surface totale. J’ai décidé d’étudier ces installations car contrairement aux réserves foncières, qui peuvent être amenées à disparaitre au profit de nouveaux projets ou vendues, celles-ci sont pérennes car indispensables à l’activité gazière. Sur certains sites,

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d’autres plateformes pourraient être amenées à être créées, il est donc important de trouver des solutions pour diminuer leur impact sur la biodiversité locale.

Figure 20. Schématisation des plateformes de puits.

Figure 21. Plateforme de puits enherbée au sein d’un boisement sur le site de Soings-en-Sologne. (Source : Laura Thuillier)

De plus, lors d’une visite sur un des sites de Storengy au début de ma thèse, j’ai découvert que les plateformes de puits pouvaient accueillir certaines espèces, notamment des oiseaux qui nichent dessus. L’écologue qui travaille sur les sites de Chémery, Soings-en-Sologne et

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la-Ronde a observé l’Œdicnème criard Burhinus oedicnemus L. (Figure 22.) et le petit gravelot,

Charadrius dubius Scopoli (Figure 23.) nichant sur des plateformes. Lors de mes inventaires,

j’ai aussi recensé un couple d’Œdicnème criard sur une plateforme du site de Gournay-sur-Aronde et les agents d’espace vert m’ont confirmé leur présence l’année précédente. La composition en graviers plus ou moins déstructurée des plateformes, crée des espaces analogues aux milieux caillouteux que ces espèces affectionnent pour la nidification, notamment car ils permettent le camouflage des œufs et des poussins. Les plateformes ont un caractère très artificiel ; leur surface étant majoritairement minérale peu de végétation peut s’y développer et les grillages qui les entourent peuvent constituer un obstacle pour la faune. Cependant, pour favoriser leur intégration paysagère, notamment en milieu ouvert, elles sont parfois entourées de haies plus ou moins denses pouvant être utiles à quelques espèces. Certaines plateformes ont également été aménagées avec des bandes herbeuses en réimplantant le sol issu des travaux autour de la tête de puits et en y laissant la végétation se développer spontanément. Lorsque les plateformes de puits sont implantées en milieux artificialisés, comme dans un paysage d’agriculture intensive, et qu’elles comportent des aménagements paysagers (haies, bandes herbeuses, fossés), elles pourraient constituer des refuges, des lieux d’alimentation, de reproduction ou des corridors de déplacement pour certaines espèces de faune et de flore.

(a) (b)

Figure 22. Œdicnème criard Burhinus oedicnemus L. adulte (a) et poussin (b) observés sur des plateformes de puits. (source : Alain Garnier)

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Figure 23. Poussin de Petit gravelot Charadrius dubius Scopoli observé sur une plateforme de puits. (source : Alain Garnier)

Sélection des plateformes de puits étudiées

Pour sélectionner l’échantillon de plateformes de puits de cette étude, un premier travail a consisté à répertorier les caractéristiques des plateformes des 14 sites de Storengy : présence ou non de bandes enherbées, de haies, paysage environnant. Ce travail a été réalisé en s’appuyant sur une cartographie du domaine foncier de Storengy réalisée par le bureau d’étude Engie Ineo Dexip et sur des images satellites. A partir de cet inventaire, les sites présentant exclusivement des plateformes avec et sans bandes enherbées et plus ou moins de haies ont été sélectionnés : le site de Gournay-sur-Aronde dans l’Oise, le site de Germigny-sous-Coulombs en Seine et Marne et les sites de Chémery et Soings-en-Sologne dans le Loir-et-Cher (Figure 24). Les sites de Chémery et Soings-en-Sologne étant gérés par le même chef de site, ils ont été considérés comme un seul et même site : Chémery-Soings. Sur ces 3 sites, les plateformes sélectionnées étaient distantes d’au moins 200m pour éviter un double comptage lors de l’inventaire de l’avifaune. 50 plateformes ont été inventoriées dont 17 entourées principalement de boisements et 33 principalement de champs cultivés.

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Les plateformes entourées de boisements ont été exclues des analyses dans le cadre de l’article qui visait à étudier l’apport des aménagements associés à ces installations en milieu agricole. En effet, en forêt, nous faisons l’hypothèse que les plateformes ont plutôt un effet fragmentant, même si la présence de bandes enherbées pourrait contribuer à créer un biotope de type lisière potentiellement favorable à une biodiversité riche. Cette piste reste à être étudiée.

Figure 24. Sites industriels sur lesquels les plateformes de puits ont été étudiées.

1 : Gournay-sur-Aronde, 2 : Germigny-sous-Coulombs, 3 : Chémery, Soings-en-Sologne

Inventaires de la faune et de la flore

Pour répondre à mes questions de recherche, j’ai inventorié trois groupes taxonomiques représentant différents niveaux trophiques, précédemment observés sur les plateformes de puits, étant de bons indicateurs de la qualité des habitats et du paysage, connus comme étant impactés par les pratiques agricoles intensives et « charismatiques » afin de faciliter la communication des résultats au sein de l’entreprise. Les plantes, les papillons et les oiseaux ont

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été inventoriés sur les plateformes au printemps et à l’été 2017. Les oiseaux ont été inventoriés deux fois sur les mois de mai et juin selon le protocole STOC-EPS du Muséum en faisant un point d’écoute de 5 minutes devant la plateforme. Les papillons ont été inventoriés avec deux passages sur chaque plateforme, un premier en juillet et un deuxième début septembre. J’ai effectué un transect de 10 minutes sur la diagonale de la plateforme et identifié et compté les papillons dans une boîte imaginaire de 5m² autour de moi (Figure 25, 26.). La flore a été inventoriée en juillet, en même temps que les papillons, en faisant deux placettes de 5 quadrats de 1m² réparties aléatoirement sur la surface enherbée du puits.

(a) (b)

Figure 25. Papillons observés sur des plateformes de puits avec des bandes enherbées. (a) Le Collier-de-corail Aricia agestis Denis & Schiffermüller (b) La Mélitée du plantain

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Figure 26. La mégère Lasiommata megera L. observée sur une plateforme de puits dépourvue de bandes enherbées.

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Article 2:Influence of industrial facilities on bird and butterfly communities

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