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Les objets présentés lors de l’exposition

Les objets sont le cœur de l’exposition, c’est la volonté de les faire connaître, de les mettre en avant et de les valoriser qui anime une telle manifestation culturelle et patrimoniale. L’étude des objets au sein de l’exposition « Trésors d’art sacré de la Haute-Guyenne » se fait en trois temps. Un premier temps dans lequel les objets sont présentés par type et selon leur datation, un deuxième temps qui s’attarde sur le choix des objets, et un dernier temps dans lequel sont étudiés les restaurations faites sur les objets et leur classement au titre des monuments historiques dans le cadre de l’exposition.

3.1- Présentation des objets.

Tout au long de mon étude, je reprends les catégories du catalogue afin de faciliter la compréhension, c’est-à-dire « orfèvrerie », « sculpture », etc. Et chaque objet présenté est qualifié par son numéro sous lequel il est exposé afin de pouvoir se référer à sa notice dans le catalogue, numérisé dans le CD joint aux annexes. De plus, les définitions des objets liturgiques figurent également en annexes (Fig. 2).

3.1.1- Statistiques des objets par types et datation.

L’exposition présente 29 objets d’orfèvrerie, 35 objets sculptés, 11 relevés de peintures murales, 4 peintures, 7 objets de tissus, 15 objets de dinanderie et de plomb, 9 manuscrits, 4 objets divers et 3 documents. Il y a une prééminence de l’orfèvrerie et de la sculpture. Cela se justifie par le choix de présenter les trésors des grandes centres religieux de la région. L’abbaye de Grandselve est connu pour son trésor d’orfèvrerie du XIIIe siècle, tandis que l’ancienne abbaye Saint-Pierre de Moissac a eu en sa possession une importante collection de sculptures en ronde-bosse et de chapiteaux. Quant aux tissus anciens, ils proviennent tous de la collégiale de Montpezat-de-Quercy et font la réputation de son trésor.

3.1.1.1- L’orfèvrerie.

Les 29 objets d’orfèvrerie sont exposés sous 27 numéros, le calice de Mouillac étant le N°20 bis (Fig. 22) et le ciboire de Bugat étant le N°21 bis (Fig. 24). Les châsses et les reliquaires d’orfèvrerie sont au nombre de 12, soit quasiment la moitié des objets d’orfèvrerie exposés : les quatre châsses (N°1 à 4, Fig. 7 à 10)) et les trois reliquaires (N°5 à 7, Fig. 11 à 13) de l’abbaye de Grandselve, la monstrance reliquaire de Montpezat-de-Quercy (N°8, Fig. 14), le reliquaire de Puylaroque (N°9, Fig. 15), la châsse de la cathédrale de Montauban (N°10, Fig. 16), et les deux monstrances reliquaires de Castelferrus (N°14 et 15, Fig. 20).

Les reliques, et par extension les reliquaires, sont les objets les plus précieux des trésors d’églises et de cathédrales, à la fois pour leur valeur matérielle et surtout leur valeur symbolique. La dynamique de constitution des trésors médiévaux se fonde sur l’acquisition de reliques. Le nombre de reliquaires présentés lors de l’exposition aurait pu être d’avantage conséquent car la Guyenne est une région dans laquelle se sont épanouies de nombreuses fondations ecclésiastiques moins connues que les abbayes de Grandselve et de Moissac, telles que l’abbaye de la Garde-Dieu à Mirabel, l’abbaye de Montauriol de Montauban, ou encore celle de Beaumont-de-Lomagne. Mais de nombreux reliquaires ont probablement disparus au XVIe siècle lors des guerres de religions, ainsi qu’au XVIIIe siècle durant la période révolutionnaire.

Les 17 autres objets d’orfèvrerie sont des objets dont l’utilisation pour le culte est plus commune. Il y a 10 calices117, 4 croix processionnelles118, le ciboire de Bugat (N°21 bis, Fig. 24), l’ostensoir de Piac (N°19, Fig. 23) et la croix d’autel de Verdun-sur-Garonne (N°25, Fig. 27).

