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Les “nouvelles images”, récupération politique des développements

Au cours des soixante dernières années, les gouvernements qui se sont succédés ont suivi une politique de développement de la recherche inspirée par la volonté politique de Pierre Mendès France1, qui inscrivait en 1953 la recherche comme l’une des priorités de son futur

gouvernement. Le premier « colloque de Caen »2, tenu en 1956, élabora douze idées forces à adopter pour favoriser son expansion, « condition indispensable au maintien du rayonnement intellectuel et du rang international de la France »3, que lancèrent les premiers gouvernements de la Ve République4. La Délégation générale à la recherche scientifique et technique (DGRST) incarna cette volonté politique qui restructura le milieu scientifique, et conduira à la création d’autres institutions et organismes voués à une recherche plus appliquée, comme le Centre national d’études spatiales (CNES), le Centre national pour l’exploitation des océans (CNEXO), et l’Agence nationale de valorisation de la recherche (ANVAR) en 19675. « Une

modernisation décisive qui constitue, aujourd’hui encore, les bases du système de la recherche en France »6. Déjà, la dimension politique du développement conjoint de la recherche et de la technologie s’était imposée7.

1 Le gouvernement de PMF a créé le secrétariat d’État à la recherche scientifique et au progrès technique le 19 juin 1954, complété par le Conseil supérieur de la recherche scientifique et du progrès technique le 14 septembre 1954. Alain CHATRIOT et Vincent DUCLERT (DIR.), Le gouvernement de la recherche: histoire d’un engagement

politique, de Pierre Mendès France à Charles de Gaulle, 1953-1969, Paris : la Découverte, 2006, 428 p.

2 Colloque national sur l’enseignement et la recherche scientifique, 1-3 novembre 1956, Caen. COLLOQUE

NATIONAL SUR LA RECHERCHE ET L’ENSEIGNEMENT SCIENTIFIQUE, [Débats du Colloque national sur la recherche

et l’enseignement scientifique, Caen, 1956.], Paris, 1957.

3 « Les douze points du colloque de Caen », extrait des Cahiers de la République, 5, janvier-février 1957, préambule, p.15.

4 De 1958 à 1968 la France a multiplié son effort de recherche-développement, en le portant de 1,1% à 2,2% de son produit intérieur brut, lui-même rapidement croissant. « Un débat démocratique pour un grand enjeu », texte introductif rédigé par des membres du comité d’organisation du colloque national, COLLOQUE NATIONAL

RECHERCHE ET TECHNOLOGIE, Recherche et technologie: actes, Paris : la Documentation française Éditions du Seuil, 1982, p.14.

5 Loi n° 67-7 du 3 janvier 1967 portant création d’organismes de recherche, Journal officiel de la République

Française, 5 janvier 1967, p.131.

6 Vincent DUCLERT, « L’invention d’une haute institution gouvernementale. La Délégation générale à la recherche scientifique et technique », Le gouvernement de la recherche, op. cit.p. 132 ;

7 Jean-Louis RIZZO Mendès France ou la rénovation en politique, Presses de la Fondation nationale des sciences politiques, Paris, 1993. FRANCE, Sciences de la vie et société: rapport présenté à M. le Président de la République, Paris : la Documentation française, 1979, 287 p. ; FRANCE, Construire l’avenir  : livre blanc sur la recherche

Pourtant, si cet essor permit une croissance de ressources financières accessibles aux chercheurs1, en faveur qui plus est d’une ouverture aux sciences sociales2, ceux-ci durent faire face à une précarité de leur situation d'autant plus grande qu'ils occupaient des positions institutionnelles faibles. Le Front Populaire et surtout le gouvernement Pierre Mendès France, s’ils modifièrent vigoureusement le régime gouvernemental, ne firent pas du portefeuille de la Recherche un ministère de plein exercice pourvu d'une administration spécifique3. La fin des années 1970 fut même marquée par « une stagnation, voire une décrue des budgets disponibles, et par une contestation, par le pouvoir en place, de l'intérêt et de la légitimité de leur production »4.

L'arrivée au pouvoir des socialistes en 1981 marque un tournant, en affichant dès le mois de juin 1981 l’une de ses priorités nationales avec la création d’un Ministère de la Recherche et de la Technologie5, dont l'opération phare reste la grande consultation nationale de la communauté scientifique et ses retombées, le colloque éponyme « Recherche et Technologie »6.

