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C. PLANTATIONS DANS LE MONDE 1 UNE EXPANSION PARTICULIERE

2. LES PARASITES DE L’EUCALYPTUS a) Les insectes

Dans les forêts naturelles, les ravageurs les plus nombreux de l’Eucalyptus sont les phyllophages: acridiens, phasmes, Coléoptères, Chrysomélidés et Scarabéidés, Lépidoptères et des Hyménoptères symphytes (Pergidés), Diptères, Agromyzidés. Les attaques de phasmes (Ctenomorphodes tessulatus, Didymuria violescens et Podocanthes wilkinsoni) et de chrysomèles des genres Chrysoptharta et Paropsis sont particulièrement violentes. (34)

Figure 24: Insectes australiens acclimatés sur eucalyptus hors de leur aire d’origine

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Chez les opophages (qui se nourrissent de sève), les psylles du genre Cardiaspina sont les plus redoutables. Au niveau du tronc, les dégâts les plus importants sont causés par des termites (Coptotermes sp.,. Porotermes adansoni et Neotermes insularis) et l’on signale des attaques sur des arbres en bonne santé de Phoracantha masteri.

Ailleurs dans le monde, on a observé plusieurs insectes indigènes s’attaquant aux eucalyptus (des termites, des chenilles phyllophages et xylophages, des Coléoptères…) qui, pour la plupart, ne provoquent pas de dégâts sérieux et répétés.

b) Maladies de l’Eucalyptus

(1) Pathologies du bois : chancres

Le Cryphonectria cubensis (ex Diaporthe cubensis) provoque de graves chancres du tronc accompagnés d’une abondante gommose surtout sur les arbres installés en situation trop chaude et trop humide pour l’espèce.

Figure 28 : Evolution des dégats induits par Cryphonectria cubensis : A: Moisissure ; B: Chancre typique ; C: Lésion de l’écorce ; D: Lésion du xylème

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D’autres espèces aboutissent à la formation de chancres :

· Erythricium salmonicolor responsable de la « pink disease » comprenant 4 formes : « cobweb » (avec un mycélium blanc superficiel), « pustules », « necator » avec une couleur rouge orangée aboutissant à la coloration rose représentative « pink incrustation » responsable de la mort des branches.

· Les champignons appartenant à la famille des Botryosphaeriaceae sont très cosmopolites et polyphages ; ils sont présents partout dans le monde, notamment sur divers hôtes ligneux et dans des niches écologiques très variées. Plusieurs espèces peuvent être présentes dans un même pays : au moins 7 espèces appartenant à des genres différents: Spencermatinsia, Neofusiccocum, Botryosphaeria, Diplodia, Lasiodiplodia. Ajoutons que ces champignons ont des comportements de

type endophyte ou de pathogène latent reconnus chez de nombreuses espèces ligneuses.

· Le chancre de la tige quant à lui est révélé par la présence de lésions marron foncé ou noires sur les jeunes tissus verts au sommet des arbres qui s’aggraveront au fil du temps aboutissant à des copieuses exsudations de kino.

(2) Pathologies des feuilles

Le Mycosphaerella juvenis cause de sérieux dommages sur le feuillage juvénile d’un grand nombre d’espèces, et plus particulièrement sur Eucalyptus globulus en Australie, Chili, Afrique du Sud, Espagne.

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Et d’autres espèces comme Puccinia psidii, Cylindrocladium sp, Coniothirium sp. sont des rouilles sévissant actuellement en Argentine et en Uruguay où les dégâts sont très sévères en pépinière mais rares en plantation.

(3) Pathologies bactériennes

Ralstonia solanacearum est une bactérie du sol, pathogène des végétaux, Gram

négatif. Présente dans tous les continents, particulièrement dans les régions tropicales et subtropicales, elle colonise le xylème, causant une pourriture bactérienne ou bactériose vasculaire chez de nombreuses plantes-hôtes, touchant plus de 53 familles botaniques. C'est notamment l'agent de la pourriture brune de la pomme de terre, de la maladie de Granville du tabac et de la maladie de Moko du bananier. Cette bactérie est capable de transformation naturelle (est l'intégration d'un fragment d'ADN étranger dans une cellule, ce qui peut entraîner une modification héréditaire du phénotype de l'organisme receveur). Elle se développe peu après la plantation du spécimen.

Figure 30: Pathologie bactérienne causant un flétrissement.

(4) Pourrissement du bois et des racines

Il est essentiellement dû à des espèces de champignons de la classe des basidiomycètes telles qu’Armillaria, Ganoderma et Phellinus (surtout Phellinus noxius).

La pourriture racinaire est caractérisée par l'expansion des plaques avec les arbres les plus durement touchées au centre de la plantation et des arbres avec les premiers symptômes en périphérie. Le feuillage des arbres affectés devient habituellement d’un vert plus pâle et terne en apparence avec une taille des feuilles réduite et une chute éventuelle des feuilles.

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Le dépérissement de la couronne de l’arbre commence avec un aplatissement de la courbe du sommet normalement conique de l’Eucalyptus, et avec la mort de branches fines. Point commun avec d'autres maladies des racines, la récupération partielle de la couronne (partie d'un arbre constituée de l'ensemble des branches situées au sommet du tronc) par la formation de pousses adventives peut être observée, mais ce sera de courte durée.

Les problèmes de pourriture des racines dans les plantations exotiques se produisent généralement sur des sites récemment défrichées de la forêt indigène naturelle ou secondaire. Les champignons causent rarement des dégâts importants dans les forêts indigènes. Les études de population infectées ont montré que chaque patch est colonisé par un génotype clonal unique. La propagation végétative semble être limitée par des équilibres naturels qui ne sont pas encore compris. Le déblaiement des chantiers pour l'établissement de plantations laisse de grandes souches et les masses profondes ligneuses qui agissent ensuite en tant que sources d'inoculum pour de nombreuses années. A partir de ces bases alimentaires, les pathogènes racinaires répartis dans les plantations nouvellement établies sont des foyers de la maladie, qui peuvent continuer à agrandir tout au long de la première rotation et éventuellement en rotations successives. Le degré de dégradation dépend de la sensibilité de l'espèce de plantation exotique et l'accumulation et la persistance de la base de l'inoculum dans les résidus ligneux et des arbres infectés.

Les pourritures des racines d'arbres forestiers et les plantations peuvent être partiellement différenciées en fonction de l'apparence, en particulier la couleur, des racines infectées et les structures fongiques qui leur sont associés. On retrouve : la maladie des racines rouges (associée à l'espèce Ganoderma), la pourriture des racines brunes (causée par

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· Les racines touchées par la pourriture rouge sont couvertes d'une croûte de champignons brun-rougeâtre, visible après le lavage propre de la terre adhérente. Un motif de marbrures blanches est évident sur la face inférieure de l'écorce infectée.

Figure 31 : Exemple de developpement de Ganoderma spp.

· Pour la pourriture brune, le signe le plus caractéristique est un manteau de mycélium brun épais sur la surface des racines ligneuses qui s'étend souvent à la tige au-dessus du sol. Le champignon envahit la tige principale où il provoque une pourriture avec un aspect en nid d'abeille caractéristique. Bien que les organes de fructification de

Phellinus spp. sont communs sur les grands arbres sur pied ou tombés dans les forêts,

ils sont rarement trouvés dans les plantations exotiques.

Figure 32 : Mycelium marron de Phellinus noxius et aspect en nid d'abeille une fois l'écorce retirée.

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3. ROLE ECONOMIQUE ET STRATEGIQUE DES PLANTATIONS