• Aucun résultat trouvé

CHAPITRE III : ANALYSE DESCRIPTIVE DE LA RELATION ENTRE LE NIVEAU DE VIE, LA FÉCONDITÉ ET LES

3.2. R ÉSULTATS

3.2.2. Liens entre le niveau de vie et la fécondité

Comme nous l’avons mentionné plus haut, les indices synthétiques de fécondité selon le niveau de vie sont calculés à l’aide d’une régression de Poisson dont l’avantage est de contrôler dans cette relation le rôle d’autres variables explicatives dont les effets sont exprimés sous forme de rapports de taux. La variable dépendante est le nombre de naissances au cours des cinq dernières années précédant l’enquête, on inclut dans la partie droite du modèle les groupes d’âge quinquennaux (sous forme dichotomique) et on contrôle la durée d’exposition (cinq ans pour chaque femme) par un terme dit offset. Les taux de fécondité sont ainsi obtenus en prenant l’exponentielle des coefficients de régression pour chacun des sept groupes d’âge et l’indice synthétique de fécondité est égal à la somme des taux multipliée par cinq.

Pour tester la régression de Poisson, nous avons préalablement calculé à l’échelle nationale les taux de fécondité générale et l’ISF au cours des cinq dernières années précédant l’enquête. On trouve les résultats de ce calcul dans le Tableau 3.1 en annexes de la thèse. L’examen des chiffres des chiffres de ce tableau montre une concordance quasi-parfaite entre les indicateurs de fécondité estimés à l’aide de la régression de Poisson pour l’ensemble des femmes de 15 à 49 ans et ceux publiés dans les rapports nationaux des enquêtes DHS. Cela confirme bien l’adéquation de nos modèles de régression de Poisson dans le calcul de l’ISF.

En ce qui concerne la relation entre le niveau de vie et la fécondité légitime, le Tableau 3.2 ci-dessous présente les résultats des modèles de régression de Poisson appliqués aux échantillons des femmes en union. Dans ce tableau, le signe (*) indique le niveau de significativité statistique du coefficient de la régression de Poisson pour lequel l’indice synthétique de fécondité est calculé. Rappelons que «l’utilisation de la régression de Poisson offre l’occasion de tester rapidement la significativité des différences de fécondité pour différentes catégories de femmes » (Schoumaker (2004b).

Tableau 3.2 : Les indices synthétiques de fécondité légitime selon le niveau de vie obtenus à l’aide la régression de Poisson

Niveau de significativité 26 : *** : p 0,01 ; ** : p 0,05 ; * : p 0,10

Source : Les enquêtes DHS-Guinée de 1999 et 2005

26 Il s’agit du niveau de significativité des coefficients issus de la régression de Poisson, coefficients qui ont servi au calcul des taux de fécondité légitime.

Niveau de vie

Grande ville Petite ville / ville moyenne Milieu rural Échelle nationale 1995-1999 (1) 2001-2005 (2) 1995-1999 (3) 2001-2005 (4) 1995-1999 (5) 2001-2005 (6) 1995-1999 (7) 2001-2005 (8) Plus pauvre 5,9 4,6 6,8 6,4 6,7 7,0 6,7 7,0 Pauvre 5,6 5,3 6,6 6,2 6,9 7,1 7,3*** 6,9 Intermédiaire 4,9** 5,5 6,3 5,5 7,2** 6,7 7,2** 6,7 Riche 5,4 4,5 6,2 5,8 7,3** 6,8 6,5 6,4** Plus riche 4,7** 4,1 5,6** 5,5 6,5 6,8 5,6** 5,0**

On remarque tout d’abord que dans les grandes villes (colonnes 1 et 2 du Tableau 2.3) en 1995-1999, l’indice synthétique de fécondité était de 5,9 enfants par femme en union dans le groupe des plus pauvres. Ensuite, l’ISF se situe à 5,6 enfants par femme dans le groupe des pauvres, puis 4,9 enfants lorsqu’on passe dans le groupe intermédiaire. Cet écart continue de se creuser pour se situer à 5,4 enfants dans le groupe des riches, puis 4,7 enfants chez les femmes plus riches, soit une baisse relative de 20,34 % de la fécondité lorsqu’on passe des femmes plus pauvres aux plus riches. Les résultats obtenus pour la période 2001-2005 vont globalement dans le même sens. À l’exception d’une légère augmentation de la fécondité qui apparaît dans les classes des pauvres (5,3 enfants par femme en union) et dans le groupe intermédiaire (5,5 enfants par femme en union), la baisse de l’ISF se poursuit pour se situer à 4, 5 dans le groupe des riches et 4,1 enfants par femme en union dans la classe des plus riches, soit un écart relatif de 12, 20 % lorsqu’on passe des plus pauvres aux plus riches.

