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La zone d'attente : une lecture moderne du camp

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Academic year: 2021

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HAL Id: dumas-01807229

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Submitted on 4 Jun 2018

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La zone d’attente : une lecture moderne du camp

Amélie de Bonnières

To cite this version:

Amélie de Bonnières. La zone d’attente : une lecture moderne du camp. Architecture, aménagement de l’espace. 2011. �dumas-01807229�

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Amélie de Bonnières

La zone d’attente,

une lecture moderne du camp

une compréhension de la société actuelle à travers l’étude d’une de ses exceptions

UE 84 : L’empreinte des camps / Directeurs d’étude :Pierre Faucher et Jean Levêque

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Toutes les photographies et illustrations de ce mémoire sont la propriété de l’auteur sauf contrairement cité.

UE 84 : L’empreinte des camps / Directeurs d’étude :Pierre Faucher et Jean Levêque ensaNantes, / Soutenance janvier 2011 /©Arno Pro, Helvetica Neue

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« Loin d’ici, voilà mon but » Frank KAFKA

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« Notre temps – son impérialisme militaire moderne, les ambitions quasi théologiques de ses gouvernants despotiques et totalitaires – est le temps des réfugiés, des exilés, de l’immigration de masse. »

SAID E., “Reflections on Exile”, in Exile and Other Essays, Cambridge, Harvard University Press, 2002

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Sommaire

Préambule 13

Introduction et définition 17

0. La zone d’attente 23

a. Définition juridique

b. Qui est placé en zone d’attente ? c. Lu dans la Presse

d. Zapi 3, zone d’attente de l’aéroport Roissy-Charles de Gaulle e. Récit de voyage

A. Dimension technique et moderne du camp 47

a. Le progrès

b. Contrôle obligatoire c. Flux et individualité d. Arrêt, vitesse et société e. La machine moderne f. Biopolitique et camp

B. La frontière permet l’existence du camp 65

a. La frontière depuis la géographie b. La frontière comme un espace à tenir

c. La migration au sein de l’Europe d. L’artéfact de la frontière e. Frontière, et exclusion

C. Le non-lieu du camp 85

a. Lieu et espace

b. Lieux, non-lieux et la place de la surmodernité c. Contagion de la bulle Conclusion 101 Bibliographie 103

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Préambule

L’écorce terrestre a été gravée de nombreux camps, suivant une répartition toujours en mouvement, ils revêtent et prennent diverses formes. Les camps sont ancrés dans la mémoire internationale avec en apothéose, les camps de concentration d’extermination du régime nazi. Mais tout comme, il y a eu des camps ‘avant’, il y en ‘après’ la fermeture d’Auschwitz, Bergen Belsen et leurs homonymes polonais, français… Ces camps de l’après, on en construit toujours aujourd’hui. Camps de réfugiés, camps de travailleurs, camps d’immigrés, camp de tziganes, centre d’expulsion, centre de rétention administrative, zone d’attente … Quelles formes prennent-ils ? À qui sont-ils destinés ? Pourquoi existent-t-ils encore ?

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Comme l’a si bien dit Jean Cayrol dans Nuit et Brouillard : « Les nouveaux bourreaux, ont-ils vraiment un autre visage que le nôtre ? Il y a nous, qui regardons sincèrement ces ruines, comme si le vieux monstre concentrationnaire était mort sous les décombres, qui feignons de reprendre espoir devant cette image qui s'éloigne, comme si on guérissait de la peste concentrationnaire, nous qui feignons de croire que tout cela est d'un seul temps et d'un seul pays, et qui ne pensons pas à regarder autour de nous, et qui n'entendons pas qu'on crie sans fin. »

Comment a t-on pu laisser de nouveaux camps sortir de terres ? Sans rien dire ? Comment ces prisons d’un autre genre peuvent-elles cohabiter avec un monde ou l’on arrête plus les avancées technologiques ?

Le choix d’un camp contemporain permet d’essayer de comprendre la forme que prend notre monde aujourd’hui. Aujourd’hui, où il est si facile pour certains, grâce à un rectangle de papier plastifié et l’appartenance au bon groupe, de se déplacer entre plusieurs pays, d’habiter à un endroit puis un autre au gré des envies et des possibilités ; mais, pour d’autres qui se retrouvent face à la nécessité de quitter l’espace auquel ils « appartenaient », cette même appartenance leur complique la vie, et les empêchent d’aller s’installer ailleurs, au calme, à l’abri, dans un environnement où l’on peut vivre décemment. Et pourquoi, une telle différence, juste par le fait d’être à un endroit du globe plutôt que quelques kilomètres plus loin, pour avoir subi un régime totalitaire, ou avoir été le témoin d’un génocide ? Par ce qu’on vient du même endroit qu’un opposant politique ?

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Prendre comme objet d’étude, un camp tel que la zone

d’attente pour personnes en instance1 de l’aéroport Roissy -

Charles de Gaule, ou si joliment appelé ZAPI 3, c’est s’exposer à un sujet actuel, tabou et qui nous renvoie une image bien noire et inégale de notre société. Mais c’est aussi

étudier un lieu à l’accès pour les ‘autres’2 si facile, et pour nous,

personnes en règle, ‘curieux’ de ce qui s’y passe, quasiment impossible. L’accès aux zones d’attentes pour le civil est extrêmement restreint, puisque ces lieux sont textuellement là pour assurer notre sécurité. Pour pouvoir rentrer dans le centre-camp, il faut soit être une personne politique à laquelle la visite rentre dans ses exercices de fonctions, soit faire partie de l’association de la Croix-Rouge ou de celle de l’Anafé, et être un bénévole en place pour 6 mois. C’est d’ailleurs ainsi qu’Anne de Loisy, a pu faire une enquête clandestine et publier par la suite son livre Bienvenue en France : six mois « enquêtes clandestines dans la zone d’attente de Roissy ». Quelques photographes ont pu venir et prendre des photos,

mais toujours escortés de deux agents de la PAF3 et avec

l’interdiction formelle de communiquer avec les retenus. L’accès au camp me sera donc refusé, au mieux je peux l’aborder par l’extérieur. Cette réalité m’a amené à me poser la question de la distinction espace/lieu et à fortiori, comment la zone d’attente pour personnes en instance devient un non-lieu.

      

1De quoi ? ça n’est pas précisé dans la détermination, même le lieu ne sait pas que

faire de ses pensionnaires, si ce n’est leur offrir un repas à heure fixe, un toit sur leur tête en attendant …

2 Ceux qui n’y sont pas retenus 3 Police aux frontières

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Cette hypothèse de départ a été appuyée par la loi du 26 novembre 2003, qui a instauré que la zone d’attente s’étend à tout endroit ou espace où doit se rendre le ‘maintenu’. La ZAPI, n’est plus comprise entre la matérialité des murs, mais elle prend le volume de chaque pièce où se trouve la personne retenue.

