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PARTIE THEORIQUE

I- Médecine traditionnelle

3) Médecine traditionnelle au Maroc

Le Maroc a toujours eu une médecine depuis des temps immémoriaux jusqu‘à nos jours, on a retrouvé un crâne trépané à Tafoughalt qui démontre combien le guérisseur marocain de l‘antiquité était habile. Cette médecine préhistorique a été enrichie par l‘apport des phéniciens, des romains et des arabo-musulmans. [1]

L‘apogée de cette médecine fut le 7ème

-8 ème siècle quand elle a été enseignée à l‘université D‘el Qaraouyine. Le 18 et 19 ème

furent des siècles de décadence, et c‘est la colonisation et l‘introduction des modèles culturels européens, puis l‘indépendance qui ont permis le développement de la médecine dite moderne, biomédecine ou médecine occidentale. La médecine indigène qui est devenue médecine traditionnelle continue à être pratiquée mais de façon restreinte car elle était accusée d‘être contrairement à la biomédecine, incertaine, irrationnelle et parfois même de charlatanisme, mais le développement des techniques d‘études et d‘analyse, des ethnosciences, de l‘accès à l‘information et

valeur de cette médecine ancienne. Et il est normal que le Maroc, ancienne nation, reste attaché à son patrimoine culturel dont la plus belle manifestation est la médecine. [1]

En plus de ce grand patrimoine historique, le Maroc est un pays très connu par sa richesse en ressources naturelles, surtout en plantes médicinales et aromatiques. Parmi les 4500 plantes supérieures existantes, presque seulement 600 plantes sont actuellement exploitées [50]. La production des plantes médicinales au Maroc est riche et diversifiée aussi bien des plantes spontanées que cultivées. C‘est un pays fournisseur traditionnel du marché mondial en plantes médicinales et aromatiques. [15, 50]

De nombreuses études socio-économiques et ethnobotaniques ont montré l‘importance de la médecine traditionnelle au sein de la société marocaine. Une étude récente rapporte que plus de 71% des personnes interrogées utilisent les plantes médicinales et aromatiques pour se soigner [53]. Si on examine la clientèle de la médecine traditionnelle au Maroc, on trouve plusieurs catégories : -La première catégorie est justement celle présentant des maladies dites incurables comme le cancer, le sida... ou des maladies ou les syndromes sont incompréhensibles. [1]

Il ne faut pas croire que la médecine traditionnelle ne s‘attaque qu‘aux petits maux (gastralogie, céphalées, entorses, myalgies…etc), elle a parfois des prétentions beaucoup plus importantes et plus sérieuses comme le traitement des traumatismes crâniens ou des cancers.

-Une deuxième catégorie de clientèle est la population rurale ou semi-urbaine et cela, à cause :

- d‘une part de son éducation et de son environnement socioculturel. - et d‘autres part de sa condition de vie qui l‘éloigne des grandes villes où

se concentrent la plupart des médecins. Certaines régions sont dépourvues de centres de santé ou même de soins primaires. Cette population dispose de faibles ressources et ne peut faire appel aux soins modernes coûteux.

- enfin une autre catégorie qui, régulière et flottante, est constituée d‘intellectuels dont le mode de pensée est électif et contradictoire. Cette clientèle est attirée à la médecine traditionnelle qui lui procure l‘attrait du mystère, du symbolisme, du rituel, et lui offre le magico-sorcellaire pour combler un vide culturel. [1]

Le " médecin" traditionnel, le guérisseur est beaucoup plus proche du malade et a le gros avantage de parler le même langage simple et de comprendre son patient. Cette compréhension et cette facilité de communication font que le malade est plus en confiance qu‘avec le médecin moderne qui a un langage plus au moins académique.

Nous savons bien qu‘un grand pourcentage de l‘efficacité d‘une thérapeutique est lié à la façon dont elle est prescrite. Et l‘un des aspects positifs de la médecine traditionnelle est l‘intérêt humain, elle considère la vie comme l‘union du corps, de l‘âme et de l‘esprit. Le guérisseur donne au malade la plante, l‘amulette et récite un verset de Coran. La médecine, ainsi conçue,

parole de Dieu apaisent l‘âme tourmentée du patient et lui donnent confiance et espoir dans la vie. [1]

Le Maroc souffre d‘une insuffisance chronique de l‘infrastructure et du budget, insuffisance qui ira en grandissant en égard à la démographie galopante de notre pays. De plus cet état de fait est aggravé par l‘inadaptation, voir même la désadaptation, dans certains cas, des structures modernes de santé, du fait de la concentration de la médecine dans les villes monopolisant les hôpitaux et les dispensaires.

