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Le non-lieu du camp Si le camp moderne a été installé dans la frontière, que raconte-il dans son

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C. Le non-lieu du camp Si le camp moderne a été installé dans la frontière, que raconte-il dans son

rapport à l’espace, à son public. Avant de s’interroger sur l’application possible de la notion de « non-lieux » à ces nouvelles formes de camps, il s’agit de s’intéresser à la distinction entre espace et lieu afin de catégoriser les camps. . . . .a. Lieu et espace . . .

« J'aimerais qu'il existe des lieux stables, immobiles, intangibles, intouchés et presque intouchables, immuables, enracinés ; des lieux qui seraient des références, des points de départ, des sources : Mon pays natal, le berceau de ma famille, la maison où je serais né, l'arbre que j'aurais vu grandir (que mon père aurait planté le jour de ma naissance), le grenier de mon enfance empli de souvenirs intacts… De tels lieux n'existent pas, et c'est parce qu'ils n'existent pas que l'espace devient question, cesse d'être évidence, cesse d'être incorporé, cesse d'être approprié. L'espace est un doute : il me faut sans cesse le marquer, le désigner ; il n'est jamais à moi, il

ne m'est jamais donné, il faut que j'en fasse la conquête. »43

Georges Perec Espace et lieu. Lieu et espace. Deux notions très proches, qu’on distingue différentes. Ce ne sont pas deux termes qui s’opposent, mais deux termes qui se suivent dans le récit, qui s’entremêlent. Michel Lussault définit le ‘lieu’

comme la plus petite unité spatiale complexe de la société44. Du latin locus, le

lieu est un endroit, un interstice de la société. ‘Avoir lieu’, il est le début, la condition initiale pour tout espace. L’individu possède une connaissance du       

43 Georges PEREC, Espèces d'espaces, Paris, Denoël/Gonthier, 1974, p. 140.

44 Lieux° 4, in LÉVY J. & LUSSAULT M., Dictionnaire de la géographie et de l’espace des

sociétés, Paris, Belin, 2003

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lieu, qu’il peut partager avec d’autre et ainsi contribuer à la double existence du lieu : tout d’abord physiquement ou géographiquement et ensuite par la représentation mentale mimétique des personnes en discutant. La notion de lieu appelle celle de la stabilité. Yi-Fu Tuan conçoit le lieu comme une sorte d’espace en puissance stabilisé et sécurisé. La stabilité illustre la temporalité du lieu : avant qu’il soit ‘post-processé’ en espace, le lieu offre une vision entière et globale. Elle est sécurisante, puisqu’elle est contrôlée, figé pour cet état et concrète. Le lieu est ‘prévisible’. On sait ce qui peut s’y passer, il y a évidemment une marge de changement, mais très faible. On fait appel à une connaissance du lieu, une compétence commune à tous.

Parallèlement, l’espace est changeant, et la connaissance de sa pratique n’est pas une valeur donnée. Elle découle de l’expérience de l’utilisateur.

« L’espace serait au lieu, ce que devient le mot quand il est parlé »45. D’un

lieu représentation mentale, l’individu l’exprime en un espace qu’il va animer par la signification désirée. Cette animation est sujette à l’interprétation à la fois de son acteur et de ses spectateurs. Le lieu se suffit aussi à lui-même dans sa signification… Les espaces ne sont pas mesurables, ils sont abstraits, et il est très difficile de se saisir de tout ce qui les composent. L’espace apparaît comme un lieu déqualifié ou peu qualifié. C’est ainsi qu’on peut facilement l’animer pour lui donner du sens, lui rajouter des termes pour le définir : espace jeux, espace-temps. En somme, l’espace est un lieu pratiqué. Le lieu précède l’événement ou l’expérience qui le transformera en espace par le biais de l’individu auquel il s’applique.

On a tous la compétence spatiale à parcourir et transformer le lieu. .