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Introduction – définitions & terminologie

Camp : n. m., du latin campus « plaine, place, large espace », ce mot est le doublet lexical de champ ; 1. mil : lieu de stationnement ou d'instruction d'une formation militaire ; cette formation elle-même ; 2. lieu où, pour des raisons exceptionnelles ou politiques, sont rassemblées et installées (de façon très sommaire) des personnes ; l'ensemble des installations et des personnes qui y vivent : Camp de réfugiés.4

Aujourd’hui, le terme « camp » se réfère parmi d’autre définitions au lieu où l’on maintien sous contrôle des groupes d’humains indésirables. « Le seul territoire ‘possible’ où reconduire et confiner l’humanité en mouvement

entre les frontières et les appartenances univoques »5.

L’origine du camp, comme espace spatial de confinement, remonte à l’ère coloniale. Les premières expériences d’internement et de détention administrative de « civils » ont eu lieu dans le ‘laboratoire’ des colonies : à Cuba, par les espagnols en 1894, puis au début du vingtième siècle en Afrique du Sud par les britanniques lors de la guerre contre les Boers. Cette institution coloniale a débarquée en Occident, avec le retour des Colons dans leurs patries d’origines. Dans les colonies, les camps étaient « destinés » aux indigènes qui ne correspondaient pas aux critères de l’occupant. Importés en Europe, lors de la première guerre mondiale, ils servent tout d’abord pour les prisonniers de guerre, avant ‘d’accueillir’ les civils de nationalité ‘étrangère’. Petit à petit, avec le remaniement des frontières, les camps se propagent et on y interne l’excédent de population dont on ne sait que faire sur ces nouveaux territoires annexés. Ils sont le lieu de l’exception.

A la fin du XXème siècle avec l’espace Schengen, les camps reprennent cette même forme, mais au lieu d’être à l’échelle européenne, c’est à l’échelle       

4 Dictionnaire Larousse en ligne

5 in RAHOLA F., « La forme-camp. Pour une généalogie des lieux de transit et

d’internement du présent », Cultures & Conflits, n°68, hiver 2007

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mondiale. Tout ce qui hors de l’Europe peut être considéré comme excédent, si l’élément n’a pas de papiers en règle, ou simplement une cinquantaine d’euros par jour (montant minimum pour « survivre » en France).

En Europe, l’emploi du terme « camp » se fait avec beaucoup de précaution. Le mot est chargé d’une lourde et sombre histoire. Tant et si bien, que l’on oublie le rapprochement étymologique avec le terme « camping ». En s’intéressant à la culture américaine, on s’aperçoit qu’ils utilisent ce terme fréquemment : boys and girls camp, summer camp, RV camp, trailer camp … les différents camps militaires … ils ne voient le camp de concentration et d’extermination que par la trace qu’ils ont laissé aujourd’hui, des lieux de mémoire, des lieux d’histoire, témoins de ce qui c’est passé. C’est ainsi que Charlie Hailey propose sans équivoque de se pencher sur les différents

types de camps pour réfléchir à l’espace du 21ème siècle. Dans cet ouvrage de

300 pages, seulement 3 sont entièrement consacrés aux camps de concentrations. Deux cultures différentes, qui n’ont pas été marquées par l’Histoire de la même manière pour un même évènement. Pour la société européenne qui a été meurtrie par cet épisode de l’Histoire, ces lieux sont abjects, horribles, inconcevables, mais pourtant ils doivent être maintenus pour que l’on n’oublie jamais ce qui c’est passé.

Ainsi, ces lieux contemporains où sont rassemblés des personnes pour des raisons administratives et politiques sont nommés par des termes similaires, mais moins connotés : centre, zone.

Centre : n.m. (du latin centrum, du grec kentron)

Lieu où sont rassemblés des personnes ; organisme consacré à un ensemble d’activités ; personne, chose vers laquelle convergent l’attention, l’intérêt ; point essentiel, cœur ;

Zone : n.f. (du latin ‘zona’ ceinture)

étendue de terrain, espace d’une région, d’une ville, d’un pays, ect… définis pas certaines caractéristiques ; portion d’espace quelconque ;

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Le centre renvoie à un rassemblement de personnes en un même endroit, un mouvement non nécessairement forcé et contraint - lorsque le camp implique le regroupement, et on opère une distinction entre rassembler et regrouper : on se rassembler & on est regroupé. Ce terme rappelle aussi le caractère de l’assistance pour ceux qui le gèrent. Le « centre » a aussi une signification géographique, c’est un endroit donné, délimité. Tout comme la zone fait écho à un morceau de l’espace physique et géographique, les deux termes sont avant tout un périmètre de sol auquel on viendra par la suite définir des spécificités, appliquer une exception.

Mais pour arriver à une équivalence linguistique entre le terme camp et ses pendants « politiquement corrects », il a été nécessaire de rajouter des qualificatifs à ces derniers. Ainsi, on associe à la zone la notion d’« attente » pour qualifier ce qui s’y passe, ou bien la « rétention » vient déterminer ce qui se passe dans le centre. L’un comme l’autre, la zone et le centre sont des mots neutres couramment employés dans le jargon quotidien sans aucune connotation. Les annexes qu’on leur a ajouté permettent de se recentrer sur ce qui se passe dans un camp, ou ce qui ne s’y passe pas.

Attendre : v.t. (latin attendere, être attentif)

rester en un lieu jusqu'à ce que quelqu'un arrive, que quelque chose soit prêt ou se produise ; différer d'agir jusqu'à ce que quelque chose se produise, jusqu'à une certaine date.

La ‘zone’ pointe la caractéristique de l’attente. Le camp n’est pas dans une logique de productivité, c’est le lieu de l’attente, le lieu d’une productivité

nulle6. Un endroit où les individus stagnent jusqu’à ce qu’un événement

vienne déclencher un changement dans leur état.

Si on utilise un autre terme que celui de ‘camp’, il faut pouvoir y injecter le caractère forcé non volontaire de l’espace. C’est ainsi qu’on accole       

6 Camps de travail … dans la mesure où le travail devient obligatoire, et que

l’individu n’existe que par sa capacité à travailler, la productivité propre à l’être est nulle

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«rétention » au centre, et dans les textes de lois, maintien dans la zone. Retenue en CRA ou maintenu en zone d’attente, malgré la graduation que la justice instaure entre retenir et maintenir, la personne est enfermée, on réduit sa liberté et ses droits. Elle y ‘est’, mais ne peut rien y faire, ne peut agir.

