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CHAPITRE 2   PROBLÉMATIQUE ET RECHERCHE 16

2.6   Méthodologie de recherche 18

Les travaux de recherche menés dans le cadre de ce doctorat ont suivi une approche méthodologique de la recherche basée sur l’intervention (David, Hatchuel et Laufer, 2012). Les auteurs présentent dans leur livre différentes méthodes (action research, action science et science d’aide à la décision) de recherche axées sur l’intervention pour terminer avec leur proposition de méthodologie, la recherche-intervention.

La recherche-intervention, sans définir une série d’étapes chronologique, est présentée selon différents principes méthodologiques. Pour débuter, les auteurs présentent les quatre principes qui sont communs aux démarches orientées sur l’intervention. Ces principes sont :

1. L’objectif est de comprendre en profondeur le fonctionnement du système;

Cet objectif amène le chercheur a travaillé de l’intérieur du système étudié avec les gestionnaires de celui-ci. La production des connaissances se fait donc de l’intérieur. 2. Les connaissances sont générées en interaction avec les acteurs (le terrain) ;

Cela implique une faible démarcation entre le lieu de production des connaissances et celui de validation.

3. Différents niveaux théoriques sont explorés par le chercheur-intervenant ;

De par l’intervention du chercheur, celui-ci se promène entre différents niveaux pour à la fois étudier les théories et les paradigmes et les valider avec le terrain par la confrontation aux faits. Comme mentionné par David, Hatchuel et Laufer (2012), il devient alors difficile de procéder d’une manière plus classique à l’élaboration d’une revue de littérature pertinente, étant donné l’évolution de la problématique des acteurs bénéficiaires de la recherche.

4. L’intervention sur la réalité est justifiée par des principes scientifiques et démocratiques. Ce principe permet d’assurer une scientificité du processus tout au long de l’intervention en conservant un esprit critique face aux connaissances produites avec le milieu.

Pour terminer, les auteurs présentent la « boîte à outils » du chercheur-intervenant. Cette boîte à outils permet au chercheur d’assurer un caractère scientifique à la démarche méthodologique qu’il emprunte. Contrairement à une démarche expérimentale ou d’observation classique, le chercheur-intervenant se mêle avec son sujet d’étude et il intervient directement dans son fonctionnement. Cela l’oblige à prendre du recul dans son analyse et de comprendre son influence sur la dynamique créer par son intervention. Pour l’aider dans ce cheminement, la boîte à outils comporte quatre parties :

• Des principes épistémologiques ;

• Des théories, concepts et grille d’analyse ; • Un dispositif expérimental ;

• Des règles méthodologiques.

2.6.1 Principes épistémologiques

Le premier principe méthodologique est la scientificité, qui permet d’assurer une attitude critique face aux faits et qui oblige le chercheur-intervenant à faire le lien avec les théories et concepts scientifiques en lien avec son sujet d’étude. Le second est l’inachèvement, principe qui empêche de déterminer à l’avance le chemin et les résultats qui seront issus de la recherche. Les connaissances générées sont donc orientées pour faire évoluer le sujet d’étude (p.ex. une organisation). Le troisième est l’isonomie. Ce principe stipule qu’il est primordial de mettre en

place un système d’échange balisé avec le sujet d’étude en vue de respecter les principes de recherche de vérité (scientificité) et de démocratie. Le quatrième est le de rationalité accrue. Ce principe vient baliser la mise en commun des connaissances entre le chercheur-intervenant et le sujet d’étude. Le dernier est le principe des deux niveaux d’interaction. Cela suppose que la relation entre le chercheur-intervenant et le sujet d’étude n’est pas fixée à l’avance et qu’elle se construira tout au long de la recherche.

2.6.2 Théories, concepts et grilles d’analyses

Comme le précisent bien les auteurs, le chercheur-intervenant doit être en mesure de bien comprendre le fonctionnement de chaque activité des différents partenaires. Par un travail collaboratif d’analyse et de développement de connaissances et d’expertises, il est par la suite possible d’assurer un cadre d’échange entre les différents partenaires.

