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Dans une étude menée sur Los Angeles Times, Otto Santa Ana étudie les

métaphores principales qui guident le discours politique sur les Latinos dans les années quatre vingt dix en Californie. Il recueille un corpus d’articles publiés sur la Proposition 187 (loi en 1994 qui niait aux immigrants illégaux l’accès aux services sociaux, à la santé, à l’éducation), la Proposition 20927 (votée en 1996, appelée California Civil Rights Initiative, elle éliminait les programmes de discriminations positives concernant l’admission dans l’éducation supérieure ou l’accès à l’emploi) et la Proposition 22728 (votée en Californie en 1998, elle concernait l’intégration des enfants immigrés à travers l’anglais en moins de deux ans).

27 « The passage of proposition 209 forbade all public employment, education, and contracting programs in the state of California which took gender, race, national origin, ethnicity, or color into account. The referendum was developed to eliminate reverse discrimination against white males, as defined in terms of government programs that distinguish the gender and race of individuals. The referendum was created to end “the regime of race – and sex-based quotas, preferences, and set asides” which are twisted inversions of the “noble goal” of the Civil Rights Acts of 1994. Since Proposition 209’s proponents believed affirmative action sanctioned discrimination against white males by authorizing preferential treatment of radicalised minorities, they claimed the measure would restore equity before the law, establish a colour blind California government, and promote national unity » (Santa Ana, 2003: 128).

28 « La valorisation de la langue maternelle et de la culture d’origine n’y apparaissent plus, et le délai de l’apprentissage de l’anglais est réduit, pour accélérer le processus d’américanisation. Il s’agit d’un compromis entre les clauses très restrictives de la

Proposition 227 et le libéralisme de la loi fédérale actuellement en vigueur » (Le Bars, 2001 : 75).

À partir des articles publiés sur la Proposition 180, Santa Ana relève des métaphores définissant l’immigration et établissant des différences entre un citoyen américain et un immigrant : « Immigrants correspond to citizens as animals correspond to humans […] Latino immigrants continue to be dehumanized in contemporary discourse, as they have been in U.S public discourse since the 1860 » (Santa Ana, 2003: 273).

L’immigration est metaphorisée à partir d’images dont le tableau qui suit présente une synthèse(voir Tableau 8 : Immigration et métaphores) :

Tableau 8 Immigration et métaphores

Métaphores Exemples tirés de Santa Ana 2003 L’immigration est un

courant d’eau risqué et dangereux

Like waves on a beach, these human flows are literally remarking the face of America (October 14, 1993).

A sea of brown faces marching through downtown would only antagonize many voters (October 17, 1994).

An overwhelming floodof asylum - seekers have put the country in an angry funk (October 1, 1992). L’immigration est

associée à la guerre ou à une invasion

“invasion” of illegal immigrants is causing economic hardship and eroding lifestyles of U.S. citizens and authorized immigrants (October 30, 1994).

Oft voiced fears that California was under “invasion” spawned a loose network of community-based groups (November 9, 1994).

L’immigration est associée au comportement animal

Once the electorate’s appetite has been whetwith the redmeatofdeportation as a viable policy option, the slope toward more aggressive way of implementing that policy is likely to get slippery (June 4, 1995). L’immigration est

associée aux maladies

Not stopping or controlling the flow of illegal immigrants because it isn’t a magical solution to all of our societal ills is not a valid reason for allowing it to continue unchecked (June 17, 1994).

Hernandez also suggested that Umberg’s motivation isn’t so much to cure illegal immigration as it is to make for himself (August 31, 1993).

Les discours sur la Proposition 209 permettent de relever des métaphores et des croyances américaines sur la race et le racisme ainsi que des changements de stratégies discursives :

While the 1960s discourse centered on societal racism, by the 1990, the discourse was restricted to individuals. Racism came to be characterized as the violent actions of individuals, not societal, institutional, or epistemological expressions and behaviour (ibid., p.153).

Les articles de presse sur la Proposition 227 contiennent des métaphores des représentations au sujet de l’éducation29 ou l’école, de l’anglais et des langues des minorités (voir Tableau 9 : Discours sur la Propoistion 227 et métaphores).

29 Dans le domaine des sciences de l’éducation, on trouve un éventail des recherches sur les métaphores. Elles jouent un rôle dans la construction et la transmission de valeurs culturelles : «Metaphors have consequences. They reflect and shape our attitudes and, in turn, determine our behavior » (Strenski, 1989 : 137).

Tableau 9 Discours sur la Propoistion 227 et métaphores

Métaphores Exemples tirés de Santa Ana 2003

Les langues minoritaires vues comme une barrière

California Assn. for Bilingual education conference participants… wanted to send a form letter to their elected representative. “ Without help to bridge the language barrier, these [bilingual] students cannot possibly succeed,” the letter said in part. “If these children fail, our state faces a deeply troubled future.