Rétention : n. f. (latin retentio, de retinere, retenir)

Mesure coercitive permettant à l'autorité publique de retenir une personne pour une durée limitée aux fins d'investigations (par exemple pour une vérification d'identité ou une enquête douanière).

Retenir : vt, garder par devers soi ce qui est à un autre Maintenir :vt, garder dans le même état

Le terme camps englobe toutes ces notions, sans équivoque, ainsi que l’ambiguïté permanent/temporaire.

Depuis toujours, le campement est la forme architecturale temporaire par excellence, il représente un élément que l’on peut déplacer, remonter à l ‘infini dans de multiples localisations et répondant ainsi à des besoins divers et variés.

Liste des dénominations par pays :

Allemagne : Ausreizencentrum7

Angleterre : Holding camps & detention centers8

Belgique : centre d’inadmis

France : zone d’attente & centre de rétention administrative Espagne : CIE : Centros Internamento Extranjeros9

Grèce : centre de détention

Grande-Bretagne : centre d’expulsions

Italie : CPT : Centri di permanenza temporanea e assistenza10

      

7 Centre d’évacuation

8 Camp de maintien et centre de détention 9 Centre d’internement des étrangers

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Puisqu’appeler ces espaces comme des camps ne peut se faire, que les définir comme centre ou zone, ne suffit pas sans leur ajouter des compléments, on peut se demander si l’on ne peut pas trouver un nouveau terme, actuel englobant toute les notions et leurs distinctions.

Dans un article paru dans la revue Culture & Conflits, Federico Rahola définit les camps que l’on retrouve aujourd‘hui sous le terme de « forme-camp ». La « forme-camp »qui est par généalogie, l’héritière des camps coloniaux s’est transformé au grès des ‘besoins’ de ces utilisateurs/régisseurs : camp de prisonnier de guerre, camps de concentration & camps d’extermination, camps de travailleurs, camp de réfugiés… Cette forme a dû s’adapter au terrain. Autant dans les colonies, les ‘frontières’ entres les différents camps (dans le sens de groupe de personnes) étaient claires, autant aujourd’hui les frontières entre les nations sont sans cesse en mouvement, et on se retrouve face à des ‘frontières brisées’. Cela ajouté à une société de plus en plus technique, de plus en plus mécanisée, et nous obtenons des frontières mouvantes en fonction de l’individu. « La forme camp est un espace extra territorial qui, en tant que tel, excède tout système et toute dimension

discrète de frontière ». L’espace du camp11 est un espace ‘autre’ ce que

Marc Augé, appelle dans son Anthropologie de la sur modernité, un « non-lieux ».

 

      

10 Centre d’identification et d’expulsion

4 On parlera d’espace du camp et non du lieu du camp. L’espace est un lieu déqualifié

ou peu qualifiable. Il en est de même pour le camp qui sera surtout qualifié par ses occupants, malgré que l’identification de ceux ci ne soit pas évidente.

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0. La zone d’attente

La zone d’attente est un espace physique où sont maintenues des personnes non admises à rentrer sur le territoire français.

. . . a. Définition juridique . . . L’ordonnance du 2 novembre 1945 prévoit dans les paragraphes bis et quater de son article 35 deux types de structures pour les immigrés en instance d’expulsion. :

L’article 35 bis, passé dans la loi du 29 octobre 1891, vise les étrangers faisant l’objet d’une mesure d’éloignement, d’un arrêté d’expulsion, ou d’un arrêté de reconduite à la frontière et mets en place les « Centre de Rétention Administrative » (C.R.A.).

L’article 35 quater concerne les étrangers arrivés par voie ferroviaire, maritime ou aérienne, à qui l’entrée en France est refusée ou la demande d’admission sur le territoire au titre d’asile en cours d’examen. Il s’applique d’abord dans des zones non affectées avant que la loi du 27 décembre 1994, instaure la structure actuelle de « Zone d’Attente ».

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Figure 1- Carte des zones d'attente en France juin 2006, source: Anafé

Zone d'attente aéroportuaire Zone d'attente portuaire Zone d'attente ferroviaire

0 100 km

Zones d'attente gérées par la Police Aux Frontières Zones d'attente gérées par les douanes

Locaux d'hébergement spécifique à l'accueil des étrangers arrivant sur le territoire

Espace frontalier maritime où peut être créee à proximité du lieu de débarquement une zone d'attente, et exposé à l'arrivée massive d'étrangers voyageant sans les documents nécessaires pour entrer en France.

Espace frontalier maritime où peut être créee à proximité du lieu de débarquement une zone d'attente, mais peu exposé à l'arrivée massive d'étrangers voyageant sans les documents nécessaires pour entrer en France.

Marseille Nice Toulouse Lyon Nantes Strasbourg Bordeaux Le Verdon Saint Nazaire Orly Roissy Dunkerque Le Havre Sète Rouen Brest Cherbourg Calais Lille Bayonne Clermont Ferrand

Le dispositif des zones d'attente en 2006

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La loi Quilliès du 6 juillet 1992 donne un statut légal aux espaces où étaient maintenus les étrangers qui se voyaient refuser l’entrée sur le territoire français. La notion de « zone d’attente » correspond donc à la fois à un espace et à un régime juridique, celui qui est appliqué, en attendant qu’ils soient éloignés ou admis à entrer en France, aux étrangers à qui les autorités françaises (ici la Police aux Frontières) refusent a priori l’accès au territoire parce qu’ils n’en remplissent pas les conditions légales, ainsi qu’aux étrangers qui demandent l’asile. L’espace de la zone d’attente est délimité par le représentant de l’Etat dans le département. Elle s’étend des points d’embarquement et de débarquement à ceux ou sont effectués le contrôle des personnes. Elle peut aussi inclure un lieu d’hébergement, proposant des prestations de type hôtelier, dans laquelle on doit trouver un espace permettant de s’entretenir confidentiellement avec les étrangers.

La loi Sarkozy du 26 novembre 2003 agrandit la définition spatiale de la zone d’attente : d‘un côté, elle permet la création de zone d’attente en dehors des zones ferroviaires, portuaires et aéroportuaires, et ainsi de répondre en cas d’afflux massifs. D’autre part, la zone d’attente est agrandie à tous les lieux dans lesquels le maintenu devra se rendre (tribunal de grande instance, bus, hôpital). Ainsi, la zone d’attente existe autour de la personne maintenue avant d’exister entre ses murs.

