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Chapitre 2 : Les problématiques auxquelles se trouve confronté le modèle socio-économique d’une

2.3 Les problématiques liées aux relations avec d’autres entités

2.3.1 La hausse de la concurrence

Je vais à présent aborder le troisième pilier sur lequel se fonde le modèle socio-économique d’une association, selon l’outil d’analyse du Rameau qui sert de base à ce mémoire : les relations qu’entretiennent les structures avec d’autres entités. En premier lieu, aujourd’hui, les associations

169 TCHERNONOG, Viviane ; VERCAMER, Jean-Pierre. Les associations entre mutations et crise économique, État

des difficultés, op. cit. p. 9.

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BOCQUET, Alain ; DUMAS, Françoise. Rapport fait au nom de la commission d’enquête chargée d’étudier les difficultés du monde associatif, op. cit. p. 52.

171 Ibid. 172 Ibid. 173 Ibid. 174 Ibid. p. 53.

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déplorent une situation de concurrence accrue vis-à-vis d’autres acteurs associatifs aussi bien que des entreprises marchandes. En 2012, cette problématique concerne 43% des associations employeuses175. Cette hausse de la concurrence, qui constitue une nouvelle source de déstabilisation pour ces dernières, trouve son origine dans plusieurs facteurs. En effet, le recul constaté dans l’attribution des subventions participe à l’instauration de cette tendance, mais c’est surtout l’essor de la commande publique qui renforce ce phénomène, puisque les associations entrent désormais en compétitions les unes avec les autres ainsi qu’avec des entreprises du secteur marchand pour remporter des marchés publics.

De plus, ce phénomène de concurrence revêt une autre dimension, qui ne concerne pas les ressources financières des structures. Dans le domaine culturel, et plus spécifiquement du spectacle vivant, les associations se positionnent au sein d’une offre extrêmement vaste, au développement exponentiel. Ainsi, comme l’expose Yves Citton, « la principale difficulté, aujourd’hui, n’est pas tant de produire un film, un livre ou un site Web, que d’attirer l’attention d’un public submergé de propositions, souvent gratuites, plus attrayantes les unes que les autres.176 » En effet, ce chercheur explique que même si ce phénomène n’est pas nouveau, l’économie capitaliste sur laquelle se fonde notre société est organisée de plus en plus nettement à partir d’une denrée, impalpable mais non pour autant dépourvue de valeur, et qui se caractérise par sa rareté : l’attention. Or, celle-ci « se situe du côté de la réception des biens culturels177 », et « tient à ce que nous avons tous désormais accès à une quantité d’informations pertinentes *…] bien supérieure aux capacités attentionnelles dont nous disposons pour en prendre connaissance.178 » L’enjeu de nombreuses structures est donc à présent de parvenir à se démarquer d’autres entités proposant une offre culturelle, dans le même champ artistique ou non, ce qui nécessite de déployer de nouvelles stratégies (de nouveaux moyens en matière de communication par exemple) pour attirer du public.

2.3.2 Les relations avec les partenaires publics

Pour terminer, je vais évoquer les relations qu’entretiennent les associations avec leurs partenaires institutionnels, l’État et les collectivités territoriales notamment. Les interactions entre ces différents acteurs peuvent en effet être à l’origine de tensions. Dans le Rapport fait au nom de la commission d’enquête chargée d’étudier les difficultés du monde associatif, il est ainsi précisé que « les associations regrettent de ne venir trop souvent qu’au second rang des préoccupations des

175

TCHERNONOG, Viviane ; VERCAMER, Jean-Pierre. Les associations entre mutations et crise économique, État des difficultés, op. cit. p. 11.

176

ARC, Stéphanie. « L’attention, un bien précieux », CNRS Le journal [en ligne : consulté le 12/06/2018], 2014. Disponible sur : https://lejournal.cnrs.fr/articles/lattention-un-bien-precieux

177 Ibid. 178

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pouvoirs publics179 », qui, selon elles, s’intéressent davantage aux entreprises. La hausse du recours aux marchés publics au détriment de l’attribution de subventions a également conduit à une « perte de qualité dans le dialogue entre les acteurs publics et associatifs180 », induite par « le formalisme dépersonnalisé associé au droit de la commande publique181 » : les associations deviennent alors davantage des prestataires que des partenaires pour les pouvoirs publics. La dégradation de la relation entre ces entités peut également trouver sa source dans les procédés d’évaluation mis en place par les financeurs publics vis-à-vis des acteurs associatifs. Ceux-ci ont en effet le sentiment de devoir démontrer et mesurer leur utilité. La députée Françoise Dumas abonde en ce sens, et explique que les associations font état de deux types de difficultés à ce sujet : « les exigences sont parfois disproportionnées par rapport à leurs capacités » et « les critères d’appréciation ne sont pas bien adaptés aux principes de fonctionnement des associations et à la nature des actions qu’elles conduisent.182 » En effet, les évaluations demandées nécessitent parfois un travail très conséquent, mobilisant lourdement le personnel des structures, et les critères d’évaluation instaurés, davantage d’ordre quantitatif que qualitatif, ne permettent pas de démontrer la portée sociale du travail des associations, souvent difficile à chiffrer, puisqu’elle concerne l’humain. Par conséquent, la députée préconise de « co-construire une démarche d’évaluation183 », celle-ci restant bien sûr nécessaire, avec les acteurs concernés dans un dialogue « d’égal à égal184 », afin d’instaurer un véritable climat de confiance.

Comme l’expose la deuxième partie de ce mémoire, les associations, dans leur ensemble, sont confrontées à de nombreuses problématiques dans l’exercice quotidien de leurs activités. En matière de ressources humaines, elles font état de difficultés liées au renouvellement de leur gouvernance, aux évolutions de l’engagement bénévole et au recrutement ainsi qu’à la pérennisation de leurs emplois salariés. Concernant leurs moyens économiques, elles déplorent principalement une raréfaction des subventions, qui, conjuguée à d’autres paramètres, entraîne une hausse de la concurrence et une tension dans leurs relations avec les partenaires publics. Si CirQ’ônflex n’est fort heureusement pas concernée par l’ensemble de ces problématiques, mais connaît de réelles difficultés en termes de financement d’emplois pérennes ou de ses projets, ses activités perdurent avant tout grâce à l’engagement sans faille de ses salariés, animés par les valeurs qu’ils défendent, et

179 BOCQUET, Alain ; DUMAS, Françoise. Rapport fait au nom de la commission d’enquête chargée d’étudier les

difficultés du monde associatif, op. cit. p. 114.

180

Ibid. p. 130.

181 Ibid. 182

BOCQUET, Alain ; DUMAS, Françoise. Rapport fait au nom de la commission d’enquête chargée d’étudier les difficultés du monde associatif, op. cit. p. 124.

183 Ibid. p. 126. 184

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conscients que le modèle socio-économique de leur structure est amené à s’adapter aux transformations structurelles et aux changements conjoncturels exposés plus haut. Par conséquent, dans la dernière partie de ce mémoire, il s’agira d’étudier quelles sont les perspectives qui se dessinent pour les associations culturelles employeuses à l’image de CirQ’ônflex, et quelles peuvent être les solutions envisageables pour répondre aux problématiques abordées précédemment.

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Chapitre 3 : Quelles perspectives d’évolution