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Chapitre II. Le rapport qu’entretient Hanshan Deqing avec les trois

1. Les trois enseignements dans la vie de Hanshan

Parmi les œuvres abondantes de Hanshan, il y en a deux qui consignent sa vie et son parcours bouddhiste : l’une est son autobiographie chronologique intitulée

Hanshan dashi nianpu shu (Biographie chronologique du grand maître Hanshan 憨山

大師年譜疏, abrégée désormais en : Nianpu shu) ; et l’autre est son essai en trois

vo-lumes que nous avons déjà cité plusieurs reprises, le Mengyou ji.

À travers son propre témoignage, nous apprenons que le maître naquit en 1546 dans la famille Cai 蔡 dans le district Quanjiao 全椒238. Il est un de ces moines en-trant précocement dans la religion bouddhiste, c’est-à-dire, à l’âge de douze ans. On peut, sans nul doute, attribuer son initiation au bouddhisme à sa mère, elle-même une bouddhiste pieuse et résolue. Elle pratiquait tous les jours le culte du bodhisattva Avalokitésvara (Guanyin 觀音), récitait souvent des sūtras, ce qui impressionnait l’enfant. Pour le petit garçon, elle était une mère exceptionnelle. Lorsqu’il eut huit ans, elle l’envoya dans une école privée dans un village sur l’autre rive pour recevoir l’enseignement confucianiste et ne lui permit de rentrer qu’au bout de quelques mois. C’était une vie très pénible pour un garçon de cet âge. Dans son autobiographie, Hanshan raconte qu’une fois, de retour à la maison il ne voulut plus repartir, trop pei-né d’être séparé de sa famille. Prise de la colère, sa mère le précipita dans la rivière et partit sans se retourner. Presque noyé, il fut sauvé in extremis par sa grand-mère qui avait vu la scène et lui porta secours. Après coup, sa mère expliqua en pleurant à la grand-mère qu’elle avait voulu, par ce geste, amener son petit garçon à se détacher de son affection pour elle afin qu’il puisse se consacrer entièrement à ses études.

La dureté de sa mère marqua le petit Hanshan pour la vie. Un jour, il lui deda à quoi pouvaient servir les études. Elle lui répondit que c’était pour devenir man-darin ou encore mieux, Grand conseiller. Hanshan lui demanda alors à quoi cela ser-vait d’être Grand conseiller. Elle lui donna une réponse qu’aucune autre mère n’aurait

238

Un district sous administration de la ville de Jinling 金陵. Il appartient actuellement à la province d’Anhui 安徽.

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faite. Elle déclara que devenir Grand conseiller ne rendait pas aussi heureux que de devenir un moine bouddhiste. Cette conversation suggéra pour la première fois à Hanshan l’idée de devenir moine. Il n’avait alors que dix ans.

C’est donc à l’âge de douze ans que Hanshan prit la résolution d’entrer dans la religion bouddhiste. C’est encore sa mère qui l’encouragea dans cette voie en dissua-dant son mari d’organiser le mariage envisagé pour leur fils et elle obtint qu’il le laisse partir. C’est ainsi que Hanshan quitta ses parents pour aller vivre au monastère Bao’en 報恩 à Nankin, tout en gardant le statut laïc. Il devint disciple du maître Xilin Yongning 西林永寧 (1485-1565)239. Hanshan ne revit ses parents que trente-deux ans plus tard, à l’âge de quarante-quatre ans. Après tant d’années de séparation, Hanshan fut étonné que sa mère soit plutôt joyeuse que triste. Il demanda à sa mère s’il lui avait manqué. Seulement au début, répondit-elle. Elle pensait que le fils qu’elle re-voyait n’était qu’un corps métamorphosé (huashen 化身).240 Pendant les trois jours que dura sa visite, elle se montra toujours joyeuse et pleinement satisfaite du parcours bouddhiste dans lequel elle avait engagé son fils. C’est alors que Hanshan comprit que sa mère « n’était pas quelqu’un d’ordinaire » (老母非尋常也)241.