Les calices sont nombreux, ils représentent quasiment un tiers des objets d’orfèvrerie exposés. La meilleure conservation des calices à travers les siècles peut se comprendre par leur datation plus récente. En effet, les calices exposés sont tous des XVIIe et XVIIIe siècles, ils ont ainsi traversé moins de siècles que les reliquaires médiévaux. De plus, ce n’est pas un

117Les calices de Castanet (N°16, Fig. 21), de Lagarde (N°17, Fig. 21), de Bouloc (N°18, Fig. 22), de Mirabel (N°20, Fig. 24), de Mouillac (N°20 bis, Fig. 22), de Touffailles (N°21, Fig. 23), de Saint- Martin-d’Espiémont (N°22, Fig. 25), du Fau (N°23, Fig. 28), de Saint-Amans (N°26, Fig. 28) et de Loze (N°27, Fig. 21).

118Les croix processionnelles de Parisot (N°11, Fig. 17), de Fajolles (N° 12, Fig. 18), d’Avensac (N°13, Fig. 19) et de Verdun-sur-Garonne (N°24, Fig. 26).

type d’objet profané par les huguenots car l’Eucharistie demeure un des sacrements qu’ils officient, et étant souvent moins ornementés et moins fastueux que les reliquaires, ils ont pu échapper aux fontes révolutionnaires plus aisément.

Les objets d’orfèvrerie présentés lors de l’exposition sont davantage des objets liés au culte des reliques et au sacrement de l’Eucharistie.

3.1.1.2- La sculpture.

Sur les 35 numéros attribués à des objets sculptés, quatre numéros regroupent deux ou trois objets. Les trois bas-reliefs de la collégiale de Montpezat-de-Quercy sont regroupés sous le N°45 (Fig. 41 à 43), les deux jouées de stalles sous le N°57 (Fig. 55), les deux monstrances reliquaires sous le N°60 (Fig. 58) et les deux statuettes des saints Pierre et Paul sous le N°61 (Fig. 59).

J’ai différencié les objets sculptés en quatre catégories : les sculptures appartenant à l’architecture et liées aux circulations, les sculptures monumentales et les ensembles sculpturaux, les objets du culte sculptés, et les autres sculptures d’avantages ornementales et dévotives.

Parmi les sculptures appartenant à l’architecture et dépendantes des circulations, se placent les 10 chapiteaux des abbayes de Moissac119, Grandselve120, Montauriol (N°33), de l’église de Dieupentale (N°39, Fig. 36) et du couvent des Cordeliers de Montauban (N°40, Fig. 37), le redent du portail de l’abbaye Saint-Pierre de Moissac (N°30, Fig. 31), la pierre tombale de Guillaume Joffre (N°38), la clef de voûte (N°41) et les jouées de stalles (N°57, Fig. 55) de l’abbaye de Belleperche, soit 14 objets.

La catégorie des ensembles sculpturaux et des sculptures monumentales est composée de 5 objets: les ensembles de la Vierge de Pitié (N°49, Fig. 47) et de la Mise au Tombeau (N°50, Fig. 48) de Moissac, de la Crucifixion de Cordes-Tolosannes (N°58, Fig. 56), et de deux Christ en Croix, l’un de Moissac (N°37, Fig. 35) et l’autre de Montech (N°42, Fig. 39).

Les objets de culte sculptés sont classés sous 3 numéros : un reliquaire (N°59, Fig. 57) et deux monstrances reliquaire (N°60, Fig. 58) de Pompignan et la croix processionnelle de Finhan (N°62, Fig. 60).

119N° 28 (Fig. 29), 29 (Fig. 30), 31 et 32. 120N°34 à 36 (Fig. 32 à 34).

Enfin les autres statues sont présentées sous 13 objets ou groupes d’objets, 11 numéros de statuettes121, l’ensemble de bas-reliefs de la collégiale de Montpezat-de-Quercy (N°45, Fig. 41-43), et le crucifix de Mirabel (N°56, Fig. 54).

Les sculptures sont majoritairement médiévales, seulement 7 numéros sur les 35 sont datés des XVIIe et XVIIIe siècles, les 28 autres datent de la fin du XIe siècle au début du XVIe siècle. Cette prééminence de la sculpture médiévale peut se justifier d’abord par la part des sculptures moissagaises122, et par le type même des objets. Les sculptures sont placées dans les chapelles, sur les autels, elles peuvent faire l’objet de dévotions des fidèles mais elles ne sont pas manipulées quotidiennement comme un calice, un encensoir ou encore un livre liturgique. Ce sont des objets qui peuvent être préservés de l’usure plus facilement. De plus, leur pérennité est d’avantage préservée que les objets d’orfèvrerie susceptibles d’être fondus dans le but de réutiliser la matière première.

Les sculptures exposées en 1956 sont très diverses par la technique et le thème iconographique représenté, même si elles sont davantage médiévales que classiques.

