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Chapitre 1. Introduction générale et Problématique

1.3. Troisième partie : la démarche de la thèse

1.3.2. Démarche

Méthodologie de la thèse

Dans ce travail de thèse, nous avons fait le choix de construire une démarche originale de conception et de mise en œuvre d’un processus participatif multi-acteurs permettant d’appréhender mutuellement les logiques des différents acteurs et leurs perceptions des impacts des pratiques agricoles et des ACES. Cette démarche a mobilisé des acteurs administratifs des niveaux central, régional et local, ainsi qu’un groupe d’agriculteurs d’un même territoire rural situé à l’amont du bassin versant Merguellil en Tunisie Centrale (figure 7). Elle a consisté à créer un dialogue entre ces parties-prenante pour co-construire une vision partagée des impacts environnementaux des pratiques agricoles d’une part, et des fonctions des ACES d’autre part dans le but de discuter des politiques publiques plus efficaces. Cette efficacité a été traitée 1) sur le plan de la performance directe des ACES par rapport à la gestion des ressources naturelles (l’eau et le sol sont des ressources à exploiter, mais aussi des biens communs à conserver) 2) sur la participation des acteurs à la construction de ces politiques (pour une meilleure conception face aux nouveaux enjeux environnementaux, une meilleure intégration avec les pratiques locales, une meilleure gestion des ouvrages, etc).

30 Comment construire les conditions de dialogue et de partage d’information nécessaires à la mise en œuvre d’une démarche d’évaluation environnementale permettant des politiques d’ACES plus efficaces ?

Pour traiter cette question, nous avons proposé une méthodologie innovante. Elle est originale dans le contexte tunisien, car participative et multi-acteurs, au sens où elle associe les concepteurs classiques de ces politiques (les décideurs) à ses « bénéficiaires » (les agriculteurs). Notre approche a été appliquée en Tunisie centrale et en particulier sur l’amont du bassin versant Merguellil sur une zone appelée Khit El oued.

Zone d’étude

L’amont du bassin versant de Merguellil en Tunisie centrale (figure 7), a été choisi comme zone recherche-action pour plusieurs raisons. Premièrement, il est représentatif de conditions de milieu semi-aride de l’Afrique du Nord où les terres agricoles souffrent d’une érosion hydrique

(Bouchetata et al., 2006 ; Gauché, 2006 ; Bannari et al., 2006). Il est caractérisé par un climat

semi-aride (200 à 400 mm/an) et des unités de production tournées vers l’élevage, l’agriculture pluviale vivrière et par les cultures irriguées par les eaux souterraines. C’est dans ce contexte que les programmes d’ACES ont progressivement été implantés dans la région. Ils ont été principalement centrés sur la construction d’ouvrages tels que les banquettes et les retenues collinaires pour lutter contre l’érosion des sols et favoriser la recharge des nappes (El Amami et al., 2005). Deuxièmement, il a été le théâtre de nombreuses transformations depuis le début du XXème siècle suite à une surexploitation des ressources eau et sol (Attiah, 1977 ; Bkhairi, 2012). Malgré les ACES, la surexploitation des ressources en eau et en sol progresse en raison de contraintes climatiques toujours fortes mais aussi anthropiques (développement de l’irrigation encouragé par les subventions publiques ; l’absence de régulation effective des usages). Enfin, le bassin versant du Merguellil a été le lieu de nombreux travaux de recherche sur le fonctionnement physique des ACES (Lacombe, 2007 ; Ogilvie et al., 2016).

31 Figure 7. Localisation de la zone d’étude : le bassin versant de Merguellil et la

localisation de Khit El Oued en amant du bassin

Nous avons travaillé sur la zone Khit El Oued pour plusieurs raisons. Premièrement, c’est une zone où une politique d’aménagement de type CES a été mise en œuvre (banquettes, lacs collinaires, gabions …) et une des finalités de la thèse est de proposer une méthode pour améliorer les politiques des ACES via une meilleure évaluation ex-post de leurs conséquences environnementales. Deuxièmement, le processus d'intensification de l'agriculture dans une zone paraissant « marginale et loin d'être concernée par ce processus ». En plus, il y existe la variété originale d’abricotier dite « chéchi » qui produit, sous irrigation, un fruit particulièrement apprécié en Tunisie dont la zone d’étude est l’unique bassin d’approvisionnement grâce à son micro-climat. Troisièmement, la vulnérabilité des ressources en sols et en eau de la zone a été remarquable (érosion et nappe surexploitée). Ce dernier critère peut inciter les agriculteurs à participer aux différents ateliers participatifs.