Plusieurs rassemblements ont accompagné les débats7, spécifiant certains thèmes de recherche,

de l’écologie à la création. C’est pourtant la journée du 22 décembre 1981, dédiée aux recherches en communication, qui a fortement orienté l’attention vers la recherche audiovisuelle, pour finalement influencer l’engagement du gouvernement dans la « recherche- image », comme une éloquente association de l’innovation technique dans la recherche.

Pour quelles raisons la politique a-t-elle récupéré dans son discours une certaine vision de ce couple « Recherche et Technologie » ? Par quels truchements cette association a-t-elle trouvé un essor particulier dans la Recherche-Image, stimulant de façon primordiale l’établissement des images de synthèse appliquées à la création audiovisuelle ? Nous allons étudier, dans ce deuxième chapitre plus encore, les développements technologiques vus depuis l’État. Des textes qui dévoilent que la culture en général, et les technologies en particulier,

1 Michael POLLAK, "La planification des sciences sociales", Actes de la recherche en sciences sociales, 1976, n°263, p.105-121.

2 Florent LOISEAU, « Le tournant des années 1980 : les sciences sociales face au volontarisme politique de gauche », L’État à l’épreuve des sciences sociales: la fonction recherche dans les administrations sous la Ve

République, Centre d’études et de recherches de science administrative et politiques, Paris : la Découverte, 2005,

p.123.

3 Vincent DUCLERT, "La recherche en France : mise en perspective", Les états généraux de la recherche: 9

mars-9 novembre 2004, Paris : Tallandier, 2004, p21-68 ; Luc ROUBAN, L'État et la science : la politique publique de la science et de la technologie, Paris, CNRS, 1988.

4 Philippe BEZES et al. (Dir.), op. cit.

5 Créé le 1er décembre 1981 par décret (81-1056), il abroge de fait la Délégation Générale à la Recherche Scientifique et Technique (DGRST) (créée le 28 novembre 1958 (décret N° 58-1144)) tout en en étant l’héritier. 6 Colloque national Recherche et Technologie, Paris, La Documentation française, Éditions du Seuil, 1982, 213 p. 7 COLLOQUE NATIONAL RECHERCHE ET TECHNOLOGIE, Journées thématiques: actes du Colloque national

deviennent les objets d’enjeux politiques forts, si ce n’est idéologiques1, manifestations d’un

programme politique qui se veut ambitieux et visible.

Recherche - Technologie - Culture, rhétorique des enjeux de l’avenir

Afin d’examiner comment s’articulent ces trois thèmes, nous proposons de revisiter à grands pas les étapes les plus significatives de l’élaboration de cette politique incitatrice de 1981. Nous montrerons, à travers le référentiel de cette politique publique, comment se sont élaborés son rapport au monde et ses cadres d’interprétation, avant de nous attarder sur quelques-uns des acteurs centraux qui vont les mettre en œuvre, en jouant simultanément des trois leviers permettant d’agir sur le champ scientifique : la mise en scène du volontarisme politique, le soutien financier, et les réformes institutionnelles. Cette analyse de l’action publique nous permettra de comprendre par quels mécanismes l’État encourage la France à se projeter dans l’avenir qu’il imagine pour elle.

Le couple stratégique « Recherche et Technologie »

« Chercheurs français, retrouvez confiance… au temps du mépris, je substituerai le temps du respect et du dialogue2 » déclame François Mitterrand en avril 1981, avant même son investiture3. Décidés à mettre en œuvre un programme politique dont le mot d’ordre est le changement4, les socialistes vont expliquer cette nécessité par un référentiel global de la rupture avec les années précédentes, soit vingt-trois ans de gouvernement de droite. Un changement qui se veut décisif pour élaborer une politique nouvelle et positive5, construite sur des interprétations du réel défendables par le gouvernement pour programmer l’avenir de la société. Comme l’explique Pierre Muller, principal tenant de l’approche cognitive de l’action publique,

1 Jürgen HABERMAS, La Technique et la science comme idéologie, traduit par Jean-René LADMIRAL, Paris : Gallimard, 1973, 211 p. ; La culture en partage, Paris : (Mouvement)SKITe Sens & Tonka, 2005, 293 p.

