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LES RELATIONS ÉCONOMIQUES FRANCO- FRANCO-INDONÉSIENNES

SOEHARTO^

B. LES RELATIONS ÉCONOMIQUES FRANCO- FRANCO-INDONÉSIENNES

B. LES RELATIONS ÉCONOMIQUES

2. Les relations commerciales trop marquées par les grands contrats

La stratégie de pénétration du marché indonésien s'est appuyée sur les pôles de compétitivité les plus éprouvés de la France dans les secteurs de la génération et de la distribution d'énergie , des transports et des télécommunications notamment. Les commandes

au titre des grands contrats ont représenté près de 8,5 milliards de

francs courants sur la période 1983-1987 qui doivent être comparés au montant total de 14 milliards de francs d'exportations françaises réalisées sur la même période . En 1987 , l'Indonésie a été le premier client de la France dans le monde pour les grands contrats civils hors aéronautique (2,4 milliards de francs). En 1988 , 23 importants contrats ont été signés pour un montant de près de 2 milliards de francs . Cette performance devrait, à nouveau , maintenir l'Indonésie dans le peloton de tête des principaux clients de la France dans le secteur des biens d'équipements civils pour 1988 .

L'Indonésie aura ainsi bénéficié en moyenne d' un milliard de francs de crédits d'aide par an depuis 1980 , qui ont permis la signature de grands contrats , en majorité avec des acheteurs publics . Elle est au troisième rang des bénéficiaires de notre aide destinée à l'Asie . Depuis 1986 , la France est le second donateur bilatéral dans le cadre du groupe intergouvernemental d' aide à l'Indonésie (G.I.G.I. ), loin derrière le Japon , mais devant les

Etats-Unis .

Les principaux succès français ont été enregistrés dans

les domaines suivants :

- secteur des travaux publics : barrage de Sagulin , centrale électrique de Bukit Asam , aéroport international de Djakarta : ,

- secteur des télécommunications : radars , faisceaux hertziens ;

- secteur des armements : transall , hélicoptères, etc ;

- secteur de la recherche scientifique : navires océanogra

­ phiques .

Mais on touche là à la faiblesse de nos relations

bilatérales. L' essentiel de nos exportations -entre les deux tiers et les trois quarts - est directement ou indirectement lié aux grands

contrats. L'Indonésie est ainsi notre premier client dans le monde , en 1987 , pour les grands contrats civils, hors aéronautique.

Si nos entreprises sont présentes et, dans bien des cas, appréciées , dans des secteurs de haute compétitivité ( énergie , transports , télécommunications ), c' est au prix d' un effort considérable de la puissance publique .

Outre la charge que cela représente pour la collectivité, cet état de fait rend nos exportations très tributaires de la situation économique du pays , du ralentissement des programmes d'équipement en période d'austérité, mais aussi des vicissitudes de

nos relations financières : on a ressenti de 1986 à 1988 l'effet du

blocage des négociations à partir de 1984 . Il y a là aussi un élément de fragilité pour l'avenir car les exigences de nos partenaires sont de plus en plus grandes. Les autorités indonésiennes se sont, en effet, efforcées , avec succès , d'obtenir de meilleures conditions de financement de leurs bailleurs de fonds. Celles-ci ont été définies par

l'Instruction présidentielle n°8 du 10 octobre 1984 (25 ans de durée, 7

ans de carence , 3,5 ■% de taux d'intérêt). Devant ces exigences nouvelles, la France n'a pas signé de protocole financier entre juillet 1984 et décembre 1986 , ce qui a été la cause d'une accentuation de la baisse de nos exportations . Mais nos principaux concurrents industrialisés ont tendance à s'aligner sur ces exigences.

Notre position commerciale reste donc fragile , d'autant qu'elle n'est pas confortée par un flux suffisant d'investissements

directs .

3. Un trop faible niveau des investissements

Le montant des investissements français est très modeste , comparé à celui de nos principaux concurrents. Selon les statistiques du BKPM, le montant cumulé du capital investi dans des entreprises conjointes franco-indonésiennes atteignait 155 millions de dollars au quatrième trimestre 1987 , soit un peu moins de 1 % du total , contre 850 millions de dollars pour les Pays-Bas, 557 millions de dollars pour la Grande-Bretagne et 553 millions de dollars pour la R.F.A. . Ces comparaisons sont à prendre avec quelques précautions car elles ne distinguent pas la part indonésienne de la part étrangère dans le capital commun . Mais elles ont une valeur indicative

certaine .

il

Depuis deux ans , trois importants nouveaux investissements français ont été enregistrés , représentant un

montant de mise de capital des entreprises françaises de plus de 10

millions de dollars :

- investissement de Dumez dans l'hôtel Méridien de

Djakarta ,

- investissement de Merlin Guérin dans la société de

composants électroniques PT ometraco ;

; - investissement de Degremont dans la société de construction TP Tirta Degremont.

Les deux années qui viennent devraient voir se concrétiser quelques investissements nouveaux de certains grands groupes encore absents du marché indonésien ou simplement représentés par une structure commerciale réduite . Les autorités françaises sont décidées à accompagner cet effort d'implantation , notamment liant de façon très nette l'octroi de financements concessionnels nouveaux à un effort significatif d'investissement local, seul garant d'une présence commerciale française à long terme .

Mais cet investissement demeure gravement insuffisant.

Or, c'est lui seul qui peut assurer une présence française durable.

Plus que sur les grands contrats dont les montants seront

nécessairement limités et les conditions soumises à la concurrence de

nos partenaires, c'est sur la mobilisation des entreprises que cette présence doit reposer.

Celles-ci doivent mesurer les possibilités nouvelles offertes par l' économie indonésienne depuis les mesures de dérégulation et de privatisation , et pour renforcer leur présence , avoir conscience que, de plus en plus, la décision se fait moins sur des montages financiers, la plupart du temps équivalents, ou sur les prix, mais sur des transferts de technologie .

Un apport de technologie permettant la production et l'exportation de biens à plus forte valeur ajoutée est aujourd'hui , en effet, la principale demande indonésienne. Telle est, sans doute , la raison du succès récent d'Alcatel-ATFH, filiale du groupe Alcatel CIT, qui , en association avec TRT, filiale de Philips, a été retenue par l' administration indonésienne pour réaliser le réseau hertzien devant équiper l'île de Sumatra et le relais entre cette île et Djakarta.

C'est encore l'attrait de l'Indonésie pour la technologie qui a motivé la rencontre , en janvier dernier , entre M. Hubert Curien , Ministre français de la recherche et son homologue M. B.J. Habibie et dont le résultat le plus tangible semble être l'accord de la France pour financer une station de réception des images du satellite Spot. La technologie spatiale et nucléaire ainsi

que le nucléaire médical semblent aussi constituer des secteurs de coopération prometteurs. Mais, là encore, il s'avère que la présence des entreprises françaises est liée à la capacité de la France à financer des grands projets.

CONCLUSION