Chapitre 1 Maquettes soudées, objectifs et réalisations
1.3 Macrographies et cartographies de dureté
1.3.1 Protocole expérimental
Concernant le protocole expérimental, après avoir effectué les mesures nécessaires à l’évaluation des
contraintes résiduelles, chaque échantillon a été découpé pour ne conserver que la zone utile (proche
du cordon) puis enrobé à froid pour finalement être poli en vue de la mesure de dureté (polissage
mécanique jusqu’à une rugosité Ra de 3µm). Les mesures de dureté Vickers ont été effectuées sur un
microduromètre Durascan Struers©. Cet appareil possède un plateau asservi XY permettant de
cartographier en dureté une surface de façon automatique. Les mesures ont été effectuées à l’Institut
des Matériaux Jean Rouxel de Nantes (IMN). Les mesures de dureté Vickers Hv0,1 permettent
d’obtenir une résolution suffisante pour étudier les évolutions de dureté au sein de la ZAT, le pas étant
de 500µm. Nous avons en moyenne sur la surface de l’échantillon 3000 mesures de dureté Hv0,1 avec
pour chaque point de mesure les coordonnées associées. Il est alors possible de tracer la cartographie
en dureté des joints soudés correspondant à chaque étape du soudage multipasse. Après l’obtention
de ces cartographies, chaque échantillon est de nouveau poli puis attaqué chimiquement de manière
à révéler la position de la zone fondue et de la ZAT pour chaque passe. Pour notre étude, la ZAT est
définie comme l’ensemble des points où la dureté a évolué par rapport à la dureté initiale (250 Hv0,1).
Ces observations permettront par la suite de valider la simulation numérique. L’attaque chimique est
réalisée par l’immersion de l’échantillon dans du Nital 3% (97% d’éthanol + 3% d’acide nitrique).
1.3.2 Macrographies
Les Figure 1.16 et Figure 1.17 représentent les macrographies réalisées sur la zone de la maquette
correspondant respectivement à l’agrafage et à l’agrafage + 1 passe MAG. Le contour de la zone fondue
est représenté par un trait noir continu. On remarque que la zone fondue et la ZAT générée par
l’agrafage sont recouvertes par celles de la première passe MAG. Il est alors possible de supposer que
l’histoire thermique et métallurgique vue par la structure lors de l’agrafage puisse être effacée par la
première passe. De plus la position des cordons ainsi que leurs formes géométriques présentent une
bonne symétrie. Ces aspects pourront être pris en compte pour simplifier la simulation numérique.
La Figure 1.18 représente la zone correspondant à l’agrafage + 2 passes MAG, la Figure 1.19 la zone
agrafage + 3 passes MAG et la Figure 1.20 la zone agrafage + 4 passes MAG. Le trait interrompu délimite
les cordons formant la ZF globale. La deuxième passe MAG refond partiellement la première passe, la
troisième étant déposée sur ces dernières les refond partiellement également. Enfin, la quatrième
passe MAG refond la troisième passe seulement. Le bain de fusion de la deuxième et la troisième passe
MAG a tendance à s’étaler, les formes des cordons étant d’ailleurs relativement proches. En revanche,
le bain de fusion pour les passes 1 et 4 est plus contraint géométriquement, cela est dû au fait que
pour ces deux passes le cordon est déposé dans une zone plus « fermée » (angles proches de 90°)
laissant moins la possibilité au bain de s’étaler. Les formes des cordons des passes 1 et 4 sont proches
l’une de l’autre.
Figure 1.16 : Macrographie après agrafage –
la ZF est délimitée par un trait noir
Figure 1.17 : Macrographie après agrafage + 1
passe MAG
Figure 1.18 : Macrographie après agrafage + 2
passes MAG – les traits interrompus délimitent les
cordons formant la ZF globale
Figure 1.19 : Macrographie après agrafage + 3
passes MAG
1.3.3 Cartographies de dureté
Sur chacune des cartographies présentées dans cette partie, le contour de la zone fondue ainsi que la
délimitation entre les cordons déterminés à partir des macrographies sont superposés aux résultats
afin de favoriser leur analyse. La cartographie de la zone agrafage est présentée Figure 1.21. Les zones
de dureté élevée correspondent à l’emplacement de la ZF et de la ZAT. Le niveau de dureté dans ces
deux zones est globalement homogène (entre 400 et 450 Hv0,1). Néanmoins le maximum de dureté
appartient à la partie de la ZAT située dans la plaque. Il s’agit de la zone de la ZAT surchauffée où le
grossissement des grains austénitiques favorise la formation de microstructures les plus dures (cf.
chapitre 3). Dans la ZAT appartenant au raidisseur les vitesses de refroidissement plus faibles (cf. Figure
1.13) limitent ce phénomène. Au-delà de la ZAT, on retrouve la dureté du métal de base proche de 250
Hv0,1.