« Un véritable lieu n’existe pleinement qu’en tant qu’il possède une portée

sociale, en termes de pratiques comme de représentations, qu’il s’inscrit comme un objet identifiable, et éventuellement identificatoire, dans un fonctionnement collectif, qu’il est chargé de valeurs communes dans lesquelles peuvent potentiellement – donc pas systématiquement – se       

45 de CERTEAU Michel, L’invention du quotidien, Paris, 1990, p.476.

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reconnaître les individus. »46 L’espace qui en découle l’est dans une

perspective individualiste, chacun avec sa propre « poesis ».

Le camp est un espace. Outre la définition par l’État de la zone d’attente

comme un « espace physique », la loi Sarkozy de 200347 a déplacé la zone

d’attente de son emprise bâtie à tout espace dans lequel se trouve le maintenu et dans lequel il sera amené à habiter. Ainsi, c’est l’individu par ses faits et son état qui définit sa propre structure d’enfermement. Elle le suit comme une ombre, et occupe chaque espace qu’il sera amener à visiter, traverser.

La localisation précise de cet endroit importe peu, ce qui est primordial, ce sont les caractéristiques qui s’y appliquent et qui en font un espace d’exception.

      

46 Lieux° 4, in LÉVY Jacques & LUSSAULT Michel, Dictionnaire de la géographie et de

l’espace des sociétés, Paris, Belin, 2003

47 « La zone d’attente s’étend, sans que l’on est besoin de prendre une décision

particulière, aux lieux dans lesquels l’étranger doit se rendre, soit dans le cadre de sa procédure en cours, soit en cas de nécessité médicale ».

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Pour devenir un espace, la zone d’attente nécessite un endroit praticable. Le lieu, tel qu’on le définit dans la société moderne ne peut remplir ses fonctions. Principalement, car à l’intérieur même de la ville, on ne voudrait d’un tel espace. Imaginons la zone d’attente, juste à coté de la librairie, du restaurant, de la crèche, de l’hôpital, du club de bingo, ou bien encore de l’hôtel de ville… La zone d’attente se serait transformée autrement à l’intérieur d’une figure plus propice à cohabiter dans un milieu urbain et

peuplé. Elle serait le centre de rétention administrative48. Quelle est donc la

forme du « lieu » pour ces espaces autres ?

Le camp est le lieu de l’exception politique, il est le résultat de la production

d’une différence d’ans l’ordre du monde.49 Il est installé à l’intérieur des

frontières modernes et marque un seuil supplémentaire. C’est un espace

voué à l’exclusion, exclu de la société.50 Ce camp qui est en rupture avec les

lieux de la modernité, est quelque chose qui ne fait plus sens avec ce qui était auparavant. Il concerne des individus qui « excèdent » le sens d’un lieu.

. . . b. Lieux, non-lieux et la place de la surmodernité . . . « Si un lieu peut se définir comme identitaire, relationnel et historique, un espace qui ne peut se définir ni comme identitaire, ni

comme relationnel, ni comme historique définira un non-lieu. »51

Pour Marc Augé, le lieu en plus de refermer les conditions d’effectivité de l’espace, s’ancre dans une temporalité. Il se démarque par l’intégration de       

48 Aussi appelé par l’acronyme CRA, ces camps ‘urbains’ se situent dans les préfectures

de polices, ou bien chez le retenu s’il est assigné à résidence. Traitant des mêmes problématiques d’immigration, les CRA diffèrent puisqu’ils « s’occupent » des étrangers déjà présents sur le territoire.

49 On se reportera au premier chapitre de ce mémoire. 50 On se reportera au second chapitre de ce mémoire. 51 AUGÉ Marc, Non-lieux, Seuil, 1992, pp.100

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l’ancien et du moderne en son sein. Le lieu moderne peut appartenir à un langage ancien, contemporain ou être un dialogue entre les deux. Dès lors qu’un espace rompt ce lien à une histoire, il ne deviendra pas un lieu. Ce ‘lieu’ qui ne cherche pas à s’inscrire dans la société, mais plutôt à s’en détacher est appelé par la négation du premier, un « non-lieu ».