. . . b. Qui est placé en zone d’attente ? . . . Trois catégories d’étrangers peuvent être maintenus dans ces zones d’attentes :

- les étrangers qui arrivent en France par la voie ferroviaire, maritime ou aérienne et qui ne sont pas autorisés à entrer sur le territoire français, pendant le temps nécessaire à leur départ. - Les étrangers qui arrivent en France par la voie ferroviaire,

maritime ou aérienne qui demandent leur admission au titre de

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l’asile, pendant le temps nécessaire à déterminer le

fondement12 de leur demande.

- Les étrangers qui se trouvent en transit et dont l’entreprise qui devait les transporter (acheminer ?? terme) vers le pays de destination ultérieure refuse de les embarquer, qui n’ont pu entrer sur le territoire de destination et ont été renvoyés en France.

VTA (visa de transit aéroportuaire) obligatoire pour les ressortissants des pays suivants :

Afghanistan, Albanie, Angola, Bangladesh, Burkina Faso, Cameroun, Congo (R. démocratique du), Côte d’Ivoire, Erythrée, Ethiopie, Gambie, Ghana, Guinée, Haïti, Inde, Irak, Iran, Liberia, Libye, Mali, Nigeria, Pakistan, Sénégal, Sierra Leone, Somalie, Soudan, Sri Lanka, Syrie ;

L’individu retenu en zone d’attente l’est pour une durée de 4 jours. La décision de maintien en zone d’attente est une décision écrite et motivée par l’autorité compétente chargée du contrôle aux frontières (chef de police ou des douanes) mais plus spécifiquement la PAF). Elle est obligatoirement inscrite sur un registre où sont mentionnés état civil, date et heure de la décision de maintient en zone d’attente de la personne, et fait l’objet d’une déclaration auprès du Préfet. Le maintien en zone d’attente peut être prolongé au delà des 4 premiers jours pour une durée de 8 jours, mais uniquement sur décision du juge des libertés et de la détention. Au delà de ces 12 jours, le juge peut renouveler une dernière fois la mesure de maintien       

12Dans les textes de loi, on vérifie que la demande n’est pas «manifestement

infondée », plutôt que de regarder si la demande est fondée. On se retrouve devant une criminalisation de l’individu. Malgré le fait qu’il n’ait commis aucun crime, on préfère étudier le non fondement de sa demande, plutôt que de vérifier que sa demande d’asile, et donc de mal être dans son pays est véritablement réelle. On préfère croire que la personne accentue les faits qui l’ont fait fuir son pays d’origine, plutôt que de reconnaître les atrocités, les persécutions que subissent certaines populations.

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pour plafonner à un séjour de 20 jours, et ce à titre exceptionnel (l’individu concerné fait preuve d’une forte volonté face à l’échec de son renvoi). Pour garantir les droits des ‘maintenus’, leur passage en zone d’attente ne peut dépasser 20 jours (4+8+8).

Le ‘maintenu’ ne doit être déchu d’aucun autre de ses droits, que celui de libre circulation. On lui reconnaît les droits suivants :

- être informé dans les meilleurs délais qu’il peut demander l’assistance d’un interprète, d’un médecin, communiquer avec un avocat ou toute personne de son choix, et ce pendant toute la procédure.

- avoir la possibilité de demander à ce que la procédure soit menée dans une autre langue que le français, par défaut le français sera la langue usuelle.

- Il peut quitter la zone d’attente à tout moment, pour une destination hors de France (et d’Europe Schengen ?)

- Le recours à un jour franc, au début de la procédure : il ne peut être rapatrié contre son gré avant l'expiration de ce délai. - S’il est un mineur isolé, on désignera un administrateur ad hoc,

qui le suivra pour toute la procédure administrative et devra être avec lui dans la zone d’attente.

- Des conditions de vie dignes : la zone d’attente doit proposer des services de type hospitalier.

A la fin de la durée de maintien, si l’individu n’a pas été renvoyé dans son pays de provenance, qu’il n’a pas choisi de partir vers une destination non française de son plein gré, le juge des libertés peut lui accorder un visa de régularisation. Il aura 8 jours pour quitter le territoire français ou obtenir une autorisation provisoire de la préfecture.

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. . . c. Lu dans la Presse . . .

« La zone d’attente de l’hôtel Ibis à Roissy, d’une capacité d’environ 130 places réparties sur deux étages, hébergeait lors de la visite, 108 personnes dont 8 enfants (y compris des mineurs isolés). Le seul point positif que l’on puisse relever est que les personnes maintenues disposaient de chambres hôtelières traditionnelles. Par contre, l’entretien de ces chambres laissait à désirer et leur mobilier était plus rudimentaire, se limitant à des lits, et occasionnellement, une chaise. Plus particulièrement, il n’y avait pas de mobilier adapté pour les enfants en bas âge. A chaque étage, une salle commune, avait été aménagée, censée servir entre autres de réfectoire et local pour les visites. Néanmoins, elles étaient de capacité insuffisante et, en outre, celle du second étage, n’était pas accessibles au moment de la visite.

Les possibilités d’activités étaient inexistantes : pas de télévision, ni lecture, pas de jeux pour enfants. La seule ressource des adultes et enfants maintenus était de déambuler le long des couloirs ou de languir dans les chambres. Plus grave encore, il n’y avait aucune possibilité d’exercice en plein air.

De telles conditions ne sont pas acceptables pour des séjours pouvant se prolonger pendant 20 jours.

Le CPT recommande à la zone d’attente de l’hôtel Ibis à Roissy de: - remédier aux défauts matériels relevés ;

- prendre sans délai des mesures pour offrir aux personnes maintenues, un exercice en plein air d’au moins une heure par jour ;

- mettre en place des possibilités d’activités (télévision, radio, lecture, tennis de table, etc.), ce y compris adaptées aux mineurs.

