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Limites en fonction de la méthode d'évaluation

8 DES LIMITES DES TECHNIQUES D'ÉVALUATION DE L'ÂGE

8.2 À PROPOS DE L ' ÂGE DENTAIRE

8.2.4 Limites en fonction de la méthode d'évaluation

WILLEMS (262) a synthétisé les méthodes les plus fréquemment utilisées pour évaluer l'âge dentaire (Tab. 25) et relève que la déviation standard de l'âge dentaire par rapport à l'âge chronologique selon ces techniques varie jusqu'à 10-12 ans.

Tableau 25 Différentes catégories de méthodes d'évaluation de l'âge dentaire reportées par WILLEMS(262)

Age dentaire chez l'enfant A) Par comparaison à des images standard (approche de type atlas)

Schour & Massler Table à 20 stades / de 4 mois post-natal à 21 ans

Moorrees et coll. Différentes tables (F & M) pour différentes dents avec 14 stades (de la calcification des cuspides à l'apexification complète)

Anderson et coll. Tables de Moorrees et coll. complétées avec les dents de sagesse B) Par système de score de maturation*

Demirjjian et coll. 8 stades de développement dentaire (A à H) par dent. La somme des scores des dents de l'hémi-mandibule gauche donne un score global de maturation dentaire qui est converti en âge chronologique au moyen d'une table spécifique à la population concernée (à l'origine, des sujets franco-canadiens)

Willems et coll. Adaptation de la méthode de Demirjian avec une table de conversion spécifique pour les Belges d'origine caucasoïde*

Age dentaire chez l'adulte A) Méthode morphologique

Gustafson Mesure de l'altération dentaire liée au temps : degré d'atttrition (A), quantité de dentine secondaire coronaire (S), perte d'attache parodontale (P), apposition de cément à l'apex* (C), résorption

apicale (R), transparence dentinaire radiculaire (T). Chacun des paramètres reçoit un score (0 à 3) et la somme des scores (X) est ensuite linéairement corrélée à l'âge (selon la formule de régression*

linéaire : Age= 11,43 + 4,56·X)

Johanson Amélioration de la méthode de Gustafson avec score de 0 à 6 et formule de régression multiple (Age= 11,02 + 5,14·A + 2,3·S + 4,14·P + 3,71·C + 5,57·R + 8,98·T)

Bang & Ramm Mesure uniquement de la longueur de la transparence dentinaire radiculaire (X) avec formule de régression polynomiale du second degré ( Age= Bo +B1·X)

Solheim Mesure de différents paramètres régressifs (rapport de taille du volume dentaire : pulpe/racine, ...) et analyse par régression multiple.

Dents non sectionnées, mais le plus souvent extraites B) Méthode radiologique

Kvaal et coll. Evaluation de la taille pulpaire sur radiographie intra-buccale (apicale) de 6 dents (au maxillaire : une incisive centrale, une incisive latérale, une 2ème prémolaire ; à la mandibule : une incisive latérale, une canine, une 1ère prémolaire) par le biais de sept rapports (p. ex. taille pulpaire/longueur radiculaire, ...) et de trois moyennes de ces rapports. Analyse par régression

Kvaal & Solheim Identique à la méthode précédente mais aussi sur dents extraites

8.2.4.1 Difficulté d'évaluation de l'âge par la maturation* dentaire

STAAF ET COLL. (237) dénotent dans leur étude comparant la maturation dentaire selon Demirjian, Haaviko ou Liliequiest une prédiction de l'âge à ±2 ans avec un intervalle de confiance à 95%. Pour leur échantillon de 541 enfants suédois (de 5,5 à 14,5 ans) la maturation dentaire est surestimée de 9,6 mois par rapport à la population franco-canadienne (Demirjian). Elle est moindre pour les 2 autres méthodes (~-6 mois / Haaviko; ~+7 mois pour M et idem pour F/ Liliequiest) dont les échantillons étaient scandinaves, relevant ainsi la problématique de l'ethnicité de la population de référence. HÄGG &MATSSON (86) en comparant la technique de Demirjian à celle de Gustafson & Koch et Liliequist & Lundberg trouvent pourtant une meilleure précision pour la première alors que leur échantillon est aussi constitué d'enfants suédois! Cependant la déviation standard entre 3,5 et 12,5 ans est tout de même de ±10mois pour un intervalle de confiance de 95%. A propos de ces deux dernières études CROSNER & MANSFELD (51) ont montré que leur application était adéquate pour leur propre étude d'évaluation de l'âge de 23 enfants non-européens adoptés et d'âge connu mais différait probablement d'un an ou plus chez leurs autres 21 enfants non-européens d'âge incertain. Enfin MABER ET COLL. (148) ont remarqué que la méthode la plus précise pour déterminer la maturation dentaire de 946 enfants d'origine britannique ou du Bangladesh (entre 3 et 16,99 ans), était celle de Willems (soit la méthode de Demirjian révisée) pour laquelle l'âge estimé chez le garçon ne montrait pas de différence statistiquement significative par rapport à l'âge réel (-0,05 ans) alors que chez les

