V.3. Résultats V.4.2. Limites de l’analyse L’analyse de COLCHIC présente un portrait « global » des effets des variables descriptives sur les niveaux de concentration. Elle ne se veut pas spécifique à un agent chimique particulier. La méthodologie déployée, notamment pour construire les modèles, consiste à retenir les structures « Activité économique » et « Tendance temporelle et Durée de prélèvement » qui répondent aux critères qualité du plus grand nombre d’agents. C’est pour cette raison que l’approche entreprise, pour mener à bien ce travail, ne permet pas d’analyser spécifiquement chaque agent. Le choix des modèles finaux résulte donc d’une structure commune qui n’est pas spécifique. Il conviendra, lors de futurs travaux de modélisation, d’adapter le modèle au besoin de l’étude. L’utilisation d’une structure complète, c’est-à-dire avec toutes les variables, est souvent déconseillée en modélisation. Cette approche peut en effet conduire à identifier des Page 83 sur 161 effets observés qui sont liés à un phénomène de chance. Pour éviter cela, l’utilisation de procédures pour éliminer des modèles les variables peu prédictives est recommandée. Dans notre cas, les limites liées à l’approche retenue sont compensées par la Méta-analyse. En effet, même si des effets dus à la chance apparaissent pour des agents chimiques, ils se compensent pour donner un Méta coefficient global proche de 1. L’agrégation de catégories de variables pour assurer un nombre suffisant de données dans chacune d’elles peut occasionner une perte de leur sens. Par exemple, le « Motif de la demande » est codé dans COLCHIC à partir de 17 catégories différentes. Celle portant sur le risque d’exposition représente une très large majorité de la codification. Compte tenu de la faible proportion de codification des 16 autres catégories, nous avons été amenés à les agglomérer dans une seule catégorie. Dans nos analyses cette variable compte seulement deux catégories. V.5. CONCLUSION Cette étude a permis de mettre en évidence des associations appuyées entre les niveaux de concentration enregistrés dans COLCHIC et quatre variables descriptives « Durée de prélèvement », « Equipement de protection individuelle », « Type de procédé » et « Année ». Globalement, des niveaux plus importants sont mesurés, pour les prélèvements de courte durée, lorsqu’un travailleur est équipé d’une protection individuelle adaptée ou qu’un procédé est ouvert. Nos résultats suggèrent que le type de procédé mis en œuvre et les moyens de protection du travailleur influent sur les niveaux d'exposition enregistrés dans COLCHIC. Bien que les tendances observées à travers nos analyses ne peuvent pas être utilisées directement pour quantifier dans quelle mesure COLCHIC est représentative de la population générale, elles pourront être prises en compte lors de l'utilisation des données à des fins d'évaluation de l'exposition. Malgré certaines limites liées à la codification de l’information et à la représentativité des mesures par rapport à la population générale, COLCHIC reste une source importante d’informations sur les expositions professionnelles dans le cadre d’évaluations des risques et des expositions et en épidémiologie. Page 84 sur 161 MODELISATION COMPARATIVE DES BASES CHAPITRE VI. DE DONNÉES COLCHIC ET SCOLA VI.1. INTRODUCTION Ce chapitre décrit tout d’abord la relation entre les variables et les niveaux d’exposition enregistrés dans COLCHIC et SCOLA pour la période 2007-2015 puis il présente leur comparaison sur cette même période. Il permet de finaliser le premier objectif de la thèse et de répondre au second. La coexistence, depuis le déploiement de SCOLA en 2007, de deux bases de données françaises portant sur des expositions aux produits chimiques est une situation atypique sur le plan international. L’originalité repose sur le fait que ces deux bases enregistrent des niveaux d’exposition mesurés avec des objectifs différents (prévention et réglementation) pour un tissu industriel identique (Chapitre III). Au regard des travaux du chapitre IV portant sur l’analyse descriptive de COLCHIC et de SCOLA pour la période commune 2007-2012, il a été mis en évidence des différences systématiques entre ces deux BDEP. Premièrement, les objectifs des campagnes de mesures divergent avec entre autres pour conséquence une certaine disparité dans les secteurs d’activité investigués. Deuxièmement, les niveaux d’exposition enregistrés sont généralement plus importants dans COLCHIC que dans SCOLA. Cette tendance s’est vérifiée lors de l’analyse des 153 entreprises communes à COLCHIC et SCOLA sur la période 2007-2012. Troisièmement, l’aspect réglementaire de SCOLA engendre un enregistrement quasiment exclusif de mesures individuelles. Dans ces circonstances, il est paru important d’explorer ces différences plus en profondeur au moyen de la modélisation statistique. Ainsi, à travers ce travail, nous avons cherché dans un premier temps, à identifier si les associations entre les expositions et les variables enregistrées dans COLCHIC et SCOLA étaient similaires puis dans un deuxième temps, à évaluer les différences absolues au travers d’une analyse regroupant les données de COLCHIC et SCOLA. Page 85 sur 161 VI.2.MÉTHODE Dans cette section, nous présentons succinctement les informations majeures issues du chapitre III « Méthodes » auxquelles viennent s’ajouter, de manière plus détaillée, les spécificités de ces analyses par modélisation. VI.2.1.PRÉPARATION DES DONNÉES Tout d’abord, pour chacune des BDEP, les résultats des mesures prélevées en individuel sur une durée comprise entre 1 et 720 minutes et exprimées en unité d’air ont été sélectionnées pour la période 2007 à 2015. Les agents chimiques comptant plus de 1 000 mesures par BDEP sont conservés. Les mesures d’amiante sont écartées compte tenu d’une part, des évolutions analytiques courant 2012 rendant caduc une large majorité de données et d’autre part, du faible nombre de données dans COLCHIC. Une LoQ empirique est attribuée aux résultats enregistrés comme « Non détecté ». Après avoir préparé les jeux de données propres à COLCHIC et SCOLA, un troisième jeu de données, appelé « BDEP commune », fusionne les mesures issues des deux BDEP pour des agents chimiques communs. Seules les variables communes aux deux BDEP sont conservées. L’architecture fonctionnelle de COLCHIC et SCOLA étant très proche, il n’a pas été nécessaire de procéder à un recodage des variables étudiées. VI.2.2. VARIABLES EXPLOITÉES Dans l’analyse de SCOLA et de la BDEP commune, nous avons inclus 13 variables « Année », « Entreprise », « Durée de prélèvement », « Protection individuelle », « Effectif », « Equipement de protection collective », « Tâche », « Métier », « Secteur d’activité », « Région », « Type d’échantillonnage », « Durée stratifiée » et « Intervention » auxquelles s’additionnent 4 autres variables « Origine de la demande », « Motif de la demande », « Type de procédé » et « Fréquence d’exposition » pour COLCHIC. Afin de différencier la provenance des données lors de l’analyse comparative, une variable dichotomique « Source » composée de « COLCHIC » et « SCOLA » est créée. Page 86 sur 161 Dans le document Caractérisation des mesures d’exposition à des produits chimiques dans les bases de données françaises COLCHIC et SCOLA pour la prévention des maladies professionnelles (Page 100-105)