3.2 Méthodes numériques
3.2.2 Méthode de la fonction de Green
w Tt d
Substrat n
4Couche d’or n
3Diél. n
2Air n
1 dSubstrat n
4Couche d’or n
3Air n
1a b
x z yFigure 3.12 – (a) DLSPPW et (b) système de référence : substrat-or-air.
La méthode différentielle décrite dans le paragraphe précédent ne permet pas
de restituer les modes sans fuites radiatives dans le substrat. Nous utilisons donc
aussi un code calculant la densité de modes guidés (DOS pour "Density Of States")
[56, 90, 85] et donc capable de décrire les modes liés et à fuites. La DOS est extraite
de la théorie exacte de la diffusion des ondes électromagnétiques dite aussi "méthode
de la fonction de Green". L’explication détaillée de cette méthode est disponible dans
diverses variantes discutées dans les références [91, 92, 93, 94, 95, 96].
En effet, le tenseur de GreenG associé à la structure guidante rassemble l’ensemble
des propriétés électromagnétiques du système. Physiquement, G peut être défini
comme la réponse du système à une excitation élémentaire [97, 98]. En géométrie en
deux dimensions, comme ici, cela signifie que le champ électrique E~(~r
//)rayonné en
~r
//= (x, z) par une ligne de dipôlesP~
0situés en~r
0//
s’écrit
~
E(~r
//) = k
2 0ε
0G(~r
//, ~r
0 //)·P~
0. (3.13)
G est donc un tenseur de rang 2 qui doit être calculé pour chaque couple de points
(r
//, r
0//
)du système. Pour cela, il faut résoudre l’équation auto-cohérente de Dyson
G(~r
//, ~r
//0, k
y) =G
ref(~r
//, ~r
//0, k
y)+k
02Z
guideG
ref(~r
//, ~r
//0, k
y)(ε
ref−ε)G(~r
//0, ~r
//0, k
y)d~r
//0,
(3.14)
où l’indice "ref" indique la structure de référence (le système sans le ruban
diélec-trique ; figure 3.12 (b)). En particulier,G
refprend une forme analytique connue
fai-sant intervenir des intégrales de Sommerfeld, puisqu’il représente le champ rayonné
par une ligne de dipôles en présence d’un système multicouche [99].
Finalement, la densité de mode guidé ρ(k
y) sur l’intervalle de constante de
propa-gation [k
y;k
y+ dk
y] est fonction de la trace du tenseur de Green [92, 94].
ρ(k
y) =−2k
yπ =T r[εG(k
y)] =
d
dk
y[
1
π=ln detεG(k
y)]. (3.15)
oùI est la matrice identité.
Cette expression n’est valable que dans les régions où ε(~r) ne change pas de signe.
Comme la constante diélectrique du métal est négative et celle du ruban
diélec-trique positive, il est judicieux d’utiliser l’équation de Dyson (équation 3.14), pour
se restreindre au ruban diélectrique. En effet, l’équation de Dyson s’écrit sous forme
matricielle
G= [I−G
refV]
−1G
ref, (3.16)
oùV =k
2 0(ε
ref−ε).
L’équation 3.15 devient
ρ(k
y) =−1
π
d
dk
yln det[I−G
refV] +
1
π
d
dk
yln detεG
ref, (3.17)
d’où l’on tire la modification de DOS par rapport au système de référence
∆ρ(k
y) = ρ(k
y)−ρ
ref(k
y) =−1
π=ln det[I−G
refV]. (3.18)
Nous cherchons maintenant à établir la condition de résonance. Le champ électrique
~
E dans le système en présence d’une excitation E~
0est donné par l’équation de
Lippman-Schwinger en représentation matricielle
E=E
0+G
refVE, (3.19)
donc
[I−G
refV]E=E
0. (3.20)
Le système supporte un mode en l’absence d’excitation si
On suit alors une procédure similaire à celle discutée pour la RPM (paragraphe 2.1.4
du chapitre 2). A proximité d’une résonance, det[I−G
refV] s’annule et la dérivée
de la phase de ce déterminant suit un profil lorentzien [85]. Nous définissons donc la
phase θ =−arg det[I−G
refV].