2.6.3 Dispositif expérimental

Le dispositif expérimental est la mise en application du principe des deux niveaux d’interaction. C’est-à-dire que l’intervention du chercheur génèrera différentes avenues pour la recherche et guidera le sujet d’étude. De la même manière, cette intervention génèrera des nouvelles connaissances que le chercheur-intervenant doit être en mesure de transposer dans le milieu scientifique. L’objectif étant de faire bénéficier de par et d’autre le déroulement et les résultats de la recherche.

2.6.4 Règles méthodologiques

Les trois règles méthodologiques viennent clore les différents outils de la boîte et permettent de tirer le maximum de la recherche-intervention. La première règle est celle de l’investigation prospective. Cette règle s’apparente, comme le mentionnent les auteurs, à une enquête policière. L’objectif étant de chercher à comprendre les différents phénomènes à l’intérieur du sujet d’étude et non pas de conduire divers entretiens en vue de récolter uniquement des données brutes. La deuxième règle est celle du principe de conception. Ce principe est l’essence même de l’intervention, car le chercheur passe directement au développement d’outil de gestion sur la problématique à l’étude pour le sujet d’étude. La dernière règle est celle du principe de libre circulation entre niveaux théoriques. Cela signifie que le chercheur cherche à faire correspondre

les faits observés à des connaissances (théories) scientifiques. Cela permet d’assurer un caractère scientifique au déroulement des travaux.

2.6.5 Combinaison avec une autre approche

Les travaux de recherche sont également basés sur une autre approche de recherche, l’approche constructive (Kasanen, Lukka & Siitonen, 1993). Cette approche, découpée en six étapes, permet de mettre l’importance sur le côté novateur de la solution (concept) développée, tant pour le domaine de la pratique que pour l’avancement des connaissances. L’ordre d’exécution de ces étapes peut varier. Voici les étapes de la méthodologie :

1. Trouver une problématique pratique et pertinente qui a aussi un potentiel de recherche. 2. Obtenir une compréhension générale et globale du sujet.

3. Innover, c'est-à-dire, développer une nouvelle solution à la problématique. 4. Démontrer que la solution fonctionne.

5. Présenter les liens théoriques et la contribution de la recherche au concept développé (solution).

6. Examiner le champ d'application de la solution.

Cette approche permet d’apprécier le caractère dynamique des travaux de recherche-intervention. En effet, dans ce contexte, il est difficile de trouver une problématique et que celle-ci demeure la même jusqu’à la fin de l’exécution des travaux. La nature dynamique et le travail étroit avec le milieu résultent en une évolution constante de la problématique. Il n’est pas rare, dans le domaine de recherche concerné par ces travaux (IE, interdépendance et résilience) que la problématique soit très différente au début et à la fin du projet. Cela permet d’apprécier le caractère évolutif et le travail collaboratif qui sont à la base de la recherche-intervention. La section qui suit met en contexte les travaux de doctorat en lien avec la méthodologie présentée.

2.6.6 Contexte de recherche du doctorat

La problématique à laquelle ces travaux tentent de répondre s’inscrit directement dans le cadre de la méthodologie présentée. Le domaine de la résilience des IE est en pleine ébullition et de nombreux travaux de recherche ont cours présentement dans différentes universités. De plus, le

CRP exécute maintenant depuis une douzaine d’années des travaux de recherche orientée sur l’intervention. Ces travaux s’inscrivent directement en continuité de ceux-ci et le caractère interventionniste oriente les différentes validations qui ont été exécutées tout au long du doctorat. Le travail avec le milieu par l’établissement de partenariat permet d’assurer une applicabilité des connaissances développées.

L’avantage réside également dans la dynamique de validation mise en place. Au lieu de construire des connaissances et de les valider à la fin du processus de recherche, la validation se fait tout au long des travaux et oriente directement le déroulement des travaux de recherche. La construction des connaissances se fait en partenariat avec le milieu et le chercheur-intervenant participe activement à ce processus. Dans le domaine de recherche de la résilience des IE, cette méthodologie permet d’être toujours à l’avant-garde du sujet et assure un lien entre le milieu scientifique et terrain de par la transmission des connaissances bilatérales.

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