• Aucun résultat trouvé

3. Comportement du Sénat

3.2. Logique de circonscription

La présente section fait état des réactions des sénateurs du PRI, du PAN et du PRD face aux pressions libres-échangistes et/ou protectionnistes, lors des débats et des discours concernant la ratification de l’accord avec l’UE et avec le Triangle du Nord.

D’abord, bien que plusieurs sénateurs membres du PRI et du PAN furent élus dans le sud du pays et malgré le fait que des pressions protectionnistes se soient exprimées dans ces régions, comme le secteur rural et les Zapatistes, nous n’observons pas de sénateurs de ces deux partis présidentiables qui aient voté contre les deux accords

et qui aient pris la parole pour défendre les régions du Sud. Ainsi, nous notons que ces sénateurs élus au Sud n’ont pas adopté une logique de circonscription.

Précisons qu’un sénateur du PAN, José Fernando Herrero Arandia, élu dans l’État de Puebla au centre du pays, énonce que l’accord avec l’UE sera bénéfique pour tout le pays, mais surtout qu’il profitera aux régions du centre et du sud du Mexique, au niveau du secteur agricole (Sénat de la République, 2000). Bien que ce sénateur fasse état de l’importance du développement socio-économique du Sud, il n’en demeure pas moins qu’il est issu d’une région du centre, qu’il vote en faveur de l’accord et qu’il donne son appui à la position relativement libre-échangiste défendue par son parti. Il en va de même pour les sénateurs Angeles Cerón du PRI (élu dans l’État de l’Hidalgo) et Romero Castillo du PAN (élue par représentation proportionnelle au niveau national) qui votent en faveur et qui assurent que celui-ci aidera le Sud, bien qu’ils ne soient pas issus de ces circonscriptions.

En outre, pour les sénateurs du PRI et du PAN élus dans les régions du centre (San Luis Potosí, Hidalgo, Puebla) et celles du Nord (Nuevo Leon et Coahuila), nous remarquons qu’ils se sont retrouvés face à des pressions libres-échangistes provenant des groupes du secteur privé, favorables au libéralisme économique. Bien qu’aucun sénateur n’ait fait mention des intérêts de sa région en Chambre sénatoriale, nous pouvons quand même affirmer qu’ils ont voté de concert avec la logique de circonscription. Concernant les deux sénatrices du PAN élues par représentation proportionnelle au niveau national, María Elena Alvarez Bernal et Cecilia Romero Castillo, qui sont intervenues en Chambre lors de la ratification des traités avec l’UE et avec le Triangle du Nord, elles n’ont pas connu de pressions protectionnistes et/ou libres-échangistes, ce qui explique leur propos encourageant le vote en faveur des deux accords signés. Par conséquent, nous affirmons qu’elles n’ont pas opté pour une logique de circonscription.

Les sénateurs du PRD sont ceux dont le comportement en Chambre est le plus particulier. Rappelons d’abord que huit sénateurs sur dix, membres de ce tiers parti, se

représentation proportionnelle au niveau national. Ainsi, la plupart d’entre eux ont subi des pressions d’ordre protectionniste en provenance des acteurs du secteur agricole et des Zapatistes. Dans le cas de l’accord avec l’UE, nous avons vu que ces huit sénateurs du PRD ont tous voté contre, allant de concert avec leur programme de parti et les expressions d’opinion de ces acteurs sociétaux. À ce sujet, la sénatrice Layda Sansores San Roman (élue dans l’État de Campeche) dénonce le fait que la plupart des grandes entreprises et importants investisseurs s’établissent dans le Nord, au Nuevo Leon, et dans le District fédéral, laissant pour compte les circonscriptions comme Campeche dans le Sud. Par ailleurs, mentionnons que les deux sénateurs élus par représentation proportionnelle au niveau national n’ont pu démontrer une logique de circonscription, puisqu’ils ne sont pas reliés à une région en particulier.

Pour ce qui est du traité avec le Triangle du Nord, la sénatrice Burgos, élue par représentation proportionnelle, s’est abstenue lors du vote, et ce, malgré le fait qu’elle ne se soit pas retrouvée face à des pressions libres-échangistes et/ou protectionnistes, en raison du mode électoral. Nous ne pouvons identifier qui est l’autre sénateur qui s’est abstenu en raison du manque d’information. Malgré tout, nous ne pouvons conclure que la sénatrice Burgos a adopté une logique de circonscription avec son vote d’abstention, sa demande de renégociation du traité avec le Triangle du Nord, et son discours rappelant le programme de son parti, qui est de s’opposer aux accords commerciaux, notamment ceux négociés unilatéralement par le gouvernement mexicain, puisqu’elle n’est pas issue d’une circonscription en particulier.

Pour sa part, le sénateur Cárdenas Batel de Michoacán a rejeté les pressions protectionnistes en votant en faveur du traité, tout comme les autres membres du PRD élus dans les circonscriptions du Sud. En effet, étant le seul autre membre de son parti à prendre la parole lors des débats, il note que cet accord aura des bienfaits pour le Mexique, qui se doit de diversifier ses relations commerciales. Ainsi, ces quelques sénateurs n’ont pas suivi la logique de parti ni la logique de circonscription protectionniste. Nous ne pouvons conclure sur le comportement adopté par ces sénateurs. Dans ce cas-ci, il serait nécessaire d’obtenir davantage d’information sur les membres de

ce parti et sur les expressions d’opinion protectionniste dans ces régions du sud du Mexique.