• Aucun résultat trouvé

LA PRÉSENTATION DES RÉSULTATS

5.2 Les contacts avec les étudiants internationau

5.2.6 Les obstacles rencontrés lors des contacts

En dépit du haut niveau de tolérance exprimé dans le questionnaire MIRIPS, lorsque questionnés en profondeur, les étudiants nous ont fait part d’un certain nombre de préjugés face aux étudiants internationaux. Si quelques participants avouent avoir des préjugés et des stéréotypes défavorables, la plupart n’en ont pas fait mention. Les analyses des entrevues nous ont toutefois permis de déceler plusieurs préjugés et stéréotypes négatifs :

84 Bien là, genre qu’il m’empoisonne là ou qu’il me mette une bombe là, je ne sais pas trop quoi. Admettons je découvrirais tu sais comme je te disais tantôt là, c’est comme, je n’ai personne pour me dire que c’est une bonne personne. C’est plus ça, je lui fais confiance, mais c’est parce que c’est difficile de faire confiance sur la parole de quelqu’un que tu ne connais pas puis que tu n’as pas la même culture (Participant 11).

Bien oui ça a rapport avec la couleur là […] Ça fait que moi avec les différences de couleur, il y en a que j’aime, qui sont plus d’origine Québécoise là ça va paraître, ou d’origine Française ça va paraître. D’origine Africaine, je les aime bien là, mais ils me perturbent, puis ce n’est pas de leur faute là, c’est moi qui… Ça doit me déranger puis je vais essayer de travailler là-dessus (Participant 8). Mais c’est vraiment là, il y a un apriori comme négatif; quand on voit les Chinois on fait : « Ah non, ils ne comprendront rien… », Ça fait que c’est ça. …Nécessairement moi je pense que tu sais, pauvre eux autres, ils ont un apriori négatif, par rapport à la langue (Participant 3).

Des participants font mention d’autres préjugés et stéréotypes envers les ÉI dont ils ont été témoins. Plus spécifiquement, ceux-ci sont dirigés vers les Espagnols, les Arabes et les Français.

Tu sais, il y avait beaucoup de préjugés autour de ça là, « Ah, les Espagnols sont chauds, les Espagnols… », mais « pantoute » là, c’est juste des préjugés qu’il y avait autour de moi ça fait que tu sais, il a vraiment fallu parler (Participant 11). Dans mon cours on m’a dit que les Arabes n’étaient pas capables, là il y a des étudiants québécois qui disaient que c’était trop difficile pour eux, je ne sais pas de quelle manière (Participant 4).

J’ai été témoin, il y a des gens qui se questionnaient beaucoup à la coopérative étudiante sur le comportement d’un étudiant africain, qui lui était juste sympathique et chaleureux, alors qu’eux ils pensaient que c’était vraiment du harcèlement mais, il en mettait un peu lorsqu’il côtoyait les gens. Puis là j’ai dit : « Écoutez, je le connais, il agit comme ça puis il n’a aucune méchanceté tout ça », puis ça a été un cinq, dix minutes de discussion. Mais les gens sont cantonnés, ils sont habitués dans leurs habitudes, puis dès qu’il y a quelque chose de différent, bien des fois ça peut les heurter, ça peut les déranger (Participant 5). Je sais qu’en informatique des fois, j’ai entendu quelqu’un parler des étudiants français puis dire qu’ils ne s’obstinaient pas sur les bonnes choses quand ils faisaient des travaux d’équipe puis souvent ça leur nuisait (Participant 2).

85 Les difficultés rencontrées lors des contacts identifiés comme étant négatifs se regroupent en trois catégories : 1) des difficultés de communication, 2) des difficultés dans les travaux d’équipe et 3) des conflits de valeurs ou de croyances. L’extrait qui suit démontre une difficulté de communication. Plus spécifiquement, on comprend que c’est un manque de compréhension de la part de l’étudiant hôte du sens du message non verbal émis par l’ÉI:

Tu sais, qu’ils ne sourient pas. Ils t’écoutent, ils te regardent. Tu sais admettons on débarque se promener, ils débarquent, ils ne disent pas un mot…Ils ne disent pas merci. Ils ne disent pas… Ce n’est peut-être pas dans leur culture. Nous autres le « merci » « s’il vous plaît » est super gros ici là mais, il y a plein de cultures que ce n’est pas ça là. Tu sais des fois tu es comme « Ok, est-ce que j’ai dit de quoi de pas correct? » ou tu sais… Dans le fond, peut-être que j’étais super plate là, mais c’est ça. Ça c’est plus des… des interrogations personnelles de… bien regarde, il y a plein de monde qui me disent que c’était « cool », j’imagine qu’il a trouvé ça « cool » tu sais (Participant 10).

Pour ce qui est des difficultés vécues à l’intérieur des travaux d’équipe, plus spécifiquement on a noté une perception de surcharge de travail pour les Québécois par rapport à celle des ÉI, pour cause d’un manque de maîtrise de la langue française de leur coéquipier étranger et un manque de connaissance et de respect des règles de fonctionnement à l’UQAC (par exemple en ce qui concerne l’interdiction de plagiat et les normes d’utilisation du portable en classe). Voici deux extraits qui démontrent concrètement ce que cela implique pour les étudiants hôtes :

Admettons que l’on est quatre là, puis je suis avec un Chinois qui ne parle pas français. Bien moi c’est sûr que je vais voir le professeur puis je lui dis que je vais faire le travail tout seul. Moi là, ce n’est pas vrai que je vais donner… que je vais faire le travail à la place du monde.[…] Puis qu’eux, ils vont arriver en Chine avec leur beau diplôme, le même que le mien, puis qu’ils n’auront rien « foutu ». […] C’est vraiment frustrant, c’est injuste (Participant 3).

86 Puis quand elle nous a envoyé sa partie puis que dans sa partie où il y a des phrases qui ne se tiennent pas trop, un moment donné, il arrive une page impeccable. C’était une section, nos valeurs, ça s’appelait comme ça. C’était tellement beau là. C’était plagié, ça ne se pouvait pas. Impossible. On en avait eu plein de ses parties jusqu’à date. Ma collègue me dit : « c’est sûr que ce n’est pas elle qui a écrit ça, c’est impossible […] Car en général, les phrases ne se tenaient pas. Fait que quand les phrases en français ne se tiennent pas parce qu’ils ont peut-être été fait avec Google translate, c’est un non sens (Participant 1).

Voici une situation à l’intérieur de laquelle les divergences de valeurs, de croyances ont été ciblées comme une difficulté avec un ÉI par les participants :

On savait qu’il ne buvait pas parce qu’il est musulman, mais là bon, ça avait plus l’air d’être ses convictions personnelles là. Bien là à un moment donné je me suis tanné, j’ai comme dis là, regarde, si tu as une plainte à faire, fais-là à l’association. Il ne l’a jamais fait. À un moment donné, c’est parce que là, l’association avait décidé de faire le party, de payer l’alcool comme d’habitude. À la limite, il n’y a personne qui le force à en prendre, donc il ne faudrait peut- être pas me forcer à ne pas en prendre là. Question de respect entre les deux (Participant 5).