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Cette thèse s’inscrit dans le cadre d’une étude longitudinale de plus grande envergure conduite au sein de l’Unité de recherche et d’intervention auprès de l’enfant et de l’adolescent à l’École de psychologie de l’Université Laval. Cette étude a débuté en 2006 et a été approuvé par le Comité d’éthique de la recherche avec des êtres humains de l’Université Laval (CÉRUL; numéro d’approbation 2005-247).

Participants

Les mères ont été recrutées par l’entremise d’intervenants et de professionnels de la santé des milieux hospitaliers, des centres de santé et des services sociaux (CSSS) et de divers organismes communautaires de la région de Québec généralement fréquentés par des mères. Des publicités ont également été placées dans différents endroits publics de la ville de Québec, tels que des centres commerciaux et des magasins pour enfants. Les mères désirant plus d’information ou souhaitant participer à l’étude étaient invitées à communiquer par téléphone avec la coordonnatrice du projet.

Les participantes de l’étude sont des femmes ayant atteint le troisième trimestre de leur grossesse ou ayant accouché au cours des derniers mois. Elles devaient être âgées de 19 ans ou plus et rapporter une évolution normale de leur grossesse. Les mères qui souffraient d’un problème de santé mentale avéré, de problèmes d’abus de substances ou d’alcool ou d’une limitation intellectuelle ne leur permettant pas de lire et de comprendre les questionnaires étaient exclues. Finalement, une naissance très prématurée ou la présence d’importants problèmes physiques chez l’enfant amenaient leur exclusion de la recherche.

Des 109 mères ayant été sélectionnées pour participer à l’étude avec leur enfant, une seule n’y était pas admissible étant donné la présence d’importants problèmes de santé chez son enfant. Cinq mères ont, quant à elles, changé de numéro de téléphone au début du projet et n’étaient plus joignables alors que cinq autres n’ont pas été retenues pour l’étude

puisqu’elles ne répondaient pas aux critères d’inclusion du groupe abus, groupe sous- représenté dans l’échantillon au moment où elles ont manifesté leur intérêt. Une seule mère s’est désistée avant la première rencontre amenant ainsi la participation à 97 mères au premier temps de mesure. Pour ce qui est du deuxième temps de mesure, 95 dyades mère- enfant y ont pris part, deux mères s’étant désistées avant la rencontre. Enfin, sept mères se sont désistées avant le troisième temps de mesure. La raison principale du désistement des mères pour leur participation au deuxième et troisième temps de mesure est une disponibilité insuffisante. Les mères qui ont accepté de participer à la situation étrangère ne diffèrent pas des autres quant à la présence d’abus, χ²(1, N = 95) = 1.05, p = .31, du fonctionnement réflexif, t(93) = 0.69, p = .49, de la sensibilité maternelle, t(92) = -0.20, p = .84, de l’OMM - commentaires appropriés, χ²(1, N = 95) = .33, p = .56, et inappropriés, χ²(1, N = 95) = .38, p = .54. De plus, elles ne diffèrent pas pour ce qui est des caractéristiques sociodémographiques telles que l’âge, t(90) = .87, p = .39, le plus haut niveau de scolarité atteint, t(90) = .67, p = .50 et le revenu annuel, t(85) = 1.49, p = .14.

Dans le cadre de la présente étude, l’échantillon d’enfants comporte 48,9 % de garçons et 51,1 % de filles. Les mères sont âgées entre 20 et 42 ans (M = 29.8, ÉT = 3.95) lors de la première rencontre. En ce qui concerne la structure familiale, la majorité des mères sont en couple (95,6 %), soit 64,8 % en union de fait et 30,8 % mariées alors que 4,4 % des mères de l’échantillon sont monoparentales (célibataires ou divorcées). Il s’agit du premier enfant pour 68,1 % d’entre elles. La majorité détient un diplôme d’études universitaires (54,8 %) et près du tiers ont un diplôme d’études collégiales (32,3 %) seulement. À titre de comparaison, selon Statistique Canada, 37,2 % des femmes québécoises âgées entre 25 et 34 ans possédaient, en 2006, un certificat ou un diplôme universitaire alors que 23,6 % de celles-ci étaient titulaires d’un diplôme d’études collégiales seulement (Statistique Canada, 2009). Notre échantillon semble donc avoir une plus grande proportion de mères diplômées aux niveaux collégial et universitaire. Le revenu familial moyen des mères s’établit à 76 210 $ alors que seulement 4,6 % gagnent moins de 30 000 $ annuellement. Le revenu familial médian de l’échantillon s’établit à 80 000 $. Au Québec, en 2010, le revenu annuel moyen disponible pour les couples avec des enfants était de 80 894 $ (Institut de la statistique du Québec, 2014).