Les talents de Hanshan étaient multiples et loin de se limiter au monachisme. Il écrivait de la prose, composait des poèmes. Il était en outre un calligraphe reconnu par le milieu des spécialistes de cet art.

Nous avons déjà signalé sa parfaire connaissance du confucianisme et du taoïsme. Avant d’entrer dans le bouddhisme, il s’était montré très doué dans les études confucéennes. Dans ses premières années monastiques, il gardait encore un lien fort avec l’enseignement séculier grâce à son premier maître Xilin Yongning 西

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Xilin Yongning 西林永寧 était l’abbé du monastère Bao’en. Entré très jeune au monastère, il entreprit des réformes monastiques s’appuyant sur l’éducation traditionnelle et bouddhiste. Grâce à lui, le bouddhisme dans la région du Jiangnan fut restauré.

240

Un des trois corps des bouddhas ou des bodhisattvas. C’est un corps que les bouddhas et les bodhisattvas incarnent dans le monde ordinaire pour sauver les êtres animés.

241

115 林永寧. Ce dernier prenait conscience de la médiocrité du sangha242

d’alors et décida de le réformer. C’était l’année gengshen 庚申 de l’ère Jiajing 嘉靖 (l’an 1560). Xilin Yongning considérait que la plupart des moines avait un niveau intellectuel insuffi-sant pour exercer de l’influence sur les laïcs, de sorte qu’il engagea des lettrés pour enseigner à ces moines incultes les classiques et la littérature. Grâce à cela, Hanshan put poursuivre l’étude des quatre classiques. L’année de ses quinze ans, il tomba sou-vent malade. Malgré ses problèmes de santé, il acheva l’étude des quatre classiques l’année suivante, les ayant parfaitement mémorisés, il fut capable de les réciter « par cœur sans omettre un seul mot. » (背之。首尾不遺一字).243 En même temps, il ap-prenait par cœur tous les sūtras courts proposés par le monastère. Parallèlement, à cette époque, il pouvait déjà « comprendre le sens des études confucéennes » (讀書通

文義).244

Lorsqu’il eut dix-sept ans, il commença à lire le Livre des mutations et à ap-prendre à écrire de la prose et de la poésie. Il était tellement talentueux que « les autres jeunes garçons ne pouvaient le dépasser. » ( 一 時 童 子 。 推 無 過 者 ).245 Hanshan mentionne dans son autobiographie que, deux ans plus tard, « l’inspecteur provincial de l’instruction publique se mit à enseigner exclusivement l’étude du Dao246 et prit les jeunes élèves comme enfants de chœur. » (時督學使者。專講道學。

以童生為謌童)247

. Scandalisé, Hanshan renonça aux études, alléguant sa mauvaise santé pour ne plus retourner en classe.

Hanshan se trouva devant un dilemme : ses camarades de classe laïcs prépa-raient les concours mandarinaux et l’exhortaient à y participer. Il était tiraillé entre l’examen impérial et la vie monastique, car il éprouvait du dégoût pour le comporte-ment de la plupart des moines d’alors et hésitait à se joindre à eux dans le sangha.

242

C’est-à-dire, sengtuan 僧團 (communauté bouddhiste).

243

Ibid., p. 832 a15.

244

« Hanshan Laoren zixu nianpu shilu » 憨山老人自序年譜實錄, in Mengyou ji, op.cit., juan.53, p. 831 c15.

245

Ibid., p. 832 a17.

246

L’étude du Dao peut être interprétée comme l’étude taoïste ou l’étude néoconfucéenne. Dans ce cas, comme il s’agit d’un inspecteur provincial de l’instruction publique, elle désigne sans doute la dernière.

247

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Mis au courant, le maître bouddhiste Yungu Fahui 雲谷法會 (1500-1579) 248 le dis-suada de participer à l’examen. Le maître encouragea alors Hanshan à approfondir les études bouddhistes, lui conseillant de lire les biographies des moines éminents et de suivre leur exemple. Ayant lu une œuvre intitulée Zhongfeng guanglu 中峰廣錄 (Ca-talogue de Zhongfen), écrite par Zhongfeng Mingben 中峰明本 (1263-1323), le maître Chan de la dynastie Yuan, Hanshan, profondément touché par la pensée ex-primée dans cette œuvre, prit alors la résolution de se vouer à la doctrine bouddhiste. Il « brûla alors tous les livres séculiers qu’il avait étudiés et s’adonna exclusivement à la réflexion sur la doctrine » (盡焚棄所習。專意參究一事).249 Il se fit raser les che-veux et entra officiellement dans la religion bouddhiste. Dès lors, Hanshan se concen-tra sur la pratique bouddhiste et connut sa première illumination250.