Les résultats obtenus dans les petites villes et villes moyennes (les colonnes 3 et 4 du Tableau 3.2), montrent aussi que ce sont les pauvres qui ont plus d’enfants par rapport aux autres classes, quelle que soit la période d’enquête. Pour la période 1995-1999, l’indice synthétique (ISF) était de 6,8 enfants par femme dans le groupe des plus pauvres et 6,6 enfants dans celle des pauvres. L’ISF, après avoir connu une légère hausse dans la classe intermédiaire (6,6 enfants par femme) diminue dans les groupes suivants pour finalement atteindre 5,6 enfants par femmes dans le groupe des plus riches. On note aussi qu’après une légère hausse dans le groupe des femmes riches (5,8 enfants par femme), la fécondité retombe à 5,5 parmi les plus riches.

Les résultats obtenus en milieu rural (colonnes 5 et 6 du Tableau 3.2) mettent en évidence une très légère tendance à la baisse de l’indice synthétique de fécondité (ISF) selon le niveau de vie. On remarque pour la période 1995-1999 que l’ISF, augmente jusqu’au groupe intermédiaire avant de diminuer légèrement dans la classe des plus riches. Le constat est similaire pour la période 2001-2005 (colonnes 6 du Tableau 3.2). Mais, la fécondité est plus élevée dans les groupes successifs jusqu’à celle des riches où elle est de 6,5 enfants avant de se situer à 5,6

enfants dans la classe des pauvres. Les résultats basés sur la période 2001-2005 vont globalement aussi dans le même sens, puisque l’ISF passe de 6, 4 enfants par femme dans le groupe des plus pauvres enfants par femme à 5,5 enfants dans le groupe intermédiaire. À l’échelle nationale (colonnes 7 et 8 du Tableau3.2), on remarque aussi que la fécondité diminue au fur et à mesure que le niveau de vie des femmes s’améliore. Entre 1995 et 1999, une femme avait en moyenne 6,7 enfants dans la classe des plus pauvres. Au cours de la même période, cette fécondité se situe à plus de 7 enfants par femme dans les groupes des pauvres et le groupe intermédiaire. Après ces groupes, l’indice synthétique de fécondité se situe à 6,4 enfants par femme dans la classe des riches, puis 5,6 enfants par femme lorsqu’on passe dans le groupe des plus riches.

La Figure 3.2 ci-dessous illustre davantage ces résultats obtenus pour chaque milieu de résidence et période d’enquête. En regardant de près les courbes de cette figure, le constat immédiat qui se dégage est que l’indice synthétique de fécondité est plus faible chez les femmes riches que chez les femmes pauvres, quels que soient le milieu de résidence et la période d’enquête. Le milieu rural et l’ensemble du pays présentent un schéma relativement similaire : dans chacun de ces milieux, on observe une tendance générale à la baisse de la fécondité au sein de différentes classes de niveau de vie pour la période la plus récente (2001-2005) par rapport à 1995-1999. Cette diminution de la fécondité dans le temps est légèrement compensée en milieu rural par une légère hausse parmi les pauvres en 2001-2005. Toutefois, l’écart creusé entre les femmes aux deux extrémités des groupes est plus important en milieu urbain qu’en milieu rural où la pauvreté semble être bien encore un frein à la transition de la fécondité.

En dernière analyse on remarque une diminution ou une stagnation voire une augmentation des indicateurs de fécondité calculés selon le niveau de vie entre les deux enquêtes dans chacun des trois milieux de résidence. Mais, il n’y a quasiment jamais de différences significatives entre les groupes contigus, cela, quels que soient la période d’enquête et le milieu de résidence. Plus frappant encore, est qu’il n’y a pas de linéarité dans le sens de la relation entre les deux variables, depuis les plus pauvres jusqu’aux plus riches.

Figure 3.2 : Courbes des indices synthétiques de fécondité selon le niveau de vie 0 1 2 3 4 5 6 7 8 DHS-1999 DHS-2005 IS F Niveau de vie

a. L'indice synthétique de fécondité (ISF) chez les femmes en union selon le niveau de vie (Grande ville)

Plus pauvre Pauvre Intremédiaire Riche Plus riche 0 1 2 3 4 5 6 7 8 DHS-1999 DHS-2005 IS F Niveau de vie

b. L'indice synthétique de fécondité (ISF) chez les femmes en union selon le niveau de vie (Petite ville et ville moyenne)

Plus pauvre Pauvre Intremédiaire Riche Plus riche 0 1 2 3 4 5 6 7 8 DHS-1999 DHS-2005 IS F Niveau de vie

c. L'indice synthétique de fécondité (ISF) selon le niveau de vie chez les femmes en union (Milieu riural)

Plus pauvre Pauvre Intremédiaire Riche Plus riche 0 1 2 3 4 5 6 7 8 DHS-1999 DHS-2005 IS F Niveau de vie e

d. L'indice synthétique de fécondité (ISF) chez les femmes en union selon le niveau de vie (Échelle nationale)

Plus pauvre Pauvre Intremédiaire Riche Plus riche

Documents relatifs