Tout ceci nous amène à poser la question clé : est-il possible de procéder, ne serait-ce que dans un but culturel et économique, au recyclage du savoir médical traditionnel dans un cadre de modernité, afin de profiter de ses avantages et d‘éviter ses inconvénients. Cette modernisation pourrait se faire par exemple dans l‘organisation économique de la phytothérapie traditionnelle en vue d‘une exploitation et d‘une commercialisation rationnelles de la flore médicinale, activités devant bénéficier en priorité aux collectivités locales.

Il faudrait donc étudier les ressources de la pharmacopée traditionnelle et les pratiques de soins afin de parvenir à leur utilisation rationnelle dès lors que leur efficacité aurait été médicalement et scientifiquement vérifiée. [1]

Par ailleurs, la médecine traditionnelle et la médecine moderne répondaient aux mêmes objectifs, aux mêmes démarches, aux mêmes principes :

-Le sens de l‘observation, de la déduction ; -La vérification expérimentale ;

Qu‘elles doivent toutes les deux être constamment remises à jour, affinées, réactualisées, qu‘on doit reconnaître leur complémentarité et que le choix entre l‘une et l‘autre est un problème d‘indication basée, sur le cout et l‘efficacité. [1]

II- L’ethnopharmacologie

1) Définition

Selon Dos Santos et Fleurentin (1991), on peut définir l'ethnopharmacologie comme étant « l'étude scientifique interdisciplinaire de l'ensemble des matières d'origine végétale, animale ou minérale, et des savoirs ou des pratiques s'y rattachant, que les cultures vernaculaires mettent en oeuvre pour modifier les états des organismes vivants, à des fins thérapeutiques, curatives, préventives, ou diagnostiques ». Elle s'appuie essentiellement sur l'ethnobotanique. [16, 56, 44]

L‘ethnobotanique est définit comme étant la science des rapports réciproques entre l‘homme et le monde végétal, elle n‘étudie ni les plantes, ni les sociétés humaines, mais tout ce que les associe. [81]

Dans les pays du Sud la situation sanitaire est déplorable, mais il existe des connaissances, un système de soins traditionnels alliés à une riche pharmacopée végétale, et des savoir-faire, menés cependant sur la voie de l'érosion. Tandis que les savoirs traditionnels s'éloignent de nous, les plantes auxquelles ils se réfèrent subissent une dégradation parallèle. On estime à 65 000 le nombre des espèces menacées dont on peut supposer que près de 15 % ont un emploi thérapeutique. [44]

Une manière simple de conserver les cultures, les savoirs et les plantes qui y sont liés consiste à valoriser ces connaissances, les dynamiser et leur donner un sens en les adaptant à l'intérieur de la société. Dans un souci d'autonomie des communautés et dans le cadre d'un développement durable et intégré, l'ethnopharmacologie appliquée tente de valoriser au mieux les pharmacopées locales. [44]

L‘ethnopharmacologie met en relation les savoirs ancestraux des médecines traditionnelles et les connaissances scientifiques actuelles. Située à l‘interface des sciences de l‘homme, comme l‘ethnologie, l‘histoire, la linguistique, et des sciences de la nature, comme la botanique, la pharmacologie, la pharmacognosie, la médecine, l‘ethnopharmacologie respecte la tradition, et s‘ouvre résolument à l‘innovation. [90]

C‘est une discipline qui a pour finalité:

- Le recensement et la compréhension des pratiques et représentation relatives à la santé et à la maladie en relation avec l‘ethnomédecine qu‘on définit comme l‘étude des savoirs et activités médicales développées par toutes les cultures, à l‘exception de la médecine occidentale moderne dont la dimension universelle (et donc non vernaculaire) est aujourd‘hui consacrée. [16]

- L‘évaluation de l‘efficacité thérapeutique des remèdes traditionnels. - Les programmes de développement favorisant l‘utilisation des

ressources locales pour la préparation de médicaments à base de plantes ayant satisfait aux exigences de non toxicité et d‘efficacité. [90]

2) Méthodes d’évaluation utilisées en ethnopharmacologie