LE METABOLISME SPECIFIQUE DU MELANOME Le mélanome est un cancer qui se développe suite à la prolifération anarchique des
4 La régulation métabolique de l’état redox dans le mélanome
4.1 Les sources de ROS dans le mélanome
4.1 Les sources de ROS dans le mélanome
4.1.1 L’importance des mélanosomes dans le stress oxydant
Les mélanocytes sont les cellules responsables de la production de la mélanine, un pigment qui sert à protéger le revêtement cutané des agressions des rayons UV A-‐B. Cependant, certaines étapes de la synthèse de mélanine dans ces cellules sont accompagnées de réactions d’oxydation, ce qui provoque la production et l’accumulation de ROS (Koga S., 1992). Les mélanocytes produisent deux types de mélanine : la eumélanine et la pheomélanine. D’un côté, l’eumélanine est la forme plus abondante au niveau des mélanocytes et, bien que sa synthèse induise la production de ROS, cette molécule est surtout associée au rôle antioxydant de la mélanine. D’un autre côté, pheomélanine pour être synthétisée a besoin des réactions supplémentaires qui provoquent une production de ROS encore plus élevée par rapport à l’eumélanine (Simon J. et al., 2009). De plus, la phéomélanine, lors des interactions avec les rayons UV, semble jouer un rôle plus pro-‐oxydant qu’antioxydant (Figure 17).
Bien que la production de mélanine soit confinée au niveau de mélanosomes, les mélanocytes présentent un stress oxydant de base plus élevé que d’autres cellules non pigmentées, caractérisé par une augmentation de la 8-‐oxo-‐guanine (Mouret S. et al., 2012). Cette dernière est le résultat de l’oxydation des bases guanines au niveau de l’ADN et caractérise le stress oxydant subi par la cellule. Pour faire face au stress oxydant, les mélanocytes augmentent leurs mécanismes de détoxification de ROS. Un des facteurs régulant ce processus est le facteur MITF qui augmente l’expression des enzymes responsables de la réparation de l’ADN, comme l’enzyme APE-‐1/Ref-‐1 (Figure 17) (Liu F. et al., 2009). De manière similaire, la mélanocortine (α-‐MSH), synthétisée par les keratinocytes et mélanocytes, permet d’induire l’expression de la catalase, qui participe à la détoxification de ROS (Maresca V. et al., 2008). De plus, la α-‐MSH lors de son interaction avec le récepteur MC1R, induit dans la cellule une modification globale en terme d’expression de gènes favorisant ainsi la détoxification de ROS (Kadekaro A.L. et al., 2010). Cette hormone est également associée à l’expression du facteur NRF2 dans les mélanocytes (Kokot A. et al., 2009).
L’accumulation des ROS et des dommages à l’ADN particuliers des mélanocytes pourrait donc jouer un rôle important dans la mélanomagénèse. En effet, il y a de plus en plus d’indices qui soutiennent cette hypothèse car les étapes d’initiation et de progression du mélanome se caractérisent, elles aussi, par un taux très élevé de ROS (Denat L. et al., 2014). De plus, les antioxydants, comme la N-‐acetyl-‐cystéine peuvent non seulement prévenir le stress oxydant induit par les rayons UV mais aussi retarder le développement des tumeurs chez la souris (Cotter M.A. et al., 2007). Certains auteurs pensent même que les mutations caractéristiques du mélanome, telles que les mutations au niveau de la kinase BRAF ou RAS, pourraient être la conséquence du stress oxydant présent dans les mélanocytes. Ceci est associé au fait que les ROS induisent une forte quantité des dommages à l’ADN et plus de 20 000 paires de bases sont réparées par jour. Certaines de ces bases seront substituées, plus fréquemment que d’autres, en raison d’un taux élevé de réparation erronée et touchent des gènes clés qui favorisent le développement des tumeurs (Jackson A. et al., 2001).
En outre, des modifications, au niveau de la synthèse de la mélanine, peuvent également être associées au développement du mélanome. En effet, les naevi, précurseurs du mélanome, présentent un taux élevé de ROS, associé à une
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modification du métabolisme ou l’expression aberrante de certaines protéines. Le rôle de la mitochondrie dans la production de ROS dans le mélanome est encore mal compris. Peu d’études ont établi un lien direct, scientifiquement prouvé. Certains auteurs suggèrent que l’implication de la mitochondrie dans la production de ROS, dans le mélanome, pourrait être associée aux modifications métaboliques induites par l’activation des oncogènes (Liu-‐Smith F. et al., 2014). Cependant, ceci reste encore une hypothèse qui nécessite d’être encore mieux étudié.
D’autres sources importantes de ROS dans le mélanome qui ont été mieux évaluées que la mitochondrie sont les NADPH oxydases (NOX). Ces enzymes utilisent l’oxygène comme substrat pour produire de l’anion superoxyde et ceci représente un mécanisme de défense face aux agressions extérieures. Ces enzymes se trouvent surexprimés dans le mélanome suite à l’activation des oncogènes comme par exemple AKT, souvent activée dans les mélanomes, dû à la perte de PTEN (Govindarajan B. et al., 2007). Dans le mélanome, la surexpression de NOX1 favorise l’expression des metalloprotéases qui vont conduire vers la transition épithélium-‐mésenchyme et donc la métastase (Liu F. et al., 2012). De même, l’expression de NOX4 est aussi associée au phénotype invasif et elle est souvent retrouvée dans les mélanomes métastatiques fortement agressifs (Liu G.S. et al., 2012).
4.2 La régulation de la production de ROS dans le mélanome
♦ Les facteurs FOXM1 et NRF2
Comme les autres cellules cancéreuses, les cellules de mélanome mettent en œuvre plusieurs systèmes de détoxification afin de garder leur stress oxydant à des niveaux compatibles avec la survie. Deux facteurs on été décrits comme étant capables de réguler l’élimination de ROS dans les cellules de mélanome : le facteur FOXM1 et le facteur NRF2. Le facteur FOXM1 favorise l’expression de la SOD mitochondriale dans le but d’empêcher la sénescence induite par la production de ROS (Kops G.J. et al., 2002), il semble ainsi avoir un rôle important dans la sénescence induite par BRAFV600E (de Keizer P.L. et al., 2010). En ce qui concerne le facteur NRF2, certains mélanomes, comme les mélanomes acrolentigineux présentent des mutations au niveau de la protéine KEAP1. Cette protéine participe à la régulation de ce facteur en