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Maladies parodontales et état de santé général

I. Les maladies parodontales - gingivites et parodontites

5. Maladies parodontales et état de santé général

Grâce à des études épidémiologiques, histopathologiques, expérimentales et thérapeutiques on sait aujourd'hui que les maladies parodontales ont un lien avec différentes pathologies systémiques. Cependant ces liens physiopathologiques et de causalité n'ont pas tous encore été clairement élucidés.

Les maladies parodontales représentent ainsi un facteur de risque de bactériémie, de maladies cardiovasculaires, de diabète, de complications de la grossesse et de maladies respiratoires.[25]

5.1. La bactériémie

Dans le cas d'une parodontite, on peut retrouver de 10^9 à 10^10 bactéries dans une seule poche parodontale. Ainsi l'épithélium ulcéré le long du parodonte va constituer une porte d'entrée de bactéries. Celles-ci peuvent à la fois envahir les tissus du parodonte et coloniser des sites à distance, donnant lieu à des infections systémiques, des bactériémies.

On va pouvoir retrouver des bactériémies au moment du brossage ou de la mastication. Ainsi, à partir d'une parodontite on aboutira à une inflammation systémique avec notamment sécrétion de cytokines, production de CRP et, cette inflammation pourra alors engendrer des affections systémiques.

Figure 27 : Effets systémiques des parondontites : modèle hypothétique. Des bactéries dans la circulation peuvent enclencher une réponse de l'hôte directe et/ou indirecte. Des cytokines produites localement peuvent entrer dans la circulation, stimuler la synthèse par des cellules hépatiques des protéines de la phase aiguë de l'inflammation, et contribuer à l'étiologie et la pathogénie des affections systémiques. LPS : lipopolysaccharides ; IL : interleukine ; TNF : tumor necrosis factor ; PG : prostaglandine ; CRP : C-réactive protéine. [25]

5.2. Les maladies cardiovasculaires

L'athérosclérose, responsable de phénomènes ischémiques à l'origine d'infarctus du myocarde, d'accident vasculaire cérébral et de l'artérite des membres inférieurs, est due notamment à des cellules et à des molécules de l'inflammation : leucocytes, cytokines... Ainsi, des associations on été mises en évidence, entre la parodontite, pathologie à composante inflammatoire prépondérante, et le risque de développer un épisode aigu cardiovasculaire. De même, ont été associés la parodontite sévère et l'épaisseur de la paroi intimale carotidienne supérieure à 1mm, des Ac sériques contre Aggregatibacter actinomycetemcomitans et Porphyromonas gingivalis, et le risque élevé d'infarctus.

On expliquerait cela par différents phénomènes précis :

-Porphyromonas gingivalis exprime des facteurs de virulence induisant l'aggrégation plaquettaire in vitro.

-Il y aurait une réponse auto-immune par des anticorps anti HSP bactérienne : protéine de protection contre le stress, dirigée contre l'HSP humaine des cellules artérielles.

-Les bactéries envahissent les cellules endothéliales et les macrophages et sont localisées dans les plaques d'athérome.

-Les médiateurs pro-inflammatoires : IL-6, CRP, fibrinogène, sont des facteurs de risque des maladies cardiovasculaires. Ces médiateurs : IL-1, IL-6 et TNF sont en concentration plus élevée chez les patients atteints de parodontopahies.[26]

Ainsi la prévention et le traitement parodontal sont fondamentaux chez un patient à risque cardiovasculaire objectivé.

Enfin, de manière logique, la bactériémie observée au cours des maladies parodontales peut induire une endocardite infectieuse.

5.3. Le diabète

La relation entre parodontopathies et diabète est bidirectionnelle.

Figure 28 : Parodontite chronique chez un diabétique non équilibré. [3]

D'un côté, les parodontites représentent la sixième complication du diabète et de l'autre elles rendent difficile le contrôle de la glycémie, jouant un rôle dans la pathogénie du diabète.

C'est encore une fois la réaction inflammatoire exagérée due à la bactériémie, l'hyperproduction de cytokines pro-inflammatoires qui concourra à établir l'état inflammatoire systémique prononcé et l'insulino-résistance.

D'autre part, une étude récente indique que la colonisation bactérienne du tissu parodontal aggrave l'hypertension artérielle des souris diabétiques, en augmentant les pressions artérielles diastoliques et systoliques.[27] Cela multiplie donc les facteurs de risque cardiovasculaires. Ce lien entre hypertension et parodontite est évoqué dans la littérature mais reste encore à expliquer.[28]

Ainsi, l'odontologiste doit participer au dépistage du diabète dans le cas de parodontite sévère et chez les diabétiques, la prévention et le traitement des parodontites sont fondamentaux.

Figure 29 : Mécanisme biologique : lien inflammatoire. LPS : lipopolysaccharides ; IL : interleukine ; TNF : tumor necrosis factor ; PG : prostaglandine ; PCR : protéine C-réactive ; MMP : métalloprotéinases matricielles ; TIMP : tissue inhibitor of metalloproteinase ; M : macrophages ; RAGE-AGE : récepteurs des produits de glycation avancée-produits de glycation avancée. [25]

5.4. Les complications de la grossesse

Les maladies parodontales constitueraient un facteur de risque augmentant la probabilité de survenue de pré-éclampsies, de naissances prématurées et/ou de naissances d'enfants de faible poids. Cependant, cela n'a pas encore été clairement démontré.

Les bactéries agiraient directement ou indirectement via des produis bactériens à travers le placenta pour contaminer l'unité materno-foetale, ou par l'intermédiaire de médiateurs pro-inflammatoires.

Les femmes envisageant une grossesse doivent ainsi inclure dans leur bilan de santé un examen parodontal et les infections parodontales sévères sont à prendre en compte dans l'établissement du risque d'accouchement prématuré par l'obstétricien.

5.5. Les maladies respiratoires

Des études associent les parodontites avec les bronchopneumopathies chroniques obstructives BPCO : maladie chronique inflammatoire affectant les bronches, ainsi qu'avec des pneumonies.

Cela s'expliquerait par deux mécanismes :

- La colonisation de la plaque dentaire par des bactéries du système respiratoire qui sert alors de réservoir pour des pneumonies d'aspiration.

- La dégradation des mucines salivaires par des enzymes protéolytiques des parodontopathogènes, qui facilite l'adhérence des pathogènes au système respiratoire.

Enfin, un lien entre la parodontite et d'autres affections systémiques telles que l'insuffisance rénale chronique IRC, la Polyarthrite rhumatoide PR et le cancer oro-pharyngé, a été avancé, mais des investigations plus approfondies sont nécessaires pour le confirmer. [29]