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Le modèle utilisé est une adaptation au contexte des SDG du cadre structurel développé dansClavet et al. (2013)  voir aussiClavet et Duclos(2014), duquel sont extraits plusieurs passages de cette sous-section. Des améliorations ont aussi été apportées par rapport aux modèles présentés dans Clavet et Duclos (2014) et Clavet et al. (2013). Les comportements de travail des hommes sont maintenant modélisés. De plus, le modèle d'ore de travail et les équations de salaires sont estimés simultanément.

La modélisation du comportement des parents procède en deux étapes : on y estime tout d'abord les probabilités de modes de SDG auxquels les parents d'une famille pourraient sou- haiter avoir recours lorsque tous les adultes travaillent, et on modélise ensuite l'ore de travail des parents sous la disponibilité de tels types de SDG. Cette modélisation d'ore de travail suppose que les choix de travail des parents maximisent  l'utilité  des familles en faisant un arbitrage explicite entre heures travaillées et revenu net d'impôt, de transferts sociaux et des frais des services de garde (Brink et al.,2007;Gong et Breunig,2012;Wrohlich,2004;Tekin,

2005; Kornstad et Thoresen, 2007). Cette modélisation  structurelle  permet de prédire le comportement des parents sous d'autres paramètres scaux.

Une hypothèse faite dans la première étape est que les modes de SDG auxquels une famille pourrait avoir recours sont exogènes au niveau d'ore de travail des membres de la famille. Cela mène à une estimation du menu des modes de garde disponibles pour chaque enfant d'une famille. Cette première étape de modélisation est eectuée à l'aide d'un modèle en forme réduite (voir en Annexe D.1 pour la description des SDG modélisés et la méthode d'imputation des modes de garde). Notons qu'il n'est malheureusement pas possible avec les informations et les données disponibles de modéliser le rôle d'un arbitrage éventuel entre coût et qualité des services de garde ; on ne peut par exemple permettre qu'une famille choisisse un milieu de garde de plus grande qualité (et de coût horaire plus élevé) parce que son niveau de revenu devient plus élevé suite à une augmentation de son ore de travail.

Une fois le type de garde imputé pour chaque enfant, le coût total en frais de garde d'une famille est évalué selon le type de garde, la catégorie d'âge des enfants (0 à 5 ans ou 6 à 12 ans) et le nombre d'enfants. Le montant annuel en frais de garde non-subventionné est imputé pour chaque enfant en fonction de son type de garde, de son âge et du niveau de scolarité de sa mère.2 Pour les enfants de 5 ans et moins en SDG subventionné, les frais de garde sont établis sur la base d'un coût quotidien de 7 $ et d'une fréquentation de 260 jours par année. Le montant annuel en frais de garde pour un SDG subventionné est calculé ainsi puisqu'il est usuel que les SDG subventionnés facturent des frais de garde pour l'ensemble de l'année, même si l'enfant ne se rend pas au SDG. Pour les enfants (de 6 à 12 ans) en SDG subventionné en milieu scolaire, les frais de garde sont établis sur la base d'un coût quotidien de 7 $ et d'une fréquentation de 215 jours par année. Cette période de fréquentation correspond au nombre de jours ouvrables d'une année scolaire. Des frais de garde supplémentaires de 700 $ sont ajoutés pour tenir compte du coût de fréquentation d'un camp de jour durant les vacances scolaires d'été. Une fois les frais de garde annuels obtenus pour chacun des enfants, la somme de ceux-ci donne le coût annuel total en frais de garde d'une famille.

La deuxième étape consiste en l'estimation simultanée du modèle d'ore de travail et des équations de salaires. L'équation de salaire des femmes permet l'évaluation du revenu de 2. Le niveau de scolarité du père est utilisé lorsqu'un enfant est dans une famille monoparentale et qu'il est sous la garde de son père.

travail de celles-ci pour diérents choix d'heures travaillées. L'équation de salaire des hommes procède de manière analogue en évaluant le revenu de travail de ceux-ci pour diérents choix d'heures travaillées. Par la suite, le revenu net d'impôt et des transferts sociaux de la famille est calculé et le coût annuel en frais de garde est soustrait de celui-ci (selon la participation ou non des parents au marché du travail) pour obtenir le revenu disponible d'une famille. Ce revenu disponible permet ensuite d'estimer et d'utiliser un modèle structurel d'ore de travail à choix discret dans lequel on suppose que les parents maximisent leur utilité en fonction du revenu disponible et du temps passé hors du marché du travail. Plus un choix d'ore de travail sur la contrainte budgétaire correspond à une quantité importante de revenu et de loisir, plus il est probable qu'un parent choisisse ce niveau de travail plutôt qu'un autre. Puisque toute personne doit sacrier de son temps de loisir pour travailler et obtenir des revenus, et que tous possèdent une dotation en temps limitée (ici, un nombre xe d'heures par semaine), un arbitrage entre revenu et loisir doit être fait.

Cet arbitrage entre revenu et loisir est eectué à travers un modèle structurel comportemen- tal estimé à l'aide d'un échantillon représentatif de la population québécoise. Le modèle est  unitaire  pour les familles biparentales dans le sens que les revenus des deux conjoints sont mis en commun sans que l'origine des revenus inuence la décision de travail. Un dollar gagné par la mère aura le même eet qu'un dollar gagné par le père sur le niveau d'utilité de la famille.3 Bargain et Moreau(2007) montrent qu'un modèle collectif donne essentiellement les mêmes résultats qu'un modèle unitaire dans un contexte de réforme scale. L'identication de ce modèle d'ore de travail requiert une hypothèse d'exogénéité du salaire des parents. Pour estimer le salaire des parents qui ne travaillent pas dans l'échantillon, on doit aussi pouvoir inclure dans les équations permettant de prédire le salaire des parents des variables qui ne sont pas incluses dans le modèle d'ore de travail (expérience de travail, densité de la population de la région de résidence et niveau de scolarité). Le modèle suppose aussi que le marché du travail est susamment exible pour permettre aux parents de travailler le nombre d'heures qu'ils désirent. En dernier lieu, le modèle est  statique  puisqu'on ne modélise que les décisions de travail portant sur l'année en cours.

Ce type de modèle a été peu été utilisé au Canada pour comprendre l'eet des services de garde sur le comportement et le revenu des familles. Seul Clavet et Duclos(2014) ont utilisé ce type de modèle pour évaluer l'impact du crédit d'impôt provincial pour frais de garde, de la déduction fédérale pour frais de garde et des subventions directes aux SDG. Il est toutefois standard plus largement dans la littérature, ayant notamment été utilisé parvan Soest(1995),

Hoynes (1996), Keane et Mott (1998) etAaberge et al.(1999) dans la simulation d'impact de politiques publiques. Les modèles d'ore de travail à choix discret ont aussi été employés dans le contexte de simulations de politiques liées aux services de garde  voir Gong et

3. Le temps de loisir du père a toutefois un eet diérent sur le niveau d'utilité de la famille que le temps de loisir de la mère, puisque les préférences pour le loisir dièrent selon le sexe.

Breunig (2012), Brink et al. (2007),Creedy et Duncan (2002), Kornstad et Thoresen (2007) et Bourguignon et Spadaro (2006) pour une discussion en profondeur des fondements et des motivations de l'utilisation de ce type de modèle. L'annexe D.2 présente en détail le modèle d'ore de travail utilisé, ainsi que les résultats d'estimation.