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A- T-ELLE ETE ABORDEE ?

II. DESIRS DE MATERNITE

2. M ATERNITE PSYCHIQUE

2.1. DEFINITIONS

La maternité* telle qu’on la connait dans le dictionnaire est un « état, une qualité

de mère »1.

Selon une définition tout à fait personnelle, la maternité* est composée d’une partie psychique (l’esprit) et d’une partie physique (le corps), qui se développent de pair, amenant en définitive à devenir mère.

La maternité psychique représente une notion complexe. Il n’existe pas de définition précise et unique. Pourtant, elle semble être un concept évident que chacun d’entre nous, professionnels de la naissance, pensons connaître.

Nous parlons cependant ici d’une maternité différente de celle que nous côtoyons dans la vie courante.

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Il s’agit de « celle qui fait les mères, celle qui leur en donne le désir et la capacité »1. Plus simplement, elle représente le désir de maternité bien avant la conception, avant même d’en avoir les signes physiques.

Cette maternité que chacun d’entre nous pense connaître fait en réalité de cette notion, la chose « la plus méconnue qui soit »1.

Puisque l’on se réfère à la définition qu’en donne le docteur Jean-Marie DELASSUS, il est utile de réfléchir sur l’émergence de cette maternité psychique.

L’évolution de la médecine durant ces dernières années donne l’illusion d’un savoir et d’un contrôle illimité sur la maternité, et plus exactement sur la capacité de maternité. De nos jours, les femmes françaises se voient offrir un très large choix dans leur prise de décision. Elles peuvent notamment avoir accès à la contraception et à l’interruption volontaire de grossesse. En d’autres termes, elles n’ont pas l’obligation de devenir mère si elles n’en ressentent pas le désir. Réciproquement, beaucoup d’entre-elles peuvent choisir d’avoir un enfant grâce à la procréation médicalement assistée (PMA), alors que la nature ne leur en avait pas donné la capacité. Tout semble construit autour de l’idée que chaque femme puisse accéder à son désir.

Des recherches sur cette définition semblent pertinentes dès lors que la femme a le choix de devenir mère ou non.

Or, avant ces avancées médicales, le questionnement de la maternité psychique n’avait alors guère d’intérêt puisqu’une femme n’avait pas de contrôle sur sa procréation. On peut dès lors penser que ce sont ces développements, entre autres, qui ont révélé progressivement la complexité de cette notion. Les solutions qui se sont peu à peu dévoilées ont fait naître ce sentiment de désir ou non de maternité et lui ont donné un écho, de l’importance.

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2.2 LA MECONNAISSANCE DE LA MATERNITE PSYCHIQUE

La maternité au sens physique est bien identifiée puisqu’il s’agit de ce qu’évoque le corps de la femme enceinte, le processus de l’accouchement, ou encore les soins aux nouveau-nés. En revanche, la maternité telle que nous la définissons demeure encore méconnue.

Le terme méconnaissance ne fait ici que souligner le fait qu’encore de nombreux professionnels ne prennent pas ce désir en compte, tout simplement par ignorance.

Mais est-ce vraiment de l’ignorance ?

Auparavant, le manque de liberté sexuelle1 ne permettait pas de mettre en évidence un désir de maternité chez la femme.

On peut cependant penser qu’il existait, mais que la notion n’a émergé que des années plus tard avec la libération sexuelle : aujourd’hui avec un certain recul, on peut émettre l’hypothèse qu’à l’époque, un non désir se traduisait en pratique par le recours à des avortements clandestins ou encore à l’abandon.

De nos jours, une femme peut légalement assumer le fait de ne pas se sentir prête à devenir mère. Il ne faut néanmoins pas généraliser ce droit. Comment ne pas citer la récente prise de position de l’Argentine qui, par le poids du catholicisme entre autres, a voté contre la légalisation de l’IVG.2

Il faut en outre, envisager l’accès à la maternité de façon plus large.

La PMA est aujourd’hui ouverte aux couples hétérosexuels dont la femme ou l’homme présente un problème de fertilité. En revanche, la femme célibataire ou en union homosexuelle ne peut accéder à cette solution.

1 Absence de contraception, avortement proscrit…

2 « Argentine : après plus de seize heures de débats, le Sénat rejette la légalisation de l’avortement ». Publié le 09 août 2018. Disponible sur : https://www.lemonde.fr/international/article/2018/08/09/argentine-apres-plus-de-16-heures-de-debats-le-senat-rejette-la-legalisation-

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Nombreuses sont dès lors les femmes se rendant dans des pays limitrophes tels que l’Espagne pour réaliser leur désir de maternité.1

Certes, la prise en compte du désir de maternité est indispensable. Cela ne signifie pour autant pas qu’il faille chercher à le satisfaire avant toute autre préoccupation. Selon la société d’aujourd’hui, il semblerait que le désir de maternité ne doive pas connaître de limite. Or, l’intérêt de la mère n’est pas le seul à devoir être considéré. La science recule de plus en plus les limites et rend progressivement l’impossible possible. La question de l’éthique fixe alors ces limites. En France, le Comité Consultatif National d’Ethique se penche ainsi sur ces questions.

La question de l’enfant reste donc la principale source de limite sociétale. En d’autres termes, il est difficile de parler du désir de la mère sans prendre en compte la question des besoins de l’enfant.

Ce questionnement sur la maternité amène à une interrogation quant à l’émergence de cette capacité, puis de ce désir de maternité chez la femme.