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Limites et enjeux actuels de la construction d’un indice tel que l’IPE aux échelles régionales et nationales

étude de discours dans l’Etat de Chihuahua (Mexique)

Équation 2 : La formule de l’IPE

1.3 Limites et enjeux actuels de la construction d’un indice tel que l’IPE aux échelles régionales et nationales

L’IPE qui rencontre beaucoup de succès, suscite aussi de nombreuses questions : certaines d’entre elles sont abordées au cours de débats formels, mais d’autres adoptent des formes plus latentes. En l’occurrence, plusieurs limites sont mentionnées en ce qui concerne la représentativité territoriale de l’IPE, mais aussi en ce qui concerne son interdisciplinarité.

Elles apparaissent concrètement à travers des adaptations de la méthode originale, et touchent des domaines aussi divers que les équations de normalisation et d’agrégation employées dans le calcul de l’IPE, la construction des composantes et des indicateurs, ainsi que la définition des unités de calcul (Anju et al., 2017). Comme le donne à voir cette section, il s’agit d’aspects fondamentaux pour l’uniformisation et la pertinence de l’indice.

1.3.1 Quelle représentativité territoriale pour l’IPE ? Quand on aborde la question des simplifications à

partir de considérations statistiques et géographiques

Les résultats synthétiques de l’IPE sont parfois mis en cause pour leur simplification de la réalité, comme c’est le cas pour tous les indices (Molle et Mollinga, 2003b). Cette question est notamment soulevée au niveau des représentations finales de l’IPE (Section 1.2.3). Mais elle transparaît aussi dans des interrogations sur la méthode de calcul. En particulier, la littérature spécialisée souligne le caractère moyenné des résultats et propose à ce sujet d’adapter la formule d’agrégation de l’IPE (Garriga et Foguet, 2010b ; Manandhar et al., 2012 ; Van Der Vyver, 2013b). De plus, il apparaît que l’échelle de calcul régionale, étant donné les unités de calcul qu’elle implique oriente les domaines d’étude de la pauvreté en eau (Cullis et Gorgens, 2006 ; Van Der Vyver et Jordaan, 2011). Ce faisant, elle finit par interroger la représentativité territoriale des résultats.

• Formules de calcul et uniformisation des résultats

La formule de l’IPE a été critiquée par Garriga et Foguet (2010a) au nom de la compensation qui s’opère entre les différentes composantes. La compensation est un mécanisme statistique qui neutralize « a low

2005). En l’occurrence, en opérant une moyenne pondérée pour agréger les composantes entre elles, la formule de Sullivan et al. (2003) gomme particulièrement l’impact des valeurs les plus basses. Cela nuit à l’indice qui perd de fait une partie de sa représentativité (Garriga et Foguet, 2010b). Or d’autres opérations statistiques peuvent permettre de réduire ladite compensation dans l’opération de l’AMC. C’est ce que proposent Garriga et Foguet (2010a) en remplaçant l’opération additive par une fonction multiplicative dans l’équation de base de l’IPE. Avec cette adaptation qui a rencontré un succès notable (Anju et al., 2017), l’IPE dit WPIg est calculé à travers l’équation suivante :

Équation 3 : Alternative multiplicative de l’IPE (Garriga et Foguet, 2010b) 59

IPEg = R Wr × A Wa × C Wc × U Wu × M Wm

A travers cette seconde formule la compensation existe encore, mais elle est significativement réduite. Le tableau 2 montre comment elle transforme les résultats, en faisant varier des valeurs fictives pour les cinq composantes de l’IPE. Le postulat adopté présentement est que deux composantes aient des valeurs particulièrement basses tandis que les autres sont plutôt hautes. Dans ce cadre, la question de la compensation se pose dans les termes suivants : laquelle des deux équations rend visible les valeurs basses ? Pour y répondre quatre exemples sont comparés entre eux. Dans le cas de l’exemple 1, les calculs se développent de la manière suivante :

IPE = 0,7 *0,2 + 0,7 * 0,2 + 0,8 * 0,2 + 0,1 * 0,2 + 0,2 * 0,2 = 0,14 + 0,14 + 0,16 + 0,02 + 0,04 = 0,5 IPEg = 0,7 0,2 * 0,7 0,2 * 0,8 0,2 * 0,1 0,2 * 0,2 0,2 = 0,93 * 0,93 * 0,96 * 0,63 * 0,72

59 Où « r » constitue le résultat obtenu pour la composante de ressource, et « W

R » est le coefficient associé à cette composante, où « a » constitue le résultat obtenu pour la composante d’accès, et « WA » est le coefficient associé à cette composante, où « c » constitue le résultat obtenu pour la composante de capacité, et « WC » est le coefficient associé à cette composante, où « u » constitue le résultat obtenu pour la composante d’usage, et « WU » est le coefficient associé à cette composante, et où « e » constitue le résultat obtenu pour la composante d’environnement, et « WE » est le coefficient associé à cette composante.