2 Discours de François Mitterrand au palais du Luxembourg, le 22 avril 1981. 3 La victoire socialiste a lieu le 10 mai 1981.

4 Serge BERSTEIN, Pierre MILZA et Jean-Louis BIANCO (dir.), François Mitterrand : Les années du

changement 1981-1984, Paris, Perrin, 2001, 973 p.

5 Le parti socialiste menait déjà une réflexion interne sur sa politique de recherche en 1977, en vue des élections législatives de 1978. Journée nationale d’études du Parti socialiste sur la politique de la recherche, Paris, Compte rendu/Document de travail, 22 janvier 1977 ; Colloque Science et pouvoir, organisé par l’Institut socialiste d’étude et de recherche, Paris, 26-27 novembre 1977.

« c’est en référence à cette image cognitive que les acteurs organisent leur perception du problème, confrontent leurs solutions et définissent leurs propositions d’action »1.

On ne le répétera jamais assez, la crise que nous connaissons depuis dix ans est, à bien des égards, une guerre économique, commerciale, monétaire, financière et technologique entre les grands pays développés, une guerre où nous n'avons pas le dessus parce que les règles du jeu, qui traduisent les rapports de force, nous desservent. Elles sont d'ailleurs faites pour cela.2

La crise économique et ses conséquences sur la société, amplifiées par la période des élections présidentielles, appellent à dresser un bilan. Un bilan qui prend sens dans une comparaison compétitive à la sphère internationale pour la maîtrise des connaissances scientifiques et technologiques, deux préalables que nous allons retrouver dans chacun des rapports de notre période, pour dénoncer un état de fait de l’insuffisance et appeler à un dépassement, par le changement :

Quelle place pour la France dans cette compétition internationale ? A la tête ou à la traîne ? Au cinquième rang, après les USA, l'URSS, le Japon, la RFA ou au premier rang ? Vassale ou éclaireur ? Mon choix est fait. Je veux qu'au cours du septennat prochain la France de la science soit à la tête du peloton. Et j'en prendrai les moyens. Nous bâtirons une France alerte et allègre, regardant l'avenir en face, sans peur du lendemain. Si la France est mal pourvue en ressources naturelles, elle est par contre riche en matière grise. Là est notre avenir : l'exploration des gisements insoupçonnés de notre intelligence.3

Peu à peu, le nouveau gouvernement définit dans ses discours mais aussi dans ses mobilisations et ses dispositifs ce que doit être une politique scientifique de gauche, en utilisant comme valeur principale à son action la recherche et le développement technologique, mis en exergue par cette rhétorique du retard4. Comme le montre Julie Bouchard :

Les retards sont définis à travers quatre grands « régimes de normativité » : celui fondé sur l’idée du progrès de la science pour lui-même ; celui fondé sur l’idée d’une interdépendance entre les disciplines scientifiques ou entre la science et la société ; celui fondé sur la comparaison géographique et, enfin, celui fondé sur l’objectif administratif ou managérial.5

1 Pierre MULLER, Les politiques publiques, Que sais-je, 9e édition, 2011, p.63.

2 Jean-Pierre CHEVÈNEMENT au nom de Pierre Mauroy, Projet de Loi d’orientation et de programmation pour

la recherche et le développement technologique de la France, n°242, Sénat, seconde session ordinaire de 1981-

1982, Annexe au procès-verbal de la séance du 6 avril 1982, Exposé des motifs, p.1. 3 Discours de François Mitterrand au palais du Luxembourg, le 22 avril 1981.

4 Il faudrait développer cette prise de conscience de « l’évaluation technologique », Pierre PAPON, Pour une

prospective de la science: recherche et technologie, les enjeux de l’avenir, Paris : Seghers, 1983, 382 p.

