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Chapitre 1. Introduction générale et Problématique

1.2. Deuxième partie : les approches participatives et la notion de la participation

1.2.4. Limites des démarches participatives

La participation intervient souvent lors de situations complexes et demande une présence exogène et des outils préétablis auxquels les parties prenantes n’ont pas participé. « L'ambiguïté

constitutive du concept de la "participation", qui, par définition, spécifie la présence obligatoire et centrale d'une intervention exogène, à laquelle participent les acteurs locaux »

(D’Aquino 2004). William’s Daré et al., 2010 a montré que l’animateur peut ne pas être neutre

« le commodien n’est pas neutre, il est un des participants au processus qu’il anime et donc

doit lui aussi rendre explicite sa vision du monde » dans le but de construire des objets

intermédiaires entre les acteurs pour formuler des scénarios d’évolution de leur système de production (Daré et al.,2010).

Plusieurs références aux limites de la participation sont recensées dans la littérature. Barnaud (2008) catégorise trois types de limites :

• les limites intrinsèques. Elles sont liées aux caractéristiques intrinsèques des démarches participatives et mettent en lumière le fossé existant parfois entre les objectifs à atteindre et la démarche mise en œuvre à cet effet. Lorsqu’une démarche participative est entreprise, seule une partie des connaissances des parties prenantes est révélée. Le reste des connaissances, dites tacites, mais non moins importantes, peut être éludé.

• les limites verticales, qui renvoient aux rapports hiérarchiques, sociaux et institutionnels pouvant exister entre les acteurs.

• les limites horizontales, qui renvoient aux interactions entre les acteurs appartenant à une même catégorie hiérarchique, sociale ou institutionnelle.

Ces deux dernières catégories font référence au décalage entre les objectifs initialement visés et ceux effectivement atteints.

Il est en réalité bien complexe de quantifier l’influence de ces différents rapports existants entre les parties prenantes sur une démarche participative et ses résultats. Cela est d’autant plus vrai que l’animateur ne connaît pas forcément ces relations de pouvoir sous-jacentes. Ceci nous conduit donc à nous interroger sur les nécessités parfois paradoxales de posture de l’animateur. D’une part, la pertinence des résultats dépend de sa neutralité au cours du processus, mais d’un autre côté, cette neutralité peut aggraver et creuser ces inégalités déjà existantes. En effet, « un

processus de concertation implique un renforcement intentionnel de la voix des plus faibles »

(Barnaud, 2008). Cela nous amène également à nous questionner sur la légitimité d’un acteur

(l’animateur) à intervenir sur un système social auquel il n’appartient pas et dont les acteurs n’ont pas contribué au choix. Un risque inconscient pour l’animateur ou le concepteur d’une

23 démarche participative est également de décider à la place des acteurs concernés (D’Aquino, 2002). Un tel résultat peut découler de son instinct à accorder un crédit scientifique souverain aux outils utilisés et amoindrissant ainsi les principes fondateurs de la participation. Une solution proposée par Ribot (2002) serait que les acteurs concernés proposent un animateur qui serait ainsi plus à même et légitime de les représenter. Cette légitimité s’étend également aux acteurs eux-mêmes. Il est au final possible de questionner la légitimité, la représentativité et les intentions réelles de ceux qui répondent à une invitation à participer à une session. Bien entendu, l’animateur ne peut répondre à l’ensemble de ces questions. Pour appuyer la nécessité de répondre à cette question clé de « Qui est admis comme participant », Beuret (1999) parle de principes de justification. C’est une réflexion longue et pertinente en amont de la démarche qui est le facteur clé à l’émergence d’un début de réponses à ces nombreuses questions. Elle permettrait également d’éviter de perturber un système social et de garantir des résultats en adéquation avec les objectifs. Un diagnostic participatif systémique peut être une phase importante avant la mise en œuvre d’une démarche participative (Burte, 2016).

La méthode participative sur le terrain relève concrètement aux seuls dialogues participatifs au travers desquels « les acteurs locaux ne font que valider, au mieux alimenter, les analyses et

les choix faits par les agents extérieurs » (D’Aquino, 2002). En effet, les acteurs locaux ne participent pas pour construire l’approche participative ni ses objectifs avec les acteurs concernés, ils n’ont pas même le droit de faire le choix entre des projets de développement dans leur territoire.

Cette analyse synthétique sur la participation nous a aidé dans la conception d’une démarche participative avec différents types d’acteurs dans le but d’ouvrir un dialogue sur la gestion de l’eau et des sols en créant une compréhension mutuelle sur les impacts environnementaux des pratiques agricoles et des ACES. Dans cette optique, les indicateurs environnementaux reflètent de diverses manières possibles les impacts sur l’environnement causés par des activités et des pratiques données (Tyteca, 2002). Les décideurs et les bailleurs de fond peuvent recourir à l'utilisation d'indicateurs pour évaluer les impacts en amont de leurs projets en se basant sur des méthodes d’évaluation environnementale.L’Analyse du Cycle de Vie (ACV) est une méthode d’évaluation environnementale importante, car elle évalue les impacts potentiels d’un produit en considérant l’ensemble de son cycle de vie, dès l’extraction de sa matière première jusqu’à son recyclage (Finkbeiner et al., 2006). Cette méthode semble intéressante car elle évalue de nombreuses catégories d’impacts telles que les ressources naturelles, la qualité de l’écosystème naturel et la santé humaine (Loiseau et al., 2014).

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1.2.5. Des indicateurs d’analyse de cycle de vie pour ouvrir un dialogue sur la