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Mon terrain de recherche regroupe deux institutions sociales en Valais, plus spécifiquement deux foyers qui accueillent des adolescentes et adolescents. Les institutions en question et les personnes interrogées n’ont pas souhaité être citées dans ce travail. Je vais néanmoins présenter la mission des institutions susmentionnées, tout en conservant au mieux leur anonymat et en écartant les données susceptibles de mettre en péril cette demande de discrétion. Les deux institutions sollicitées accueillent des jeunes percevant des difficultés scolaires, familiales et/ou de comportement. Le travail en institution avec ces jeunes, suivis par une équipe éducative, vise à stabiliser et intervenir de manière individuelle sur les situations complexes afin de permettre aux adolescent·e·s de développer leur autonomie et leurs potentiels, tout en offrant un accompagnement et un cadre de vie adaptés à leurs situations.

La mission des deux institutions en question est la même, si ce n’est qu’elles se différencient par une prise en charge qui intègre la cellule familiale pour l’une des institutions, alors que l’autre institution évolue dans une politique éducative liée à la responsabilisation et à la citoyenneté.

Trois équipes éducatives différentes ont été interrogées, provenant des deux institutions en question, durant la période de janvier à mars 2018.

6.2. Echantillonnage

J’ai réalisé six entretiens semi-directifs avec deux éducateurs et quatre éducatrices qui accompagnent les adolescentes dans leur quotidien. J’ai pris en compte comme variables l’âge, le sexe, l’institution et le nombre d’années passées à travailler dans l’institution en question. Ces variables ont été choisies car elles paraissent pertinentes pour définir le profil des personne interrogées. Effectivement, les composantes de l’âge, du sexe, du statut, du milieu professionnel et de l’expérience professionnelle donnent déjà des informations sur le·la professionnel·le, et peuvent expliquer et justifier certaines réponses. En effet, un éducateur de la cinquantaine pourrait avoir une interprétation différente face aux questions de genre, qu’une jeune éducatrice récemment diplômée. De même, la question des médias sociaux peut être considérée d’un point de vue différent en fonction du propre rapport et de la propre utilisation qu’en font les professionnel·le·s. De cette manière, les variables définies sont des facteurs qui

pourraient influencer sur les représentations et les discours des personnes interrogées. Il est donc important de les prendre en compte dans l’analyse des données recueillies.

Ainsi, j’ai questionné les outils mis en place au niveau institutionnel et professionnel pour accompagner les adolescentes dans l’utilisation des médias sociaux, et la manière dont elles apprivoisent les messages de genre diffusés par ce biais.

Variables

Statut et

formation Âge Sexe Institution

Nombre d’années dans l’institution Locuteurs (prénoms d’emprunt) Michel Educateur

social 50 ans Homme A 20 ans

Henry Educateur

social 50 ans Homme A 9 ans

Isabelle Educatrice

sociale 35 ans Femme B 5 mois

Elisa Educatrice

sociale 46 ans Femme A 10 ans

Charlotte

Professionnelle non-diplômée, Remplaçante fixe

25 ans Femme B 3 ans

Clémence Educatrice

sociale 26 ans Femme B 3 ans

6.3. Technique de récolte de données

Pour établir ma recherche de terrain, j’ai réalisé six entretiens individuels avec des éducateurs et éducatrices qui collaborent avec des adolescentes dans leur quotidien. Pour ce faire, j’ai procédé par des entretiens semi-directifs. Je vais donc expliquer la manière dont j’ai travaillé par rapport à la technique de récolte de données utilisée.

Pour concentrer mon intervention sur l’objet de l’étude, j’ai construit un canevas de questions suffisamment clair pour garder le fil de l’entretien. Les questions ont été construites pour garantir une palette de réponses larges et non dirigées. J’ai construit mon canevas de questions en partant de mes hypothèses. Effectivement, j’ai divisé mon canevas en fonction de mes trois hypothèses, en posant des questions qui me permettraient d’avoir des informations afin de confirmer ou infirmer mes hypothèses. J’ai interrogé deux éducateurs et quatre éducatrices. J’ai choisi de poser des questions identiques à chaque professionnel·le, sans distinction de genre, afin d’interroger également les stéréotypes de genre peut-être inconscients du point de vue de chacun et de comparer les données entre des professionnel·le·s hommes et femmes.

J’ai également veillé à intervenir dans un cadre adapté, accueillir la personne de la manière la plus ouverte possible, pour lui permettre de s’exprimer librement. (Quivy & Van Campenhoudt, 2006, pp. 62-63)

Le modèle d’entretien semi-directif permet de laisser plus d’ouverture aux personnes interrogées dans les réponses qu’elles donnent. Cependant, il faut quand même veiller à ce que l’objet de recherche ne soit pas oublié et dans le cas présent recadrer l’entretien sans être trop directif. (Quivy & Van Campenhoudt, 2006, p. 62)

J’ai veillé à ne pas diriger mon intervention en vue de sous-entendre les réponses, mais bien de laisser la place à l’objectivité, en posant des questions simples mais précises, pour laisser une grande liberté aux éducateurs et éducatrices de s’exprimer. Je me suis distanciée de mes évidences pendant l’entretien, et me suis assurée avoir interprété et assimilé les informations de la manière dont elles m’ont été transmises, sans parti pris.

Les entretiens demeurent anonymes et ne sont utilisés que dans le cadre du recueil de données lié à ce travail de recherche. Les informations sont utilisées uniquement à des fins professionnelles et seront détruites après utilisation. La participation à ces entretiens est facultative et n’engage en rien, personne n’a été forcé à répondre à des questions ou à participer à l’entretien sans volonté de sa part.

6.4. Limites

L’accessibilité et les normes de l’institution peuvent interférer sur les résultats ou du moins sur le processus d’intervention, en fonction des impératifs, limites ou du contrôle qu’ils peuvent imposer.

La recherche de terrain pourrait être limitée dans la proposition des pistes d’action dans le sens où l’actualité du thème n’aurait pas permis à l’équipe éducative de proposer une réflexion ou un accompagnement spécifique lié à cette thématique. Il pourrait également être possible que la réflexion ou la prise en charge aient été mises en place depuis peu et que la validité et l’efficacité de ces méthodes de travail ne puissent être encore évaluées.

Le terrain de recherche, effectué dans deux institutions en Valais, n’est pas représentatif de la réalité des modèles occidentaux, mais bien spécifique au Valais. En effet, la recherche que je propose est valable pour le canton du Valais, mais ne prendra pas en considération les autres cantons suisses et ne pourra pas forcément confirmer si la réalité de la recherche de terrain est également valide à l’échelle suisse.

Etant donné la perspective genrée de mon travail de recherche, les biais liés aux stéréotypes de genre peuvent être soulevés. Effectivement, on pourrait imaginer que l’équipe éducative renforce les stéréotypes de genre.

Puis, la volonté des institutions à rester dans l’anonymat ajoute une certaine limite quant à la gestion et l’utilisation des données sensibles : afin de ne pas dévoiler des informations permettant à des tiers de reconnaître les deux institutions, la question de l’anonymat interfère également avec la précision de l’analyse.

Enfin, je m’intéresse aux activités et interprétations des adolescentes selon le point de vue des éducateurs et éducatrices. Il est donc important de préciser que dans ce travail, c’est le discours des professionnel·le·s qui est analysé, et non pas celui des adolescentes. Cela ne permet pas d’avoir une vision selon le point de

vue des adolescentes, mais uniquement des professionnel·le·s qui les accompagnent.

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