Le CPT souhaite en outre obtenir des informations détaillées sur les suites données à l’extension de la capacité d’accueil des zones d’attente susvisées, dont la réalisation était prévue pour juin 2000. »

Extrait du Rapport au Gouvernement de la République française relatif à la visite en France

effectuée par le Comité européen pour la prévention de la torture et des peines ou traitements inhumains ou dégradants (CPT), du 14 au 26 mai 2000

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A Roissy, ou le renvoi se fait par avion, et que ce moyen de transport facilite le voyage vers un autre pays, il est assez fréquent qu’un individu soit ramené plusieurs fois « à la frontière », aux portes d’un avion à destination d’un pays où il peut entrer sur le territoire. Il existe des polémiques sur les techniques des policiers pour s’assurer que les étrangers montent dans l’avion, alors qu’ils devraient le faire de leur plein gré. Et ils arrivent aussi qu’une personne refuse de monter dans l’avion, et pour ce faire entendre, arrive à des extrémités qu’on ne veut pas s’imager…

« Violations récurrentes et délibérées des droits fondamentaux, refus manifestes et répétés d’enregistrement des demandes d’asile, procédures traitées avec le plus grand mépris, tentatives et refoulements quotidiens de personnes dont la demande n’a pas été prise en compte, pressions, intimidations, injures, brutalités, violences de tous ordres, obstructions et restrictions au droit d’accès des associations habilitées. »

Communiqué Anafé- Médecin du Monde , 3 mars 2003

Il n’est pas rare que la situation en zone d’attente se dégrade. Faute de moyens les « conditions hospitalières » ne sont pas toujours respectées,

« Seize Haïtiens sans papiers arrêtés à Orly »

Seize Haïtiens sans visa qui souhaitaient rejoindre une partie de leur famille en France ont été interpellés à l'aéroport parisien d'Orly. Ils ont ensuite été placés en zone d'attente, selon des sources judiciaires.

Seize autres Haïtiens, arrivés en France le même jour, seraient retenus en zone d'attente à Roissy - Charles-de-Gaulle, selon l'association d'aide aux étrangers Réseau éducation sans frontières (RESF). Présentés lundi devant un juge, plusieurs des Haïtiens retenus à Orly ont été remis en liberté pour vices de procédure ou en raison de leur garantie de représentation. Le parquet a fait appel selon des sources judiciaires.

Agés de 20 à 29 ans, ces Haïtiens, qui ont tous de la famille en France, sont arrivés jeudi de Port-au-Prince munis de visas pour se rendre au Bénin. Ils ont alors été arrêtés par des fonctionnaires de la police aux frontières qui les soupçonnaient d'utiliser ces visas de transit pour s'établir illégalement en France.

Ces arrestations ont eu lieu alors que près de 200 enfants haïtiens adoptés sont arrivés juste avant Noël en France ; elles suscitent l'indignation de

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RESF. "On ne peut pas d'un côté se féliciter que des enfants soient accueillis devant les caméras et de l'autre côté maintenir ceux qui souhaitent rejoindre leur famille en zone d'attente pour les expulser", a dénoncé Richard Moyon, militant de l'association.

Le 12 janvier prochain sera commémoré le premier anniversaire du séisme qui a fait 217 000 morts en Haïti. Après ce drame, les autorités françaises s'étaient engagées à faciliter l'accueil des victimes en allégeant les conditions du regroupement familial et de délivrance des visas. »

Le Monde, le 27.12.10

Figure 2‐« Besson ouvre la chasse aux étrangers, l’Europe centre de rétention arrive » Photographie personelle prise dans le métro parisien, 3 novembre 2010.

« Besson ouvre la chasse aux étrangers, l’Europe centre de rétention arrive » Cette phrase est marquée au marqueur sur le dos d’une publicité dans le métropolitain. Elle fait référence au projet de loi soumis par Eric Besson. Aujourd’hui, il existe des zones d’attente dans les aéroports, ports et gares. Y sont retenus les étrangers n’ayant pas encore posé le pied sur le sol français. L’article 1 prévoit que, «lorsqu’il est manifeste qu’un ou plusieurs étrangers

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viennent d’arriver à la frontière en dehors d’un point de passage frontalier», une zone d’attente spéciale sera créée qui s’étendra «du lieu de découverte des intéressés jusqu’au point de passage frontalier le plus proche où sont effectués les contrôles».

Avec cette nouvelle fonctionnalité, c’est la zone d’attente qui vient elle – même se greffer au nouvel arrivant. Elle lui ‘tombe dessus’.

Avec la loi de 1945, l’étranger était privé de sa liberté de mouvement dès qu’il était entre les murs de ce lieu. La privation est sortie du cadre des murs pour se définir par une temporalité et un attachement au corps auquel elle s’applique dans les textes de la loi Sarkozy (2006). Mais cette ‘bulle’ créée autour de l’étranger n’est pas réalisable car il a été auparavant interpellé dans le lieu-dit. Aujourd’hui en 2010, la loi Besson prévoit qu’une zone d’attente se crée d’elle-même autour de l’étranger. Comme si de par son statut d’étranger une zone d’attente se déploierait immédiatement autour de lui. Une zone d’attente parachute.

Le message du métro vise à faire remarquer qu’avec la liberté de mouvement des personnes en Europe, c’est un peu le spectre du camp pour chaque étranger. Que dans cette logique, l’Europe entière deviendrait un territoire couvert de camps personnels.

La multiplication des camps sous ses diverses formes autour de nous, et même si l’on n’est pas concerné par leur application, ne nous enferme-t-elle pas elle aussi dans un non camps, et par extension un camp ?

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Figure 3 - Plans de Zapi 3, source: Anafé

Couloir donnant sur une grille ¤ téléphones A : 01.49.47.33.92/93/94 C : 01.49.47.33.76/78/79/80/81/82 d'accès aux pistes de l'aéroport B : 01.49.47.33.89/90/91 D : 01.49.47.33.83/84/85/87

Intendance ¤ ¤ ¤ Réfectoire D ¤ ¤ ¤ ¤ Chambres Chambres Chambres Chambres Jardin intérieur Salle TV Salle TV C ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ Intendance Bureaux du GASAI Espace audiences (projet) Service médical Chambres Chambres Chambres Chambres ¤ ¤ ¤ Jardin intérieur A ¤ ¤ ¤ Jardin B Locaux PAF Sa lle O F P R A Sa lle v is ite Sa lle v is ite Sa lle v is ite O F P R A O F P R A O F P R A O F P R A W C W C Commandement Accueil !"#$%$&'()*+""""","-"./0120130.1043546542""""""7"-"./0120130.108/584588""""""""9"-"./0120130.10/85/:5.3""""""";"-"./01201308802:5.852/5.15./"" 9'<=>?*+"//"@"/2"&(A?"%*+"=B)*A?+"B+(%$+" C"D)?*EB+F?*=*)F"G*+"G*=<)G*+"GH<+B%*" " " " " " " " " " " " " " " " " " " " " " " " " " " " " " " " " " " " " 1:"""11"""18"""14"""I9" ;" /2"""""""""/6""""""/3""""""""/J""""""""" """" """" """" """" """" "I 9" """" """" """; (A K' *+ "L""I 9" 1: " 11" 18" 14" I9" :.""""""""12""""""""16""""""13""""""""1J""""""""" 83""""""""8J"""""""8:"""""""81""""""""88""""""""84"""""""8/"""""""8."""""42""""""""46" """" """" """" """" """"I 9" " """" """" """" """"; (A K' *+ "L"I 9" J."""""""":2""""""":6""""""":3"""""":J"""""""::""""""":1""""""":8"""""":4"""""":/" """"""""""""""1/""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""1." """"""""""""""38"""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""34" """"""""""""""3:"""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""31"""""""""""""""""""""""""9MN"""""3/""""""""3.""""""""J2"""""""J6""""""""J3"""""""JJ"""""""J:""""""""J1"""""""J8""""""""J4"""""""J/" !!! !!! ," 7" !!! 9" !!! " " " O<?GB)"B)F$?B*A?" """""""""86""""""""""""",)<P$" """""""""""""""""""9MN" !"""Q,N"""""4J"""""""4:""""""""41"""""""48""""""""44"""""""4/""""""""4.""""""R<%%*"G*"S*AT"""9MN"""""/:""""""""/1"""""""/8"""""""/4"""""""""//"

