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2.3 Risques glaciaires

2.3.2 Les vidanges de lacs glaciaires

Les vidanges de lacs glaciaires sont à l’origine de crues "éclair" des torrents coulant vers la vallée. Le phénomène peut provoquer la destruction d’infrastructures (routes et ponts) et inonder des zones habitées. Dans les cas extrêmes, une vallée entière peut être détruite. Ces lacs, qui sont généralement alimentés par les eaux de fonte, peuvent se former :

• entre le front du glacier et la moraine frontale, on parle de lac pro-glaciaire, • entre le glacier et la moraine latérale, on parle de lac de gouttière,

• sur le glacier, on parle de lac supra-glaciaire,

• au niveau de la confluence de deux glaciers, on parle de lac de confluence,

• au niveau du corps du glacier lorsque ce dernier bouche une vallée, on parle de lac périglaciaire.

(a) Photo d’octobre 2009. (b) Image TSX Descendante.

Figure 2.13 – Exemple de lac pro-glaciaire : lacs formés à l’avant de la Mer de Glace.

L’image TSX descendante date du 14/08/2009. Les lacs ne sont pas visibles sur les images TSX ascendantes (imagette de 800×550 pixels).

Les lacs pro-glaciaires se forment lorsque les glaciers sont en phase de recul. Un lac se forme alors entre le glacier et la moraine frontale. L’ancienne moraine frontale forme donc un barrage naturel. Le problème est que ce barrage naturel est généralement instable, car constitué des débris rocheux transportés par le glacier. Dans certains cas, il peut aussi contenir de la glace. Une vidange de tel lac peut, par exemple, se déclarer lorsqu’un bloc de glace du front glaciaire tombe dans le lac (vêlage). Cet évènement peut former une vague capable de submerger la moraine et parfois de la détruire. Il s’en suit une vidange rapide à l’origine d’inondations et de laves torrentielles en aval. Dans le massif du Mont Blanc, le retrait de la Mer de Glace a provoqué la formation de deux lacs pro-glaciaires comme on peut le constater sur la figure 2.13. A priori, ces deux lacs ne présentent pas de danger. A l’inverse, dans le massif des Écrins, le lac pro-glaciaire d’Arsine, apparu dans les années 1940 après le recul du glacier d’Arsine, présente un danger de vidange destructrice. Une infrastructure a été mise en place pour prévenir le risque. On y reviendra dans la

sous-partie 2.4.1.

Les lacs de gouttières se forment généralement lorsque les glaciers sont en phase d’avan-cée. En effet, pour qu’ils se forment, il est nécessaire que le glacier soit au plus près de la moraine latérale, ce qui n’est pas le cas en phase de retrait du glacier. Le risque associé est le même que pour les lacs pro-glaciaires (crues "éclair" et inondations en aval), mais le processus d’apparition du risque est différent. Généralement, ce type de lac se vidange lorsqu’un passage se créé sous le glacier. Avec le recul contemporain des glaciers, les lacs de gouttières se rencontrent rarement de nos jours. Cependant, sur le versant italien du Mont Blanc, on trouve un bel exemple avec le lac du Miage. (figure 2.14). Son existence actuelle s’explique par la présence, sur le glacier, d’un couvert rocheux qui joue le rôle d’isolant en

2.3. Risques glaciaires 59

(a) Photo de juillet 2009. (b) Image TSX Descendante. (c) Image TSX Ascendante. Figure 2.14 – Exemple de lac de gouttière : lac du Miage associé au glacier du même

nom. Les images TSX descendante et ascendante datent respectivement du 14/08/2009 et du 16/08/2009 (imagettes de 500×700 pixels).

limitant la fonte et donc le recul de la glace. Tout au plus, un léger amincissement a été observé. Du coup, les conditions de formation du lac sont encore possibles.

Les lacs supra-glaciaires se forment à la surface des glaciers, qu’ils soient en recul ou en progression. La plupart du temps, ces lacs ont une petite superficie et présentent peu de risque. Mais le danger est réel si un lac de grande superficie apparaît. Le risque aug-mente si le lac atteint les bords de la cuvette de glace qui le retient. Si l’eau commence à s’échapper, un chenal naturel se forme dans la glace, au fur et à mesure il s’élargit avec le passage de l’eau jusqu’à rendre possible une vidange rapide, donc dangereuse. En France, le dernier lac supra-glaciaire dangereux recensé se trouvait sur le glacier de Rochemelon dans la vallée de la Maurienne (Savoie) près de la frontière italienne. Il est apparu vers la fin des années 1990. Le volume du lac n’a pas cessé d’augmenter d’année en année, à l’été 2004, il faisait 600 000 m3. Lors de l’été suivant, le LGGE et les autorités locales sont intervenus pour supprimer le risque (voir sous-partie 2.4.1).

Les lacs de confluence et périglaciaires se forment en phase d’avancée des glaciers. Les rives des lacs de confluence sont composées de glace ou de moraines de confluence. Dans le massif du Mont Blanc, on a recensé ce type de lac dans le passé au niveau du glacier du Tacul avec une vidange de ce dernier en 1819 qui causa des inondations dans la vallée de Chamonix. Quant aux lacs périglaciaires, ils sont encore moins d’actualité puisqu’ils apparaissent lorsqu’un glacier bouche une vallée à l’occasion d’une forte poussée glaciaire. Dans cette configuration, les moraines ne sont pas encore formées et un lac vient se former directement au contact de la glace.