3.1.1.3- Les autres objets.

Les objets de dinanderie sont au nombre de 15, dont 9 plats à quêter123. Ils font partis du type d’objets les plus représenter dans l’exposition avec les châsses et les reliquaires, les calices, et les chapiteaux. Tous les plats à quêter sont datés du XVIe siècle, seul celui de Moissac (N°94) est daté du XVIIe siècle. Hormis le font baptismal de Verdun-sur-Garonne (N°85, Fig. 78) qui est médiéval, le reste de la dinanderie est moderne. Les autres œuvres de dinanderie sont également des objets de culte usuels. Sont exposé l’encensoir de Puylaroque (N°95, Fig. 83), la croix processionnelle de Notre-Dame-du-Moutet (N°96, Fig. 84), le lutrin

121Cinq statuettes provenant de Montpezat-de-Quercy : la Vierge aux Colombes (N°43, Fig. 39), Sainte Anne et la Vierge (N°44, Fig. 40), un apôtre (N°46, Fig. 44), un chanoine (N°47, Fig. 45) et une Piéta (N°48, Fig. 46) ; ainsi que la Piéta de la chapelle d’Haumont (N°51, Fig. 49), la Vierge de Douleur de l’Hospice de Moissac (N°52, Fig. 50), la Piéta du Carmel de Moissac (N°53, Fig. 51), la Fuite en Égypte de l’abbatiale de Moissac (N°54, Fig. 52), la Vierge à l’Enfant de Saint- Martin de Cayssac (N°55, Fig. 53) et les statuettes des saints Pierre et Paul de Pompignan (N°61, Fig. 59).

122Onze statues proviennent de Moissac.

123Les plats à quêter de Dunes (N°86 et 87, Fig. 79 et 80), celui de la chapelle de Notre-Dame-du- Moutet (N°88, Fig. 80), de Saint-Avit (N°89 et 90, Fig. 81), de Cazes-Mondenard (N°91), de Puylaroque (N°92, Fig. 79), de Montauban (N°93, Fig. 82) et de Moissac (N°94).

de Savenès (N°97, Fig. 85), la paire de chandelier et le crucifix de Caumont (N°98 et 99, Fig. 86).

Les relevés de peintures murales, prêtés par le Musée des Monuments français, sont tous des relevés de peintures médiévales. Ils sont au nombre de onze : les relevés des peintures murales de la chapelle abbatiale de Moissac (N°63 et 64), de la chapelle du château de Bioule (N°65 et 66. Fig. 61), de l’église Saint-Martin de Moissac (N° 63 à 71, Fig. 62) et de l’église de Pervillac (N°72 et 73, Fig. 63).

Concernant la peinture, les Sibylles du château de Piquecos (N°74, Fig. 64) sont une peinture murale déposée du XVe siècle, tandis que les peintures sur toile sont modernes : la Crucifixion d’Ardus (N°75, Fig. 65), la Vierge aux Cerises de Pompignan (N°76, Fig. 66) et l’Annonciation de Verdun-sur-Garonne (N°77, Fig. 67).

Hormis le tissu antique de la Légende d’Alexandre (N°78, Fig. 68), les autres pièces textiles du trésor de la collégiale de Montpezat-de-Quercy sont médiévales, datées des XIVe et XVIe siècles : Les armoiries de la famille Des Près (N°79), quatre bourses à reliques (N°80, Fig. 69), un fragment de chape (N°81, Fig. 70), un sac brodé (N°82, Fig. 71), la tapisserie de la Vie de saint Martin (N°83, Fig. 72 à 76) et neuf écussons aux armes du maréchal de Montpezat (N°84, Fig. 77).

Les manuscrits exposés sont médiévaux, datés de la fin du Xe siècle au XVIe siècle, prêtés par la Bibliothèque Nationale de France et les archives départementales et municipales. Il s’agit du Conflit des vices et des vertus par Ambroise Autpert (N°100), le Tropaire-Prosier (N°101), le Nouveau Testament (N°102), le Recueil des Pères de l’Église (N°103), le Livre rouge de Montauban (N°104), le cartulaire du Collège Saint-Bernard de Toulouse (N°105), le

Liber de Regimine Principum par Gille de Rome (N°106) et le livre juratoire de Beaumont-

de-Lomagne (N°107, Fig. 87).

Les quatre objets classés dans la catégorie divers sont eux aussi médiévaux, les deux jeux de pavement sont du XIIIe siècle (N°111 et 112, Fig. 89 et 90) et les deux coffrets à bijoux sont datés du début du XVe siècle (N°109 et 110, Fig. 88).