On montre alors que
∆ρ(k
y) = 1
π
dθ
dk
y=ρ(k
y)−ρ
ref(k
y) =
g
πk
0n
00(k
y/k
0−N
ef f)
2+n
002, (3.22)
où ρ(k
y) est la DOS de la structure guidante complète (figure 3.12 (a)) et ρ
ref(k
y)
celle du système sans le ruban diélectrique (figure 3.12 (b)). N
ef f=β/k
0est l’indice
effectif du mode. n
00est défini tel que l’indice effectif complexe du mode s’écrive
˜
N
ef f=N
ef f+in
00. La longueur de propagation du mode est alors L
SP P=λ/4πn
00.
g indique la dégénérescence de modes à k
y=β.
Le centre de la lorentzienne donne donc la constante de propagation du mode
tan-dis que la largeur à mi-hauteur ∆N
ef f= 2n
00est inversement proportionnelle à la
longueur de propagation du mode.
Numériquement, ∆ρ est calculé selon (voir l’équation 3.15)
∆ρ(k
y) = −2k
yπ =
Z
guided~r
//[εG(~r
//, ~r
//, k
y)−ε
refG
ref(~r
//, ~r
//, k
y)]. (3.23)
1.2 1.22 1.24 1.26 1.28 1.3 0 20 40 60 80 100 ky/k0 DOS Calcul Fit lorentzien Neff=1.249 LSPP=36.77 µm ∆NeffFigure 3.13 – Représentation du calcul avec la méthode de la fonction de Green dans le cas des
dimensions optimales du DLSPPW (t= 600nmet w= 600nm).
La DOS calculée (figure 3.13) suit effectivement un profil lorentzien dont le pic
est situé à la valeur de l’indice effectif du mode, ici N
ef f= 1.249. La longueur de
propagation du mode estL
SP P=λ/(2π∆N
ef f)ou∆N
ef fest la largeur à mi-hauteur
de la lorentzienne. Ici, nous calculons L
SP P= 36.77µm.
0 200 400 600 800 1000 1.0 1.2 1.4 1.6 1.8 2.0 2.2 2.4 Largeur du guide (nm) Indice effectif MIE DOS Méth. diff. Modes à fuites Modes liés a 0 200 400 600 800 1000 10 15 20 25 30 Largeur du guide (nm) Longueur de propagation (µm) MIE DOS Méth. diff. b
Figure3.14 – Comparaison (a) des indices effectifs et (b) des longueurs de propagation obtenus
avec le modèle de l’indice effectif, la méthode différentielle et la méthode de la fonction de Green (DOS) pour un guide de chalcogénure de 300 nm d’épaisseur dont la largeur varie entre0et 1µm.
Sur la figure 3.14, nous avons comparé le modèle de l’indice effectif avec des
méthodes numériques ; la méthode différentielle [59] et la méthode de la fonction de
Green [85]. Pour le cas considéré, l’épaisseur d’or estd= 100nm, l’indice du substrat
estn
4= 1.6et le guide est en chalcogénureAs
2S
3d’indicen
2= 2.437àλ = 1.55µm.
L’épaisseur du guide est constantet= 300 nmet la largeurwvarie entre 0et1µm.
Sur la figure 3.14 (a), nous comparons les indices effectifs obtenus. Les méthodes
numériques sont en excellent accord et améliorent sensiblement les valeurs obtenues
par le modèle de l’indice effectif pour les modes à fuites. Les modes liés ne peuvent pas
être caractérisés avec la méthode différentielle mais sont accessibles avec la méthode
de la fonction de Green. En ce qui concerne la longueur de propagation (figure 3.14
(b)), l’accord est vérifié à 10% près.
Par ailleurs, le calcul de la DOS permet de déterminer plus précisément l’indice
effectif que le calcul de la réflectivité. Nous le verrons en particulier au chapitre 5
au cours duquel nous nous intéresserons à des films d’or de largeurs finies.