La notion de « non-lieu » renvoie tout de suite à sa signification juridique52.

Elle instaure une situation exceptionnelle qui amène à considérer le cas comme inexistant. Comme si ce n’était ni le temps ni l’espace de considérer ces faits, puisqu’ils ne prennent pas de sens dans cet espace particulier. Ils ne sont donc pas rattachable à des droits et règles et ainsi ne peuvent être sanctionnés. Ce dérivé thématique du non-lieu n’est pas sans rappelé le caractère d’exclusion des artefacts de frontières, ainsi que des camps modernes.

La distinction entre lieu et non-lieu se fait à travers l’opposition du lieu à l’espace. Nous avons défini plus haut, l’espace comme un lieu peu qualifié. C’est dans cette absence de caractérisation et de spécificité que l’espace se meut en non-lieu.

En suivant le raisonnement dromocratique de Paul Virilio, c’est à la vitesse qu’il faut inculper le manque de pratique de l’espace aujourd’hui. La vitesse, paradigme de la société moderne, laisse place à l’accélération qui ne laisse elle pas le temps nécessaire à l’espace pour devenir un lieu. Il ne peut intégrer l’histoire, se créer une identité et des relations qu’au travers d’instantanés qui seraient tels des citations dans un texte. Une anecdote ne contribuant pas à la structure de l’appareil. « Ce que contemple chaque jour le spectateur de la modernité, c’est l’imbrication de l’ancien et le moderne. La sur modernité,

      

52 Dictionnaire Larousse, définition de non-lieu : décision de clôture par laquelle une

juridiction d'instruction déclare qu'il n'y a pas lieu de continuer les poursuites.

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elle, fait de l’ancien (de l’histoire, ndlr) un spectacle spécifique (…) qui joue

le même rôle que les ‘citations’ dans le texte écrit. »53

C’est ainsi que se forme le « non-lieu ». Il se constitue par rapport à une certaine fin, et entretien un rapport particulier avec son usager. « Les non lieux pourtant sont la mesure de l’époque ; mesure quantifiable et que l’on pourrait prendre en additionnant, au prix de quelques conversion entre superficie, volume et distance, les voies aériennes, ferroviaires, autoroutières et les habitacles mobiles dits « moyens de transport » (avion, train, cars), les aéroports, les gares et les stations aérospatiales, les grandes chaines

hôtelières. » 54. Le lieu et le non-lieu sont donc deux réalités opposées dans la

pratique de l’espace: le lieu ne s’efface jamais complètement, laissant une trace dans l’espace, qui viendra écrire l’histoire du lieu ; le non-lieu ne devient jamais totalement un espace. Il manque toujours un élément, une connaissance à son usager. Il est soit seul, soit insuffisamment relié à la société.

Marc Augé appose la caractérisation de non-lieu à tous les espaces que l’homme traverse en inconnu : ceux où il n’appréhende pas l’espace avec sa fonction dans la société : le supermarché, le train, l’avion … ce sont des espaces de passages de transit et de consommation. Ces nouveaux espaces

qui ont une fonction ‘existentielle’55 n’ont affaire qu’à des individus sans noms

ou identité. Ceux-ci ne sont pas identifiés, socialisés et localisé (par leur état civil) avant l’entrée et après la sortie de ces endroits. Ces non-lieux traduisent au mieux la société actuelle : ils en montrent les avancées absolues et tracent un réseau de nœuds entre les différents espaces qu’ils comprennent : aéroport, autoroutes, supermarchés, mais aussi prison, refuge, zone d’attente. Originellement défini comme des espace où aucun lien social ne pouvait se concrétiser, Marc Augé revient 13 ans plus tard sur la notion de non-lieu, dans       