Les participantes sont initialement divisées en deux groupes : le groupe de mères ayant vécu un trauma intrafamilial (GT) et le groupe contrôle (GC). Le GT est composé de 30 (31,6 %) dyades mère-enfant alors que le GC en compte 65 (68,4 %). Parmi les mères ayant vécu un trauma, 36,7 % (n = 11) rapportent un abus physique, 6,7 % un abus sexuel (n = 2), 23,3 % une situation de trauma psychologique (n = 7) et 10 % (n = 3) rapportent avoir été témoin de violence conjugale. À ces mères s’ajoutent celles qui rapportent avoir vécu à la fois un abus sexuel et physique (n = 6; 20 %). Enfin, une mère (n = 1) aurait vécu à la fois un abus sexuel, un abus physique, ainsi qu’une situation de trauma psychologique. Des 18 mères ayant vécu au minimum un trauma physique, la majorité rapporte un parent biologique comme étant l’abuseur (29,4 % pour les mères et 64,7 % pour les pères), un beau-parent (5,9 %) étant un autre abuseur mentionné. Une seule de ces mères rapporte avoir été abusée physiquement par plus d’une personne (père et mère). En ce qui a trait aux cas d’abus sexuel, 55,5 % ont été commis par le père, 11,1 % par un grand-père, 11,1 % par un membre de la fratrie et 11,1 % par un membre de la famille élargie. Des 9 mères ayant rapporté un trauma sexuel, une seule rapporte l’avoir vécu avec plus d’un abuseur. L’abus psychologique a été perpétré dans 75 % des cas par la mère de la participante alors que dans les autres cas, le père (12,5 %) et le beau-père (12,5 %) en sont responsables. Finalement, les témoins de violence conjugale ont vu leur père (67 %) ou leur beau-père (33 %) être violent envers leur mère.

À titre comparatif, dans une étude menée au Québec par Tourigny, Gagné, Joly et Chartrand (2006), par l’entremise d’une enquête téléphonique auprès d’un échantillon représentatif de 822 adultes québécois, dont 422 femmes, 34,7 % des répondantes ont rapporté avoir vécu une forme de violence durant l’enfance (≤ 17 ans). La violence physique (19,5 %) est la plus fréquemment rapportée, suivie de la violence sexuelle (18,2 %) et de la violence psychologique (17,1 %).

Des tests-t pour échantillons indépendants de même que des tests du chi-carré ont été effectués afin de déterminer l’équivalence des deux groupes à l’étude quant aux variables sociodémographiques. Le Tableau 4 (voir Annexe B) présente les résultats qui montrent que les groupes ne diffèrent pas quant à l’âge de la mère, au sexe de l’enfant, à l’état civil,

au niveau de scolarité de la mère et au revenu familial. Le Tableau 5 (voir Annexe C) présente les moyennes et écart-types du FR, de la sensibilité et de l’OMM de la mère selon le groupe (GC ou GT) qui lui a été attribué. Les résultats n’indiquent aucune différence significative entre les deux groupes pour l’ensemble des variables à l’étude, soit le FR, la sensibilité maternelle (test t), l’OMM et l’attachement de l’enfant (khi-carré d’indépendance statistique).

Procédure

Les mères sont invitées à participer à trois rencontres d’évaluation se déroulant à l’École de psychologie de l’Université Laval. Chacune de ces rencontres est filmée et enregistrée sur vidéocassette. La procédure est différente pour les trois temps de mesure : les mères se présentent seules pour la première rencontre et accompagnées de leur enfant lors des deuxième et troisième rencontres. Pour ces deux dernières rencontres, l’enfant est âgé respectivement de six mois et de 14 à 16 mois.

À chacune des rencontres, la mère doit signer le formulaire de consentement à la recherche approuvé par le Comité d’éthique de l’Université Laval lequel aborde les objectifs et présente les différentes rencontres d’évaluation de la recherche (voir Annexe D). Le formulaire d’autorité parentale est, quant à lui, présenté et signé par la mère lors des deuxième et troisième rencontres (voir Annexe E). Une compensation monétaire est remise à chacune des rencontres pour compenser les frais associés au déplacement.