3.3 Conclusion
Ce chapitre nous a permis de cerner ce que diverses approches théoriques peuvent
nous apprendre au sujet d’un DLSPPW. Dans un premier temps, le modèle de
l’in-dice effectif nous a permis de comprendre le comportement du mode en fonction des
paramètres dimensionnels du guide. Nous en avons déduit les dimensions assurant
un facteur de confinement optimal. Malheureusement, nous avons établi que
l’amé-lioration du confinement modal se fait au détriment de la longueur de propagation.
Nous reviendrons sur ce point crucial lors du dernier chapitre. Des simulations
nu-mériques à l’aide de la méthode différentielle et de la méthode de la fonction de
Green ont permis de confirmer les résultats obtenus avec le modèle de l’indice
effec-tif. Il est important de noter que nous avons travaillé à la longueur d’onde telecom
λ = 1.55 µm qui nous intéresse tout particulièrement. Toutefois, cette étude est
évidemment transposable à d’autres longueurs d’onde ainsi que nous le faisons au
chapitre suivant qui concerne la caractérisation expérimentale d’un DLSPPW dans
le proche infrarouge.
Caractérisation expérimentale d’un
DLSPPW
Après avoir mis en place les outils théoriques et numériques nécessaires à l’étude
des DLSPPWs, nous décrivons leur caractérisation optique par microscopie à fuites
radiatives. Pour faciliter la mise en place instrumentale, nous considérons dans ce
chapitre un mode guidé dans le proche infrarouge. En effet, dans cette gamme de
longueurs d’onde, les fuites radiatives sont suffisantes pour permettre une bonne
visualisation par microscopie à fuites radiatives tant dans l’espace direct (plan image)
que dans l’espace réciproque (plan de Fourier). Les dimensions du guide sont d’abord
optimisées pour assurer un bon confinement dans cette région spectrale (paragraphe
4.1). Un guide est ensuite réalisé par lithographie par faisceau d’électrons (LFE).
Nous détaillons cette procédure au paragraphe 4.2. Les paragraphes suivants sont
consacrés à l’étude de ce guide.
4.1 Paramètres de fabrication
Afin de déterminer les paramètres de la structure à fabriquer, nous fixons
l’épais-seur d’or et la longueur d’onde incidente à d = 50 nm et λ = 780 nm [n
3=
0.18 +i4.92 [60]], respectivement. On note qu’en utilisant la méthode différentielle,
nous obtenons une longueur de propagation de l’ordre deL
SP P= 6.5±0.5µmpour
un guide dont la largeur varie de150à500nm. Ceci justifiea posteriori de
s’intéres-ser uniquement aux propriétés de confinement lorsque l’on optimise les dimensions
du guide [65, 78, 100]. Avec le modèle de l’indice effectif (figure 4.1 (a)), puis la
méthode différentielle (figure 4.1 (b)), nous déterminons les paramètres d’épaisseur
et de largeur du guide diélectrique qui permettent d’avoir le meilleur confinement
possible afin de maximiser l’interaction entre le mode et le polymère, pour un guide
monomode. Finalement, les paramètres sontt= 350nmpour l’épaisseur du guide et
w= 300 nm pour la largeur. Le facteur de confinement obtenu à partir de la figure
4.1 (b) est γ = 69%, en très bon accord avec le confinement calculé en utilisant le
modèle de l’indice effectif (figure 4.1 (a)).
100 200 300 400 500 0 0.2 0.4 0.6 0.8 1 Largeur du guide w (nm) Facteur de confinement t=100 nm t=200 nm t=300 nm t=400 nm a
b
Figure 4.1 – (a) Facteur de confinement calculé en utilisant le modèle de l’indice effectif pour
différentes épaisseurs de PMMA en fonction de la largeur du guide. Les marques verticales noires indiquent la largeur de coupure du mode T M01. L’indice du ré-fraction de PMMA est n2 = 1.493. (b) Distribution de l’intensité du champ élec-trique à l’intérieur du guide. Le mode est excité avec un angle d’incidenceθ4= 60o
(Nef f = 1.30).