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EFFETS IMMUNOMODULATEURS ET ANTI-INFLAMMATOIRES a) Etudes réalisées in vitro

1 1-8 CINEOLE : L’EUCALYPTOL

A. DE L’HUILE ESSENTIELLE

1. EFFETS IMMUNOMODULATEURS ET ANTI-INFLAMMATOIRES a) Etudes réalisées in vitro

(1) Sur l’activité phagocytaire (55)

Dans cette étude, il a été recherché si l'extrait d'huile essentielle d'eucalyptus (espèce non spécifiée dans l’étude) pouvait modifier l'aptitude phagocytaire des macrophages dérivés de monocytes humains (MDM) in vitro et des monocytes / granulocytes du sang périphérique de rat in vivo en l'absence ou en présence d'une immuno-suppression induite par l'agent chimiothérapeutique 5-fluorouracile (5-FU). L'activation morphologique des macrophages dérivés de monocytes humains a été analysée par microscopie électronique à balayage.

L’activité phagocytaire a été testée:

- in vitro dans des macrophages dérivés de monocytes humains traités ou non à l’huile d’eucalyptus, par microscopie confocale après administration de billes fluorescentes; - in vivo dans des monocytes / granulocytes à partir de sang périphérique de rats

immuno-compétents ou immunodéprimés au 5-FU, après administration orale d’huile essentielle, par cytométrie en flux en utilisant Escherichia coli marqué à la fluorescéine.

L'huile essentielle d'eucalyptus est capable d'induire l'activation des macrophages dérivés de monocytes humains en stimulant considérablement leur réponse phagocytaire. L'internalisation stimulée par l'huile d'eucalyptus est couplée à une faible libération de cytokines pro-inflammatoires et nécessite l'intégrité du réseau de microtubules, ce qui suggère que l'huile d'eucalyptus peut agir par le biais d'une phagocytose à médiation par le récepteur du complément. La mise en œuvre d'une réponse immunitaire à médiation cellulaire innée a également été observée in vivo après l'administration de l'huile d'eucalyptus, impliquant principalement les monocytes / granulocytes du sang périphérique. Le traitement combiné 5- FU / huile essentielle d'eucalyptus a inhibé la myélotoxicité induite par le 5-FU et a augmenté l'activité phagocytaire du système granulocytique / monocytaire (diminuée de manière significative par l'agent chimiothérapique).

114 (2) Sur la production de cytokines (56)

La valeur thérapeutique des agents sécrétolytiques dans la BPCO (bronchopneumopathie chronique obstructive) et l'asthme est encore controversée. Pour cette raison, dans une étude préclinique, l’objectif était de tester l'efficacité anti-inflammatoire potentielle du 1,8-cinéole (eucalyptol) dans l'inhibition de la production de cytokines stimulées par LPS (lipopolysaccharides, qui se lient au récepteur TLR4 et promeut la libération de cytokines pro-inflammatoires) par les lymphocytes et les monocytes.

La production de cytokines a été déterminée après 20 h d'incubation de cellules avec du 1,8-cinéole (dosage immunoenzymatique).

La présence de 1,8-cinéole (1,5 µg /ml) a montré une inhibition significative (n = 13-19, p. 0,0001) de la production de cytokines dans les lymphocytes (TNF-α (92%) ; IL- 1β(84%) ; IL-4(70%) ; IL-5(65%)). La production de cytokines dans les monocytes était également significativement inhibée (n = 7-16, p <0,001) (TNF-α (99%) ; IL-1β (84%); IL- 6(76%) ; IL-8(65%)).

En présence de 1,8-cinéole (0,15 µg/ml), l’inhibition de la production par les monocytes de TNF-α était de 77% et celle de IL-1β était de 61%. L’inhibition de la production par les lymphocytes de TNF-α était de 16% et celle de IL-1β était de 36%.

Ces résultats caractérisent le 1,8-cinéole en tant qu'inhibiteur puissant du TNF-α et de l'IL-1β et suggèrent des effets plus faibles sur les cytokines chimiotactiques. On pourrait donc étudier le rôle du 1,8-cinéole dans le contrôle de l'hypersécrétion de mucus dans les voies respiratoires par inhibition de la libération de cytokines.

b) Etude réalisée sur le rat(57)

L’objectif de cette étude était d’étudier l'effet de l'huile essentielle d'Eucalyptus

globulus sur la bronchiolite et l'hypersécrétion de mucine dans la bronchite chronique

provoquée par le lipopolysaccharide chez le rat. Le « modèle de rat » a été établi par instillation intratrachéale de 0,2 mg de lipopolysaccharide. Les modifications pathologiques, l'altération du liquide de lavage broncho-alvéolaire (LBA) et les caractères d'immunohistochimie ont été examinés au bout de 3 semaines et l'effet de l'huile essentielle d'Eucalyptus globulus a été observé.