It was the seemingly insurmountable language barrier: Pavel mouthed only a few halting English phrases (October 29, 1995).

L’anglais vu comme de l’eau

The programs cited as best by two George Mason University professor are also the least common in the nation’s public schools: two way immersion classes, where English –speaking and foreign language-speaking students sit side by side, learning each others’ language (June 13, 1996).

La langue étrangère vue comme une prison

They consider English fluency the key to unlock the handcuffs of poverty, a key they themselves will probably never possess (January 16, 1996).

Le chercheur affirme que les discours sur l’immigration, la race, le racisme, la citoyenneté et l’éducation sont fortement modelés par deux métaphores prédominantes sur la notion de nation : la nation vue comme un corps humain et la nation vue comme une maison.

La nation vue comme un corps humain

La nation est présentée comme un individu capable d’émettre des jugements, de manifester des aspirations, de se plaindre de souffrances. Les notions sémantiques en relation au corps humain munissent la nation d’une tête, d’un cerveau, d’un cœur, de mains et d’autres parties auxquelles on peut attribuer les fonctions basiques du corps (Santa Ana, 2003 : 258). Dans les années 90, le discours politique présente les immigrants comme des éléments pathogènes et des soucis pour le corps de la nation américaine (voir Tableau 10 : Métaphores sur la nation vue comme un corps humain).

Tableau 10 Métaphores sur la nation vue comme un corps humain

Métaphores Exemples tirés de Santa Ana 2003

The report –which linked illegal immigration to a host of society’s ills- has branded by Latinos and Asian leaders as insensitive and one-sided (June 29, 1993)

La Nation vue comme un corps humain

If illegal immigration was a disease, Prop 187 was the wrong medicine(October 26, 1994)

La Nation vue comme une maison

Les immigrants sont présentés comme des criminels qui entrent dans la maison, des soldats qui l’envahissent ou des broussailles qui poussent tout autour, des machines de guerres qui la détruisent. Ces métaphores expriment l’anxiété d’une possible perte de la culture hégémonique. La maison représente

la culture spécifique, un territoire délimité (Santa Ana 2003 : 260) (voirTableau 11 Métaphores sur la nation vue comme une maison).

Tableau 11 Métaphores sur la nation vue comme une maison

Métaphores Exemples tirés de Santa Ana 2003

I understand the principles that our country was built on, but our house is pretty raggedy and we need to take care of our own first (August 20, 1993)

There are extremist –those who would build an alligator-filled moat and those would swing the door open (July 5, 1992)

La Nation vue comme une maison

Lots of folks say we have to shut the door now. Others disagree pretty strongly…And so maybe we shouldn’t be so quick to shut the door (October 3, 1993)

Dans cette étude portant sur les métaphores et l’immigration, l’auteur affirme que ces images sont utilisées pour illustrer l’immigration latino.

Contemporary public discourse reveals a dismal portrayal of Latinos in today’s society. Latinos are not integrated into their nation. In public discourse, to put it bluntly, Latinos are never the arms or heart of the United States; they are burdens or diseases of the body politic. Likewise Latinos are characterized as foreigners invading their own national house (ibid., p.10).

Dans son etude, Santa Ana a considére les referendums sur les Propositions 180, 209 et 227 comme des mesures anti-latinos. Cependant, il faut signaler que

même si les Latinos sont la minorité la plus nombreuse aux États-Unis, les

différents projets de lois sur l’immigration ont concerné également d’autres groupes ethniques. Ces métaphores n’illustrent pas exclusivement l’immigration

latino, il s’agit des métaphores universelles portant sur le phénomène de

l’immigration en général.

4. Conclusion

Ces études linguistiques analysent les stratégies utilisées pour parler des immigrants dans la société. En outre, elles nous montrent la façon dont les linguistes abordent ces problématiques. Les analyses de Van Dijk et Santa Ana suivent des approches socio –cognitives et Bonnafus fait une analyse lexicometrique de ce discours. Leurs méthodologies sont différentes mais leurs conclusions sont semblables : le discours et les stratégies linguistiques cherchent à présenter une vision négative de l’immigration. Dans notre étude nous allons montrer qu’il existe une imbrication des stratégies linguistiques cherchant à donner une image moins négative mais toujours stigmatisée des immigrants latinos.

DEUXIÈME PARTIE

CHAPITRE IV

REPRESENTATIONS SOCIO-DISCURSIVES ET STRUCTURES LINGUISTIQUES

Dans ce chapitre nous aborderons principalement la notion de représentations socio-discursives et la manière dont elles se manifestent dans la langue. Tout d’abord, nous définirons les termes discours social, représentation sociale et identité. En deuxième lieu, nous préciserons la notion de représentation socio-discursive et comparerons celle-ci à la notion de représentation sociolinguistique.