Première rencontre

La rencontre se déroule avec une intervenante de recherche dans une salle du Service de consultation de l’École de psychologie. La mère participe à une entrevue semi-structurée d’une durée d’environ 90 minutes, l’Adult Attachement Interview (AAI; George et al., 1996) où elle est invitée à discuter des relations avec ses parents et, s’il y a lieu, de ses expériences traumatiques. Elle est aussi invitée à remplir plusieurs questionnaires à la maison portant sur différents sujets à propos d’elle et de son enfant.

Deuxième rencontre

La mère se présente en compagnie de son enfant âgé de six mois pour une rencontre d’une durée de 90 minutes. Cette rencontre permet d’examiner les interactions entre la mère et son enfant dans des situations de la vie quotidienne. Ces activités ont lieu dans une salle aménagée pour l’occasion, munie d’un tapis de jeu au sol, d’une table à langer, d’un coussin d’allaitement, d’un piqué, d’un bac rempli de jouets appropriés pour des enfants de six mois, d’un fauteuil ainsi que d’un canapé. La salle est pourvue de trois caméras qui permettent d’observer simultanément la rencontre et d’en faire l’enregistrement.

Avant de commencer, l’intervenante explique à la mère qu’elle sera invitée à faire trois activités avec son enfant, soit lui changer la couche, le nourrir (le boire) et jouer avec lui, avec et sans jouets. L’ordre des activités est déterminé par la mère, à l’exception du jeu sans jouets qui précède toujours le jeu avec jouets. Cette formule a été priorisée afin de permettre à la mère d’organiser les activités selon le rythme de l’enfant. Chacune de ces activités durent au minimum cinq minutes.

Pour débuter la rencontre, l’intervenante décrit la première activité choisie par la mère et donne, s’il y a lieu, les consignes spécifiques à l’activité avant de quitter la pièce. Entre chacune des activités, l’intervenante revient pour mettre fin à l’activité en cours et pour donner les prochaines indications à la mère. Ainsi, l’intervenante est toujours absente lors des situations d’interaction entre la mère et son enfant, permettant ainsi à cette expérimentation en laboratoire d’être la plus naturelle possible. Le changement de couche est la seule activité qui comporte une directive précise pour la mère, c’est-à-dire intéresser l’enfant à un hochet au moment où elle le jugera opportun. Cette directive est introduite dans la rencontre afin, d’une part, d’observer de quelle façon la mère parvient à capter l’attention de son enfant et, d’autre part, de voir comment l’enfant réagit à ce nouvel objet. En ce qui concerne le boire, l’enfant boit jusqu’à satiété et la mère est prévenue qu’elle peut prendre tout le temps nécessaire pour répondre aux besoins de l’enfant. Enfin, l’activité du jeu se subdivise en deux parties : d’abord, la mère est invitée à jouer avec son enfant sans jouets. Ce type d’activité représente une occasion de placer la mère dans une situation particulièrement stressante et qui est présumée favoriser la manifestation de comportements

insensibles (Bernier & Meins, 2008). Suite à cette période de jeu libre, la mère est invitée à utiliser les jouets qui sont dans le bac prévu à cet effet.

Après avoir réalisé les trois activités, une entrevue semi-structurée est administrée à la mère, soit la version courte et modifiée du Parental Development Interview (PDI; Aber et al., 1985). Avant de terminer la rencontre, différents questionnaires sont remis à la mère afin qu’elle les remplisse à la maison et les retourne par la poste.

Troisième rencontre

La mère vient accompagnée de son enfant, alors âgé entre 14 et 16 mois. La procédure situation étrangère (Ainsworth et al., 1978) est alors administrée à la mère et son enfant. Le déroulement de la rencontre est expliqué à la mère avant d’entrer dans la salle et les étapes subséquentes sont présentées à la mère au fil de la rencontre afin de respecter les standards établis pour cette expérimentation.

