2.5 Simulation du comportement et étude des tolérances de fabrication
2.5.2 Dimensionnement de la jonction
Nous avons vu précédemment que le fonctionnement de la jonction en tant que
mul-tiplexeur en longueur d’onde dépend du principe d’adiabaticité, c’est à dire la possibilité
de transformer graduellement la forme du mode fondamental de propagation dans une
structure bimode, sans coupler de la puissance sur le deuxième mode ou sur les modes
rayonnés. Tout le savoir-faire nécessaire pour la fabrication d’un multiplexeur se traduit
dans la recherche des conditions à respecter pour satisfaire au mieux cette exigence
d’adia-baticité, tout en restant compatible avec des exigences d’espace occupé sur la plaquette
et les procédures de réalisation. Différents aspects jouant sur la réalisation d’une jonction,
nous présentons ici un panorama des choix effectuées, le but étant également de mettre en
évidence grâce aux simulations les éventuelles difficultés de réalisation d’un tel composant.
a) Choix de l’angle de branchement
Un paramètre clé pour la fabrication d’une jonction Y est l’angle de branchement. Un
angle trop faible correspond à une longueur trop grande du composant, tandis qu’un angle
trop important reviendrait à perturber l’adiabaticité, avec des répercussions importantes
en particulier sur l’isolation.
En littérature, on trouve des études théoriques approfondies analysant cette
probléma-tique, pour permettre de fixer un critère à respecter. En particulier, W. K. Burns et A. F.
Milton[82] ont traité la question en 1975, en analysant l’usage de jonction Y asymétrique en
tant que séparateur modal ou de puissance. En particulier, la jonction a été discrétisée et
à chaque pas de discrétisation, le transfert d’énergie entre les modes est calculé, en tenant
en compte des relations d’amplitude et de phase entre les champs à chaque interface. Il est
montré que la jonction a un comportement approximativement adiabatique si la relation
suivante (connue sous le nom de critère de Burns et Milton) est satisfaite :
θ < ∆β
0,43
7β
2 0−n
2 3k
2 0(2.45)
Où ∆β est la différence des constantes de propagation des modes fondamentaux des
deux branches de sortie de la jonction, θ est l’angle de branchement, β
0est la moyenne
des constantes de propagation pour les deux branches bien séparées. Cette expression nous
indique que le choix d’un angle élevé ne sera possible que si les branches de sortie sont
très asymétriques et le confinement (représenté par le terme
7β
20
−n
2 3k
20
qui est lié à la
constante de propagation transverse dans la région séparant les deux guides) n’est pas très
grand.
L’angle choisi dans notre simulations est de4×10
−3rad. Il respecte le critère de Burns
and Milton exprimé par l’équation (2.45), qui donne dans ce cas un angle limite de 29×
10
−3rad. Ce choix permet d’obtenir une séparation des branches de24µmaprès6mm de
longueur.
b) Choix d’une typologie de jonction
Dans les discussions du paragraphe 2.4.4, nous avons vu que pour réaliser un
multi-plexeur en longueur d’onde, notre jonction doit être constituée par le branchement entre un
guide large avec un faible écart d’indice et un guide étroit avec un fort contraste d’indice.
Néanmoins, dans la pratique, il y a plusieurs façons pour réaliser un branchement entre
ces trois guides, dont des exemples sont présentés dans la Figure 2.24.
a)
b)
c)
λ
1λ
1λ
1λ
1λ
1λ
1λ
2λ
2λ
2λ
2λ
2λ
2n
sub+ ∆n
1n
sub+ ∆n
1n
sub+ ∆n
1n
sub+ ∆n
2n
sub+ ∆n
2n
sub+ ∆n
2n
subFig.2.24. Typologies de branchement d’une jonction Y asymétrique
confinement croît et qu’il est mieux faire courber le bras où le champ est le mieux confiné.
Cela revient à choisir de faire dévier le bras haut indice, qui est fait pour la longueur d’onde
à980 nm. La configuration choisie est donc celle appelée c) sur la figure 2.24.
c) Géométrie du branchement
Pour faire en sorte que la jonction ait un comportement adiabatique et éviter le couplage
entre les mode fondamental et celui d’ordre 1, il faut choisir correctement la géométrie du
branchement. Un choix peut être de démarrer le guide étroit par une pointe, de telle sorte
que la propagation du champ soit perturbée le moins possible (voir Figure 2.25). Dans les
Figures 2.26 et 2.27, on trouve les résultats de simulation par BPM 2D d’une jonction Y
avec une pointe de150µmde longueur aux longueurs d’onde nominales de fonctionnement,
λ= 980 nm et λ= 1550 nm. Le comportement de démultiplexage de la jonction est très
évident. Le calcul de la puissance en sortie des branches de cette structure par rapport à la
longueur d’onde est visible en Figure 2.28. En particulier, on peut voir que la transmission
de chaque bras est pratiquement plate en bande passante sur une bande extrêmement large
autour des longueurs d’onde nominales de fonctionnement (980 nmet1550 nm). Les pertes
sont inférieures à1 dB aux longueurs d’onde nominales et restent très faibles sur toute la
bande passante, avec des isolations qui dépassent les 25 dBà980 nmet35 dB à1550 nm.
n
subn
sub+ ∆n
1n
sub+ ∆n
2θ
Fig.2.25. Jonction Y asymétrique avec une pointe.
Fig.2.26. Simulation en BPM 2D à la longueur d’onde λ= 980 nmde la
jonc-tion montrée en Figure 2.25.
Fig. 2.27. Simulation en BPM 2D à la longueur d’onde λ = 1550 nm de la
jonction montrée en Figure 2.25.
-40 -35 -30 -25 -20 -15 -10 -5 0 0,6 0,8 1 1,2 1,4 1,6 1,8 Transmission en dB Longueur d’onde en µm Bras haut "n Bras faible "n
Fig.2.28. Reponse spectrale d’une jonction avec pointe.
composant peut poser pendant les étapes de réalisation. En premier lieu, la taille minimale
des détails du masque doit être supérieure ou égale à0,7µm. Cela veut dire qu’il ne serait
pas envisageable de faire commencer ce guide avec une pointe, car ce détail ne peut pas
être transféré correctement pendant la photolithographie. Pour cette raison, la réponse de
la structure montrée en Figure 2.29, qui ne comporte pas de pointe, a été simulée et son
comportement en longueur d’onde est montré dans la Figure 2.30
n
subn
sub+ ∆n
1n
sub+ ∆n
2θ
Fig. 2.29. Jonction Y asymétrique sans pointe.
-40 -35 -30 -25 -20 -15 -10 -5 0 0,6 0,8 1 1,2 1,4 1,6 1,8 Transmission en dB Longueur d’onde en µm Bras haut "n Bras faible "n
Fig.2.30. Reponse spectrale d’une jonction sans pointe.