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Sur le secteur géographique : l'échantillon de population a été recruté essentiellement dans une portion de l'île s'étendant du Sud à l'Ouest de l'île de la Réunion.

Le choix de ce secteur géographique s'est basé sur la volonté première d'approfondir mes connaissances sur le bassin de population dans lequel je souhaite poursuivre mon activité professionnelle de médecin généraliste.

D'autre part, la Réunion est une petite île de 2500 km2 de superficie mais avec un relief accidenté, rendant l'accès aux zones rurales parfois difficile. Associé à la contrainte d'un trafic particulièrement dense sur toute la zone littorale de notre île, ces facteurs ont constitué un frein pour l'extension de notre terrain d'enquête.

Sur les lieux d'intervention, la décision de sélectionner nos usagers dans les cabinets de médecine générale a pu constituer une limite déjà citée lors de précédents travaux (18). Des utilisateurs éventuels ont pu être exclus de l'étude en raison de leur non-maîtrise de la lecture et/ ou de l'écriture. L'écrit reste un frein dans une proportion non négligeable à la Réunion, souvent encore plus marqué pour les personnes âgées qui n'avaient pu accéder à une scolarité. En effet l'enquête Information et Vie Quotidienne de l'INSEE en 2011 montrait un taux d'illettrisme de 22.6% dans la population de 16 à 65 ans, soit 3 fois supérieur à celui de la France Métropolitaine (7%).(98) Pour contourner ce biais de sélection, les secrétaires étaient informées que les patients pouvaient éventuellement faire appel à elles en cas de difficulté à remplir le questionnaire. Cependant avec les moyens dont nous disposions, nous n'avons probablement pas pu contourner complètement cet écueil, malgré cette précaution.

Par ailleurs, les usagers de plantes médicinales ne fréquentent pas tous les cabinets de médecine générale, soit par absence de besoin, soit par adhésion partielle aux soins conventionnels. Ces adultes peuvent néanmoins se retrouver dans une salle d'attente de médecine générale par exemple pour accompagner un enfant ou une personne âgée consultant.

Le cabinet du généraliste reste néanmoins un lieu qui draine un large échantillon de la population et où le cadre reste propice pour répondre à une enquête pendant le temps d'attente.

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 Biais de classement

Sur le mode de sélection, les secrétaires médicales avaient en charge de remettre aux patients intéressés un formulaire papier. Mais afin de sensibiliser les patients ne prêtant pas forcément attention à l'affiche informative, elles ont aussi interpellé des patients susceptibles de correspondre à nos critères de sélection. Elles leur proposaient de participer à l'étude en cas de réponse favorable. Elles ont aussi apporté une aide au remplissage des questionnaires en cas de difficultés. Leur niveau d'implication a donc pu influencer en partie l'échantillon sélectionné dans sa composition et son nombre selon les sollicitations et le type d'aide qu'elles ont apporté. Cette présélection s'est appuyée sur l’expertise des secrétaires médicales du fait de leurs expériences et connaissances des patients surtout en cas d'ancienneté.

 Biais de recueil

Les questionnaires étant particulièrement longs, afin d'obtenir une description aussi exhaustive que possible lors des rencontres, le remplissage a pu être marqué par une certaine subjectivité de l'investigateur. Dans les prises de notes, notamment, les propos des patients n'ont pu être reproduits avec exactitude. Le recueil des données, pour ne pas trop ralentir les échanges, impliquait une sélection personnelle de ce qui était jugé important. Des termes propres aux patients ou typiques du créole ont ainsi été remplacés par des mots plus savants de façon quasiment automatique.

L'absence d'enregistrement des entretiens a pu représenter un frein à une analyse plus fine du verbatim mais cette démarche était difficilement applicable vu les conditions de réalisation (entretien téléphonique et dans des lieux publics au fond sonore bruyant) et étant donnée la taille demandée de l'échantillon.

En fonction du lieu d'entretien : les personnes ont été recontactées par divers moyens. Le contact téléphonique s'il a permis de s'affranchir des déplacements a constitué un frein à la récolte de données précises sur notre échantillon car la durée de notre entretien d'au minimum 15 minutes a pu être perçue comme une contrainte par certains répondants.

Pourtant une enquête publique téléphonique détaillée auprès de 1000 foyers réunionnais sur leur usage général des plantes, réalisée en 2006 n'avait pas signalé cette difficulté.

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Notre analyse basée sur prés de 50% des entretiens par téléphone n'a pas offert la même richesse que la rencontre plus authentique au domicile du patient qui s'achevait le plus souvent par une visite de leur jardin.

 Biais déclaratifs

Le lieu a également posé problème lors d'un entretien réalisé, auprès d'une patiente connue des secrétaires, pour sa fine connaissance des plantes. Nous l'avons ainsi interrogée en salle d'attente du cabinet de son médecin traitant, mais une réticence s'est faite ressentir à discuter librement du sujet avec des réponses écourtées. L'absence d'intimité pour s'entretenir a été probablement une limite à une libération de sa parole. Ainsi, opter pour un lieu plus propice à l'échange, en prenant le temps nécessaire aurait probablement permis d'obtenir des réponses plus précises.

La relation de confiance nécessaire pour permettre au patient de se livrer en dehors d'un cadre consacré n'étant pas simple à construire en un entretien. Le lieu et mode de rencontre pour aborder ce sujet a donc été un critère déterminant pour obtenir des informations pertinentes.

Réaliser une enquête auprès de la population ne s'improvise pas, il serait intéressant d'avoir des facilités pour obtenir le soutien d'équipes spécialisées dans le recueil des données plus standardisées par le biais de formation ou d'un travail d'équipe.

VI.1.2-2: Dans les résultats