Bien que Hanshan soit désormais moine bouddhiste et veuille se détacher des études séculières, son rapport avec le confucianisme et le taoïsme n’était pas encore rompu. Il était âgé de vingt ans quand son maître, Xilin Yongning décéda. Shaoshizu

少師祖, le condisciple de Xinlin Yongning, succéda à celui-ci comme abbé du

mo-nastère. Plus tard, un incendie ravagea le momo-nastère. L’empereur fit arrêter les moines responsables. Dès lors, plus personne n’était capable de gérer le monastère. Hanshan s’en chargea et essaya d’épargner la peine capitale aux moines incarcérés. Peu après, Shaoshizu mourut à son tour. À cause des frais des funérailles auxquels il avait fallu faire face, le monastère était fortement endetté. C’est encore Hanshan qui se chargea du remboursement de la dette. Hanshan avait vingt-deux ans quand le service de l’éducation de l’État installa une école gratuite dans le monastère pour former les

248

Un instructeur important pour la pensée bouddhiste de Hanshan, Hanshan lui a consacré une biographie. Yuan Liaofan 袁了凡, l’auteur du Liaofan sixun 了凡四訓 (Quatre instructions de Liaofan), a aussi écrit pour lui une inscription de stèle.

249

Ibid., p. 832 a24.

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Hanshan connut dans sa vie plusieurs illuminations. Il raconte l’une d’elles : « Un jour, après avoir avalé ma bouillie de riz, j’avais commencé mes déambulations quand, soudain, je m’arrêtai sans plus pouvoir sentir mon corps ni mon esprit. Il y avait là seulement quelque chose d’immense et de brillant, de parfaitement plein et silencieux comme un gigantesque miroir circulaire où se reflétaient les montagnes, les rivières et l’immense terre. […] à partir de ce moment, tout devint clair en moi et hors de moi, et ce que je voyais et entendais ne faisait plus obstacle [dans mon esprit]. Tous mes anciens doutes et embarras avaient disparu. » Cité par Gernet Jacques, L’Intelligence de la Chine, Paris, Gallimard, 1994, p. 296-297.

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jeunes moines. Il fut invité à assumer un poste d’enseignant. C’est ainsi qu’il com-mença à enseigner les classiques des Cent écoles, l’histoire et la littérature. Shari Ruei-hua Epstein écrit dans une note de sa thèse :

Monastery schools taught Buddhism and free community schools usually hired secular teachers. For Hanshan to be teaching in a community school was very unusual.251

Durant quatre ans, Hanshan enseigna dans trois monastères différents, à Nankin ou dans les environs de cette ville. C’est à vingt-six ans qu’il décida de renoncer à cette carrière pour se consacrer entièrement à la pratique de la doctrine, pour la re-cherche de la Voie. Il entreprit alors un long pèlerinage, se rendant dans des monas-tères célèbres, à la recherche des maîtres éminents, afin de se mettre à leur école. Au cours de ce voyage, il parcourut Yangzhou 揚州, Pékin, Tianjin 天津, les provinces du Shanxi 山西 et du Henan 河南. Lorsqu’il arriva aux monts Wutai 五台山252, il fut frappé par la grande beauté de la montagne Han 憨山, c’est pourquoi, il en prit le nom : Hanshan fut désormais son nom religieux.

