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3.2 Comparaison de l’efficacité, de l’applicabilité au contexte montérégien et des

3.2.3 Discussion

L’analyse du tableau 3.1 permet de soutirer plusieurs constats intéressants au sujet de la contamination des eaux de surface par les pesticides agricoles et les différentes méthodes disponibles pour atténuer cette contamination. Le premier constat est qu’une élimination complète de la contamination des eaux de surface par les pesticides agricoles est atteignable présentement avec des technologies qui sont déjà disponibles et bien connues. Il y a trois solutions présentant une efficacité de réduction de la contamination des eaux de surface qui individuellement peuvent atteindre plus de 75 %. Ces solutions sont l’aménagement de zones tampons végétatives, la rotation des cultures et l’utilisation de pesticides à faible impact. En réunissant ces trois solutions, la contamination des eaux de surface pourrait être chose du passé. Cependant, la faisabilité de ces solutions par rapport à leur coût et leur applicabilité au contexte agricole montérégien demeure tout de même une considération incontournable à leur implantation.

De plus, étant donné que 70 % des pesticides appliqués sont des herbicides et que 85 % des pesticides agricoles se retrouvant dans les eaux de surface proviennent du ruissellement de surface, les solutions qui réduisent l’utilisation d’herbicides et le ruissellement de surface s’avèrent les mieux disposées pour contrôler la contamination des eaux de surface (Giroux et Rivard, 2011; Huber et al., 2000).

Il ne faut toutefois pas négliger les interventions portant sur les autres moyens de transport des pesticides et les pesticides autres que les herbicides. À cet effet, même si les solutions portant uniquement sur la réduction de la dérive sont beaucoup moins efficaces que les solutions diminuant le ruissellement de surface des pesticides, il ne faut pas conclure que la réduction de la dérive est sans mérite. En effet, même si la dérive détient un effet négligeable sur la qualité des eaux de surface, elle augmente les concentrations atmosphériques de pesticides de façon significative, ce qui peut avoir un impact important sur la santé des agriculteurs, de leurs familles, des citoyens environnants et des animaux.

De façon connexe, les insecticides, même s’ils constituent un mince 6,1 % des quantités totales de pesticides utilisés en agriculture, ils représentent tout de même un impact considérable pour les écosystèmes aquatiques de surface. En fait, même si ces composés sont utilisés en quantités plus restreintes, les insecticides sont souvent bioactifs à de

des eaux de surface. Alors même si la charge totale des insecticides dans les eaux de surface est restreinte, cette charge peut avoir un impact plus important sur la biologie des organismes. Pour cette raison, les interventions visant à réduire l’utilisation d’insecticides ne devraient pas être négligées. De plus, tel qu’élaboré aux sections 2.2.2 et 2.2.3, la pomiculture et les cultures maraîchères sont exigeantes en matière d’insecticides, ce qui peut augmenter considérablement les concentrations d’insecticides dans les eaux de surface surtout dans les régions où ce type de production se retrouve en grande concentration.

L’évaluation globale des différentes solutions permet de prioriser les interventions visant à réduire la contamination des eaux de surface. Puisque les trois critères ont été pondérés à valeur égale, ce ne sont pas uniquement les solutions portant une efficacité élevée qui ont été jugées prioritaires. Par exemple, l’application de pesticides en doses réduites est une intervention prioritaire en raison de son faible coût et sa facilité d’application, même si son efficacité n’est pas très élevée.

Il y a cinq interventions qui ont été jugées prioritaires : la culture sans travail du sol, le travail réduit du sol, la rotation des cultures, l’utilisation de pesticides à faible impact et l’application de pesticides en doses réduites. Les deux premières interventions prioritaires se sont retrouvées au palmarès puisqu’elles réduisent le ruissellement de surface des pesticides, permettant ainsi une réduction efficace de la contamination des eaux de surface. De plus, ils sont applicables au contexte montérégien puisqu’ils emploient de la machinerie conventionnelle sur de grandes surfaces. Finalement, ces interventions représentent une économie de coûts puisqu'ils réduisent le nombre de passages au champ.

En ce qui concerne la rotation des cultures, cette intervention s’attaque à la notion de monoculture à répétition, qui est un système de culture malheureusement commun de nos jours. La rotation des cultures permet d’ailleurs une réduction importante de l’utilisation de pesticides et détient une forte applicabilité au contexte montérégien. Cependant, elle obtient une moins bonne cote en ce qui concerne son coût, puisque la rotation, si elle est effectuée de façon efficace, comprend des cultures qui sont moins rentables.

L’utilisation de pesticides à faible impact est la quatrième intervention prioritaire. Celle-ci détient une forte efficacité à réduire la contamination des eaux de surface puisque les pesticides à faible impact ont généralement un très faible impact sur les organismes

vivants et sont facilement dégradables. L’emploi de ces composés chimiques est d’ailleurs très applicable au contexte montérégien et peu dispendieux puisqu’ils peuvent être épandus avec de la machinerie conventionnelle. Cette méthode implique seulement la sélection de produits différents pour l'épandage.

En ce qui concerne l’application de pesticides en doses réduites, cette intervention permet d’économiser un maximum de 50 % des pesticides épandus, ce qui est non négligeable. Cette intervention gagne du mérite par l'économie de frais rattachés à l’achat de pesticides et par sa forte applicabilité au contexte montérégien en raison de la conservation des méthodes conventionnelles de traitement phytosanitaire.