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. . . d. Zapi 3, zone d’attente de l’aéroport Roissy-Charles de Gaulle . . .

ZAPI 3 : Zone d’attente pour personne en instance 3500 m2, inauguré en 2001 Architecte : Danièle Damont « Le bâtiment est beau comme un hôtel Formule 1 (…) Entre hôtel et prison, un nouveau centre pour les étrangers refoulés à Roissy ».

Le Monde, 10 janvier 2001, article pour l’inauguration du centre.

Troisième zone d’attente de Roissy la première à bénéficier de son propre bâtiment. Zapi 1 était un poste de police et Zapi 2 se trouvait à l’intérieur de l’Hotel Ibis.

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. . . e. Récit de voyage. . .

Jeudi 18 février 2010

> TGV 8818 : Nantes 09 :00 – 10 :16 Le Mans

TGV 5272 : Le Mans 10 :41 – 12 :37 Aéroport CDG 2 TGV > Marcher jusqu’au Terminal 2B-2D

> Bus RATP 350 direction Roissy pôle, arrêt Roissy pôle (6 min) > Bus RATP 351 direction Nation, arrêt Rue des Vignes (3 min) > Remonter la Route du Noyer du Chat

Depuis le bus 351, on passe autour du centre, sur la route en contrebas. J’aperçois le lieu pour la première fois depuis un espace en mouvement, un espace technique qui s’arrête à des endroits prédéfinis. Une fois descendue du bus, il me faut revenir sur ‘nos pas’. Je m’arrête d’abord à l’intersection avec la rue des Vignes. Je me place ainsi au même endroit qu’Olivier Aubert pour sa photo avec le panneau STOP. C’était un emplacement que j’avais repéré auparavant et qui me semblait offrir une vue d’ensemble intéressante. En m’avançant, je redécouvre le coté de la route, ou ce qui était et sera un trottoir, mais qui aujourd’hui est un chantier. Avec la pluie, la terre devient boueuse et colle à mes bottes, me marquant du lieu. Les oiseaux font un ballet aérien au dessus de ma tête, passant d’un arbre sur le coté opposé de la route, au talus boueux juste à ma gauche, survolant en bande la zone d’attente. Entre le vol des oiseaux, le décollage et l’atterrissage des avions qui d’effectuent derrière ZAPI, le ciel me paraît empreint de mouvement, de liberté. Mais je suis rattachée au sol, jusqu’à la boue qui colle sous mes bottes. J’ai attrapé quelques photos au ‘vol’ des oiseaux, des avions, mais aussi volées, cachées de la caméra de surveillance de ZAPI par des talus qui ne

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sont pas sans rappeler des tranchées.

Je remonte ensuite l’allée d’entrée de ZAPI, une allée pour voiture seulement, pas de trottoir. Personne n’est supposé y venir à pied. Je range mon appareil photo, sort ma carte d’identité et ma carte d’étudiante, le tout à portée de main, pour pouvoir expliquer pourquoi je suis là. Je ne sais si c’est par chance ou par malchance, mais une voiture s’apprête à sortir du centre, je peux ainsi demander à sa passagère si j’ai le droit de prendre des photos de l’extérieur, de la grille. Réponse négative… je m’y attendais.

Demi-tour, aller reprendre le bus, attendre que la voiture interpellée soit hors de vue pour reprendre quelques photos au vol. Attendre le bus…Dans le bus, reprendre des photos de ce lieu où l’on maintient des personnes. Une mise en abyme abîme photographique, moi maintenue dans un véhicule roulant pour un temps déterminé prenant en photo un autre lieu de rétention à durée indéterminée des personnes.

« Issue de secours » qui s’imprime par le jeu photographique sur certaines de mes images… quel pied de nez !!

Retour à Roissy pôle, zone hôtelière et tertiaire, grand parking… au loin à gauche de l’hôtel 5 étoiles Pullman, ZAPI 3.

Sur le quai du RER pour rejoindre Paris, une inscription : « Tous le s trains v ont à Paris . »

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A. Dimension technique et moderne du camp

. . . a. Le progrès . . . Le monde d’aujourd’hui est un monde où les distances n’ont plus aucun sens, où la vitesse est partout, régissant chaque élément. Les continents et les océans, les montagnes, les saisons n’ont plus d’impact sur la logistique de la société. L’avion a permis à l’humanité de réaliser ses envies. Le progrès a remplacé la nature dans son rôle directeur.

Lorsque la nature reprend le dessus, comme ce fut le cas lors de l’éruption du volcan islandais Eyjafjallajökull le 15 avril 2010, l’homme se retrouve démuni, sans aucune solution de repli. Le nuage de cendres causé par le volcan a perturbé les vols transatlantiques et européens pendant un mois, l’espace aérien européen a été complètement fermé pendant dix jours. Les personnes bloquées n’avaient d’autres solutions que d’attendre, elles étaient retenues. Cet incident a souligné la dépendance et la surconsommation aérienne actuelle. Elle l’a souligné le temps du blocus, ainsi que dans le mois suivant où certains penseurs ont appuyé la vision ce de qui nous attendait si on ne réfléchissait pas plus à nos déplacements. Mais il n’est pas certain qu’aujourd’hui on en ait tiré au moins une leçon ou que le comportement du voyageur ait changé. Il l’a alerté, lui a fait prendre conscience du monde dans lequel il vit, qui est différent du monde sur lequel il vit, et des chocs qui se produisent entre les deux.