Durant ce voyage, Hanshan commença à fréquenter les lettrés confucéens. Lors de son séjour à Pékin, il rencontra les lettrés illustres d’alors, les frères Wang Feng-zhou 王鳳洲 (1526-1590)253, Wang Linzhou 王麟洲 (1536 -1588)254 , les frères Wang Boyu 汪伯玉 (1525 -1593)255 , Wang Zhongyan 汪仲淹 (1543-1591)256 et Ou Zhenbo 歐楨伯 (1516-1596)257. La première fois qu’il rencontra Wang Fengzhou, celui-ci le traita par le mépris. Pour répondre à cette attitude, Hanshan feignit aussi l’arrogance de sorte que Wang Fengzhou, mécontent, se plaignit à son frère. Wang

251

Shari Ruei-hua Epstein, Boundaries of the Dao: Hanshan’s (1546-1623) buddhist commentary on The the Zhuangzi, op.cit., p. 41 note 56.

252

Ces monts très connus et sacrés du bouddhisme se trouvent dans la province du Shanxi 山西.

253

Alias Wang Shizhen 王世貞, grand littéraire, historien. Il excellait aussi en calligraphie et en peinture.

254

Alias Wang Shimao 王世懋, il excellait en prose et en poésie.

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Alias Wang Daokun 汪道昆, littéraire, il excellait en prose et en peinture.

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Alias Wang Daoguan 汪道貫, poète.

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Linzhou qui connaissait mieux Hanshan pour avoir déjà conversé avec lui rabroua son frère disant que le maître bouddhiste le dépassait.

Bien que Hanshan possédât un talent brillant, il n’avait aucune ambition dans le domaine littéraire. Lorsque Wang Zhongyan lui demanda pourquoi il ne suivait pas l’enseignement de son frère Wang Boyu pour devenir un auteur illustre en littérature, Hanshan répondit en riant : « (Dis à ton frère) de préparer ses genoux, afin qu’il puisse vénérer le vieux moine que je serai un jour et recevoir de ma bouche la doc-trine venue de l’Ouest » (留取老兄膝頭。他日拜老僧。受西來意也).258 Cette ré-ponse de Hanshan montre la confiance qu’il avait en lui-même et aussi sa foi dans la pratique bouddhiste. Pour lui, la littérature et le renom d’un lettré illustre ne peuvent être comparées avec la poursuite de la Voie. Cette réponse déplut à Wang Zhongyan qui la rapporta à son frère, Wang Boyu. Or, ce dernier avait compris Hanshan et pré-sentait qu’il pouvait devenir un maître aussi éminent que le maître Zhongfeng Ming-ben. Il ne devait pas être entravé par des choses aussi insignifiantes que la littérature ou la renommée. C’est pourquoi Wang Boyu encouragea Hanshan à suivre le chemin des moines éminents. Hanshan lui fut très reconnaissant de la sincérité de ses conseils.

Toute sa vie, Hanshan continua à fréquenter de nombreux lettrés. Selon la re-cherche de Wang Honglei 王紅蕾:

……與憨山德清有過交往且可考的士人達到220人左右,或為理學大家, 或為文字巨擎,或為高官名宦,或為著名居士。以憨山德清為中心的 士人學佛群體,人數之多、範圍之廣、層次之高,在有明一代非常突 出,很值得作為中國歷史上僧、俗交往的一個範例來研究。

[…] Les lettrés à avoir fréquenté Hanshan qu’on a pu identifier et étaient identifiables sont au nombre d’environ deux cent vingt. Ils étaient soit des maîtres réputés de l’École du Principe, soit des grands maîtres de la littérature et de la calligraphie, soit des hauts fonctionnaires célèbres, soit des bouddhistes laïcs réputés. Un grand nombre de lettrés, de niveau très

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élevé, dans de très larges domaines suivait l’enseignement bouddhiste dont Hanshan était le centre. Durant la dynastie Ming, ce groupe était remarquable. C’est un exemple qui mérite une étude des relations entre les laïcs et les moines, dans l’histoire de la Chine.259