= 0,38

Dans un premier temps, en utilisant des puissances (au lieu des pondérations traditionnelles) il apparaît que l’IPEg renforce l’écart entre les valeurs fortes et les valeurs faibles60. Dès lors l’impact des valeurs extrêmes est plus difficilement compensable dans cette alternative que dans l’IPE. Dans un second temps, l’utilisation d’une opération multiplicative (au lieu d’une opération additive) étend l’éventail des résultats et les rend donc plus sensibles à ces mêmes valeurs. L’association de ces deux phénomènes statistiques explique que l’IPEg soit notablement inférieur à l’IPE dans l’exemple 1 : il rend de ce fait plus visible les valeurs extrêmement basses. En outre, cela explique la plus grande variation existant entre les IPEg qu’entre les IPE des exemples 1 et 2. En effet, l’augmentation d’un seul dixième sur une valeur basse n’augmente l’IPE que de 0.4, alors qu’elle augmente l’IPEg de plus du double (0.9). En revanche, si l’augmentation d’un dixième est appliquée sur une valeur haute (comme dans l’exemple 3), l’IPE varie plus que l’IPEg. Enfin, l’exemple 4 permet de confirmer que face à des valeurs moyennes les IPE et IPEg ont des comportements notablement similaires.

Composante IPE

(Equation 2) (Equation 3) IPEg

C A U R E Exemple 1 0.7 0.7 0.7 0.7 0.7 0.7 0.8 0.8 0.8 0.8 0.1 0.1 0.2 0.5 0.38 Exemple 2 0.3 0.54 0.47 Exemple 3 0.8 0.1 0.2 0.52 0.39 Exemple 4 0.7 0.5 0.5 0.64 0.63

Table 1 : Impact de la formule multiplicative sur les résultats de l’IPE

En somme, en réduisant la compensation des facteurs caractérisés par des valeurs extrêmes, l’équation de Garriga et Foguet (2010a) rend plus visible les valeurs basses que l’équation de Sullivan et al. (2003). Ces perspectives statistiques sont pleines de potentiel pour faire ressortir les enjeux problématiques (la Section 1.4.2 présente d’autres alternatives qui permettent d’adapter à volonté le niveau de compensation entre les facteurs). C’est pourquoi elles ont été reprises notamment dans les travaux de Van Der Vyver (2013a, 2013b) et de Huang et al. (2017). Dans ces études, les auteurs comparent et discutent formellement les résultats obtenus avec les approches agrégatives et multiplicatives. Mais

60 Cet écart se compte en centièmes de points dans le cas de l’IPE, alors qu’il s’agit de plusieurs dixièmes de point dans le cas du IPEg.

d’autres limites apparaissent de manière moins informelle dans la littérature spécialisée : en particulier, la forme synthétique de l’IPE tend à uniformiser les territoires et les problématiques étudiés.

• Quelles visibilités pour les enjeux environnementaux, agricoles et ruraux dans l’IPE ?

De fait, l’indice est calculé de façon à attribuer un score final unique à chaque unité de gestion (Section 1.2.2). La littérature spécialisée signale explicitement que cette forme finale pose question en termes de clarté ; des alternatives ont d’ailleurs été développées pour remédier à cette question (Sections 1.2.3). Mais il convient de signaler une autre limite à ce sujet : bien souvent, le calcul de l’IPE est opéré pour des échelles de gestion qui impliquent de sacrifier la visibilité de certaines conjonctures environnementales, et génèrent aussi des impasses sur des thématiques associées aux milieux agricoles et ruraux.

Tout d’abord, les problématiques environnementales transcendent les unités de gestion les plus classiques qui sont définies en fonction de délimitations géopolitiques (Garriga et Foguet, 2010b). Si les écosystèmes sont impactés par les politiques de gestion déployées dans ces unités, un certain nombre de caractéristiques environnementales (morphologiques, climatiques, etc.) engendrent des continuités/discontinuités de part et d’autres des frontières administratives. De fait, l’intégration des enjeux environnementaux constitue un défi méthodologique de taille pour l’IPE (Sections 1.3.2 et 1.3.3). Certaines considérations épistémologiques le rendent secondaire, mais d’autres le place au contraire au cœur de la construction de l’IPE.

