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Identification des possibilités d’appui aux filières de commercialisation porteuses

2 La filière maïs

2.1 Diagnostic approfondi de la filière

2.1.3 Les marchés du maïs

2.1.3.1 Le marché de la consommation humaine, acteurs et circuits

Le maïs présente la particularité d’être à la fois une céréale consommée pour l’alimentation humaine et pour l’alimentation animale, ce qui rend l’analyse des circuits commerciaux d’autant plus complexe.

Estimation de la consommation pour l’alimentation humaine. Il existe peu de données récentes sur la consommation humaine de maïs au Sénégal. D’après l’étude « Dynamiques de la consommation alimentaire au Sénégal », le maïs ne représenterait en 2001/02, que 0,4% des dépenses alimentaires des ménages (0,1% en milieu urbain et 0,8% en milieu rural), soit 20 à 30 fois moins que le riz. Les prix à la consommation étant similaires pour les deux céréales, on en déduit que les achats de maïs pour la consommation humaine de maïs étaient à cette époque de l’ordre de 5 kg/habitant/an (hors autoconsommation). La même étude précise que les niveaux de consommation diffèrent considérablement selon les régions, la consommation dans les régions de Tambacounda et Kolda étant très largement supérieure à la moyenne nationale, ce qui corrobore l’observation d’une consommation particulièrement élevée dans ces zones. La consommation à Dakar est estimée à 3kg/habitant, loin derrière le riz (95kg) et même le mil (13kg) (Ba, 2006).

Au total, on retient des données disponibles que le maïs représente dans les principales zones de production, notamment en Casamance et au Sénégal Oriental, une part importante de la ration alimentaire (avec des niveaux de consommation estimés entre 40 et 80 kg/habitant/an). Ailleurs, il ne représente qu’une consommation secondaire par rapport aux principales céréales que sont le mil et le riz. Il est d’autre part plus consommé en milieu rural qu’en milieu urbain (sauf sous forme de consommation en vert, à l’époque de la récolte, notamment dans l’agglomération dakaroise). Il semble enfin, si l’on compare les résultats des enquêtes budget/consommation de 1995 et de 2001, que la consommation per capita globale n’ait pas augmenté (contrairement à celle du riz ou du blé), et aurait plutôt eu tendance à diminuer, peut-être du fait de la croissance plus rapide de la population urbaine que rurale.

L’incertitude qui pèse sur le niveau réel de la consommation humaine tient au fait qu’une partie, très difficile à évaluer en l’absence d’enquête de consommation récente, de la consommation apparente des ménages ruraux est sans doute utilisée en réalité pour l’alimentation de la volaille de basse-cour ou pour l’alimentation de complément des animaux de trait.

Mode de consommation humaine et mode de transformation. Le maïs est consommé sous forme de brisures (riz de maïs), de semoule ou de farine. La transformation en milieu rural est traditionnellement effectuée manuellement, mais se fait de plus en plus par des moulins villageois travaillant à façon (pour un prix de l’ordre de 20 FCFA/kg moulu). Le rendement de la céréale transformée par rapport à la céréale brute est généralement estimé à 80%.

Il existait, jusqu’à la fin des années 1990, une transformation agro-industrielle capable de produire des semoules et farines présentant une bonne aptitude à la conservation grâce au dégermage (qui

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ne peut pas être réalisé par les procédés artisanaux), notamment du fait de la société SENTENAC. D’après les principaux opérateurs, cette activité a cependant fortement diminué depuis la fin des années 1990, et l’entreprise SENTENAC a dû arrêter totalement sa chaîne de fabrication, ne pouvant soutenir la concurrence avec la transformation du secteur informel, lequel n’était pas soumis à la TVA de 18% auquel le secteur agro-industriel est désormais assujetti. On estime aujourd’hui la transformation industrielle pour la fabrication de semoule et de farine à un maximum de 10 000 tonnes. Cette transformation porte essentiellement sur du maïs importé par les groupes industriels, également présents sur le marché de l’aliment volaille.

