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2.1 Méthodes de modélisation multiéchelle

2.1.1 Méthodes d’homogénéisation

Les méthodes d’homogénéisation les plus utilisées sont les techniques basées sur l’analyse d’un Volume Élémentaire Représentatif (VER) de l’échelle microscopique. Elles consistent à déterminer un comportement homogénéisé du VER à partir d’une équivalence énergétique entre les représentations microscopique et macroscopique. Pour ce faire, des hypothèses sur le champ de déplacement ou le champ de contraintes

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du VER doivent être introduites. Le retour aux propriétés locales est effectué par un opérateur de localisation de la solution macroscopique.

Malheureusement, la définition a priori d’un modèle macroscopique reste péna-lisante lorsqu’il s’agit de traiter des problèmes avec forts gradients où les champs macroscopiques peuvent varier considérablement (près des bords, des trous, des fis-sures) et lorsqu’il s’agit de traiter des problèmes non linéaires.

Dans cette section, nous rappelons les bases de la théorie de l’homogénéisation des milieux périodiques basée sur l’analyse asymptotique [Sanchez-Palencia, 1980].

Théorie d’homogénéisation périodique

Cette technique est utilisable dans les problèmes où la structure résulte de la répétition périodique d’un VER, comme dans le cas des composites. La solution à l’échelle de la microstructure est alors supposée périodique (au moins loin des bords de la structure), ce qui permet de découpler les effets en deux différentes échelles.

On restreint l’étude à la résolution d’un problème d’élasticité linéaire en petites perturbations. Le principe de base consiste à introduire deux variables pour décrire la solution (voir Fig. 4.9) : une variable lente X à l’échelle de la structure (de longueur caractéristique L), et une variable rapide y pour décrire la microstructure à l’intérieur du VER (de longueur caractéristique l). Le rapport d’échelle est noté  = Ll  1. On peut définir la variable de périodicité Y = y. La solution est alors recherchée sous la forme d’un développement asymptotique en  :

u(X, y) = 0u0(X, y) + 1u1(X, y) + 2u2(X, y) + · · ·

Ce développement est d’autant plus judicieux que  est petit. La résolution des équa-tions du problème nécessite la différenciation du déplacement solution, qui s’écrit :

∂xu(x) = ∂Xu(X, y) +  −1 ∂yu(X, y) .

On peut alors définir les tenseurs de déformation et contraintes comme : ε(u(X, y)) = εx(u) + −1εy(u) ; div(σ(X, y)) = divx(σ) + −1divy(σ) .

VER X y y l L

Fig. 4.9: Coordonnées macroscopiques sur la structure et coordonnées

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L’opérateur de Hooke est K(X, y) = K(y), puisqu’il est périodique d’un VER à l’autre. La résolution des équations locales d’équilibre et de comportement conduit ainsi à différents problèmes en puissances de  distinctes. Les méthodes d’homogénéi-sation du premier ordre permettent de déterminer les champs u0 et u1, en résolvant consécutivement les problèmes suivants :

Problème en u0 (−2) : divy(K εy(u0)) = 0. Ce problème montre que le déplace-ment macroscopique u0 est indépendant de y. On notera ε0= εx(u0).

Problème en u1 (−1) : divy(K εy(u1)) = −divy(K ε0). Ce problème consiste à déterminer un champ déplacement microscopique u1∈ UY −per (espace des champs vérifiant les conditions de périodicité sur le bord du VER) sous le chargement ε0 uniforme suivant :

Trouver u1∈ UY −per tel que ∀ u?∈ UY −per :

Z V ER T r  εy(u1)K εy(u?)  dΩ = − Z V ER T r  ε0K εy(u?)  dΩ

Par linéarité, on construit alors un opérateur de localisation H(y) reliant la défor-mation locale à la défordéfor-mation macroscopique :

εy(u1) = H(y)ε0 (4.7)

Problème en u2 (0) : divx(K(ε0+ εy(u1))) + divy(K(εx(u1) + εy(u2))) + f

d= 0.

Seule la condition d’existence d’une solution u2 à ce problème est exploitée :

Z V ER divx(K(ε0+ εy(u1))) dΩ + Z V ER fddΩ = 0 .

Cette expression peut s’écrire, en utilisant l’Éq. (4.7) et en désignant par h · i =

1 vol(V ER)

R

V ER

· dΩ la moyenne sur le VER, comme : divx(hK + K Hi ε0) + hfdi = 0 .

Le comportement macroscopique est alors obtenu en moyennant sur le VER : σM = hK εmi = hK(ε0+ εy(u1))i = hK + K Hi ε0,

ce qui permet de fermer le problème macroscopique global portant sur les inconnues M, u0). Le comportement homogénéisé s’écrit : KH = hK + K Hi.

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Théorie de l’homogénéisation pour les problèmes non linéaires

La théorie classique de l’homogénéisation a donné lieu à diverses extensions au cadre non linéaire. Certaines approches s’appuient sur des développements asymp-totiques de toutes les variables du problème : déformations anélastiques, paramètre d’endommagement [Fish et al., 1997], etc. D’autres stratégies dites d’analyse globale-locale furent également proposées. Elles sont basées sur une résolution de deux pro-blèmes imbriqués, un à l’échelle macroscopique, généralement résolu par la méthode éléments finis, et l’autre à l’échelle microscopique. Parmi celles-ci, on peut citer la méthode FE2 de [Feyel et Chaboche, 2000] et la Voronoï Cell Finite Element Method de [Ghosh, Lee, et Moorthy, 1995].

Ces techniques possèdent néanmoins des limitations : elles restent pertinentes lorsque les échelles sont bien séparées et les non-linéarités restent faibles. Des amé-liorations ont été proposées en couplant la méthode asymptotique numérique et la méthode FE2 [Nezamabadi et al., 2010] ou par une homogénéisation numérique d’ordre supérieur [Kouznetsova, Geers, et Brekelmans, 2002; Geers, Kouznetsova, et Brekelmans, 2010]. Dans la suite, la méthode FE2 est succinctement présentée.

La méthode FE2 est une approche éléments finis à deux niveaux qui propose de discretiser la structure macroscopique et d’associer à chaque point d’intégration une cellule de base du matériau périodique représentatif microscopique [Feyel et Chaboche, 2000]. L’idée est de rechercher la solution comme une décomposition en partie macro et partie micro. La contrainte macroscopique σM et la déformation ma-croscopique εM en un point d’intégration du maillage macroscopique sont supposées constantes sur la cellule microscopique associée à ce point.

Le principe de résolution est simple : la solution du problème macroscopique est recherchée de manière standard par un algorithme itératif non linéaire. À chaque itération, un incrément de déformation εM est calculé aux points de Gauss pour ensuite définir les conditions aux limites de la cellule élémentaire associée. Un pro-blème microscopique non linéaire est alors résolu de manière itérative sur chaque cellule. À convergence, ce problème microscopique permet de calculer la contrainte macroscopique σM= hσi ainsi que la matrice de rigidité tangente homogénéisée KH. La connaissance de cet opérateur permet de résoudre le problème macroscopique et ainsi trouver un nouvel incrément de déformation macroscopique. La convergence est atteinte lorsque la contrainte moyenne σM vérifie les équations d’équilibre ma-croscopique. Notons que les calculs microscopiques sont complètement indépendants et sont donc aisément parallélisables.