Enfin, l’exposition présente trois documents : un inventaire du trésor de la collégiale de Montpezat-de-Quercy daté de 1436 (N°113), un inventaire du trésor de l’abbaye de Moissac daté de 1669 (N°114) et le contrat de l’artiste des peintures murales du château de Bioule daté de 1378 (N°115).

Les trois quarts des objets exposés sont médiévaux, 77 numéros, le reste des objets date de l’époque moderne, 39 numéros. L’exposition met alors davantage en avant ses trésors médiévaux, liés aux grandes abbayes et autres centres religieux influents du département de Tarn-et-Garonne.

3.1.2- Part des grands centres religieux.

Il est intéressant de rendre compte de la part des objets exposés provenant des anciennes abbaye de Belleperche, de Grandselve et de Moissac, et de la collégiale de Montpezat, car l’un des buts de l’exposition est de les rassembler pour mettre en avant le patrimoine religieux du département de Tarn-et-Garonne.

Moissac est la localité dont proviennent le plus d’objet exposés. Ils sont 25 au total, dont 17 venant de l’abbaye Saint-Pierre. Il s’agit des chapiteaux N°28 (Fig. 29), 29 (Fig. 30), 31 et 32, du redent de portail N°30 (Fig. 31), du Christ en Croix N°37 (Fig. 35), du groupe de la Vierge de Pitié N°49 (Fig.47), de la Mise au Tombeau N°50 (Fig. 48), de la Vierge de Pitié N°53 (Fig. 51), de la Fuite en Égypte N°54 (Fig. 52), des relevés de peintures murales N° 63 et 64, du plat à quêter N°94, des manuscrits N°100, 101 et 102, ainsi que de l’inventaire du trésor de l’abbaye N°114.

Les 9 autres objets ne sont pas issus du trésor de l’abbaye de Moissac mais de lieux sous influence de l’abbaye Saint-Pierre. Il s’agit de la Vierge de Douleur N°52 (Fig. 50) de l’hospice de Moissac, les relevés de peintures murales N°67 à 71 (Fig. 62) de l’église Saint- Martin de Moissac, des deux plats à quêter N°89 et 90 (Fig. 81) de l’église de Saint-Avit sur la commune de Moissac, ainsi que le manuscrit du Recueil des Pères de l’Église (N°103) provenant de l’abbaye de Saint-Maurin dans le diocèse d’Agen.

La collégiale de Montpezat-de-Quercy a prêté 16 objets de son trésor, ainsi que la Vierge de Pitié (N°48, Fig. 46) provenant de son oratoire Notre-Dame. Les objets de la collégiale sont les suivants : les statuettes d’un apôtre et d’un chanoine N°46 et 47 (Fig. 45 et 46), l’ensemble des tissus, soit les numéros N°78 à 84 (Fig. 68 à 77), les deux coffrets à bijoux N°109 et 110 (Fig. 88), ainsi que l’inventaire du trésor de la collégiale N°113.

Concernant l’abbaye de Grandselve, 14 objets lui sont associés. Son trésor d’orfèvrerie est composé des châsses N°1 à 4 (Fig. 7 à 10), et des reliquaires N°5 et 6 (Fig. 11 et 12). Les autres objets désignés comme provenant de l’abbaye de Grandselve sont les chapiteaux N°34 à 36 (Fig.32 à 34), le Christ en Croix N°42 (Fig. 38), le tableau de l’Annonciation N°77 (Fig. 67), le lutrin N°97 (Fig. 85), les carreaux de pavement N°112(Fig. 90), et le cartulaire du collège Saint-Bernard de Toulouse, fondé par l’abbaye, N°105.

Enfin, 6 objets sont issus de l’abbaye de Belleperche : probablement le reliquaire N°7 (Fig. 13), ainsi que la pierre tombale N°38, la clef de voûte N°41, les deux jouées de stalles N°57 (Fig. 55), la Crucifixion N°58 (Fig. 56), et les carreaux de pavement N°111 (Fig. 89).

Ainsi, 62 objets sont issus directement ou liés à l’influence des grands centres religieux de la région de la Haute-Guyenne, désormais département du Tarn-et-Garonne. Cela représente un peu plus de la moitié des objets exposés. Les objets issus des petites églises paroissiales peuvent également avoir connu l’influence artistique du grand centre religieux le plus proche. Les trésors des abbayes de Belleperche, de Grandselve, de Moissac et de la collégiale de Montpezat-de-Quercy participent grandement à la richesse d’art sacré de la région et ils sont mis en avant dans cette exposition.