53 AUGÉ Marc., Non-lieux, Seuil, 1992, p.138 54 AUGÉ Marc., Non-lieux, Seuil, 1992, p.101 55 définie par l’existence.

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un article intitulé « Paysages planétaires ». Le non-lieu reste l’espace de la sur modernité, un espace vouée à une utilisation temporaire, mais il permettrait un échange. Par son insertion, toujours plus profonde à l’intérieur de la surmodernité, le non-lieu participe à ses avancées technologiques, et il a aidé la prolifération d’un nouveau type de sociabilité. Il est l’espace qui a permis aux

réseaux de télécommunications virtuels56 de se développer. Mais quelle est

la valeur d’un lien social virtuel qui nous permet à la fois de communiquer avec autrui tout en nous sentant seul devant nos moyens de communication ?

Le non-lieu est plus que jamais l’espace par excellence de notre société et de sa surmodernité. L’accélération qui la caractérise laisse sur place les témoins trop lents – ceux en marge de la société et qui ne peuvent suivre le rythme . Elle dépasse le passé et ses préoccupations et place l’individu à l’intérieur d’une course individuelle qui lui fera ressentir la solitude s’il n’arrive à se rattacher à d’autre courses individuelles.

Espaces d’exceptions, les non-lieux ont ceci de particulier qu’ils sont définis et construits autour de termes précis, dont l’interprétation peut permettre la « flexibilité d’intervention »dont ils sont pourvus. Leur mode d’emploi peut- être exprimé de manière informative, prescriptive, prohibitive, codifiée. Cela met en place une ligne de conduite, une manière de traverser et parcourir ces espaces surmodernes. Fréquemment la condition sous-jacente à la pratique de ses espaces, est une identification préliminaire. On est anonyme à l’intérieur du non-lieu, mais il est impératif que la sortie du lieu moderne ne soit pas accordée à n’importe qui, et que par la même le passager de la surmodernité lui corresponde. Le passager du non-lieu, contrôlé une première fois au début de sa « journée », ne retrouvera son identité que le définit qu’à l’ultime action qui marquera l’arrêt du non-lieu. Entre les deux événements, il doit cesser d’être singulier et suivre les codes établis. Privé d’identité et de singularité, il devient similaire à tous les autres sujets, et il devient aussi seul       

56 L’adjectif virtuel s’applique à la fois aux réseaux et au modes de communications.

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intérieurement qu’eux. « D’une certaine manière, l’utilisateur du non-lieu est

toujours tenu de prouver son innocence. (…) bien entendu les critères de

l’innocence sont les critères convenus et officiels de l’identité individuelle (ceux qui figurent sur des cartes et qu’enregistrent de mystérieux

fichiers).»57

Dans la même idéologie que le rêve américain le non-lieu est un espace qui

fait rêver, un espace où tout est possible58. Et c’est pour cette raison, que le

non-lieu est le lieu d’un afflux chaque jour plus important, à la façon d’une

énorme parenthèse59 qui pourrait toujours s’écarter un peu plus ses deux

symboles.

« Les camps, dans cette perspective, représentent le symptôme d’un espace externe qu’une certaine littérature définit comme ‘‘international’’ et qui, aujourd’hui, devrait plutôt être qualifié de ‘‘mondial’’ : un espace qui a toujours excédé l’espace discret des nations dont historiquement il a été investi, dévasté, colonisé, razzié ? et ‘‘racialisé’’, mais jamais complètement absorbé. Un espace qui, c’est le sens postcolonial du présent mondialisé, à chaque fois qu’il pénètre dans l’espace discret des Etats nationaux, en violant et en abolissant leurs frontières, bouleversant toute distinction entre interne et externe, produit des trous, des gouffres. Et dans chacun de ces trous, dans

chacun de ces gouffres, s’installe un camp. »60

Face à la figure du camp de réfugié, celle de la zone d’attente s’apparente à une ‘forme surmoderne’. D’abord par sa localisation au cœur des nations, au

milieu d’un espace riche. Puis par son application à un individu précis 61 et

      

57 AUGÉ Marc., Non-lieux, Seuil, 1992, p.128

58 Il est très intéressant de noter alors qu’Hannah Arendt a considéré le camp

comme l’espace de tous les possibles.

