2.2 Multiplexeurs existants
2.2.1 Les multiplexeurs interférentiels
Les paramètres quantifiant les performances d’un démultiplexeur étant définis, nous
allons maintenant présenter une classe de dispositifs qui est très utilisée dans l’optique
λ
Bande passante
Pertes
Isolation
Isolation min.
Pertes max.
Pertes, isolation
Fig. 2.3. Gabarit de réponse spectrale d’un bras du multiplexeur et largeur de bande spectrale.
intégrée actuelle. Les multiplexeurs interférentiels exploitent les phénomènes d’interférence
modales pour obtenir la fonction de multi/démultiplexage car si plusieurs modes de
pro-pagation parcourent un chemin optique différent et interfèrent entre eux, le résultat de
l’interférence dépend du déphasage relatif accumulé. Or, comme le déphasage accumulé
par un mode guidé sur une distance donnée dépend linéairement de la longueur d’onde, ce
comportement du composant dépend de la longueur d’onde.
Les composants basés sur ce principe offrent en général de très bonnes performances en
terme de pertes et d’isolation, mais sur une bande étroite et au détriment de la tolérance
de réalisation, qui est en général très stricte.
a) Le coupleur directionnel
Un coupleur directionnel est formé par deux guides d’onde monomodes rapprochés. Si
les deux guides sont identiques, le coupleur est dit symétrique, dans le cas contraire il est
défini comme asymétrique. Les deux guides forment une superstructure qui supporte deux
modes de propagation, d’ordre 0 et 1. En se référant à la Figure 2.4, on identifie trois zones
différentes dans le composant :
i) ii) iii)
L
λ
1λ
1λ
2λ
2 Mode 0 Mode 0 Mode 1 Mode 1Fig. 2.4. Structure d’un coupleur directionnel
ii) la superstructure formée par les deux guides en interaction
iii) la transition entre la superstructure et les deux guides de sortie séparés.
Au début de la zoneii) du coupleur, un seul bras transporte de l’énergie, qui est couplée
de façon égale sur les modes d’ordre 0 et 1 de la structure. Les deux modes se propagent
de façon indépendante et, pendant la propagation, la relation de phase entre eux change,
car leur constantes de propagation β
0etβ
1sont différentes.
Après une longueurL
cdite longueur de couplage et donnée par :
L
c= π
β
0−β
1(2.5)
le déphasage entre les deux modes est de π. La superposition des deux modes après cette
distance donne lieu à une distribution du champ qui concentre toute la puissance dans le
deuxième guide de sortie du coupleur. Si la longueur de la zone ii) est un multiple impair
de L
c, on réalise donc un transfert total de puissance entre les deux guides.
L’utilisation de ce composant comme multiplexeur dépend du fait que la longueur de
couplageL
cvarie avec la longueur d’onde. En éclairant le premier guide avec deux longueurs
d’onde λ
1etλ
2, il est donc possible de faire en sorte que la longueur L du dispositif soit
égale à
L= 2pL
c(λ
1) = (2q+ 1)L
c(λ
2) (2.6)
oùp etq sont entiers.
Pour la longueur d’ondeλ
1, la longueur totale du composantLest un multiple pair de la
longueur de couplageL
c(λ
1). La puissance sera donc transférée sur le bras correspondant au
bras du départ. Pour la deuxième longueur d’ondeλ
2, la situation s’inverse, car la longueur
Lest un multiple impair de L
c(λ
2). Les deux longueurs d’onde seront donc séparées dans
les deux guides de sortie.
Dans la littérature, il existe un exemple de réalisation d’un multiplexeur entre les
lon-gueurs d’onde de1,32µmet de1,55µm, avec un coupleur asymétrique réalisé par échange
d’ions argent/sodium dans un substrat en verre commercial BK7[56]. L’isolation est
su-périeure à 40 dB sur une bande spectrale de 3,1 nm autour de 1315 nm avec des pertes
d’insertion de 1,25 dB. Une réalisation d’un coupleur 980 nm/1550 nm en technologie
si-lice sur silicium du coupleur intégrée avec un amplificateur a été reportée[72], mais les
caractéristiques du coupleur (et en particulier sa largeur de bande passante) ne sont pas
spécifiées.
b) Les interféromètres à modes multiples
Un interféromètre à modes multiples (très souvent appélé par son acronyme Anglais
MMI, Multi Mode Interferometer), dont la structure est représentée dans la Figure 2.5, est
formé par une zone large fortement multimode couplée aux guides d’accès et de sortie.
