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I. Le merveilleux et son pacte implicite avec le lecteur

1. Le merveilleux et la fantasy

1.3. Eléments empruntés, mythes et légendes qui parlent à l’imaginaire commun

1.3.4. Lieux

L’influence celtique et les légendes arthuriennes traversent Harry Potter. Aussi peut-on faire un parallèle entre la cité de Camelot et le château de Poudlard, mondes dans lesquels évoluent des « guerriers », des magiciens et des fées : Dumbledore n’est-il pas le parfait pendant de Merlin ? La fée Morgane, issue de la littérature galloise médiévale, elle- même influencée par les mythologies celtiques pré-chrétiennes ou le folklore brittonique est présentée par le biais des cartes des Chocogrenouilles. L’ambiance y est semblable : des bâtiments aux allures de forteresse avec de nombreuses tours, remparts et escaliers de pierre avec passages secrets et portes dérobées. Le lac, comme la forêt magique, sont autant d’apports celtiques dont les héros doivent se méfier.

La forêt de Mirkwood (en sindarin « Eryn Galen », en français « Forêt Noire » connue également sous le nom de « Vertbois-le-Grand » avant l’arrivée de Sauron en l’an 1050 au troisième âge du Soleil) est aussi un endroit peuplé d’esprits maléfiques (Mouches et araignées géantes, Orques, Wargs...) et très hostile. Voici ce qu’en dit Beorn :

Mais votre trajet au travers de Mirkwood est sombre, dangereux et difficile, dit-il. Il n'est pas aise d'y trouver de l'eau, non plus que de la nourriture. La saison des noix n'est pas encore venue (bien qu'elle puisse, certes, arriver et passer avant que vous ne soyez de l'autre côté) ; or, les noix sont a peu près tout ce qui pousse là de mangeable ; dans ces forêts, les choses sont noirâtres, étranges et sauvages. […]. Il y a là, je le sais, une rivière noir et forte qui croise le chemin. Il ne faudra surtout pas y boire, ni nous y baigner ; car j’ai entendu qu’elle porte un charme et transmet une grande somnolence et l’oubli. D’autre part, dans les ombres indistinctes de ces lieux, je pense que vous ne tirerez rien de sain ou de malsain sans vous écarter du chemin. Et cela, il ne le faut POUR RIEN AU MONDE (B.L.H., chap. VII, p. 140-141).

C’est la forêt la plus vaste à l’Ouest de la Terre du Milieu au Troisième âge, dans une région sauvage appelée Rhovanion. Elle est bordée au nord par les Montagnes Grises (Grey Mountains sur la carte), au sud par les Terres Brunes, à l'ouest par les Monts Brumeux (Misty Mountains sur la carte) et à l'est par la Rivière Courante ou Celduin en langue Elfique (River Running sur la carte). Au Nord-Est tentent de résister les Elfes qui

vivent dans le Royaume de Thranduil (ElvenKing’s Halls sur la carte). Selon Tolkien,

Mirkwood est un nom emprunté aux légendes et typographies germaniques.77

Carte du Rhovanion, appelée Pays sauvage, dessinée par Tolkien dans The Hobbit et dans laquelle apparaît la forêt de Mirkwood.

La Terre du Milieu est décrite par Tolkien comme étant notre Terre mais à une époque très ancienne (et imaginaire ?) où vivaient les hommes. Le terme relève t-il de son invention ? Tolkien répond :

La Terre du Milieu n'est pas [...] de ma propre invention. C'est une modernisation, ou une

altération [...] d'un terme ancien désignant le monde habité par les Hommes, oikoumene :

milieu parce qu'elle est vaguement figurée comme placée entre les Mers encerclantes et

(dans l'imagination du Nord) entre la glace au nord et le feu au sud. V. anglais middan-

77 TOLKIEN, J.R.R., Guide to the Names dans A Tolkien Compass (Jared Lobdell) et A Reader's Companion

geard, moyen a. midden-erd, middle-erd. De nombreux critiques semblent croire que la

Terre du Milieu est une autre planète !78

Quant à la géographie des lieux il précise :

« En ce qui concerne la forme du monde au Troisième Âge, j'ai bien peur qu'elle ait été conçue « pour l'histoire » et non suivant la géologie, ou la paléontologie ».79

Ainsi, l’univers de La Terre du Milieu devint et reste la plus grande invention de J.R.R. Tolkien, rendant compte de sa très grande créativité.

Notons cependant que la « Terre du Milieu » n’est pas encore mentionnée comme telle lors de la parution du Hobbit, et les lieux sont nommés de manière descriptive davantage que par des noms propres. Tolkien parle alors des Grandes Terres (les Contes Perdus, 1916- 1917). C’est à travers Le Silmarillion80 que Tolkien décrit précisément la genèse et l’histoire du monde d’Arda (terre originelle). La Terre du Milieu recouvre le continent central d’Arda, elle est nommée Endor par les Elfes. Une première carte de la Terre du Milieu apparaît dans le premier tome du Seigneur des Anneaux81. Nous vous présentons ici la carte de 1954, inventée par Tolkien mais retravaillée et annotée par Tolkien et Pauline Baynes en vue d’une nouvelle publication en 1970.

78

Lettre n° 211, à Rhona Beare (14 octobre 1958), dans TOLKIEN , J. R. R., Lettres, [« Letters of J.R.R. Tolkien »], Christopher Tolkien et Humphrey Carpenter (trad. Delphine Martin et Vincent Ferré), Christian Bourgeois Editeur, octobre 2005, p.711.

79

Lettre n° 169 à Hugh Brogan (11 septembre 1955), Ibid.

80 En 1917, Tolkien écrit son premier conte sur la future histoire d'Arda : La Chute de Gondolin, puis de

nombreux autres contes suivent, réécrits à plusieurs reprises et acquérant vers 1937 leur nom final de Quenta

Silmarillion. The Silmarillion fut quant à lui fut publié en 1977, chez Allen & Unwin.

81

Auteurs : J.R.R. Tolkien et Pauline Baynes (illustratrice anglaise). Carte publiée le vendredi 23 octobre 2015, dans The Guardian, 2015 ; Citylab, 2015.

Sur cette carte on peut voir le pays d’Eriador, dans lequel vivent les Hobbits (la Comté).