Instruments de mesure Adult Attachment Interview (AAI)

L’AAI est, rappelons-le, une entrevue semi-structurée (voir Annexe F; George, Kaplan, & Main, 1996) élaborée dans le but d’éveiller, chez la mère, des états mentaux en lien avec ses expériences d’attachement durant l’enfance, c’est-à-dire avec ses parents ou d’autres figures d’attachement importantes. L’entrevue est constituée de 20 questions posées dans un ordre particulier. Celles-ci sont en lien avec la qualité des expériences de la mère avec ses parents lorsqu’elle était enfant, sa façon de réagir aux expériences de rejet, de séparation, de perte ou de trauma expérimentées durant l’enfance, ainsi que son évaluation des conséquences de ces expériences sur son fonctionnement actuel. L’élément central de cette entrevue est donc de permettre à la mère de réfléchir et de discuter de ses souvenirs concernant diverses expériences d’attachement tout en maintenant un discours cohérent (Hesse, 1996).

L’entrevue en entier est transcrite en verbatim, c’est-à-dire tous les commentaires de la mère et ceux de l’intervenante, ainsi que les pauses et les moments où la participante se remet à parler, sont consignés dans un rapport écrit. Le AAI est ici codifié à l’aide de l’Adult Reflective Functioning Scale (ARFS; Fonagy et al., 1998) afin d’attribuer un score de fonctionnement réflexif au discours de la mère. Les réponses sont codifiées sur une échelle en 11 points allant de -1 (FR négatif) à 9 (FR exceptionnel). Un score est attribué pour chaque question qui demande explicitement une appréciation des états mentaux, par exemple « Pourquoi pensez-vous que vos parents se sont conduits comme ils l’ont fait pendant votre enfance? ». Un score global est attribué à la mère en prenant en considération le niveau de FR le plus fréquemment retrouvé dans ses réponses, ainsi que la fréquence de réponses caractérisant un haut ou faible niveau de FR.

Le système de codification du FR a été démontré comme ayant de bonnes propriétés psychométriques (Fonagy et al., 1998). Dans la présente étude, le FR a été codifié par deux candidates au doctorat en psychologie, formées et reconnues pour la fiabilité de leur codification. Un accord inter-juges a été effectué sur 20 % des protocoles de l’étude. Un coefficient de corrélation intra-classe élevé (r = .80; p < .001) et satisfaisant a été obtenu quant au score global de FR, suggérant une bonne fiabilité.

La situation étrangère

Comme il a été expliqué au chapitre précédent, la situation étrangère (Ainsworth & Bell, 1970) est une procédure d’observation en laboratoire du comportement de l’enfant âgé de 12 à 18 mois, utilisée pour évaluer l’attachement de ce dernier. Au cours de celle-ci, l’enfant est exposé à une personne qui lui est étrangère et vit deux séparations d’avec sa mère. Cette procédure comprend une série d’épisodes d’une durée de trois minutes chacun. Elle se déroule comme suit : (a) la mère guide le bébé dans l’exploration des jouets, puis s’assoit; (b) l’étrangère entre dans la salle, demeure silencieuse, parle avec la mère, puis interagit avec le bébé; (c) la mère sort et l’étrangère reste seule avec le bébé; (d) la mère entre dans la salle et l’étrangère sort; (e) la mère quitte la pièce et le bébé reste seul; (f) l’étrangère entre dans la salle, et (g) la mère entre et favorise le retour de l’enfant vers

les jouets. Ces épisodes peuvent cependant être écourtés si l’enfant est particulièrement en détresse (Ainsworth et al., 1978).

La rencontre se déroule dans une pièce où un canapé est mis à disposition pour accueillir la mère et, à son opposé, un fauteuil pour l’étrangère. Un tapis est placé au centre de la pièce avec des jouets, permettant à l’enfant d’y être déposé au début de la rencontre. L’enfant est alors assis entre la chaise de la mère et celle de l’étrangère, face aux jeux et est libre de se déplacer.

La procédure est filmée et enregistrée en entier, permettant ainsi de mesurer l’attachement de l’enfant. Le niveau d’exploration de l’enfant, sa détresse pendant la séparation et sa réaction lors des réunions sont les éléments auxquels le plus d’attention est accordée lors de la codification (Waters, 2002). La codification est effectuée par une psychologue formée par l’équipe d’Élizabeth Carlson (Université du Minnesota) n’ayant pas participé à la codification d’autres concepts de la présente étude. Les critères d’Ainsworth et ses collaborateurs (1978) sont utilisés pour ce qui est de la classification des types d’attachement sécure, ambivalent et évitant, alors qu’elle est effectuée selon les critères de Main et Solomon (1990) pour la désorganisation. Le processus de codification mène à une classification du comportement de l’enfant dans une des quatre catégories d’attachement, ainsi que sur une échelle d’intervalle en sept points touchant la recherche de proximité, le maintien du contact, l’évitement et la résistance aux initiatives du parent. La situation étrangère s’avère une mesure fidèle et valide (Main & Solomon, 1990) et est un outil reconnu et établi pour classifier l’attachement de l’enfant (Prior & Glaser, 2006).

