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Mécanismes de conscience de groupe

Dans le document Une approche du patching audio collaboratif (Page 96-99)

Partie I – Présentation, étude et formalisation des enjeux

2. Études des pratiques et solutions logicielles existantes

3.6. Mécanismes de conscience de groupe

Dans un système collaboratif, chaque utilisateur doit avoir conscience des actions des différents

participants afin de situer sa propre action dans la perspective du groupe. Le terme awareness,

que nous traduisons par conscience, revient souvent dans la littérature liée au travail collaboratif

beaucoup de choses : conscience des changements (change awareness) [McCaffrey, 1998],

conscience de l’espace partagé (workspace awareness) qui peut comprendre aussi la conscience

des données partagées, la conscience de la concurrence, de la présence ou encore de la visite des autres utilisateurs [Gutwin, 1997], [Gutwin & Greenberg, 1997], [Gellersen & Schmidt, 2002].

Dans un environnement physique – par opposition à l’environnement virtuel d’un collecticiel

– où les personnes sont regroupées dans le « même lieu » au « même moment » et où les

interactions s’effectuent donc en face-à-face, le recours à une communication verbale ou à des gestes qui peuvent venir assister le travail collaboratif est fréquent pour permettre la coordination des actions réalisées par les différents utilisateurs [Tang, 1991]. Ils peuvent par exemple pointer du doigt un élément de l’espace commun pour en parler aux autres collaborateurs avec plus de précision ou encore s’apercevoir qu’un autre utilisateur est en train de réaliser une action spécifique en l’observant simplement. Dans une situation où la collaboration est distribuée, dans le temps ou dans l’espace, ces interactions directes ne sont plus possibles et les participants ne peuvent plus interagir de la même manière. Or le besoin de coordination entre les utilisateurs existe toujours et se révèle même un problème d’autant plus essentiel à considérer. Dans ce type de situation il faut donc trouver des manières de pallier le manque d’information dû à l’absence de contacts physiques entre les participants en apportant des solutions qui permettent de coordonner à nouveau les activités des utilisateurs. Cette coordination peut être assistée notamment par l’interface du logiciel qui devra alors apporter ces clefs de compréhension. Les outils conceptuels liés aux mécanismes de conscience dans les systèmes coopératifs ont été élaborés pour pallier le manque d’information dans le cadre d’un environnement virtuel ou les personnes sont distribuées géographiquement à des endroits différents ou collaborent à des moments différents et ne peuvent donc plus utiliser les

interactions directes en face-à-face qui viennent normalement assister le travail de groupe. Cette conscience peut se porter sur des objets différents suivant le mode d’interaction qui est en jeu.

Dans le cadre des interactions asynchrones on cherchera par exemple à savoir ce qui s’est passé sur un document durant son absence, les utilisateurs doivent alors avoir conscience des changements effectués par les autres collaborateurs [McCaffrey, 1998]. Les solutions asynchrones que nous avons étudiées apportent en ce sens des premières réponses en fournissant par exemple un historique des modifications apportées au document qui prennent la forme de messages sur le forum, d’une coloration spécifique des objets du patch pour pointer la contribution de chaque utilisateur au sein du patch [Figure 5, p. 44], ou encore de messages

associés aux commits dans le cadre de l’utilisation des outils de gestion de version [Figure 8, p.

60].

Dans un contexte où les interactions s’effectuent de manière synchrone au sein d’un espace partagé, les exigences en matière de conscience peuvent différer dans la mesure où l’utilisateur peut s’apercevoir des changements effectués par les utilisateurs en temps réel directement au sein de l’interface. En revanche, comme plusieurs personnes sont présentes en même temps sur le même espace, il leur faut aussi des moyens de coordonner leurs actions pour assurer une

meilleure synergie. C. Gutwin et S. Greenberg appellent workspace awareness la connaissance

immédiate qu’une personne détient à propos de l’interaction d’une autre personne au sein d’un espace de travail [Gutwin & Greenberg, 1997]. « La conscience de l’espace de travail partagé aide les personnes à passer d’une activité individuelle à une activité partagée, fournit un contexte dans lequel il est possible d’interpréter l’intention des autres personnes et d’anticiper

leurs actions, elle réduit l’effort nécessaire pour coordonner les tâches et les ressources »86.

Cette conscience comprend alors la possibilité de savoir qui est sur l’espace de travail, les

personnes sont en train de travailler, ce qu’elles sont en train de faire et enfin ce qu’elles ont

l’intention de faire ensuite.

La mise en place de ces mécanismes est fortement liée aux aspects de conception de l’interface graphique qui devra alors fournir ce type d’informations. Dans les solutions étudiées de patching synchrone, aucun mécanisme de conscience de groupe n’a été mis en place – à part

peut-être dans le cadre du projet netpd qui propose un système de messagerie instantanée qui

permet de répondre à la question du qui est actuellement connecté à la session courante. Dans

l’ensemble de ces solutions, l’utilisateur ne distingue pas les actions des autres utilisateurs ou bien ne peut les différencier de ses propres actions. On pourrait néanmoins imaginer un système plus adapté qui puisse notifier de la présence des autres utilisateurs au sein du patch, en affichant les noms des participants, la zone qu’ils sont en train de visualiser, ou encore ce qu’ils sont en train de faire. Par exemple, une solution pourrait être de différencier les sélections des utilisateurs distants par rapport à celles de l'utilisateur local. La mise en place de ce type de solution implique alors de pouvoir disposer d’un contexte d’affichage qui puisse s’adapter à chaque utilisateur.

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