Le ralentissement de la transformation industrielle pour la consommation humaine a ouvert la voie au développement de petites et moyennes entreprises de transformation. Le MEF (2011) estime à plus de 1000 le nombre de PME, en général informelles, créées ces 15 dernières années (mais la plupart ne sont pas actives uniquement dans la transformation du maïs). La transformation artisanale se prête moins bien que la transformation industrielle à la distribution moderne, en raison de la faible capacité de conservation du produit non dégermé. Ce fait explique sans doute la faible croissance de la consommation urbaine de maïs.

La littérature existante souligne la capacité de substitution du maïs au blé et au riz, produits pour lesquels le Sénégal est dépendant des importations. Si cette capacité est théoriquement avérée, elle se heurte à un problème de compétitivité prix : au prix actuel du maïs (150 FCFA/kg), la farine ou la semoule produite revient au moins à 200 FCFA/kg, compte tenu du rendement à la transformation et du coût de transformation, ce qui en fait un produit presqu’aussi cher que le riz.

2.1.3.2 Le marché pour la consommation animale, acteurs et circuits

Le marché industriel de l’alimentation animale. La fabrication de produits d’alimentation animale, et tout particulièrement d’aliments volaille, a connu au cours de la décennie passée un développement remarquable, en lien avec le fort développement de l’aviculture, notamment depuis le gel des importations de volailles en 2005. Ainsi, entre 2002 et 2012, la production de viande de volaille a-t-elle été multipliée par plus de 5 et la production d’œufs par 4, comme le montre les tableaux ci-dessous.

30 Evolution de la production de viande de volaille (tonnes)

Source : FAOstat Evolution de la production d’œufs (nombre d’unités)

Source : FAOstat

L’industrie de fabrication d’aliment volaille s’est fortement développée au cours de la dernière décennie, parallèlement au développement de l’aviculture. On compte un certain nombre d’entreprises importantes (Grands Moulins de Dakar, Nouvelle Minoterie Africaine, FKS, Sentenac, Sedima, Avisen, …), qui sont présentes à la fois dans l’industrie de la minoterie (fabrication de farine et de semoule de blé), dans la fabrication d’aliments volaille, et pour certaines d’entre elles, de façon résiduelle, dans la fabrication de semoule et de farine de maïs pour la consommation humaine.

On estime à environ 100 000 tonnes la quantité de maïs consommée par l’industrie de l’aliment volaille, ce qui correspond à un volume de 160 000 tonnes d’aliment volaille (le maïs entrant en moyenne pour environ 60% dans la composition de l’aliment, bien que les formulations diffèrent

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selon le type d’aliment)14. Les professionnels estiment que 50% de la production est destinée à l’alimentation des poulets de chair et 50% à l’alimentation des pondeuses. Sur les 100 000 tonnes destinées à la fabrication d’aliment pour volaille, environ les deux tiers sont le fait des grands groupes industriels cités ci-dessus, et un tiers d’entreprises locales de moindre importance.

L’aliment pour volaille est commercialisé essentiellement à destination des élevages modernes des Niayes, notamment pour ce qui concerne la production des grands groupes industriels.

Approvisionnement des industries de transformation. Les grandes entreprises de fabrication s’approvisionnent généralement auprès de négociants internationaux, dont certains ont des filiales d’importation au Sénégal. Leur taille et l’importance de leur besoin en maïs (de 15 000 à 30 000 tonnes par an pour les principaux) leur permet en effet de passer des commandes portant sur des grandes quantités, et d’obtenir des prix intéressants. Ces groupes ont d’autre part souvent des liens avec le négoce international. Les groupes de moindre importance, notamment la société Avisen, semblent avoir un accès moins facile aux importations directes, et s’approvisionnent auprès d’importateurs-grossistes