En l’occurrence, le « water poverty mapping » 61, s’inscrit dans la lignée de l’IPE puisqu’il utilise les mêmes composantes que celui-ci pour évaluer la pauvreté en eau (Cullis et O’Regan, 2004). Mais il s’en distingue en réduisant chaque composante à un seul indicateur et en employant aussi des bases de données et des analyses cartographiques pour élaborer les indicateurs des composantes de ressource et d’environnement. Néanmoins, le water poverty mapping ne solutionne pas entièrement la question des indicateurs environnementaux. En effet, Cullis et Gorgens (2006) transcrivent finalement les résultats au

61 « Cartographie de la Pauvreté en Eau » : le terme anglais est présentement conservé afin de distinguer cette démarche dans le cadre des travaux cartographiques concernant l’IPE. De fait, le Water Poverty Mapping est développé en simplifiant les composantes de l’IPE au point de les réduire à un seul indicateur.

niveau des unités administratives. Cela conduit à sacrifier la précision des indicateurs cartographiques, en uniformisant les diverses valeurs existantes pour chaque unité de calcul. Même dans ce cas, la représentativité de l’indice se voit donc limitée du point de vue de ce que la littérature spécialisée appelle les continuités spatiales, relatives aux dynamiques hydro-environnementales (Section 1.4.2). De même que les dynamiques environnementales transcendent les frontières géopolitiques, le développement ne s’exprime pas de manière homogène au sein des entités géopolitiques. Des pôles se développent particulièrement au sein d’espaces eux-mêmes plus ou moins développés, et connectés à ces pôles. Cela génère différents enjeux de gestion. En ce qui concerne les pénuries en eau certains défis singularisent les milieux agricoles et ruraux (Section 1.1.1).

Dans les territoires agricoles, il existe des enjeux de gestions spécifiques en ce qui concerne l’accès aux infrastructures d’irrigation et les contaminations de la ressource (United Nations, 2017 ; UNSG, 2016). Cependant les études de l’IPE n’incluent pas systématiquement ces objets d’études. Tandis que certains auteurs comme Heidecke (2006), Hatem et Salah Matoussi (2012), Gong et al. ( 2017) ou Lawrence, et al. (2003) emploient des indicateurs d’accès à l’irrigation ou de contamination agricoles, d’autres auteurs les excluent totalement des calculs (Fenwick, 2010 ; Rentería et Pérez, 2010). A ce sujet, il faut noter une inclusion croissante de ces thématiques dans les études les plus récentes (Anju et al., 2017 ; Fenwick, 2010 ; Gong et al., 2017 ; Jemmali et Matoussi, 2012). Les auteurs ne discutent pas explicitement cette stratégie : il s’agit plutôt d’une tendance qui semble néanmoins attirer l’attention sur une problématique de gestion importante.

De manière Annexe 1, les United Nations (2017) signalent que le développement de capacités et d’infrastructures d’accès à l’eau soulèvent des questions spécifiques dans les milieux ruraux. Dans le cadre de l’IPE Gong et al. (2017) ont récemment insisté sur ce point en employant le taux d’urbanisation dans les indicateurs de la composante d’accès : ce faisant, ils assimilent directement l’urbanisation avec l’accès aux infrastructures. Cependant peu d’études de l’IPE distinguent effectivement les contextes urbains et ruraux. Outre Gong et al. (2017), Sullivan et al. (2002) et Heidecke (2006) font exception en ce sens, en incluant deux indicateurs d’accès aux réseaux (d’eau et d’assainissement) : l’un relatif aux territoires urbains, et l’autre aux territoires ruraux. Mais la majeure partie des auteurs n’appliquent pas de distinction de ce type ; ce faisant, ils font disparaître les problématiques rurales (Garriga et Foguet, 2010a ; Li et al., 2011 ; López et al., 2013).

En somme, les études portant sur l’IPE n’accordent pas toute la même place aux problématiques environnementales, agricoles et rurales : elles sont parfois mises en avant, mais d’autres fois elles disparaissent totalement. Dans ce contexte, la visibilité accordée à ces problématiques varie notamment avec les échelles, et les unités de calcul de l’indice.

• Des unités de calcul réduisant la représentativité territoriale de l’IPE aux échelles régionales Comme il a été mentionné dans la Section 1.2.3, l’IPE est calculé à plusieurs types d’échelles : locales, régionales, nationales voire internationales. Les études menées à des échelles locales considèrent par définition des territoires relativement homogènes où s’expriment des enjeux de gestion relativement précis (Maheswari et al., 2017 ; Nihila, 2012). Au contraire, dans les calculs effectués aux échelles régionales, les territoires considérés sont plus étendus mais aussi plus hétérogènes : ils associent différents écosystèmes, mais aussi différents sociosystèmes. Dans ce contexte les problématiques de gestion sont nombreuses, et leur visibilité pose particulièrement question.