59 AUGÉ Marc., Non-lieux, Seuil, 1992, p.139

60 RAHOLA Federico, in«La forme-camp. Pour une généalogie des lieux de transit et

d’internement du présent»,Cultures & Conflits, n°68, hiver 2007

61 ne pas confondre avec un gestion individuelle de la situation.

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ensuite par la décision précédant le voyage qui s’est mis en pause prématurément dans le camp. Le camp de réfugié, le camp de transit ou bien encore la zone grise est un espace beaucoup plus vétuste, où l’on aurait conduit ‘‘avec moins que plus de consentement’’ un groupe de population qui est jugé indésirable dans leur ancienne localisation.

Aujourd’hui l’opinion publique est alertée sur ces derniers de façon plus fréquente que sur les zones au creux de la modernité. Le camp de réfugié et ses formes synonymes parlent par la masse personnelle qu’ils représentent, par l’urgence dont ils témoignent. Débordées, les ONG et les organisations gérant les lieux se retrouvent face au phénomène de l’encampement. Les camps, forme temporaire par excellence, prennent racine là où ils ont été implantés pour une durée afin de répondre à un afflux de populations qui avaient besoin d’une aide spécifique. Dans le camp, une nouvelle forme de ville s’est immiscée entre les tentes, un ordre social s’est développé, un réseau d’entraide et une hiérarchie communautaires ont été montés. Ces camps qui représentait avant l’endroit de la vie précaire sont en passe de devenir des métropoles (taille de population, importance dans la région…). Ils sont aussi en train de fausser toutes les théories qu’on leur avait attribuées, qu’on avait envisagés sur leur futur. «Les non-lieux, c’étaient, à mes yeux, des espaces du provisoire et du passage, des espaces sur lesquels on ne pouvait déchiffrer ni relation sociales, ni histoire partagée, ni signes

d’appartenance collective ». 62

En parallèle, les zones d’attentes ne changent pas d’un iota. Les loi les régissant se durcissant au fil des traités. Ces espaces ressemblant de plus en plus à des prisons. Là-bas, on se retrouve propulsé dans une vison extrêmement primaire de la société : on est rappelé à notre part animale. On nous autorise à y séjourner pour une durée limité, tout en nous incriminant ‘si on avait fait les choses dans les règles, on ne serait pas là.’

      

62 AUGÉ Marc., « Paysages planétaires », in Terre Natale, ailleurs commence ici, Acte

Sud + Fondation Cartier pour l’Art Contemporain, 2009, p. 107

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Le grand écart. C’est ce qui définit peut être le plus rapidement ce qui se déroule en terme d’espace et de modernité. D’un coté, l’aéroport flambant neuf, les avions, preuve de la suprématie de l’homme sur la machine et de son pouvoir sur la planète, les voyageurs « Vacances ou affaires ? », et toujours du même coté, mais caché, reculé, ces malheureux passagers qu’on empêche de continuer leur route. Maintenu pour ne pas dire enfermer, dans un camp dont les fenêtres donnent à voir en première loge le ballet aérien des atterrissages et décollages. Un véritable pied de nez pour ces individus maintenus au sol, mais qu’on veut absolument faire repartir dans une direction opposée à celle qu’eux souhaiteraient !

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Figure 11 - Photographie (c) Mathieu Pernot

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. . . c. Contagion de la bulle . . . « I shall be gone and live

or stay and die. » Shakespeare La zone d’attente enferme à l’intérieur des ses enceintes la population indésirable qui est aller ailleurs chercher une nouvelle nation. Elle les maintien un temps à l’arrêt avant de renvoyer loin, soit à leur pays de provenance, ou

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