Sur notre zone d’étude, l’agriculture dépend des intrants agricoles depuis que l’irrigation a levé la contrainte hydrique sur les rendements des cultures. L’irrigation a été développée à partir de puits de surface de faible profondeur puis à partir des forages individuels et collectifs au niveau des périmètres publics irrigués. L’irrigation a puisé la nappe profonde et donc la ressource en eau souterraine. Cette intensification agricole a engendré des conséquences néfastes telles que ; la baisse de la nappe de 1m à 1.5m/an (Massuel et al., 2017), fatigue du sol et diminution de sa fertilité et l’érosion des terres. Dans cette optique, la question des impacts environnementaux dus aux pratiques agricoles et les aménagements de conservation des eaux et des sols à l’échelle du territoire, émerge.

Tunis

32 Pour répondre à notre question de thèse sur cette zone d’étude, nous proposons quatre chapitres qui seront présentés à la suite de ce chapitre introductif (figure 8).

Dans le chapitre 2, nous présentons une méthode d’investigation territoriale concertée basé sur des outils participatifs en nous appuyant sur l’approche du diagnostic rapide participatif systémique. L’objectif est de comprendre le territoire d’étude, de dégager ses enjeux liés aux ressources naturelles (eau et sol) et de mobiliser des acteurs locaux pour des ateliers catégoriels et un atelier mixte sur les impacts des pratiques agricoles et les ACES. On explicite tout d’abord les outils utilisés pour limiter notre territoire d’étude. Dans un second temps, on développe la méthodologie et les résultats de cette approche de diagnostic territorial systémique. Son abordage pluridisciplinaire, historique et systémique assure l’obtention de données plus robustes et fiables que celles dont on disposait jusqu’alors. De telles données peuvent être qualifiées ainsi du fait qu’elles sont obtenues de façon concertée entre agriculteurs, ce qui constitue une validation de leur pertinence.

33 Figure 8. Organisation et articulation générale de la thèse

Dans le chapitre 3, nous présentons les résultats du diagnostic rapide participatif systémique qui a été mis en œuvre sur notre territoire d’étude. D’abord, nous ferons une présentation détaillée des ateliers catégoriels ainsi que leurs objectifs et leurs résultats. Nous présentons notre démarche participative fondée sur une phase de conception. Ensuite, nous prestons notre processus d’évaluation afin de montrer l’apport de cette démarche. Finalement, les résultats des impacts des pratiques agricoles et des ACES ont été présenté et discutés.

Introduction Chapitre 2 Chapitre 3 Chapitre 4 Conclusion Ressources Territoire Acteurs Développement durable Approche participative

Les ACES et la politique publique

Les fondements d’un diagnostic participatif pertinent La modélisation territoriale a permis de montrer que

la zone d’étude est un espace de coordination et d’organisation de la population

L‘engagement des acteurs montre l’envie vers la déscentralisation La portée de notre démarche est une clé pour l’élaboration de politique environnementale des ACES plus efficace

Les limites de notre approche participative

Comprendre le territoire, son fonctionnement et sa dynamique hydro-socio- environnementale → Le diagnostic rapide participatif systématique (DRPS) afin d’identifier les impacts de ACES et les pratiques agricoles

Construire une base de données partagée du territoire et préparer les acteurs locaux aux ateliers participatifs

Mettre en œuvre des ateliers catégoriels suite au DRPS et présenter le processus d’évaluation → montrer l’apport de la démarche sur laquelle pourront s’appuyer de futurs politiques environnementaux des ACES qui gagneraient en efficacité

Mettre en œuvre un atelier mixte pour conduire une évaluation environnementale basée sur les indicateurs liés aux impacts des ACES et des pratiques agricoles et les indicateurs d’ACV de

34 Dans le chapitre 4 nous mettons en lumière l’atelier multi-acteurs visant à conduire une évaluation environnementale d’ACV et de sensibiliser les acteurs à ce genre de méthode qui est basée sur des impacts et des indicateurs. Dans une première phase, on valide les données collectées au cours du DRPS dans le but de les rendre « de qualité ». Dans une deuxième phase, une hiérarchisation des indicateurs liés aux pratiques agricoles et les ACES a été faite par ordre d’importance sous la base d’une discussion partagée entre les différents types d’acteurs. Il s’agit de montrer que notre démarche participative a permis de trouver une voie consensuelle entre les indicateurs des acteurs et ceux de Koellner et al., 2013 pour nourrir une méthode d’évaluation environnementale d’analyse de cycle de vie.

Dans le chapitre 5, nous avons discuté les éléments les plus importants de la thèse. Les limites de la démarche ont été présentées et discutée. Une conclusion a été faite qui restitue les résultats procurés par ce travail dans des perspectives de recherche-développement.

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