Chapitre III. Prise en charge de l’épilepsie
III.2. Médecine non conventionnelle et traitement de l’épilepsie
La différence la plus importante entre la médecine conventionnelle et la médecine non
conventionnelle est la façon dont elles considèrent la santé et les maladies. Les maladies sont
des conditions biologiques qui sont caractérisées comme des anomalies de la fonction ou de
la structure de certains organes. Les malaises sont différents parce qu'ils impliquent aussi
certains aspects spirituels, psychologiques et sociaux de la personne affectée. Tandis que, la
médecine moderne voit plutôt dans l’approche globale. Le nombre des personnes qui se
tournaient vers la médecine non conventionnelle a augmenté significativement même s’il
n'existe aucune preuve scientifique que ces méthodes de traitement peuvent être efficaces
[110].
III.2.1. Définition et raisons d’utilisation de la médecine non conventionnelle
Selon la définition de l’OMS pour la médecine traditionnelle et la médecine complémentaire et
alternative :
La médecine traditionnelle a une longue histoire. C'est la somme totale des connaissances,
des compétences et des pratiques fondées sur les théories, les croyances et les expériences
propres à différentes cultures, qu'elles soient explicables ou non, utilisées pour le maintien de
la santé ainsi que pour la prévention, le diagnostic, l'amélioration ou le traitement des maladies
physiques et mentales [111].
Les termes "médecine complémentaire" ou "médecine alternative" désignent un large
ensemble de pratiques de soins de santé qui ne font pas partie de la tradition ou de la
médecine conventionnelle de ce pays et qui ne sont pas encore intégrées au système
prédominant des soins de santé. Dans certains pays, ils sont utilisés de façon interchangeable
avec la médecine traditionnelle [111]. Parfois, ils sont utilisés pour compléter ou remplacer les
thérapies médicales conventionnelles [112].
Les thérapies de la médecine complémentaire et alternative sont devenues de plus en plus
populaires au cours des deux dernières décennies, et de nombreux PVEs les ont utilisées
[113]. Dans une enquête menée en 2003 en Arizona (Etats Unis), 44 % des PVEs ont rapporté
avoir utilisé une forme de médecine complémentaire et alternative pour traiter leurs crises
d'épilepsie [114].
Ailleurs, les PVEs se tournent vers la guérison spirituelle, particulièrement dans les cultures
qui valorisent la guérison spirituelle comme faisant partie de l'héritage de leur tradition [115].
Les guérisseurs traditionnels vivent à l’intérieur de la communauté et comprennent la
perception des communautés sur la maladie [116].
Selon l’OMS, trois termes généraux expliquent l’utilisation de la médecine traditionnelle ou/et
la médecine complémentaire et alternative [111] :
• La médecine traditionnelle est l'une des principales sources de soins de santé. Il est
typique de ces pays que la disponibilité et/ou de l'accessibilité des services de santé soient
limitées. L'usage de la MT en général en Afrique et dans certains PEDs peut être attribué à sa
présence importante et son caractère abordable sur le terrain. Par exemple, le rapport des
guérisseurs traditionnels à la population en Afrique était de 1/500 alors que le ratio de
médecins à la population était de 1/40 000. Pour des millions de personnes dans les zones
rurales, les guérisseurs natifs restent donc leurs seuls fournisseurs de soins [117].
• La médecine traditionnelle est également utilisée pour des raisons culturelles et
historiques. En effet, même dans certains pays tels que Singapour et la République de Corée,
où le système de santé conventionnel est assez bien établi, 76% et 86% des populations
respectivement utilisent encore la médecine traditionnelle [118].
• L'utilisation de la médecine traditionnelle & médecine complémentaire et alternative
comme thérapie complémentaire est très fréquente dans les pays développés où la structure
du système de santé est pourtant bien développée, par exemple, en Amérique du Nord et dans
de nombreux pays européens [111].
PEDs et la médecine traditionnelle
Dans des pays développés, le système de santé est principalement basé sur la science et la
technologie. Par contre, pour la plupart, les PEDs ont des systèmes traditionnels de soins de
santé qui concurrent ou complètent dans le système de soin de santé [119]. Dans de nombreux
PEDs, la médecine traditionnelle joue un rôle important dans la réponse aux besoins en soins
de santé primaires de la population, et des types spécifiques de la médecine traditionnelle ont
été utilisés depuis longtemps [111].
Les guérisseurs natifs ou traditionnels fournissent une proportion substantielle des soins
délivrés aux personnes atteintes d'épilepsie dans les PEDs. Ces guérisseurs sont plus
nombreux et plus équitablement distribués que les médecins et sont souvent plus abordables
[83]. En particulier, dans les zones rurales, les praticiens de la médecine traditionnelle sont les
principaux ou les seuls acteurs des soins de santé dans leur communauté [111].
Médecine traditionnelle et pays d’Asie
En Asie, l'épilepsie est connue depuis longtemps et a dû être traitée depuis des temps anciens
[120]. La religion joue un rôle important pour de nombreux asiatiques notamment des minorités
ethniques dans la manière de faire face à leur maladie et de la comprendre. Il existe un fort
réseau de guérisseurs traditionnels offrant un système parallèle de soins de santé [121,122].
Les gens peuvent se tourner vers la guérison spirituelle et d'autres formes de guérison
traditionnelle à cause du désespoir et de la pression de la famille, bien que certains aient des
doutes par rapport à son efficacité. Les thérapies religieuses et traditionnelles ont été utilisées
comme un complément plutôt qu'un substitut à la thérapie médicale conventionnelle [123].
Par exemple, en Chine, environ 90 % des hôpitaux généraux disposent d'un service de la
médecine traditionnelle et fournissent des services aux patients externes et aux patients
hospitalisés [111].
Médecine traditionnelle et la RDP Lao
La médecine traditionnelle a une longue histoire en RDP lao et c’est une médecine
officiellement reconnue par le Ministère de la Santé. Ces pratiques sont profondément
enracinées dans les perceptions et les croyances en matière de santé et de maladie[56].
Comme dans beaucoup d'autres PEDs, les laotiens se fient aux plantes médicinales pour la
plupart de leurs pathologies. La connaissance des plantes médicinales est facilement
accessible auprès des voisins, des membres de la famille, des guérisseurs traditionnels et des
vendeurs. De plus, les gens croient que les médicaments occidentaux ( chimiques) ne traitent
que les symptômes mais pas les causes de la maladie, tandis que les médicaments
traditionnels visent les causes de la maladie [124]. Pour conclure, La médecine traditionnelle
a été utilisée pour de nombreuses maladies chroniques et aiguës [125]. Pour les PVEs, une
étude en 2008 a montré que les traitements traditionnels sont largement pratiqués, bien qu'ils
sont souvent considérés comme inefficaces [76].
Dans le document
Itinéraires thérapeutiques des personnes vivant avec une épilepsie en RDP Lao
(Page 39-43)