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Les symptômes des manifestations pathologiques de la bronchite chronique ont été retrouvés après l'instillation de LPS. L'infiltration de cellules inflammatoires et la gravité de la bronchite ont été significativement réduites après l'administration de l'huile essentielle d'Eucalyptus globulus. Surtout chez les rats traités à 300 mg/kg, il y avait une diminution significative de la teneur en mucine dans le liquide de lavage broncho-alvéolaire et dans l'épithélium de la trachée et des bronchioles.

L'huile essentielle d'Eucalyptus globulus a un effet anti-inflammatoire sur la bronchite chronique provoquée par le lipopolysaccharide chez le rat et un effet inhibiteur sur l'hypersécrétion de mucines des voies respiratoires.

c) L’asthme

(1) Définition

L'asthme signifiant est une maladie du système respiratoire touchant les voies aériennes inférieures et notamment les bronchioles, définie comme étant une gêne respiratoire à l'expiration.

La maladie s'explique par trois mécanismes caractéristiques :

· une inflammation avec œdème de l'épithélium bronchique ; · une bronchoconstriction par bronchospasmes ;

· une hyperactivité bronchique (chronique ou non) se manifestant par une sécrétion

accrue de mucus, notamment due à un remodelage des voies respiratoires supérieures.

(2) Etude ex-vivo (58) sur l’inhibition de la voie de l’acide arachidonique

Les monoterpènes sont prescrits pour traiter les troubles obstructifs chroniques des voies respiratoires, principalement en raison de leurs propriétés sécrétolytiques bien connues. Le but de cette étude était d'étudier l'effet du 1,8-cinéole (Soledum ©) sur le métabolisme de l'acide arachidonique dans les monocytes sanguins de patients souffrant d'asthme bronchique.

Des patients souffrant d'asthme bronchique (n = 10) et des sujets sains (n = 12) ont été inclus dans l'étude. La production des métabolites de l’acide arachidonique représentatifs tels que LTB4 et PGE2, à partir de monocytes isolés stimulés avec l'ionophore de calcium A23187, a été mesurée ex vivo avant traitement avec 1,8 cinéole (3 x 200 mg / jour), après trois jours de traitement (jour 4) et quatre jours après l'arrêt du 1,8 cinéole (jour 8).

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La production de LTB4 et de PGE2 à partir de monocytes ex vivo a été significativement inhibée au jour 4 chez les patients asthmatiques bronchiques (- 40,3%, n = 10 et - 31,3%, p = 0,1, n = 3 respectivement) ainsi que chez des volontaires sains (-57,9%, n = 12 et -42,7%, n = 8 respectivement).

En conclusion, il a été démontré que le 1.8-cinéole inhibe la LTB4 et la PGE2, les deux voies du métabolisme de l'acide arachidonique. D'autres études sont nécessaires pour montrer que le 1,8-cinéole convient au traitement de l'asthme bronchique.

(3) Etude Clinique en double aveugle controlé par placebo (59)

L'hypersécrétion des voies respiratoires est régulée par une libération accrue de médiateurs inflammatoires et peut être améliorée par l'inhibition de la production de ces médiateurs. Le 1,8-cinéole (eucalyptol) qui est connu comme le monoterpène principal de l'huile essentielle d'eucalyptus, inhibe le métabolisme de l'acide arachidonique et la production de cytokines dans les monocytes humains. L'objectif de cette étude était donc d'évaluer l'efficacité anti-inflammatoire du 1.8-cinéole en déterminant son efficacité équivalente en prednisolone chez des patients souffrant d'asthme sévère.

Trente-deux patients souffrant d'asthme (traités par corticostéroïdes) ont été inclus dans un essai en double aveugle contrôlé par placebo. Après avoir déterminé la dose efficace de stéroïdes par voie orale pendant une phase de rodage de 2 mois, les sujets ont été répartis au hasard pour recevoir soit 200 mg de 1,8-cinéole ou un placebo pendant 12 semaines.

Les glucocorticostéroïdes oraux ont été réduits par palier de 2,5 mg toutes les 3 semaines. L'objectif principal de cette étude était d'établir la capacité orale de 1,8 cinéole afin de limiter l’utilisation des glucocorticostéroïdes dans l'asthme sévère corticodépendant.

La diminution de la posologie quotidienne de prednisolone de 36% (plage: 2,5-10 mg, moyenne: 3,75 mg) contre une diminution de seulement 7% (2,5-5 mg, moyenne: 0,91 mg) dans le groupe placebo (P = 0,006) ont été tolérées. 12 des 16 patients traités par le 1,8- cinéole et 4 des 16 patients sous placebo ont obtenu une réduction de l’utilisation des corticostéroïdes oraux (p = 0,012). La thérapie systémique à long terme au 1,8-cinéole a un effet important sur la diminution de l’utilisation de corticostéroïdes dans l'asthme corticodépendant.