En raison de la disponibilité des données et de la perspective d’aide à la prise de décision notamment, les études de l’IPE élaborées aux échelles régionales sont appliquées à des unités prédéfinies. Elles correspondent aux entités administratives : municipalité, districts, états, nations (Fenwick, 2010 ; Heidecke, 2006 ; Lawrence et al., 2003 ; Manandhar et al., 2012 ; Rentería et Pérez, 2010), ou bien à des bassins versants (Giné et Pérez-Fouget, 2015 ; Manandhar et al., 2012). Autrement dit, échelles et unités de calculs sont entièrement confondues, et identifiées aux entités administratives. Ce faisant, les études régionales de l’IPE leur attribue une valeur unique pour chaque indicateur ou pour chaque composante, de telle sorte qu’elles homogénéisent les diverses réalités qu’elles recouvrent. Le constat de cette limite pousse Wilk et Jonsson (2013) et Fenwick (2010) à associer deux calculs de l’IPE : l’un mené à l’échelle régionale et l’autre à l’échelle locale. Cette démarche interpelle sur la complémentarité des résultats et l’intérêt d’associer différentes échelles pour augmenter la représentativité territoriale des diagnostics. Une alternative développée localement pour construire les unités de calcul comprend des apports intéressants pour des calculs effectués aux échelles régionales.

Abraham et al. (2002, 2005) réfléchissent au problème de la représentativité territoriale de l’IPE et théorisent l’élaboration des unités de calcul. Il s’agit de définir des unités qui divisent les entités

administratives. Ainsi, les auteurs construisent des Unités Environnementales de Référence (UAR d’après son sigle espagnol) conçue de manière relativement homogène tant du point social que du point de vue environnemental. Pour ce faire les auteurs analysent la constitution du territoire de manière préliminaire au calcul de l’IPE. Dans ce cadre, ils divisent la zone d’étude en s’intéressant tant à des facteurs environnementaux et paysagers qu’à des facteurs sociaux et ethniques. Cette démarche solutionne de manière intéressante les problèmes de représentativité de l’IPE qui est calculé pour chaque UAR. Néanmoins, dans le cas d’Abraham et al. (2002, 2005) elle repose sur un vaste travail de reconnaissance du terrain qui présenterait un caractère particulièrement chronophage à des échelles plus grandes, où une multitude de paramètres et d’échelles devraient être considérés. Malgré ces limites, et même si elle n’a pas été explicitement reprise, cette stratégie est intéressante. En l’occurrence, les approches cartographiques apportent des solutions pour l’adapter à des échelles régionales (Section 1.4.2).

En conclusion, l’un des challenges du calcul de l’IPE à l’échelle régionale repose sur la définition d’unités de calcul qui puissent être représentatives pour des territoires hétérogènes. Cette question est d’autant plus importante qu’elle interroge la visibilité de trois enjeux de pauvreté en eau agricoles, ruraux et environnementaux. En d’autres termes, elle soulève des interrogations concernant les propres objets d’études de l’IPE.

1.3.2 Limites fondamentales de la composition de l’IPE : des freins pour l’interdisciplinarité et la

réplicabilité de l’indice

En associant des analyses en provenance de disciplines différentes, l’indice sort les terminologies et les méthodes de leur contexte. De telle sorte qu’il remet en cause certains acquis épistémologiques, et que le travail de définition devient équivoque. En outre, le manque d’uniformisation des données employées pour le calcul de l’indice freine les discussions concernant la construction des indicateurs ainsi que leur normalisation. C’est ce que donne à voir cette section, qui passe en revue la définition des composantes de l’IPE ainsi que les lignes directrices employées relativement à la normalisation mais aussi à la construction des indicateurs.

• La structure de l’IPE en question

Sullivan et al. (2006) signalent qu’il est particulièrement important mais aussi délicat de préserver la cohérence méthodologique et conceptuelle pour élaborer un indice tel que l’IPE. Cette remarque résonne en particulier dans la détermination des composantes. A ce sujet, les concepteurs de l’indice présentent un graphique, repris dans la Figure 3 (Sullivan et al., 2002) :

« Impoverished communities are by definition short of some or all of the livelihood capital types. Their local environmental, human and social capitals have not been mobilized to create adequate physical (manufactured) and financial capital. As development occurs over time, there will be inevitable changes in the extent and availability of theses capitals, and such changes can be illustrated as shown in Figure 1. To address any kind of poverty, access to these capital types must be redistributed to ensure a more equitable outcome for all.62 »