5 Julie BOUCHARD, Comment le retard vient aux Français: analyse d’un discours sur la recherche, l’innovation et

En s’appuyant sur cette crise pour échafauder sa vision du monde, le gouvernement met en avant une interprétation causale entre ladite crise, une accusation du retard et une nécessité du changement des mentalités et des comportements pour la combattre. « Au lieu que la recherche fasse, comme c'est souvent le cas, les frais de la crise et des politiques dites d'austérité, il s'agit de la concevoir, tout au contraire, comme un moyen d'en sortir ». Or, un deuxième constat est établi, et il est local cette fois-ci, bien que corolaire au premier et tout autant alarmant, si l’on en croit le gouvernement :

Après une longue période de près de dix ans aux cours de laquelle la communauté scientifique a eu le sentiment justifié d’être marginalisée, l’opinion pouvait s’interroger au début des années 1980 sur la place que les Pouvoirs publics accordaient au développement de la recherche et de la technologie dans les objectifs de la politique du gouvernement.1

Le retard, à la fois matériel et de reconnaissance de la science française, est expliqué par un mépris, voire une hostilité des précédents gouvernements envers la science et la technologie. En conséquence, ce discours sur le retard semble apparaitre comme une façon d’amener à penser le changement, en particulier dans le champ de la politique de la Recherche et de la Technologie, entendue comme « une fécondation réciproque de la recherche scientifique et du développement technologique », contribution à l’évidence moteur2 pour surmonter la crise

économique et assurer le développement et l’indépendance du pays :

Le défi de la crise, nous le relèverons si nous croyons en nos propres capacités, si nous refusons la fatalité qui stériliserait les innombrables talents et les capacités de création dont notre pays est riche. Pour sortir de la crise, la recherche constitue l'une des clés essentielles, peut-être la clé du renouveau. Seul un gigantesque effort de recherche permettra à la France de prendre place parmi les quelques rares Nations capables de maîtriser leur technologie et en définitive de conserver leur indépendance.3

« Il appartenait donc à l’État, pour relancer l’économie, de consentir un grand effort et d’organiser un vigoureux sursaut de la recherche, en s’appuyant sur le potentiel de la recherche publique et sur celui des entreprises de haute technologie. Le développement de la recherche est conçu comme devant nourrir la nouvelle politique industrielle et provoquer le changement économique et social. Il est donc essentiel de faire de la science et de la technologie (terme nouveau et impropre pour parler tout simplement des techniques), une priorité nationale. Dès

1Colloque national Recherche et technologie, op.cit., p.14 2 Ibid., Annexe 3, Un élément moteur pour sortir de la crise. 3 Discours de Mitterrand ouverture du colloque page 67

lors, la réorganisation et la dynamisation de l’appareil de recherche forment l’un des tous premiers objectifs du gouvernement.1 »

Une priorité nationale mise en scène à travers trente-et-une assises régionales2, un colloque national de quatre jours3 et dix journées thématiques4, suivis par une loi d’orientation et de programmation pour le développement et la recherche technologique5, entre autres

rapports et plans.

Définir les grands objectifs de la politique scientifique et technologique, coordonner l'effort national de recherche et de développement technologique, défendre auprès du Parlement et dans l'opinion l'idée que la recherche et la technologie font partie d'une stratégie pour préparer l'avenir, telles sont les missions que Jean-Pierre Chevènement fixait au nouveau ministère que le Président de la République présentait comme un « avocat de l'avenir ».6

L’étude des actes du colloque national « Recherche et Technologie » de 1981, désigné plus communément, et pour cause, le « Colloque Chevènement », montre qu’il a la particularité de ne pas appartenir au pur registre de la science, mais bien davantage à celui du politique7. La production ou la circulation des connaissances n’est pas le but de ce rassemblement, qui vise plutôt à infléchir la politique scientifique et technologique du pays en choisissant le débat comme mode légitime d’élaboration. « Mettre la science au cœur de la démocratie, pour faire du changement l’invention de l’avenir »8, en restaurant « une confiance avec la communauté

scientifique par un dialogue avec tous les acteurs de la recherche »9. De cette grande consultation se dégagent des thèmes comme l'approche des grandes orientations de la recherche

1 Jean-François THÉRY et Rémi BARRÉ, La loi sur la recherche de 1982: origines, bilan et perspectives du modèle

français une conférence-débat organisée par le Groupe Sciences en questions, Paris, INRA, 4 novembre 1999,

Paris : Institut national de la recherche agronomique, 2001, p.11.

2 En métropole et dans les DOM-TOM, échelonnées du 2 octobre au 20 novembre 1981. 3 Du 13 au 16 janvier 1982, Colloque national Recherche et technologie.