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d) La rhinosinusite

(1) Définition

La rhinosinusite est une infection inflammatoire des voies nasales et des sinus où on est en présence d'au moins deux des symptômes suivants :

· Drainage mucopurulent antérieur et/ou postérieur · Obstruction nasale

· Algie faciale, sensation de pression et/ou de plénitude · Diminution de l'odorat

(2) Etude randomisée en double aveugle contrôlée par placebo(60)

L’objectif de cette étude était de démontrer que la rhinosinusite non purulente peut être traitée avec succès par le 1,8-cinéole. C’est une étude prospective, randomisée, à double aveugle, contrôlée par placebo. Il a été comparé l'efficacité et la sécurité des capsules de 1,8- cinéole avec des capsules de placebo chez 152 patients atteints de rhinosinusite aiguë (76 patients dans chaque groupe de traitement). La posologie de l'ingrédient actif était de deux capsules de 100 mg de 1,8-cinéole trois fois par jour. Le critère d'évaluation principal était la réduction d'un score défini sur la base des symptômes et des signes comparant la différence de traitement de base du début à la fin du traitement de 7 jours. Au début, le score moyen était de 15,6 dans les deux groupes de traitement.

Les valeurs moyennes des scores dans le groupe 1,8-cinéole étaient de 6,9 ± 2,9 après 4 jours et de 3,0 ± 2,8 après 7 jours, et dans le groupe placebo de 12,2 +/- 2,5 après 4 jours et de 9,2 +/- 3,0 après 7 jours. Les différences entre les deux groupes étaient cliniquement pertinentes et statistiquement significatives après 4 et 7 jours. Le résultat pour le critère principal a été validé par l’amélioration des critères secondaires suivants: céphalées cervicogéniques, céphalées frontales, sensibilité des points de pression du nerf trijumeau, altération de l’état général, obstruction nasale et sécrétions nasales. Des effets indésirables bénins, qui pourraient être associés aux médicaments, ont été observés chez deux patients: brûlures d'estomac et exanthème après le traitement au 1,8-cinéole.

En conclusion, chez les patients atteints de rhinosinusite aiguë non purulente, un traitement rapide au 1,8-cinéole est efficace et semble sans danger.

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e) La broncho-pneumopathie chronique obstructive

(1) Définition

La broncho-pneumopathie chronique obstructive (BPCO) est une maladie chronique, inflammatoire, lentement progressive affectant les bronches et entraînant des lésions anatomiques et fonctionnelles des poumons. Cette affection est caractérisée par une réduction non complètement réversible des débits aériens, facilement détectée par la mesure du souffle. Dans plus de 80% des cas, cette maladie est causée par le tabac. Cette maladie, d’abord « silencieuse », débute par une toux, une expectoration matinale, symptômes souvent banalisés et attribués à la « bronchite chronique » du fumeur par les patients eux-mêmes. La BPCO, longtemps non ressentie par le malade et insuffisamment diagnostiquée, évolue à bas bruit, en l’absence de prise en charge adaptée et peut être responsable d’une insuffisance respiratoire sévère limitant le moindre effort de la vie quotidienne, de complications aiguës (les exacerbations) et de décès prématuré avant 65 ans.

(2) Etude en double aveugle contrôlée par placebo(61)

Il a été émis l'hypothèse que les effets mucolytiques, bronchodilatateurs et anti- inflammatoires connus du 1,8-cinéole en tant que traitement concomitant réduiraient le taux d'exacerbation bronchique et montreraient une amélioration de la fonction pulmonaire ainsi que de la qualité de vie des patients atteints de Bronchopneumopathie chronique obstructive.

Dans cette étude multicentrique en double aveugle et contrôlée contre placebo, il a été assigné au hasard 242 patients atteints de BPCO stable à recevoir 200 mg de 1,8-cinéole ou de placebo 3 fois par jour en association avec leur traitement habituel pendant 6 mois en hiver. La fréquence, la durée et la gravité des exacerbations ont été combinées en tant que critères de jugement principaux pour le test selon plusieurs critères. Les mesures de résultats secondaires comprenaient les modifications de la fonction pulmonaire, des symptômes respiratoires et de la qualité de vie, ainsi que les paramètres uniques des exacerbations.

Les données démographiques, la fonction pulmonaire et la médication standard des deux groupes étaient comparables. Au cours de la période de traitement de 6 mois, la fréquence des critères multiples, la sévérité et la durée des exacerbations étaient significativement plus faibles dans le groupe traité avec le 1,8-cinéole par rapport au placebo. Les mesures de résultats secondaires ont validé ces résultats.

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L'amélioration de la fonction pulmonaire, de la dyspnée et de la qualité de vie en tant que critères multiples était statistiquement significative par rapport au placebo. Les événements indésirables étaient comparables dans les deux groupes.

En conclusion, un traitement concomitant par le 1,8-cinéole réduit les exacerbations ainsi que la dyspnée et améliore la fonction pulmonaire et l'état de santé. Cette étude suggère en outre que le 1,8-cinéole est un régulateur actif de l'inflammation des voies respiratoires dans la BPCO en intervenant dans la physiopathologie de l'inflammation des voies respiratoires de la membrane muqueuse.