Figure 3 : Comment le développement impacte les composantes de l’IPE et les capitaux qui déterminent la pauvreté en eau, adapté de (Sullivan et al., 2002 ; Sullivan et Meigh, 2005)

62 « Les communautés considérées comme pauvres sont, par définition, dépourvues de tout ou partie des différents capitaux de subsistance. Leurs capitaux environnementaux, humains et sociaux locaux n'ont pas été mobilisés pour créer un capital physique (manufacturé) et financier adéquat. Au fur et à mesure que le développement s’opère, l'ampleur et la disponibilité de ces capitaux se transforment inévitablement, ces transformations peuvent être représentées comme le montre la figure 1. Pour lutter contre toutes les formes de pauvreté, l'accès à ces différents capitaux doit être redistribué afin de garantir un résultat plus équitable pour tous. »

Dans ces termes, le développement est compris comme le processus de création de capitaux financiers, physiques (manufacturés), social et humain. La Figure 3 indique qu’il affecte positivement les composantes d’accès, de capacité et d’usage qui dépendent des capitaux sociaux, financiers et humain, alors qu’il affecte négativement les deux autres composantes qui dépendent des capitaux naturels et des ressources en eau. Or, la définition concrète de ces capitaux est délicate. D’ailleurs, Sullivan et al. (2002) liste les capitaux préalablement à la présentation du graphique, et dans cette liste ce qui apparaît en légende de la Figure 1 comme « ressources en eau » n’est pas inclus. En outre, il est notable que les capitaux dits naturels et financiers se répètent dans différentes composantes ; et il est aussi difficile de distinguer les capitaux dits humains des capitaux sociaux. Enfin à ce jour, le concept même de Développement Durable, et l’orientation écologique des politiques dites durables viennent à impacter positivement les capitaux naturels (United Nations, 1998, 2017). C’est pourquoi le postulat établi par Sullivan et al. (2002) représente en réalité un défi épistémologique important. Cela se retrouve d’ailleurs dans le fait que la plupart des auteurs définissent une partie des composantes de l’IPE en fonction des indicateurs ou des variables qu’elles intègrent (Tableau 4).

(Abraham et al., 2002) (Sullivan et al., 2003) (Rentería et Pérez, 2010) (Li et al., 2011) A C C E S

« Niveau d’accès à l’eau pour l’usage humain, mais non seulement la quantité, mais aussi la distance à une source d’eau

sûre, et la temporalité de collecte domestique de l’eau et d’autres facteurs

significatifs. L’accès fait référence à l’usage d’une eau apte à la consommation

humaine, domestique, agricole et industrielle »

« Accès à l’eau pour l’usage humain, en incluant la distance à

une source d’eau sûre, le temps nécessaire à sa collecte par ménage

et d’autres facteurs significatifs. Accès inclut aussi l’eau utilisée pour

l’irrigation des cultures et les usages industriels »

« Etendue de l’accès à l’eau pour la consommation humaine,

considère les besoins basiques en eau potable

et la disponibilité pour cultiver les aliments »

« Mesure à quel point la population

est concrètement approvisionnée en eau, en incluant les

usages domestiques et l’irrigation » C A P A C I T E « Pertinence de la capacité de la population à gérer l’eau. La capacité est interprétée dans le sens des revenus et des

investissements réalisés ainsi que de leur efficacité »

« Pertinence de la capacité de la population à gérer l’eau. La capacité

est interprétée dans le sens des revenus permettant d’améliorer ses

conditions d’accès à l’eau, à l’éducation et à la santé, ce qui va de pair avec le revenu et indique une

capacité à garantir et gérer les ressources en eau. »

« Gestion effective de

l’eau » « Capacité à gérer les ressources en eau, basée sur l’éducation, la santé et l’accès à des ressources économiques » U S A G E

« Les formes des usages dans laquelle l’eau est utilisé à diverses fins, cela comprend les usages domestiques, agricoles, l’élevage et l’industrie »

« Différents usages de l’eau, incluant les usages domestiques,

agricoles et industriels »

« L’usage donné aux ressources hydriques disposées pour l’usage industriel, domestique et

agricole »

« L’usage qui est fait de l’eau »

R E S S O U R C E

« Disponibilité physique de l’eau superficielle et souterraine, en tenant compte de la variabilité et de la qualité de la ressource ainsi que de sa quantité

totale »

« Disponibilité physique de l’eau superficielle et souterraine, en tenant

compte de la variabilité et de la qualité de la ressource ainsi que de sa

quantité totale »

« Quantité d’eau disponible, intègre des données de population