L’échelle de sensibilité maternelle

L’échelle d’Ainsworth (1969) est utilisée afin de codifier la sensibilité maternelle. Les activités effectuées lors de la deuxième rencontre sont utilisées pour codifier la sensibilité et seules les cinq premières minutes de chaque session d’activités sont considérées pour la codification, c’est-à-dire lors du jeu sans jouets, du jeu avec jouets, du changement de couche, du boire et de la version courte et modifiée du PDI (Aber et al., 1985). Ces activités

sont réalisées lorsque l’enfant est âgé de six mois. Cette mesure permet de classifier la sensibilité de la mère sur un continuum allant de 1 à 9, 1 représentant une mère très insensible et 9, une mère très sensible. Selon cette mesure, la sensibilité maternelle comporte quatre composantes essentielles, soit (a) la conscience des signaux de l’enfant, (b) une interprétation exacte de ceux-ci, (c) une réaction appropriée et (d) une réaction rapide aux signaux.

La codification est réalisée par trois codificatrices formées n’ayant pas participé à la codification de l’OMM. L’accord inter-juges a été effectué avec 23 dyades, ce qui représente près de 25 % de l’échantillon total. L’accord entre les juges quant au score global de sensibilité est élevé et très satisfaisant (ICC 0.90 – 0.98; p = .001).

La grille de codification des références aux états mentaux

Les commentaires de la mère sur les états mentaux de l’enfant sont mesurés par l’entremise d’observations de séances d’interaction entre la mère et son enfant âgé de six mois, soit au deuxième temps de mesure. Puisque la durée des activités peut varier d’une mère à l’autre (allaitement et changement de couche), les cinq premières minutes de chaque activité ont été visionnées à des fins de codification, assurant ainsi une homogénéité. Au total, vingt minutes sont codifiées, dont dix consacrées exclusivement au jeu, ce qui s’apparente à la procédure proposée par Laranjo et ses collaborateurs (2008), tout en respectant la suggestion d’augmenter la durée à plus de dix minutes. L’observation étant effectuée en laboratoire, l’inclusion d’activités réalisées quotidiennement par la mère (allaitement, changement de couche et jeu) augmente la validité écologique de la mesure. Par ailleurs, la salle étant équipée de trois caméras, la cotation des interactions mère-enfant se trouve facilitée par la possibilité d’observer les activités sous différents angles (perspectives de la mère et de l’enfant).

La procédure pour codifier les commentaires faits par les mères au sujet des états mentaux de l’enfant lors des séances d’interaction est basée sur celle de Meins et al. (2001). Tel que décrit par Meins et ses collaborateurs (2001), chaque commentaire relevé dans le

discours de la mère lors de la séance d’interaction est classifié selon qu’il réfère aux affects, aux cognitions, aux désirs ou à la modulation. Par la suite, ces commentaires sont catégorisés comme étant appropriés s’ils interprètent correctement l’émotion ou l’état d’esprit de l’enfant, ou inappropriés si l’interprétation est erronée. Lorsque la mère « met les mots dans la bouche de son enfant », donnant lieu à une forme de dialogue, ces commentaires sont classifiés comme étant reliés aux états mentaux. De plus, chaque commentaire est catégorisé selon qu’il réfère à un état psychologique actuel de l’enfant, à un souvenir de l’enfant ou qu’il vise à initier une action.

La codification a été effectuée par deux candidates au doctorat en psychologie, aveugles quant aux résultats de la codification du FR maternel. Dix protocoles ont été conjointement codifiés afin de se familiariser avec l’instrument. Dix-neuf protocoles ont ensuite été codifiés de manière indépendante afin d’établir une entente interjuges, ce qui représente 20 % de l’échantillon. Pour mesurer l’accord inter-juges, des kappas de Cohen sont utilisés étant donné le recours à des échelles nominales. La fidélité de la codification

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