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Les techniques de dépistage

Dans le document UNIVERSITE PIERRE ET MARIE CURIE (Page 40-46)

Depuis 1999, l’infection par le VIH est inscrite sur la liste des maladies à déclaration obligatoire. La notification obligatoire « anonymisée » de l’infection par le VIH est en vigueur depuis 2003. La déclaration en ligne est possible depuis avril 2016.

Il existe 3 tests de dépistage du VIH :

- La sérologie par test ELISA (technique immuno-enzymatique de détection d’une

réaction antigène-anticorps grâce à une réaction colorée produite par l'action sur un

substrat d'une enzyme préalablement fixée à l'anticorps) combiné dit de 4ème

génération

- Le TROD

La sérologie par test ELISA combiné, à lecture objective, réalisée en laboratoire de biologie médicale, permet de détecter les anticorps anti-VIH1 et anti-VIH2 ainsi que l’antigène p24. Elle est effectuée sur du sérum ou du plasma « au moyen d’un réactif, revêtu du marquage CE » comme il est stipulé dans l’arrêté du 28 mai 2010 fixant les conditions de réalisation du diagnostic biologique de l’infection à VIH 1 et 2 et les conditions de réalisation du TROD dans les situations d’urgence [35]. L’amélioration des performances techniques a permis depuis 2008 de n’utiliser qu’une seule technique de dépistage au lieu de deux sur un même prélèvement. Un test négatif est fiable si l’exposition au risque est supérieure à 6 semaines. En cas de résultat positif, un test de confirmation par Western Blot ou Immunoblot est indispensable sur le même prélèvement. Il s’agit d’une technique de biologie moléculaire permettant de détecter des anticorps spécifiques à certaines protéines virales. La positivité du test de confirmation conduit obligatoirement à la réalisation d’un second test ELISA combiné sur un deuxième prélèvement afin d’éliminer toute erreur d’identité [36]. Un résultat positif doit être annoncé par le médecin prescripteur ou par le biologiste dans le cas où la sérologie a été effectuée à la demande du patient directement. La sérologie est remboursée par l’assurance maladie sur prescription médicale.

Le deuxième mode de dépistage concerne le TROD défini comme un test unitaire, à lecture subjective, de réalisation simple, sur un prélèvement de sang total capillaire, de salive ou d’urine. En France, seul le prélèvement sanguin peut être utilisé en raison des performances moindres avec les autres types de prélèvement. Le TROD est conçu pour donner un résultat dans un délai court (moins de 30 minutes généralement). Il est effectué par un tiers et permet de détecter des anticorps anti-VIH 1 et 2 uniquement. Un test négatif est fiable si l’exposition au risque date de plus de 3 mois. Tout résultat positif doit être confirmé par un test ELISA combiné puis la démarche est identique à celle expliquée précédemment [37].

L’arrêté du 28 mai 2010 cite quatre situations d’urgence pour la réalisation du TROD :

- Accident d’exposition au sang (le TROD est proposé à la personne source)

- Accident d’exposition sexuelle (ce test est proposé aux partenaires)

- Au cours d’un accouchement (ce test est proposé à la femme enceinte de statut

sérologique inconnu ou ayant été exposée depuis le dernier dépistage à un risque de transmission du VIH)

- Urgence diagnostique d’une pathologie aiguë évocatrice du stade sida

Les personnes habilitées à réaliser le test sont les professionnels de santé exerçant dans un établissement ou un service de santé. Les membres du personnel autorisés à réaliser ces tests sont désignés par le directeur de la structure. Dans ce cadre, les professionnels de santé sont tenus de mettre en place une procédure de qualité répertoriée dans un document écrit [35]. Un nouvel arrêté du 9 novembre 2010, incluant les situations d’urgence énoncées dans celui du 28 mai 2010, élargit l’utilisation des TROD à des situations ne nécessitant pas de dépistage en urgence. Elle concerne « toute personne, dans son intérêt et pour son seul bénéfice, après l’avoir informée et avoir recueilli son consentement libre et éclairé ». En complément des personnes habilitées à réaliser le test, mentionnées dans l’arrêté du 28 mai 2010, les professionnels de santé intervenant dans une structure de prévention ou une structure associative prônant des actions préventives sanitaires sont autorisés à proposer le TROD. Un salarié ou un bénévole, non professionnel de santé, intervenant dans une structure de prévention ou une structure associative a également

l’habilitation. Le 1er août 2016 un nouvel arrêté fixant les conditions de réalisation du TROD

en milieu médico-social ou associatif précise les conditions de réalisation des TROD de l'infection par le VIH 1 et 2 et de l'infection par le virus de l'hépatite. En annexe se trouvent le cahier des charges relatif à l'utilisation de ces tests, le modèle de dossier de demande

d'autorisation complémentaire, les modalités de formation des personnels et les bonnes pratiques ainsi que les recommandations encadrant leur utilisation. L’arrêté en question est entré en vigueur le 1er septembre 2016 [38].