Le trafic incessant et toujours plus conséquent a dédramatisé le voyage et le transit. Au siècle des grandes découvertes, les voyages se déroulaient sur des mois voire des années avec des caravanes entières ; le voyage par bateau a diminué le temps de parcours à un nombre de semaines avec des vivres conséquentes, des malles ; l’essor du chemin de fer a fractionné le trajet en jours et réduit la quantité d’effet personnel transportés. Aujourd’hui, l’avion

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limite le déplacement à un nombres d’heures, infimes, qui tient dans une portion de journée avec un bagage par personne ayant un poids réglementaire.

Le voyage se décompose en plusieurs temps13, mais nous pouvons nous

intéresser à 3 d’entre - eux : l’avant, pendant et l’après immédiat. Avec les avancées technologiques, leurs différences en poids temporels se sont réduits, pour qu’aujourd’hui on se retrouve devant un schéma où le voyage - déplacement prend autant de temps que le cumul de la phase de départ (trajet jusqu’au hub, identification, appareillage) et de la phase d’arrivée (descente, contrôle, départ du hub). Parallèlement au perfectionnement des techniques de transports, les contrôles se sont eux aussi renforcés pour répondre aux besoins d’une société plus complexe qui est le lit d’autant plus d’enjeux dont il faut se soucier.

. . . b. Contrôle obligatoire . . . Lors d’un trajet en avion, l’identité du passager est vérifiée afin de s’assurer que c’est bien la personne dont l’identité a été déclarée à la compagnie de transport. Puis on contrôle si elle répond aux critères d’entrés dans le pays : nationalités, visa… on vérifie que ce qu’elle transporte lui appartient, et que ce sont des effets personnels non destinés à la vente. Une fois le voyage terminé, avant que le périple s’achève, une nouvelle batterie de contrôle est effectuée : remplir les condition pour l’entrée sur le territoire, vérification qu’aucune substance interdite est introduite, capacité à subsister dans le pays (en France, il faut posséder l’équivalent du taux de smic par jour)…

Pourquoi l’avion est-il devenu un endroit si sécurisé ? Micro capsule de la société pendant un temps donné. On est ‘confiné’ dans un habitable, et il faut donc être en mesure de pouvoir contrôler et connaître tous les faits et actes des personnes enfermées ensemble, de tous leurs possible actes ou       

13 On se référera à Michel ONFRAY, théorie du voyage, poétique de la géographie.

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envies. Pendant la guerre froide, on retrouvait un second habitacle à l’intérieur des avions, comme une capsule, pour recréer une frontière, se sécuriser davantage.

Les transports ont toujours déplacés aussi des biens, des consommables … et toujours à une échelle plus grande, une échelle de flux. Mais aujourd’hui le transport de personnes est si important qu’on en parle aussi en terme de flux. L’humain devient une marchandise à acheminer comme n’importe quelle autre. On le comprend lorsque l’on regarde le marché du transport de passager : les structures qu’il nécessite (aéroport et avion), la logistique, la publicité…

. . . c. Flux et individualité . . . L’affinement et la rapidité des moyens de transports actuels impliquent que l’arrêt soit nécessairement encadré. L’arrêt se fait à des endroits et des temporalités donnés, le tout établi sur un planning. Tout imprévu ou bouleversement vient perturber le système dans son intégralité et provoque une situation de crise.

L’objet technique implique un arrêt technique, qui lui même conduit à considérer les passagers comme des pièces techniques. On est arrivé à un niveau de technicité tel qu’il n’est pas rare que ce soit cette même technique qui guide la marche à suivre. Entre nos envies et la technique, c’est nos envies qui se plieront et s’adapteront à la seconde, et très rarement le schéma inverse.

Pour continuer dans l’exemple du voyage. De Paris à Sydney, un arrêt est obligatoire, mais même à une distance plus réduite, aller d’une ville à l’autre peut se faire au travers d’un péage, d’une réduction de vitesse.

La technicité de l’appareil amène à la technicité de l’arrêt. Tout d’abord dans les infrastructures permettant à l’appareil de s’arrêter (un avion nécessite une

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piste d’atterrissage adaptée à ses dimensions, ainsi que des escaliers correspondant au modèle), ensuite dans la gestion de ce qui se passe dans cette temporalité : transit, pause carburant, escale, destination finale, zone internationale … mais aussi vis à vis des personnes : le passager ne peut sortir de l’appareil que dans certaines dispositions. Il a besoin d’un élément intermédiaire de liaison pour relier l’appareil à la terre ferme. On est devant une technicité des personnes. Puisque l’arrêt est technique tout comme l’est l’objet de transportation, les passagers deviennent une partie de cette technique.

C’est aussi au travers du schéma de transport que l’on peut discerner comment l’homme du XXIe siècle est devenu une pièce technique de la société. Il fait partie d’un groupe qu’il faut gérer. L’importance actuelle des modes de transports oblige à gérer chaque élément. Dans les petits réseaux, on a recours à l’honnêteté des personnes transportés (validité des tickets de bus ou tramways, bon sens de chaque conducteur sur la route, etc.). Dès que le réseau prend une taille plus conséquente, qu’il englobe plusieurs entités étatiques, les contrôles sont renforcés, et l’homme devient un élément à gérer dans la masse.

Le passager dans l’avion n’existe que comme élément d’un tout. Il représente une pièce de la machine : il permet le mouvement grâce à la portion du budget qu’il a apporté au travers du prix de son billet ; et en tant que pièce d’une machine, il faut s’assurer que ce composant ‘rentre’ dans la machine, et ne sois pas en compétition avec d’autres éléments. Le passager

doit se défaire des ses effets, et ne doit pas transporter sur lui14 d’objets

dangereux. Il doit aussi correspondre à la figure de l’homme demandée. On

      

14 Remarquons l’emploi de la préposition ‘sur’. On aurait tendance à penser à utiliser

‘avec’, puisque l’objet est disjoint de la personne. Mais ici, le passager dans l’habitacle est ‘nu’, il ne peut rien amener avec lui, tout ses effets sont ceux qui le couvrent, et donc tout ce qu’il peut

transporter devient un élément vital, à l’image des vêtements.

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rejoint la pensée d’Heidegger qui considère que l’homme devient une matière première. Il faut gérer le flux d’individu comme un stock.

Il est intéressant de se pencher sur ce que représente le voyage dans notre société moderne, et plus précisément son implication dans le parcours des maintenus en zone d’attente. Les personnes sujettes à la zone d’attente, s’y retrouvent car elles ont entrepris un voyage. À un moment donné, pendant un des épisodes de contrôle qui ponctuent sur terre le voyage par la voie aérienne, leur histoire personnelle s’est différenciée de l’histoire type de l’homme. Cette singularité est considérée comme une irrégularité vis à vis de la masse. C’est elle qui est à l’origine de leur « échouement » en zone d’attente.

