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La mainmise sur la sexualité des femmes accompagne le contrôle de la fécondité : toutes les sociétés régulent les corps et les sexualités

Dans le document Genre et rapports sociaux de sexe (Page 129-134)

Si le clitoris fait partie de la sexualité féminine, alors l’ôter fera diminuer

le plaisir féminin. Il y a donc passage d’une sexualité-plaisir (clitoris) à une

sexualité-reproductive (vagin). Cette vaginalisation des femmes montre

les tentatives mâles d’acquérir le contrôle des fonctions sexuelles

fémi-nines. Ce contrôle peut se lire dans l’obligation de chasteté et de virginité.

L’exemple de l’infibulation est éloquent, ce « cache-sexe » se rapproche de

la ceinture de chasteté de nos anciens grâce à laquelle le mari pouvait

partir du foyer l’esprit tranquille. Par là-même, la couture des lèvres du

sexe féminin pourrait symboliser la couture des lèvres de la bouche : il y a

donc bel et bien domestication physique et morale et atteinte à l’intégrité

humaine.

Peut-on dire que la réification sexuelle est le processus primaire

d’assu-jettissement des femmes où celles-ci doivent être vierges, fidèles et mères ?

Ainsi, la féminité et la maternité sont intimement liées et se

construisent. L’excision fait partie intégrante d’une organisation sociale

que les intéressés ne parviennent pas à remettre en question totalement

sous peine d’ébranler l’équilibre et les repères. Les Africains répondent à

des croyances transmises de génération en génération qui, même une fois

démenties, gardent toujours une force égale. Comment la communauté

pourrait-elle se refuser une continuité et une cohésion que la croyance et

le rite apportent ? On ne questionne pas un rite, on le réitère

inlassable-ment ; il permet de réaffirmer les valeurs, les représentations et les

idéolo-gies d’un groupe.

En outre, la mère reste une figure archétypale qui semble hantée les

croyances collectives. Le corps devient le support d’une idée, d’une

idéo-logie, d’une dictature et d’une représentation : « La matière première du

symbolique est le corps

».

Et si le rituel de l’excision a pour efficacité la construction de la

mater-nité, rappelons qu’en Guinée, sur cent mille naissances, mille six cent

femmes meurent en couches et que de nos jours, la mortalité infantile en

Afrique reste toujours très élevée. Et si l’excision a pour dessein la

Natacha Carbonne 

tion de la féminité, elle est aussi destruction de celle-ci : le sexe féminin est

mutilé, coupé et cousu. Dès lors,erosetthanatoss’interpénètrent.

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