4 Écologie et aménagement rural, colloque de Lyon, 7 et 8 octobre 1981 ; Pathologie animale et végétale, journée de Maisons-Alfort, 2 décembre 1981 ; Recherche Agro-industries, Maison de la Chimie, 3 et 4 décembre 1981 ; Les matériaux, 11 et 12 décembre 1981 ; Recherche, pharmacologie et médicament, 15 décembre 1981 ; Génie biologique et médical, 17 décembre 1981 ; Mission filière électronique, INRA, 17 et 18 décembre 1981 ; La mécanique, 18 décembre 1981 ; La communication, 22 décembre 1981 ; Science, technologie et création, ex-École Polytechnique, 9 janvier 1982.

5 Loi n° 82-610 du 15 juillet 1982 d'orientation et de programmation pour la recherche et le développement technologique de la France.

6 Colloque national Recherche et technologie , op.cit., p.15.

7 Il s’agit d’une particularité commune aux colloques nationaux sur la recherche, voir « Les colloques nationaux sur la recherche (1956-2004) », Journée d'études du Laboratoire Communication et politique, CNRS, Paris, décembre 2005.

8 Jean-Pierre CHEVÈNEMENT au nom de Pierre Mauroy, op.cit.

9 Intervention de Pierre Papon au séminaire de Paris 1 le 9 mai 1988, site Histoire du CNRS et des politiques de la recherche dans la France du XXe siècle, (en ligne) consulté en février 2015 : http://www.histcnrs.fr/archives- orales/papon.html

et de la technologie, la prévision et la prospective, la programmation des moyens et des actions, thèmes déjà présents dans la note d’intention des Assises régionales et du Colloque national qui préfigure la loi d’orientation et de programmation de 1982, et reprend l’ensemble des réformes voulues par le gouvernement1. Si la large consultation des chercheurs et des techniciens peut la compléter, il s’agit davantage de mobiliser la communauté, afin de recueillir son approbation à briser les cloisonnements de l’appareil de recherche2, et d’inciter à sa relance budgétaire. Jean-

Pierre Chevènement, fort de ce soutien, propose ainsi un projet de loi au Sénat, inspiré des lois de programme pour la Défense, pour garantir les moyens consacrés à la recherche et au développement de ses applications, ainsi qu’une continuité budgétaire, en pressant le Ministère des Finances à respecter un minimum d'engagements. « Cet objectif suppose que l’effort national de recherche soit porté de 1,8 % à 2,5% du Produit Intérieur Brut d’ici 1985. Tel est donc le premier objet de ce projet de loi : programmer la montée en puissance de l’effort public de recherche et de développement technologique3 ». Aidée par cette programmation des

effectifs et des moyens financiers, l’action du ministère se développe selon trois axes majeurs. Le premier axe consiste à assurer le redressement de la recherche fondamentale en France, y compris dans les entreprises. Le deuxième axe s’engage à adapter les structures. Plusieurs chantiers sont entrepris : le Conseil supérieur de la recherche et de la technologie est créé en juillet 1982, le Centre d'études des systèmes et des technologies avancées (CESTA) le 22 février 19834, les réformes du statut du CNRS et des personnels de recherche sont votées5 ; des actions qui transforment profondément la recherche française et ses organismes. Enfin le troisième axe entreprend de développer la synergie entre la recherche et la production industrielle, l’objectif étant de favoriser les recherches appliquées et finalisées. En outre, cette croissance budgétaire permet de financer des programmes mobilisateurs6, outils des grandes actions volontaires que

1 Les entretiens réalisés par Florent Loiseau montrent que « le projet de loi a été initié bien avant l'organisation des Assises dont les résultats n'ont eu qu'un effet marginal sur le contenu de la loi ». Florent LOISEAU, « Le tournant des années 1980 : les sciences sociales face au volontarisme politique de gauche », L’État à l’épreuve des sciences

sociales, op. cit. p.129.

2 Le ministère de la Recherche et de la Technologie est créé pour rassembler les moyens dispersés de plusieurs ministères en un centre unique, et les ministres en place sont choisis par François Mitterrand pour leur volontarisme à mener une politique ambitieuse plus que par militantisme. À ce propos Danièle LOCHAK, "La haute

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