Le voyage entrepris en plein acquis de conscience opère la distinction majeure entre les camps de l’ère moderne et les camps de concentration nazis. Voyage pour les maintenus en zone d’attente face à la déportation des concentrationnaires. Dans les deux cas, l’individu n’est pas maître de l’arrêt de son parcours. La zone d’attente se distingue aussi des autres typologies de camps par la temporalité. Contrairement aux autres formes de camps, la zone d’attente est un espace temporaire, transitoire. Le retenu ne peut y ‘attendre’ que son cas soit traité plus d’une vingtaine de jours. Dans les camps de concentration et d’extermination, quitter le camp est quasiment impossible. La mort apparaît souvent comme la finalité, le camp est l’anti-chambre de la mort. Dans tous les cas, le camp est l’espace par essence où« tout est possible » : on y arrive nu, on ne peut perdre plus, on gagnera toujours à en sortir.

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Figure 4 – Représentation du paradigme de la vitesse.

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. . . d. Arrêt, vitesse et société . . . La vitesse est partout et surtout avec une accélération pour se démarquer. Ainsi l’accélération fait le progrès. Et ce qui avant était perçu comme un arrêt et ‘la mort’, n’est aujourd’hui autre que la vitesse. Dans une société ou tout se produit par un mouvement d’accélération, l’arrêt fait retomber les choses dans un mouvement de vitesse. La société va tellement vite, que même à l’arrêt, on est toujours en mouvement. L’arrêt total c’est la ‘mort’, l’impossibilité d’avancer, la privation de ce qui fait notre civilisation ‘pouvoir aller quelque part’ - à la ville, chez le boulanger, à l’étranger, sur la lune… L’immobilité, c’est ce que vivent les personnes maintenues en zone d’attente.

La vitesse d’après Virilio, est le paradigme de la société moderne. Toute philosophie se base sur la temporalité. Toutes les choses de la vie sont ancrées dans un instant, qui devient un passé, et qui a été pensé comme un

passé.15 Comme illustré sur la figure 4, si la vitesse représente le paradigme

de la société, l’accélération est le progrès, la modernité. L’immobilité parle du cas particulier de l’état d’exception et de l’exclusion.

Dans un schéma de mouvement, avec une vitesse, le cas singulier et particulier s’illustre donc par un arrêt. L’arrêt de l’accélération marque un retour à la vitesse. Comme tout phénomène, l’arrêt à une limite, une situation critique. Après avoir arrête l’accélération, si l’on arrête la vitesse, on se retrouve immobile. C’est le cas critique, qui se retrouve hors de la vitesse,

hors de la société.

      

15 Il est amusant de remarquer, la dualité des temps de conjugaison et des

temporalités auxquels ils s’appliquent. Futur simple+ passé & passé composé + futur

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Figure 5 - Démonstration: le camp comme espace "hors de la société" ! !"#$%%$ v= d t ! &''()&*&#"+, !"#$%&% '(#')&$"* +",'-*$&% "#$% = !"#$ 1 v=d t 0 v= 0 "#$% = 2 3 4 t 0 = d =0 2 ! &**-# !"#$

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Ainsi dans une société régie par la vitesse, il est nécessaire d’avoir un espace pour ces cas singuliers d’arrêt. Le camp comme espace ‘hors de la société’ apparaît alors comme le seul espace ou la vitesse est nulle.

Puisque :

v= d t

et que la valeur t est une valeur strictement absolue et non annulable. La seule manière d’annuler une vitesse, c’est donc d’annuler la trajectoire. Ce qui peut se retranscrire par rendre nulle ou inexistante pour un temps donné la trajectoire de vie. Il s’agit de contraindre la personne dans ses déplacements.

Aujourd’hui, l’homme est un être nomade, qui conçoit le déplacement comme faisant partie de ses droits fondamentaux. Il ne se voit privé de sa liberté de mouvement (et sans être coupable d’un fait illégal, comme ce serait le cas dans une prison) que dans l’espace du camp.

Dans le camps : figure 5

Puisque

v

= 0

, il n’a plus d’appartenance à la société.

Il faut donc sortir de l’espace du camp pour qu’il y ait un mouvement. Ainsi avec

v

<

0

, l’individu existe, il appartient à nouveau à la société.

.

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. . . e. La machine moderne . . .

« La disparition de l’individu au profit du groupe (…) .De même qu’on nie la particularité des parcours personnels en parlant des ‘‘flux migratoires’’, de même utilise-t-on, pour désigner la population du camp, des termes globalisants comme ‘‘clandestins’’, ‘‘migrants illégaux’’, ou encore ‘‘réfugiés’’, selon qu’on se situe dans le registre péjoratif ou compassionnel. Le camp ne connaît pas les personnes, au mieux il les catégorise pour les besoins de la

cause administrative : célibataires, femmes, mineurs isolés, déboutés, etc. »16

C’est une des caractéristiques propres du camp de ne considérer l’homme que comme un corps. Ce corps est jugé inapte à toute activité humaine ou physique, et son individu n’a plus de raison de servir la société. Il est inutile, il attend que le temps passe, et qu’il sorte de cet endroit, où il ne fait rien. Le camp est le lieu de l’inutile, de l’attente et du rien. Être ‘utile’ c’est avoir une place, appartenir à quelque chose et y faire sens. Être inutile, c’est alors ne pas appartenir à la société. Puisque l’individu est jugé inapte et inutile, il n’est pas nécessaire de considérer la personne dans son individualité, on peut l’amalgamer au groupe entier. C’est ainsi qu’on parle de ‘catégories’ à l’intérieur du camp, de flux dehors, dans la société : flux de travailleurs, flux de voyageurs …

Cette nouvelle dénomination s’applique plus fermement lorsque l’homme devient à travers le progrès une pièce de la machine.

      

16 Claire RODIER, in « Les camps d’étrangers, nouvel outil de la politique migratoire

de l’Europe », Mouvements, n° 30, Novembre - Décembre 2003

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Figure  1-  Carte  des  zones  d'attente  en  France  juin  2006,  source:  Anafé
Figure 3 - Plans de Zapi 3, source: Anafé
Figure 4 – Représentation du paradigme de la vitesse.
Figure 5 - Démonstration: le camp comme espace &#34;hors de la société&#34;  ! !&#34;#$%%$v=dt! &amp;''()&amp;*&amp;#&#34;+,!&#34;#$%&amp;%'(#')&amp;$&#34;*+&#34;,'-*$&amp;%&#34;#$%=!&#34;#$1v=dt0v=0&#34;#$%=234t0=d=02!&amp;**-#!&#34;#$ ECOLE  NATIONALE  S
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