Les objets présentés sont surtout des objets d’orfèvrerie et des sculptures médiévaux issus des grands centre religieux de la région. Après avoir présenté la typologie et la datation des objets exposés, l’étude se poursuit par la question du choix des objets.

3.2- Le choix des objets.

Il est difficile de retracer la réflexion autour du choix des objets présentés car il n’y a pas, ou il n’existe plus, de correspondances dans lesquelles les principaux protagonistes de l’exposition discutent des objets à présenter ou non. Les sources sur la question sont presque inexistantes, ne subsiste que des listes d’objets dont l’auteur et la date ne figurent pas toujours. La source la plus riche étant la liste du chanoine Gayne.

3.2.1- La liste du chanoine Gayne.

Dans les archives, est conservé un inventaire des objets d’art sacré de Tarn-et- Garonne, rédigé par le chanoine Pierre Gayne en 1954. Cette date de 1954 est peut-être précoce dans la réflexion des objets à exposer en 1956. Comme il a été mis en avant dans la partie sur l’organisation de l’exposition, il semble que le choix des objets à exposer ait été fait dans les premiers mois de l’année 1956. Le chanoine Gayne a donc peut-être réalisé cette liste afin de dresser un inventaire en tant que Président de la Société Archéologique de Tarn-et- Garonne ou comme Secrétaire de la Commission diocésaine d’Art Sacré, fonctions qu’il occupe alors. De plus, le chanoine Gayne est un érudit, très intéressé par l’histoire du diocèse de Montauban, il a pu donc également rédiger cet inventaire pour ses propres recherches.

Il liste par catégories presque deux cents objets d’art religieux les plus insignes du diocèse. Pierre Gayne présente des statues, des tabernacles, des tableaux, des tapisseries, des tombeaux, des vases sacrés124, des vitraux, des autels, des bénitiers, des boiseries, des chaires, des chandeliers, des chapiteaux et des culots, des cloches et des clochettes, des croix, des devants d’autel, des encensoirs, des fers à hosties, des fonts baptismaux, des inscriptions lapidaires, des missels et des antiphonaires, des ornements (chasubles et chapes), des peintures murales, des plats à quêter, des reliquaires et des châsses, des retables, des sculptures sur plâtre et sur bois, et des stalles et des lutrins.

Tous les objets listés par le chanoine Gayne ne sont pas exposés, et certains objets exposés ne sont pas non plus cités dans son inventaire. Mais je peux supposer que la liste établie par le chanoine Gayne a servi de base de références à Daniel Ternois et Mathieu Méras pour établir leurs choix finaux, car Pierre Gayne a participé au choix des objets (cf. .2.3.5- Prêts des œuvres et leur reçu après l’exposition).

Parmi la liste du chanoine Gayne, trente-neuf objets sont tout de même exposés. Pour l’orfèvrerie, sont choisis les quatre châsse de l’abbaye de Grandselve (N°1 à 4, Fig. 7 à 10), les trois reliquaires de la même abbaye (N°5 à 7, 11 à 13), le reliquaire aux Anges de Montpezat-de-Quercy (N°8, Fig. 14), le reliquaire du Saint-Voile de Puylaroque (N°9, Fig. 15), les croix processionnelles de Parisot (N°11, Fig. 17), Fajolles (N°12, Fig. 18) et

124Il ne fait pas la liste des calices, il mentionne seulement « Puylaroque : Calice Louis XIII », puis « divers calices du 18e s. (v. liste évêché) ».

d’Avensac (N°13, Fig. 19). Concernant les calices, la liste du chanoine Gayne ne mentionne qu’un calice style Louis XIII à Puylaroque, qui n’est pas exposé.

