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2.7 Outils de développement de protocoles « ad hoc »

2.7.2 Linksys WRT54G(S)

Tel qu’il a été mentionné à la section 2.7.1, la majeure partie du développement des protocoles de routage « ad hoc » est effectuée à l’aide d’environnements de simulation. Le développement d’un banc d’essais réel nécessiterait une grande quantité de matériel, ainsi que de lourdes res- sources monétaires. Néanmoins, quelques groupes de recherche en ont tout de même fait l’expé- rience. Entre autres, Chambers a effectué le déploiement d’un réseau sur les toits d’édifices du MIT43 [Chambers, 2002]. Cette expérience démontre bien que même si la simulation est un in-

dicateur fiable de la performance d’un protocole de routage, les résultats dans un environnement réels peuvent être substantiellement différents pour certains cas particuliers.

Dans cette optique, le développement d’une plateforme de tests physiques devient important. Cette tâche pourrait être facilitée par l’utilisation d’un produit de la compagnie Linksys, le rou- teur WRT54GS44. Cet équipement est basé sur un processeur d’architecture MIPSR

fabriqué par la compagnie Broadcom. Lors du développement des premières générations de ce routeur, la compagnie Linksys a utilisé un système d’exploitation linux. La majeure partie du code utilisé sur cette plateforme provient de logiciels distribués publiquement sous la licence GPL45. Rapi-

dement, la communauté informatique a fait des pressions auprès des deux compagnies afin que le code source adapté à cet équipement soit rendu public, selon les termes de la licence [Flicken- ger, 2003]. Linksys a décidé d’obtempérer et le code source complet du logiciel embarqué pour les modèles WRT54G et WRT54GS a été mis à la disposition du public [Cisco Systems, Inc., 2010].

44Troisième version du WRT54G, intégrant la technologie « Speedbooster ». Ce modèle intègre un processeur

plus puissant, plus de mémoire vive et plus de mémoire morte (flash).

ÉVALUATION DES PROTOCOLES

«

AD HOC

»

À la lumière des informations recueillies dans la littérature, il est possible d’affirmer que les protocoles de routage « ad hoc » actuels sont relativement mal adaptés pour l’utilisation d’appli- cations multimédia exigeantes en comparaison avec les réseaux traditionnels. Le cas particulier qui nous intéresse, la téléphonie IP, n’y fait pas exception. Il est déjà démontré que les pertes de route, et par conséquent la perte de paquets et d’information, sont légion dans un tel envi- ronnement [Boukerche, 2004]. Même si certains chercheurs ont proposé des approches tentant d’anticiper la perte de route, elles n’ont eu que peu de succès jusqu’à présent (voir section 2.6.3). D’un autre point de vue, il n’existe pas d’étude statistique connue au sujet de la fréquence de perte de route et du temps d’interruption de communication encouru lors de ces événements. Dans la recherche et le développement de nouveaux protocoles, ces derniers sont presque tou- jours comparés sur la base du délai d’acheminement, du taux de perte de paquets et du débit total véhiculé par le réseau. Or, ces paramètres peuvent ne pas être adéquats pour l’évaluation de la possibilité d’utilisation de n’importe quelle application sur un réseau « ad hoc » mobile. Il est plus que probable qu’une étude analytique sur la perte de route soit nécessaire afin d’en arriver à un mécanisme de prévention de perte de route fiable. Mais en premier lieu, un effort sera consacré à définir diverses métriques d’évaluation plus appropriées aux applications exigeant un faible délai de transmission.

3.1

Métriques d’évaluation

Tout d’abord, il est important de bien cerner les critères de comparaison qui seront étudiés dans le cadre de cette recherche. La téléphonie IP a des besoins particuliers en termes de Qualité de Service (QoS). Les deux facteurs importants pour ce type d’application sont le délai et la gigue, tel qu’énoncé dans le tableau 2.3. De plus, il existe des mesures quantitatives à propos de la tolérance des usagers vis-à-vis ces paramètres ; en tout temps, le délai maximum autorisé entre deux interlocuteurs ne doit pas excéder les 400 ms, et le délai moyen doit être de l’ordre de 150 ms pour maximiser la satisfaction des usagers (voir figure 1.1).

Gardant celà en mémoire, il est possible de définir deux états d’opération rencontrés lors de l’utilisation de réseaux « ad hoc » . Le premier est l’état dans lequel il existe une route définie

dans les tables de routage des nœuds du réseau pour acheminer les paquets entre deux interlo- cuteurs. Dans cet état, le réseau achemine correctement les paquets sans perte liée au routage ou au bris d’un lien (une perte est toujours possible par corruption du paquet, par exemple). Ainsi peuvent être mesurés directement le délai et la gigue de la transmission en cours. Ces métriques sont déjà couramment utilisées dans le domaine des communications. D’ailleurs, la plupart des travaux sur les protocoles de routage « ad hoc » que l’on retrouve dans la littérature analysent la performance des réseaux à l’aide de ces métriques.

Lorsque qu’une communication entre deux nœuds est dans cet état, la plupart des protocoles de routage n’ont qu’une influence limitée. En effet, comme il a déjà été spécifié à la section 2.4.1, les protocoles de routage ne font que la mise à jour des tables. Ainsi, le routage des paquets est effectué à partir d’une table, indépendamment du protocole de routage. Le délai de transmission devrait être comparable à celui rencontré sur un réseau statique sans-fil à sauts multiples.

Le second état d’opération est rencontré lorsque la route utilisée pour communiquer entre deux nœuds devient invalide. À partir de ce moment, il y a interruption de la communication et des paquets sont perdus jusqu’à ce que l’émetteur de la transmission soit averti de la perte de route. Si elle n’est pas corrigée rapidement, cette perte de route causera un blanc dans une conversa- tion téléphonique, similaire à celui survenant lors d’un changement de cellule avec un téléphone portable. Ce type d’évènement est tolérable, dans la mesure où la fréquence et la durée de l’in- terruption est limitée.

Lorsque le réseau est dans cet état, les métriques de délai et de gigue ne permettent pas d’évaluer la performance d’un protocole de routage. Des paquets sont perdus et ne parviendront jamais à leur destination ; il n’est pas possible de calculer ces statistiques pour les paquets manquants. Pour cette raison, il est devient nécessaire de comptabiliser le nombre d’interruptions de trans- mission et leur durée aux fins de l’évaluation des protocoles de routage. Or, ces deux métriques n’ont encore jamais été étudiées dans le développement de protocoles de routage pour les ré- seaux « ad hoc » mobiles. Elles sont un nouvel outil d’étude proposé dans le cadre de cette recherche.

Ainsi, le délai, la gigue, le temps d’interruption ainsi que le nombre ou la fréquence d’interrup- tions peuvent servir à évaluer la performance des réseaux « ad hoc » et de leurs protocoles de routage en vue de l’utilisation de la téléphonie IP. Ces métriques seront décrites avec plus de précision dans les sections suivantes.