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non limiées, il sera bon de mettre l'organisme en état de supporte l'opération. On commencera donc par reconstituer

le malae par un traitement

antidiabétique approprié. Des

pansemnts antiseptiques, le

repos,

l'immobilisation,

l'élé-— 40

-vation du membre permettront d'attendrela limitation de la gangrène. Dès que l'amélioration sera évidente, que la quan¬

tité de sucre dans les urines aura diminué,

l'amputation

serapratiquée.

Mais à quel niveau amputera-t-on ? A priori, il est évident que se montrer trop économe serait dangereux. Se rappro¬

cher trop des limites du mal serait s'exposer à avoir de la gangrène des lambeaux, de la récidive dans la plaie. Dans les gangrènes

diabétiques,

il existe souvent des fusées pro¬

fondes,

dépassant les limites apparentes de l'afïecfion.

L'amputation basse pourrait porter sur des tissus déjà sphacélés etincapables de servir à la réparation. Ce serait inévitablement une amputation secondaire pour plus tard, c'est-à-dire pour un malade déjà débilité tous les risques

d'un nouveau trauma.On coupera donc dans les tissussains;

c'est le seul moyen d'avoir des lambeaux en état de siffire à

la cicatrisation. C'est à l'amputation élevéequ'ont eu 'ecours * M. le professeur Démonset M. le Dr

Dubourg

; les résultats

obtenus ont été parfaits. Aussi, ne saurions-nois trop

recommander d'agir suivant leur exemple.

C'est d'ailleurs la méthode suivie et préconiséepar des chirurgiens

étrangers

éminents. Kœnig

(*)

est bien, il est vrai, partisan de

l'amputation

basse retardée, maisscilement dans les cas de gangrène limitée, sèche ou humice ; mais dans lecas de gangrène non limitée, à marche

enva.issante,

il se prononce nettement pour

l'amputation

éleve. Si la

gangrène est limitée, Kœnig ampute à deuxou troi travers de doigt au-dessus de la zone d'inflammation qui ei

indique

la limite. Mais si l'état s'aggrave, s'il survient desphénomè¬

nes comateux, si les phénomènes inflammatoires

gangré-neux prennent repidement de

l'extension,

il aigmente notablement cette distance. Landow, assistant

deKœnig,

exprime ainsi la conduite du professeur: «

S'agissat-il,

par

exemple, d'un processus encorelimité au pied, non avons

(!)Lacq, Thèsede Toulouse, 1893.

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pratiqué l'amputation au milieu de la jambe; au contraire, la gangrène ou le phlegmongangreneuxs'étaient-ilsétendus

avec une grande rapidité sur la jambe,nousn'hésitons pasà amputerdans le genou, à la Gritti, ou dans le milieu de la cuisse. Dans le cas de gangrène constamment progressive,

on doit tenir compte de la

rapidité

d'extension duprocessus, pour apprécier la distance entre le lieu d'opération et le

domaine affecté. »

Heidenhain

(*),

dans son rapport sur la clinique deKûster, admet

énergiquement

avec Kûster

l'amputation élevée.

Les

cas cités par lui ne portentque sur des gangrènes diabéti¬

ques des membres inférieurs. Kûster opéra 11 diabétiques,

dont 4 moururentdanslecomaet 1 à la suite decomplication

viscérale. Il a fait remarquer que tous ceuxqui furent opé¬

résau genou ou au-dessus du genou guérirent. Au con¬

traire, ceux pour lesquels on fit des amputations basses,

eurent de la

gangrène

des lambeaux et nécessitèrent des amputationssecondaires. 11 attribueces résultats a l'athé-rome si

fréquent

chez les

diabétiques.

Le plus souvent, en effet, il a trouvé les artères de la jambe oblitérées jusqu'à l'artère

poplitée.

Les conclusions d'Heidenhain sont les sui¬

vantes :

S'il y a extension au dos ou à la plante du pied, il faut amputer au-dessus descondyles du fémur;

L'amputation au-dessousdu genou est souvent accom¬

pagnée de gangrènedes lambeaux et met la vie du malade

en danger;

L'amputation élevée est

indiquée

quand la gangrène progresse, mêmes'il n'y a pas de fièvre.

Hutchinson

(2),

dans la gangrène

diabétique

comme dans la gangrène sénile, recommande d'amputer toujoursau tiers inférieur de la cuisse. Powers

(3)

adopte les conclusions

(') Lacq, Thèse de Toulouse 1893.

û) Lacq, Thèse de Toulouse 1893.

(q Powers, Am. J.of the Med. Se. of Philci., 1892.

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d'Heidenhain.Godlee

(4)

distingue les gangrènes diabétiques

par artérite, douloureuses,à marcherapide, etles gangrènes

par névrite, plus lentes et moins douloureuses. Dans lepre¬

mier cas il recommande

l'amputation

élevée,dans le second il autorise à se rapprocher des limites de la lésion. Godlee cite le cas d'un homme de quarante-huit ans, alcoolo-diabé-tique, atteint de gangrène au niveau del'ongle du gros orteil.

Il fit

l'amputation

circulaire au-dessus du genou, la guérison fut complète. L'athérome remontait jusque dans l'artère poplitée.

Dans un chapitre précédent, nous avons reconnu la fré¬

quence de l'athérome chezles diabétiques ; aussi, en raison de cet état des vaisseaux, recommandons-nous, avec nos

maîtres, l'amputation haute. De cette façon, 011 sera sûrde

ne pas laisser dans les lambeaux de vaisseaux oblitérés qui en amèneront la gangrène. Plus particulièrement, dans le cas de gangrène

diabétique

des membres inférieurs, nous donnons le choix à

l'amputation

de la cuisse vers le tiers in¬

férieur. L'irrigation des lambeaux y est en effet mieux qu'ailleurs assurée par les anastomoses de la fessière, de

l'ischiatique

etde l'artère satellite du grand nerf sciatique.

Pour les membres supérieurs l'amputation sera aussi élevée. L'indication du niveau ne repose pas, comme pour les membres inférieurs, sur des raisons

anatomo-pathologiques.

On opérera de telle sorte qu'on puisse avoir des lambeaux en bon état et dont la nutrition soit as¬

surée.Lasection ne devra porterque sur des tissus absolu¬

ment sains.

Ilsera avantageux

d'opérer

aussi rapidementquepossible.

Le peu de durée de l'opération diminue en effet l'importance

de la perte de sang, et il n'est pas indifférent d'éviter de spolier un malade déjà affaibli. Avec nos maîtres, nousré¬

pudions l'emploi de la bande d'Esmarch et de tout autre moyende compression.La compression exercée constitueun

(Û Godi.ee, The Lancet 1892,

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traumatisme qui, chez le

diabétique, peut être l'origine d'un

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