Le fonctionnement d’un MMI repose sur les mêmes principes que ceux du coupleur
directionnel, sauf que les interférences ont lieu entre plus de deux modes de propagation.
L’avantage par rapport aux coupleurs est que le MMI est moins sensible aux variations
technologiques et plus adapté au multiplexage d’une bande spectrale plus large[73]. Ainsi,
dans la littérature, on trouve des exemples de multiplexeur pompe/signal basés sur le
MMI. Une réalisation avec des guides en SiON sur silice[74] donne une isolation de 18 dB
et des pertes de l’ordre de 0,5 dBà 1550 nm et 980 nm. La bande passante du dispositif,
par contre, n’est pas donnée et les pertes ont été mesurées en injectant avec un objectif de
Guide d’entrée
Guides de sortie
λ
1λ
1λ
2λ
2Fig. 2.5. Structure d’un MMI
microscope et non pas avec une fibre optique.
Une structure MMI a été simulée[75] avec la méthode du faisceau propagé (Beam
Propagation method, BPM) dans le cas de guides gravées en SiON sur silice et optimisée
pour réduire la longueur totale du composant. Les résultats des calculs donnent des pertes
d’insertion inférieures à1 dBsur une largeur de bande de57 nmet une isolation supérieure
à 40 dBaux longueurs d’onde de fonctionnement.
c) Le Mach-Zehnder
Les multiplexeurs de type Mach-Zehnder sont basés sur l’interféromètre qui porte le
même nom et sur un principe de conversion modale réalisée grâce au déséquilibre des deux
bras de l’interféromètre.
La puissance à l’entrée du composant est divisée en deux par une jonction Y symétrique
dans les deux bras de l’interféromètre, dont la différence de longueur est ∆L. Quand les
deux bras sont recombinés avec une autre jonction Y suivie par un guide d’onde bimode, on
peut exciter le mode pair ou impair du guide, selon le déphasage imposé par le déséquilibre
∆L. En ajustant la longueur∆L, on peut faire en sorte que pour la longueur d’onde λ
1le
déphasage soit2π et pourλ
2le déphasage soitπ. La section bimode sera donc éclairée par
le mode pair àλ
1et par le mode impair àλ
2. Un diviseur modal permet de coupler le mode
pair et impair de la section bimode sur deux guides monomodes différents et terminer ainsi
λ
1λ
1λ
2λ
2 Diviseur de puissance longueurLlongueur L+ ∆L
Section bimode Sonction Y symétrique Diviseur modalFig.2.6. Structure d’un multiplexeur de type Mach-Zehnder, d’après [3]
la fonction de démultiplexage.
Dans la littérature, on trouve un exemple d’interféromètre dimensionné pour travailler
autour des longueurs d’onde de1550 nm/1300 nmet réalisé en échange d’ions sur verre[3].
Aux longueurs d’onde nominales, l’isolation dépasse les30 dB avec des pertes d’insertion
de l’ordre de5 dB. La bande passante est limitée par la chute rapide de l’isolation dès qu’on
s’éloigne des longueurs d’onde nominales. Elle est de l’ordre de 20 nm pour une isolation
supérieure à 20 dB.
Pour augmenter la largeur de bande passante du dispositif, une réalisation comportant
la mise en cascade de deux interféromètres a été proposée[76]. Ce type d’approche permet
d’augmenter la bande passante jusqu’à des valeurs de l’ordre de 60 nm (toujours pour
maintenir une isolation supérieure à 20 dB), mais avec une complication considérable du
processus de réalisation du dispositif, un encombrement bien plus grand et des tolérances
technologiques plus faibles.
Dans le document
Mise au point d'un duplexeur pompe/signal à base de guides segmentés en optique intégrée sur verre
(Page 56-61)