D’après l’étude de Wang Honglei, dans son œuvre intitulée Hanshan yu

wan-ming shilin 憨山德清與晚明士林 (Hanshan et le milieu des lettrés à la fin de la

dy-nastie Ming), 260 parmi les lettrés les plus connus (mis à part ceux que nous avons dé-jà cités dans les paragraphes ci-dessus), Hanshan fréquentait le grand calligraphe et peindre Dong Qichang 董其昌 (1555-1636), le peintre Li Liufang 李流芳 (1575-1629), le dramaturge Tang Xianzu 湯顯祖 (1550-1616), Zhou Rudeng 周汝登 (1547-1629), un maître important de l’École de Wang Yangming et le grand lettré Qian Qianyi 錢謙益 (1582-1664) etc. Qian Qianyi, en tant que laïc bouddhiste, se considé-rait comme un disciple du maître Hanshan et ne ménagea pas ses efforts pour recueil-lir et publier son œuvre Mengyou ji. Selon Chen Hong 陳洪 et Wang Honglei 王紅蕾, « Dans la dernière période de la vie de Hanshan Deqing, parmi tous les lettrés qu’il avait fréquentés, c’est Qian Qianyi qui a le mieux compris sa pensée bouddhiste. Il vénérait sa personnalité et travailla avec ardeur à la mise en ordre de ses œuvres. » (錢謙益是憨山德清後期結識的結識的士人中,對其佛學思想最為理解,對其人

格最為崇敬,同時,對整理憨山德清著作出力最多的一位).261

En somme, la fréquentation des lettrés a occupé une partie importante et loin d’être négligeable dans la vie de Hanshan. Dans le Mengyou ji est recueilli un grand nombre de textes courts d’enseignement bouddhiste que le maître adressait aux lettrés ainsi que des poèmes qui leur étaient dédiés.

259

Wang Honglei 王紅蕾, « Cong Hanshan Deqing de jiaowang kan wanMing conglin yu shilin de sixiang hudong » 從憨山德清的交往看晚明叢林與士林的思想互動 (Percevoir l’interaction entre le milieu bouddhiste et le milieu des lettrés à travers la fréquentation de Hanshan Deqing), Nankai xuebao 南開學報, 2007, N°3, p. 101.

260

Wang Honglei 王紅蕾, Hanshan yu wanming shilin, op.cit.

261

Cheng Hong 陳洪, Wang Honglei 王紅蕾, « Qian Qianyi yu Hanshan Deqing de yiduan sixiang yinyuan » 錢謙益與憨山德清的一段思想因緣 (Connection de la pensée entre Qian Qianyi et Hanshan Deqing), Zhengzhou daxue xuebao 鄭州大學學報, Vol.40, N°6, 2007, p.113.

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À l’âge de trente-deux ans, après avoir lu le Vœu prononcé par Huisi 慧思, le grand maître de Nanyue 南岳, Hanshan, encouragé par l’exemple de ce maître, réso-lut lui aussi de sauver le monde et décida de propager la pensée bouddhiste. Sa pre-mière démarche fut de copier le Huayan jing 華嚴經 (Sūtra de l’ornementation

fleu-rie) en utilisant son propre sang.262 À ce moment, il apprit que l’impératrice douai-rière Li (1545-1614),263 adepte dévote du bouddhisme, voulait sélectionner des moines brillants pour organiser une assemblée bouddhiste de la récitation des sūtras afin d’obtenir la paix dans le pays et le bonheur du peuple. Il s’inscrivit dans cette démarche et à cette occasion, fit la connaissance de l’impératrice douairière. Celle-ci, ayant appris que le maître était en train de copier le sūtra, lui fit don de papier doré.

Lorsque Hanshan eut fini la copie du sūtra, il organisa une assemblée avec son ami, le moine Miaofeng 妙峰 (1531-1604)264. D’autres cérémonies de prières et des assemblées religieuses en faveur de la région et de l’état suivirent. Après quelques assemblées réussies, Hanshan, devenu célèbre, entreprit, avec le soutien de l’impératrice douairière, la restauration de quelques monastères en ruines pour propa-ger de nouveau le bouddhisme.

Vivant retiré du monde, Hanshan n’était cependant pas indifférent aux souf-frances du peuple. Il distribua l’argent265 donné par l’impératrice douairière Li aux pauvres et leur porta secours lors des famines266 et des épidémies267. Plus tard, en

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Dans les sūtras tels que le Sūtra de l’ornementation fleurie, le Sūtra de filet de Dharma et le Sūtra