ZF ZF
Figure 1.21 : Cartographie de dureté après agrafage – les ZF
sont délimitées par des traits noirs
Les résultats pour la zone de la maquette correspondant à l’agrafage + 1 passe MAG sont présentés
Figure 1.22. Les duretés les plus élevées sont situées dans la ZAT et correspondent au pourtour de la
zone fondue. Les duretés maximales sont proches de 400 Hv0,1. La disparition des zones de duretés
proches des 450 Hv0,1 est compatible avec l’hypothèse de l’effacement de l’agrafage par la première
passe. Les ZF1 possèdent une dureté plus faible proche de 350 Hv0,1. Ce type de cartographie permet
également de visualiser la limite entre la ZAT et le métal de base.
La Figure 1.23 présente la cartographie obtenue pour la configuration agrafage + 2 passes MAG. Les
niveaux de dureté les plus élevés sont situés sur le pourtour de la ZF2 côté plaque dans le métal non
fondu. En revanche, à l’extrémité de la zone fondue de la passe 1 (devenue la ZAT de la deuxième
passe), la passe 2 a provoqué une diminution de la dureté dont le niveau s’approche du métal de base.
La même chose est observée sur le pourtour de la ZF1. Cette diminution de dureté étant observée dans
des zones relativement éloignées de la zone fondue (ZF2), pourrait être liée à un revenu provoqué par
la nouvelle passe sur le reste de la structure.
ZF1
ZF1
ZF2 ZF2
ZF1 ZF1
Figure 1.22 : Cartographie de dureté après agrafage + 1 passe MAG – les ZF sont
délimitées par des traits noirs
Figure 1.23 : Cartographie de dureté après agrafage + 2 passes MAG – les traits
interrompus délimitent les cordons formant la ZF globale
Sur les Figure 1.24 et Figure 1.25 représentant respectivement les configurations agrafage + 3 passes
MAG et agrafage + 4 passes MAG, les observations sont similaires à celles effectuées sur la Figure 1.23.
Dans le raidisseur le métal non fondu proche de la ZF3 ou de la ZF4 a vu sa dureté croître de manière
significative. Le reste de la zone sous-cordon de la ZF3 possède une dureté d’environ 350 Hv0,1 déjà
rencontrée. Les zones plus éloignées mais appartenant à la nouvelle ZAT ont vu leurs dureté
respectives diminuer. Au-delà de cette ZAT, la dureté n’est pas modifiée.
ZF1
ZF1
ZF2 ZF2
ZF3 ZF3
Figure 1.24 : Cartographie de dureté après agrafage + 3 passes MAG
Figure 1.25 : Cartographie de dureté après agrafage + 4 passes MAG
ZF2 ZF2
ZF3 ZF3
ZF4
L’ensemble des macrographies et cartographies de dureté obtenues illustre bien les transformations
métallurgiques dues à l’enchaînement des passes de soudage. Si les zones surchauffées proches des
ZF ont conduit classiquement à la formation des phases les plus dures, on peut cependant constater
que leur étendue est au final très réduite et localisée aux extrémités de la ZF globale formée par les
différents cordons. Les zones de dureté élevée apparues suite à l’agrafage ont été effacées dès la
première passe. Après les quatre passes MAG la dureté maximale proche de 450 Hv0,1 n’est atteinte
que dans le raidisseur en bordure de ZF4. Ailleurs, que ce soit en ZAT ou en ZF, la dureté reste proche
de 350 Hv0,1 ou retombe au niveau des 250 Hv0,1 du métal de base. Dans ces zones adoucies, cette
réduction de dureté est sans doute provoquée par des revenus.
Dans le document
Étude expérimentale et numérique du soudage multipasse : application à un acier de construction navale
(Page 30-35)