4.2.1 Techniques de nanofabrication
Il existe plusieurs techniques de fabrication, toutes issues du domaine de la
micro-électronique. Ces techniques reposent, pour la plupart, sur une phase de lithographie
au cours de laquelle le motif est obtenu par insolation d’une résine. Cette phase
d’exposition est la plus critique, car c’est elle qui détermine en grande partie la
résolution, la propreté et la qualité finale de l’échantillon. Les deux techniques de
lithographie utilisées au laboratoire sont :
• la lithographie par faisceau d’électrons (LFE). Elle permet de
réali-ser des motifs point par point à l’aide d’un faisceau d’électrons. Elle a pour
avantage d’offrir une résolution très précise de l’ordre de quelques dizaines de
nanomètres mais elle a pour inconvénient d’être très lente (plusieurs minutes
pour réaliser un motif de 1 µm×1 µm).
• la photolithographie UV.Elle permet de réaliser un grand nombre de motifs
en une seule exposition en utilisant un masque. Cette technique est donc rapide,
c’est pourquoi elle est utilisée dans l’industrie pour la production de masse.
Cependant, elle offre une résolution nettement moins bonne que la LFE. Avec
un aligneur de masques tel que celui utilisé au cours de ce travail, obtenir des
guides de largeur où w = 400 nm est difficile et requiert une grande maîtrise.
Le système ne permet pas de réaliser des échantillons où w < 400 nm. Nous
détaillerons plus en détail la technique de photolithographie UV au chapitre
5. Elle sera utilisée pour fabriquer les échantillons caractérisés au paragraphe
4.6 ainsi qu’aux chapitres 5 et 6.
La photolithographie UV par aligneur de masques, bien que plus rapide, ne nous
permet pas de réaliser des guides ayant une largeur de w = 300 nm, c’est
pour-quoi nous avons choisi d’utiliser la LFE. La fabrication se fait en plusieurs étapes
schématisées sur la figure 4.2 :
• dépôt du métal par évaporation.
• dépôt du film de PMMA par tournette.
• réalisation des motifs par insolation de faisceau d’électrons.
• développement.
• recuit.
Verre Or PMMAe-
e-a b c
Figure4.2 – Schéma représentant les différentes étapes de fabrication d’un échantillon par LFE.
(a) Dépôt du PMMA, (b) insolation par faisceau d’électrons et (c) développement du PMMA.
4.2.2 Lithographie par faisceau d’électrons
Evaporation de métal
La première étape de fabrication consiste à déposer une couche de métal sur
un substrat de verre. Les substrats de verre que nous utilisons sont des carrés de
20mm×20mmet ont une épaisseur de160µm. Afin d’obtenir une bonne adhésion
entre le verre et le métal, on peut ajouter une fine couche de chrome d’épaisseur
inférieure à 5 nm déposée à l’aide d’un canon à électrons. Pour obtenir une faible
rugosité de surface, le métal doit être déposé à très basse pression et la vitesse
de dépôt doit être très faible. Ici, l’or est déposé par évaporation thermique à une
vitesse de 0.1 nm/s sous une pression de 10
−7mbar. L’épaisseur est contrôlée par
une balance à quartz.
Dépôt de la résine
La deuxième étape (figure 4.2 (a)) est le dépôt d’un film de PMMA sur la couche
d’or évaporée. L’épaisseur du PMMA à déposer doit correspondre à l’épaisseur
dé-sirée du guide final. Le dépôt du film de PMMA est réalisé par tournette
("spin-coating"). A l’aide d’une micro-pipette, on dépose un volume de 160 µL de PMMA
dilué dans du chlorobenzène au centre du substrat. On applique ensuite au substrat,
avec la tournette, une force centrifuge qui permet la répartition uniforme du
poly-mère à sa surface. Puis, afin d’évaporer les restes de solvant, on recuit le substrat
sur une plaque chauffante à 170
oC pendant 5 min. L’épaisseur obtenue dépend de
la vitesse de rotation et de la dilution du PMMA. Par exemple, pour obtenir une
épaisseur d’environ t = 350 nm, nous avons dilué une dose et demi de PMMA (4%
en masse dans du chlorobenzène) dans une dose de chlorobenzène pur. La vitesse de
rotation de 4000 tr/min pendant 50 s conduit à l’épaisseur désirée.
Insolation par faisceau d’électrons
La résine est insolée avec un faisceau d’électrons décrivant le motif voulu. Pour
cette étape, on utilise un microscope électronique à balayage (MEB) de marque
JEOL JSM-6500 équipé d’un canon à effet de champ. Le canon à effet de champ
permet des magnifications allant jusqu’à 450000 tout en gardant une très bonne
résolution. Le pilotage du faisceau d’électrons est géré à l’aide du logiciel Elphy
Quantum de RAITH GmbH. Ce logiciel permet la conception des motifs désirés.
Pour obtenir une largeur de guide d’environ w = 350 nm, on applique le canon
à électron sur la surface mis à part à l’endroit désiré du guide. Le logiciel permet
aussi de gérer les paramètres d’exposition tels que le temps d’insolation ou le pas
entre les pixels. Avant d’effectuer la lithographie, l’utilisateur règle la tension
d’ac-célération, le courant d’extraction, les réglages d’alignement ainsi que les corrections
d’astigmatisme.
Développement
L’exposition modifie la composition chimique de la résine qui devient ainsi soluble
dans une solution de MIBK (Methyl-Isobutyl-Ketone) et de IPA (alcool
isopropy-lique). Le développement consiste à dissoudre les parties exposées dans une solution
de MIBK-IPA en proportion 1 : 3 durant40 s. La solution de MIBK dissout aussi à
plus faible échelle les parties non-exposées, c’est pourquoi on stoppe la dissolution
par un rinçage de45 s dans une solution d’IPA. A l’issue de cette étape, on obtient
le motif lithographié.
Avec les paramètres décrits précédemment, nous avons réalisé un guide ayant les
caractéristiques suivantes : un film d’or d’épaisseurd= 50 nm, un ruban de PMMA
de largeur w = 240 nm et d’épaisseur t = 330 nm. Les figures 4.3 (a) et 4.3 (b)
montrent des images MEB des guides obtenus. Les parties claires correspondent aux
couches d’or alors que les parties foncées correspondent aux régions couvertes par
le PMMA. Les guides peuvent prendre plusieurs formes. Ici, nous représentons un
guide droit (figure 4.3). La région élargie à droite du guide sert à exciter un mode.
a b
DLSPPW
DLSPPW
Surface en or
Surface en or
Couche de
PMMA
Zone élargie
Figure4.3 – Image obtenue au microscope électronique à balayage d’un DLSPPW. (a) Vue de
dessus avec la zone élargie. (b) Vue en perspective.
Dans le document
Guide plasmonique polymère-métal : composants passifs et actifs pour la photonique intégrée
(Page 67-70)