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La réalisation du focus group et le codage des Verbatims de celui-ci a permis de recueillir un grand nombre d’informations, et ce, dès le début de ce travail, de par les débats et discussions entre médecins généralistes interrogés qui s’y sont déroulés. La saturation des données a donc été rapide ensuite, et nous n’avons donc réalisé que 6 entretiens individuels semi-dirigés. Ce faible nombre d’entretiens est probablement l’une des limites de ce travail, même s’il s’agit d’un travail exploratoire qui n’a pas vocation à être exhaustif.

Ensuite, notre faible expérience en matière de travail qualitatif est un biais pour la réalisation de notre étude. En effet, lors des entretiens, et à fortiori les premiers, nos questions et relances ont pu orienter les réponses des médecins généralistes. Le travail de préparation de ces entretiens et des méthodes de relance, en amont, a probablement permis de limiter cet effet.

Enfin, notre position de médecin généraliste a pu avoir des effets délétères dans ce type de travail en influençant les réponses des praticiens interviewés notamment par la crainte d’être jugés, et ce bien que nous ayons porté une attention particulière et verbalisée aux médecins, de confidentialité et de non-jugement.

Conclusion

Cette étude qualitative sur la prise en charge de seconde intention du médecin généraliste de l’épaule douloureuse non traumatique a permis d’apporter des éléments de réponse aux questions posées au début de ce travail.

Si initialement le non-respect des recommandations des sociétés savantes nous apparaissait être lié à un défaut de connaissance des médecins généralistes ou à des difficultés diagnostiques, liées notamment à la complexité de l’examen clinique de l’épaule et au manque de formation des praticiens, ce travail nous montre que nous faisions peut-être fausse route.

Les médecins généralistes interrogés ont conscience que leur prise en charge diffère selon des facteurs déterminants qui sont multiples. Ils ne semblent pas le percevoir comme une difficulté, mais plutôt comme une réalité liée au terrain et à leur exercice. Ils ont tous développé des stratégies différentes, permettant de s’adapter à ces facteurs. Le recours aux examens complémentaires de seconde intention, l’orientation vers un spécialiste, ou encore l’implication dans la prise en charge en kinésithérapie sont guidés par l’expérience et les habitudes du médecin généraliste, avec un rôle prépondérant de son lieu de travail, du réseau de spécialistes auquel il a accès, et du patient lui-même.

Ces résultats sont d’ailleurs extrapolables à beaucoup d’autres missions du médecin généraliste comme le suivi des pathologies chroniques et d’autres pathologies professionnelles par exemple.

La reconnaissance en maladie professionnelle de certaines des pathologies liées à l’épaule douloureuse rajoute des difficultés supplémentaires dans la prise en charge de ces patients, qu’elles soient administratives ou liées à l’accessibilité des médecins du travail ; néanmoins les médecins généralistes ont pour certains établis des protocoles permettant de faciliter ces démarches, protocoles qui pourraient être généralisés via des applications de E-santé qui commencent à apparaître dans certaines régions.

Aussi, au travers de nos entretiens, nous avons le sentiment que les praticiens ne semblent pas éprouver le besoin d’une mise à jour des recommandations à ce sujet, ni d’une amélioration de la formation à l’examen clinique de l’épaule. Ils nécessitent, probablement davantage, de l’aide pour faciliter la communication entre les intervenants, peut-être en passant par la réalisation de groupes d’échanges entre les médecins généralistes et les rhumatologues, les chirurgiens, les kinésithérapeutes, les radiologues et les médecins du travail, afin de souligner ce que chacun attend de la prise en charge de seconde intention de ces patients.

Enfin, la participation de plus en plus fréquente des médecins généralistes à la rédaction des recommandations de la HAS, comme récemment au cours de la crise sanitaire actuelle de la Covid 19 (21), offre des perspectives intéressantes comme celle d’un véritable consensus entre les différents acteurs de la prise en charge, ce qui permettrait de rendre ces nouvelles recommandations plus adaptées à la réalité du terrain et aux contraintes de la pratique en soins primaires.

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