• Aucun résultat trouvé

A. Expérience n° 1 : Influence des masques sur la poursuite lisse après la disparition de la

A.1. Méthode et stimuli

Un total de 10 sujets, recrutés dans le département des Sciences Cognitives, ont participé à l’étude (âge : de 22 à 33 ans, 3 hommes). Neuf d’entre eux ne connaissaient pas le but de l’étude et n’avaient aucune expérience en oculométrie. Tous les participants étaient en bonne santé et avaient une vision normale ou corrigée.

A.1.2 Setup et stimuli visuel

Les participants étaient assis dans un fauteuil matelassé, et leur tête était maintenue par une mentonnière pour minimiser les mouvements de tête parasites au cours de l’expérience. Il était demandé à chaque sujet de trouver une posture confortable en ajustant la mentonnière et la hauteur du fauteuil. Les positions verticale et horizontale de l’œil gauche ont été enregistrées via un système Remote Eyelink 1000 (Sr Research ldt) à un taux d’échantillonnage de 1 kHz. Un écran de diffusion des stimuli (écran BenQ 24 pouces, 1024x768 de résolution et un taux de rafraichissement de 120 Hz) était placé à 80 cm des yeux du sujet. Un logiciel développé au sein du laboratoire, JEDA (Lorenceau et Humbert, 1990) diffusait les stimuli sur l’écran, et enregistrait les informations temporelles liées à la présentation des stimuli (utilisé pour des analyses post hoc).

°). La cible était un « bull-eye ring » (anneau : diamètre = 0.74 °, luminance = 0.08802 cd/m² ; disque centrale : diamètre = 0.37°, luminance = 0.08802 cd/m²). Chaque masque était défini comme une surface rectangulaire (largeur : 9.3°, hauteur : 27.2°). Deux masques étaient de type homogène, soit visible (luminance : 12.6 cd/m²) ou invisible (même luminance que le fond, 14.6 cd/m² ; Figure 3.3,A et B). Les deux autres masques étaient remplis de disques (n = 300, diamètre d’un disque = 1.11°). Pour l’un des masques la polarité de contraste des disques alternait entre +6% ou -6% autour de la luminance du fond au cours du temps. Les disques dans chacune des conditions

49

texturées étaient répartis aléatoirement (provoquant parfois des superpositions) sur la surface rectangulaire. Pour la condition texturée statique, la moitié des disques présentés avait pour luminance +6% et l’autre moitié -6% au sein de la surface, dans le but de préserver, en moyenne, la même luminance que pour la condition de changement de polarité (Figure 3.3,C).

Figure 3.3 Masques et textures utilisés dans l'Expérience 1. Les masques sont soit uniformes et invisibles (A, même couleur que le fond ; les lignes blanches en pointillées délimitent les frontières du masque), ou uniforme et visible (B), ou texturé et statique (C) ou « Flicker » (5Hz, D). Dans toutes les conditions, les masques et les textures couvrent une surface de 9.30 x 27.20° d’angle visuel. La cible se déplaçant à une vitesse constante de 13.3°/s, la trajectoire est montrée par les flèches noires (pleines et pointillées) en A, était visible pour une période de 900 ms avant de disparaitre pendant 700 ms, avant de réapparaitre de nouveau.

Chaque sujet a effectué 20 essais (mouvement aller/retour de la cible) pour chaque condition de masques, soit un total de 80 essais. La présentation des essais était tirée aléatoirement, de telle sorte qu’une condition de masque ne pouvait être présentée deux fois d’affilée au sujet.

A.1.3 Acquisition des données et analyses

Les mouvements oculaires ont été analysés off-line utilisant des scripts d’analyse en Python (Figure 3.4). Les quatre premiers essais de chaque condition ont été déterminés comme phase de familiarisation et écartés des analyses. Les clignements ont été premièrement supprimés avant que les traces soient filtrées par un filtre

50

« butterworth » passe-bas (50 Hz). La vitesse et l’accélération de l’œil ont été calculées en deux fois, en utilisant un filtre à fenêtre glissante (fenêtre de 51 ms, Savitzky & Golay, 1964). Le début et la fin des saccades étaient repérés par un algorithme de détection basé sur une combinaison de seuils de vitesse (> 20°.s-1) et d’accélération (±500°.s-2). Pour affiner la détection des saccades, la fenêtre de détection était augmentée de 10 ms de chaque côté, et tous les points inclus dans une fenêtre définissant une saccade étaient remplacés par des NaN (not a number). Les analyses concernant la poursuite oculaire sont réalisées sur le signal décontaminé (Figure 3.4,D). Chaque trace était décomposée en : i. Une fixation initiale (supprimée des tracés de vitesse), ii. De la poursuite oculaire pendant la poursuite de cible (fenêtre de 700 ms commençant 200 ms après le début du mouvement de la cible), iii. De la poursuite oculaire après la disparition de la cible derrière le masque (fenêtre de 700 ms, commençant 900 ms après le début du mouvement de la cible). Dans les expériences qui vont suivre, nous avons analysé et comparé les gains de vitesse de l’œil, le taux de saccades observé pendant la poursuite, pour la période pré-occlusion (pendant la poursuite de cible) et occlusion (la cible disparait derrière le masque). Les analyses statistiques ont été effectuées sur les gains de vitesse, calculés indépendamment pour chaque période décrite précédemment, pour toutes les conditions. Toutes les analyses statistiques ont été réalisées à l’aide de tests bilatéraux. Les tailles d’effets sont reportées par ɲ² (êta carré) pour les ANOVAs et comme d de Cohen pour les analyses post-hoc. Toutes les analyses statistiques ont été réalisées à l’aide du logiciel R (version 3.2.1).

51

Figure 3.4 Procédure d'analyse des mouvements oculaires. (A) La position de l’œil pendant la moitié d’un essai (un essai consiste en 1 aller-retour de la cible sur l’écran, la moitié d’un essai est donc un aller ou un retour ; l’aire grise représente la période d’occlusion : 700 ms). (B). La vitesse de l’œil pendant la moitié d’un essai. La ligne noire pointillée illustre la valeur du seuil de vitesse utilisé pour la détection des saccades (>20°.s-1). (C). L’accélération de l’œil pendant la moitié d’un essai. Les lignes noires pointillées illustrent la valeur du seuil d’accélération utilisé pour la détection des saccades (±500°.s-2). (D). Signal de vitesse décontaminé des saccades pour la moitié d’un essai. L’aire grise foncée et grise claire (700 ms) illustrent les périodes pré-occlusion et occlusion utilisées pour calculer les gains de vitesses.