filles la différence (statistiquement significative) était de -0,2ans pour une déviation standard de 0,85an. Ces valeurs ont été trouvées moins bonnes avec la méthode d'Haaviko et encore moins bonnes avec la méthode de Nolla. Ils concluent que l'origine de la différence est plus à mettre en relation avec l'initiation de la formation dentaire (et des dents de sagesse en particulier) qu'avec une supposée différence ethnique de la maturation. Enfin OLZE ET COLL. (178) ont comparé, sur 420 OPT de sujets féminins allemands âgés entre 12 et 25 ans, l'état de la minéralisation de la dent 38 selon la méthode de Gleiser & Hunt, Demirjian et coll., Gustafson & KochHaris & Nortjé, Kullman et coll. Ils ont trouvé que la méthode de Demirjian est la plus adaptée, car elle a montré la meilleure corrélation* entre l'âge estimé et l'âge réel. Ils en concluent que cela tient à la méthode elle même : nombre suffisant de stades qui, par ailleurs, n'ont pas été élaborés en fonction d'une longueur présumée de la dent.

8.2.4.2 Difficulté d'évaluation de l'âge sur les altérations liées au temps

AJMAL ET COLL. (2) ont comparé trois méthodes sur 100 patients de Mangalore (Inde) âgés entre 21 et 60 ans ayant eu une dent extraite pour raison orthodontique. deux de ces méthodes étaient des modifications à la méthode de Gustafson (selon Johanson et selon Kashyap), la dernière étant une évaluation purement clinique : méthode du stade moyen d'attrition* sur les cuspides des molaires (ASA: average stage of attrition, selon Li 1995). En moyenne la déviation standard était de ±5,5 ans selon Johanson, ±5,4 ans selon Kayap, ±3,4 ans selon Li. Cependant si l'on observe de plus près les résultats par tranche d'âge, on s'aperçoit que l'erreur moyenne est une sous-estimation de 1,66 ans entre 21-30 ans selon Li et 3,46 ans selon Kayap alors que pour le groupe 31-40 ans il y a une légère surestimation de l'âge selon Li (0,21 an) et une sous estimation non significative selon Kayap (0,09 ans) (table 5 dans Tab. 26). Ceci tend à montrer une certaine inconsistance de ces méthodes confirmée par leur manque de précision : estimation d'âge avec une erreur de ±3 à 10 ans selon la méthode ASA dans 22% des cas (table 2 dans Tab. 26).

Tableau 26 Estimation de l'âge selon 3 techniques d'après les Tab. 2 & 5 de AJMAL ET COLL. (2)

SOOMER ET COLL. (236) ont testé la praticité et la précision de 8 méthodes : Kvaal in situ, soit chez le vivant soit sur dent extraite; Bang dent extraite; Bang dent extraite et sectionnée; Solheim in situ chez le vivant ; Solheim sur dent sectionnée; Lamendin dent extraite; Johanson dent sectionnée. Leur conclusion est que les méthodes sectionnant les dents (coupes d'usure) sont les plus précises, mais comme cela reste une estimation de l'âge, la prédiction doit être accompagnée de la déviation standard et de l'intervalle de confiance.

Si l'on considère l'estimation de l'âge au décès d'une personne, il est étonnant de constater que, selon REPPIEN ET COLL. (199), celle-ci ne semble pas dépendre du lieu de découverte du corps : 71% d'estimation correcte de l'âge pour des cadavres retrouvés en extérieur (certains dans l'eau ou ayant subi une crémation) et 75% d'estimation correcte pour des cadavres retrouvés à l'intérieur.

UBELAKER &PARRA (250) ont montré que la méthode de Lamendin n'était que peu dépendante de la population de la région considérée, la déviation standard de l'âge estimé à l'âge réel variant en moyenne entre 6 et 7,7 ans pour différentes populations péruviennes.

D'autre part il est intéressant de noter, comme le démontre l'étude de MEINL ET COLL. (155), qu'une méthode considérée comme plus précise (comme le TCA versus Lamendin) peut, en fait, ne l'être que pour un tranche d'âge donnée (41-60 ans) (Tab. 27).

Tableau 27 Limite de précision selon les méthodes d'après le Tab. 4 de MEINL ET COLL. (155)

Pour terminer et bien que REPPIEN ET COLL. (199) prétendent à une bonne précision des méthodes d'évaluation purement clinique, mais sur un petit échantillon de 12 cas sur 51 seulement, d'autres auteurs, comme AZRAK ET COLL. (12), ont pu montrer que l'évaluation clinique seule de l'état bucco-dentaire (index DMFT, niveau de l'os alvéolaire) était trop peu précise avec un âge estimé à ±15 ans pour un intervalle de confiance de 95% pour les deux sexes.