Le TROD dont l’utilisation continue de progresser constitue une option intéressante de dépistage. Elle permet de cibler des personnes, à risque ou non, ne souhaitant pas faire appel au dépistage « classique ». Néanmoins leur utilisation en Médecine Générale semble peu adaptée. Une étude réalisée entre mai 2012 et juillet 2013 en région Centre avait pour objectif d’évaluer l’acceptabilité et la faisabilité des TROD en Médecine Générale et d’identifier les freins à leur utilisation [39]. Notons que 77% des 352 médecins généralistes interrogés étaient favorables aux TROD, 23 d’entre eux ont accepté de participer à l’utilisation des TROD en soins de premiers recours et sur les 69 TROD qui leur ont été distribué seulement trois ont été utilisés et étaient négatifs. Plusieurs freins ont été mentionnés : la faible prévalence de l’infection par le VIH en Médecine Générale, les difficultés à proposer le test, la manipulation du test, le rallongement du temps de consultation, l’annonce d’un résultat positif sans préparation préalable, et le prix du test qui est à la charge du médecin.

Dans le cadre du baromètre santé médecins généralistes 2009, même si les avis sont partagés, plus de la moitié des médecins interrogés constataient un obstacle à l’utilisation des TROD en cabinet de Médecine Générale. Les freins évoqués sont similaires à ceux de l’étude ayant eu lieu en région Centre [40].

Baromètre santé médecins généralistes 2009.Les médecins généralistes face au dépistage du VIH : nouveaux enjeux, nouvelles pratiques.

Le dernier type de test de dépistage concerne l’autotest qui est disponible, après obtention du marquage CE, uniquement auprès des pharmaciens en officine ou en ligne sur les sites des pharmacies autorisées [37] [41]. Il est sous forme d’un kit à utiliser par la personne elle-même. Ce test peut être effectué à partir de deux types de prélèvement : le sang total prélevé au doigt, technique choisie pour l'autotest français, ou le liquide gingival [41]. Les tests sanguins ont une meilleure spécificité et sensibilité par rapport aux tests salivaires (100% versus 98-99% pour la spécificité et 98-99% versus 92-93% pour la sensibilité). L’autotest permet de détecter les anticorps anti VIH 1 et 2, dans un délai de 15 à 30 minutes. Le résultat est fiable pour une prise de risque supérieure à 3 mois.

En cas de résultat positif, la démarche est similaire à celle du TROD. Au moment de la vente du test il est nécessaire d’expliquer à la personne la conduite à tenir et l’importance de

recourir à un professionnel de santé en cas de résultat positif. Les pharmaciens doivent donc être formés à l’accompagnement des patients souhaitant s’auto dépister [37]. L’autotest n’est pas remboursé par l’Assurance maladie et coûte environ une trentaine d’euros.

http://www.lecrips-idf.net/miscellaneous/decryptage-autotest-VIH.htm

Il existe divers lieux pour le dépistage du VIH [42] :

- Les laboratoires publics ou privés qui réalisent la sérologie VIH sur prescription

médicale et de manière nominative.

- Les CEGIDD (disponibles depuis le 1er janvier 2016) qui proposent un dépistage

sanguins effectués sont le test Elisa 4ème génération et le TROD. Pour connaître le centre le plus proche, il suffit de contacter Sida Info Service ou l’ARS de sa région.

- Les CPEF (Centres de Planification et d'Education Familiale). Certains centres sont

habilités à réaliser ce dépistage. La liste des centres est disponible sur le site « Choisir sa contraception ».

- Les centres de PMI (Protection Maternelle et Infantile).

- Certaines structures de prévention ou associations habilitées proposent le TROD. Ces

structures sont répertoriées auprès des ARS de chaque région.

Dans les CEGIDD, les CPEF, les centres de PMI, les structures de prévention et les associations le dépistage est anonyme, gratuit et sans prescription.

Dans le document UNIVERSITE PIERRE ET MARIE CURIE (Page 40-46)

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