Pour la sculpture, sont choisis les deux chapiteaux de l’abbaye de Moissac datant du XIIe siècle et conservés au musée lapidaire de Moissac (N°28 et 29, Fig. 29 et 30), les deux chapiteaux de l’abbaye de Grandselve conservés à l’église de Bouillac (N°34 et 35, Fig. 32 et 33), le chapiteau de l’église de Dieupentale (N°39, Fig. 36), le Christ en Croix de Montech (N°42, Fig. 38), la Vierge aux Colombes (N°43, Fig. 39), la statue de sainte Anne et la Vierge (N°44, Fig. 40) et la Piéta (N°48, Fig. 46) de la collégiale de Montpezat-de-Quercy, le Christ en Croix (N°37, Fig. 35), le groupe sculptural de la Vierge de Pitié avec saint Jean et Marie- Madeleine (N°49, Fig. 47), la Mise au Tombeau (N°50, Fig. 48), la Vierge de Douleur (N°52, Fig. 50) et la Fuite en Égypte (N°54, Fig. 52) de l’abbaye de Moissac, la Vierge de Pitié d’Haumont (N°51, Fig. 49), le crucifix de Mirabel (N°56, Fig. 54), les deux jouées de stalles et la Crucifixion de Cordes-Tolosannes (N°57 et 58, Fig. 55 et 56), le reliquaire (N°59, Fig. 57) et les deux monstrances reliquaires (N°60, Fig. 58) de Pompignan, et la croix processionnelle de Finhan (N°62, Fig. 60).

Pour les peintures murales, exposées sous forme de relevés sur papier prêtés par le Musée des Monuments Français, sont choisies les deux prophètes de la chapelle abbatiale de Moissac (N°63 et 64), le Jardin des Oliviers (N°67, Fig. 62), La Visitation (N°68, Fig. 62), les Quatre Anges (N°69, Fig. 62), le Lavement des Pieds (N°70, Fig. 62) et la Nativité (N°71, Fig. 62) de l’église Saint-Martin de Moissac, et la Luxure et l’Enfer de l’église de Pervillac (N°72 et 73, Fig. 63).

Parmi les peintures, sont choisies, la Vierge aux Cerises de Pompignan (N°76, Fig. 66)125, et l’Annonciation de Verdun-sur-Garonne (N°77, Fig. 67).

Concernant les tissus mentionnés par la liste, seulement les quatre bourses à reliques (N°80, Fig. 69) et la tapisserie de la Vie de saint Martin (N°83, Fig. 72 à 76) de la collégiale de Montpezat-de-Quercy sont choisies pour être exposées.

Pour la dinanderie, sont choisis le font baptismal de Verdun-sur-Garonne (N°85, Fig. 78), le plat à quêter (N°88, Fig. 80) et la croix processionnelle (N°96, Fig. 84) de la chapelle Notre-Dame du Moutet, l’encensoir de Puylaroque (N°95, Fig. 83), le lutrin de Savenès (N°97, Fig. 85) et la paire de chandeliers de Caumont (N°98, Fig. 86).

La liste dressée par le chanoine Gayne mentionne de nombreux objets exposés au Musée Ingres en 1956. Il est probable qu’elle ait été une base de réflexion pour Daniel Ternois et Mathieu Méras. De plus, il ne faut pas oublier que le nombre d’objets à exposer est limité par la place dans le musée, et que tous ne peuvent être choisis. L’exposition « Trésors d’art sacré de la Haute-Guyenne » présente plusieurs catégories d’objets, ce qui limite donc le choix des objets dans chacune d’entre elles. Je vais ainsi tenter de comprendre pourquoi ce sont les objets du catalogue qui on été choisi, en les étudiant selon leurs valeurs artistique historique, liturgique et touristique.

3.2.2- Interprétations.

3.2.2.1- Les reliquaires d’orfèvrerie.

Concernant l’orfèvrerie, le trésor de l’abbaye de Grandselve est largement mis en avant. En effet, il s’agit du plus important trésor d’orfèvrerie médiévale du Midi après celui de l’abbaye de Conques. Les quatre châsses et les trois reliquaires, datés du XIIIe siècle, portent les sept premiers numéros du catalogue.

Les autres reliquaires d’orfèvrerie exposés sont la monstrance reliquaire aux Anges (N°8, Fig. 14), le reliquaire du Saint-Voile (N°9, Fig. 15) et la châsses des saints Innocents (N°10, Fig. 16). Ces trois reliquaires sont datés du XIVe siècle. Les deux monstrances reliquaires de Castelferrus (N°14 et 15, Fig. 20) sont quant à elles datées du XVIe siècle.

Il semblerait que le choix se soit porté d’avantage sur les reliquaires médiévaux. En effet, les reliques, et donc les reliquaires par métonymie, sont ce qu’il y a de plus riches dans les trésors d’églises126. Les reliquaires sont des richesses à la fois spirituelle et matérielle. Le culte des saints occupe une place de choix dans la religion chrétienne. Les saints sont les intercesseurs entre Dieu et les hommes. Ils offrent la possibilité aux fidèles d’appuyer leurs

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