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3.2 Comparaison de l’efficacité, de l’applicabilité au contexte montérégien et des

3.2.1 Méthodologie

Une méthodologie détaillée a été employée pour évaluer de façon quantitative l’efficacité des différentes solutions envisagées pour atténuer la contamination des eaux de surface par les pesticides. Dans un premier temps, il est important de noter que l’efficacité de la solution reflète la diminution de la charge totale de pesticides dans les eaux de surface. Pour mener à bien cette évaluation, plusieurs sources scientifiques ont été consultées et plusieurs approximations ont dû être réalisées.

Certaines évaluations d’efficacité des solutions portaient sur la capacité des solutions à réduire le transport de pesticides par des voies précises, soit le lessivage, le ruissellement ou la dérive. Afin de mettre toutes ces solutions sur un pied d’égalité, il s’est avéré nécessaire d'ajuster l'efficacité par la contribution du moyen de transport à la contamination totale des eaux de surface. Pour ce faire, une étude datant de l’an 2000 réalisée sur le territoire de l’Allemagne a été consultée. Selon cette étude, la pollution des eaux de surface par les pesticides agricoles serait majoritairement causée par le ruissellement de surface (Huber et al., 2000). Plus précisément, 85 % de la charge en pesticides dans les eaux de surface provient du ruissellement de surface, 14 % du lessivage et du drainage du sol et un dernier 1 % provient de la dérive aérienne des applications (ib.). En ce sens, une solution portant uniquement sur la dérive a vu son taux d’efficacité diminuer de 99 %. L’utilisation de cette approximation n’est toutefois pas exempte de difficultés techniques. La proportion attitrée aux trois moyens de transport peut varier selon le climat, la topographie et les caractéristiques du sol. Alors une étude réalisée en sol allemand pourrait ne pas être applicable au contexte québécois, ou plus précisément à la région de la Montérégie. Cependant, ces estimations suffisent pour

donner une idée générale de grandeur de l’importance des trois types de transport des pesticides à la contamination des eaux de surface.

D’autres données au sujet des solutions portaient sur leur efficacité de réduire l’utilisation d’un type de pesticides. Afin d’uniformiser ces taux d’efficacité, ils ont été modulés par les statistiques du Bilan des ventes de pesticides au Québec pour l’année 2008 (Giroux et Rivard, 2011). Ces taux donnent une idée globale de l’impact des solutions sur la problématique de contamination des eaux de surface. En 2008, l’année du dernier bilan, il y a eu 3 297 383 kg d’ingrédients actifs de pesticides vendus pour des applications en plein champ (ib.). De ce nombre, 70 % du poids total de pesticides vendus sont des herbicides, 19,7 % sont des fongicides et 6,1 % sont des insecticides (ib.). Les adjuvants, les stérilisants de sol, les régulateurs de croissance, les rodenticides et les répulsifs pour vertébrés ne comptaient que pour 4,2 % des ventes (ib.). En ce sens, une solution ayant effet exclusivement sur l’utilisation d’herbicides a vu son taux d’efficacité diminuer de 30 %.

Certaines méthodes examinées, par leur capacité de réduction à la source de l’emploi de pesticides, réduisaient la charge totale des pesticides employés. Afin de déceler leur taux d’efficacité, il a été décrété qu’une relation linéaire existe entre le taux de réduction de l’utilisation de pesticides et le taux de réduction de la contamination des eaux de surface par les pesticides. Cette affirmation est corroborée par Reichenberger et al., 2006. Plus précisément, une solution réduisant de 30 % l’utilisation de pesticides s’est vu attribuer un taux de réduction de la contamination des eaux de surface de 30 %.

Certaines autres solutions, comme la culture intercalaire, n’impliquaient aucune utilisation de pesticides, alors l’efficacité avec laquelle ces solutions réduisent la contamination des eaux de surface a été appliquée de façon un peu plus détournée. En fait, la capacité de ces solutions à réduire l’importance de problèmes phytosanitaires a été examinée, ce qui a permis d’établir une valeur correspondante de réduction d’utilisation de pesticides. Par exemple, une solution réduisant de 60 % tous les problèmes phytosanitaires confondus s’est vue attitrer une valeur correspondante de réduction de la contamination des eaux de surface. La logique derrière ce raisonnement est que les problèmes phytosanitaires reliés à ce type de solution seraient moins importants et nécessiteraient alors un contrôle chimique plus restreint. Bien qu’une relation linéaire ait été établie entre ces deux facteurs

pour les besoins de l’étude, il est fort probable que cette affirmation ne reflète pas entièrement la réalité des agriculteurs.

En ce qui concerne les deux autres critères d’évaluation, soit l’applicabilité au contexte de la Montérégie et le coût de sa mise en place, la performance des solutions a été évaluée de façon qualitative plutôt que quantitative. Comme indiquées à la légende du tableau 3.1, des descriptions détaillées ont été élaborées pour les différents niveaux de performance, ce qui a permis une évaluation objective de chacune des solutions.

Tel qu’abordé à la section 2.1.2, l’agriculture montérégienne est caractérisée par un système de production majoritairement industriel. Afin de décrire l’applicabilité des différentes solutions au contexte de l’agriculture montérégienne, la compatibilité des différentes solutions à une production intensive a alors été évaluée. Pour les besoins de l’étude, celle-ci a été caractérisée par une culture sur de grandes superficies, une utilisation de machinerie industrielle et une maximisation du profit.

Le dernier critère d’analyse des interventions visant à réduire la contamination des eaux de surface est le coût. Celui-ci n’a pu être chiffré en raison des différentes échelles de comparaison impliquées (achat ponctuel d’équipement, coût à l’hectare et labeur humain). Des catégories descriptives ont alors été employées. Règle générale, toute intervention qui augmente la charge de travail, nécessite des opérations complexes ou diminue la rentabilité de la culture obtient une moins bonne cote.

Suite à l’évaluation des différentes solutions, une valeur de 1 à 4 a été attitrée pour chacune des catégories, ce qui a permis d’obtenir une valeur globale pour chacune des interventions. Les interventions visant à réduire la contamination ont pu être priorisées.

3.2.2 Tableau comparatif des méthodes de lutte à la contamination des eaux de