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3.2 La filière macro-algues

3.2.1 Les macro-algues dans le monde

3.2.1.1 Production et consommation mondiale Au niveau mondial, la production de macro-

algues a atteint 16 Mt d’algues fraiches en 2012 pour une valeur de 5 milliards d’euros [11], soit un marché bien plus mature et conséquent en volume que celui des micro- algues.

Le marché est en croissance (croissance de 5 à 15 %/an depuis 10 ans [29] ; 14,3 Mt en 2010 [5] soit une hausse de 12% en 2 ans), les volumes de production ayant sensiblement augmenté sur la dernière décennie notam- ment à travers l’entrée de la Chine sur le marché et le développement de très grandes installations d’aquaculture.

Figure 36 – Evolution de la production mondiale de macro- algues depuis les années 60 [4]

3.2.1.1.1 Types d’algues

96% du volume mondial de production et 96% de la valeur des produits est concentré sur 9 espèces de macro-algues (données FAO 2010 reprises par [30] en 2012) dont les principales sont :

Laminaire du Japon, Konbu (Laminaria japonica), algue la plus cultivée au monde (5,2 Mt en 2010) Eucheuma spp. (3,5 Mt)

Kappaphycus alvarezii (1,9 Mt)

Wakamé (Undaria pinnatifida – 1,5 Mt) Graciliaire commune (1,1 Mt)

Nori (Porphyra sp. - 1,1 Mt)

3.2.1.1.2 Principaux marchés

La répartition en valeur des débouchés mondiaux est, d’après [11] :

89% de cette production dédiés aux marchés de l’alimentation, essentiellement sous forme d’algues entières pré-séchées (pré-fanées sur site à 70% de matière sèche),

7% aux marchés de la chimie fine et 4% à la production d’hydrocolloïdes.

Comme expliqué plus loin, cette répartition est inverse à celle de la France.

3.2.1.1.3 Mode de production

Là encore, la situation est inversée par rapport à la France. En effet, 93% de la production mondiale est aujourd’hui issue de l’aquaculture contre 7% seulement de récolte d’algues sauvages.

3.2.1.1.4 Localisation de la production mondiale En 2010 [30] :

70-75% de la production mondiale de macro-algues provenaient de la Chine, avec 10,1 Mt (5,2 Mds $)

20-25% supplémentaires provenaient d’autres pays asiatiques, respective- ment : Indonésie et Philippines (colloïdes principalement, voir Figure 38), Répu- blique de Corée et Japon.

5% restant en provenance d’Europe et d’Amérique (du Sud principalement), qui cherchent à développer une production

à grande échelle. Figure 37 – Principaux pays producteurs de macro-algues

(production en Mt/an en 2010) [29]

D’autres régions présentent des conditions favorables à la production de macro-algues (Amérique du Nord, Afrique du Sud, Océanie), bien que cette dernière y soit pour l’instant négligeable (cf. Figure 38 ci-dessous).

Figure 38 – Zones propices à la culture de macro-algues (cercles) et part de la production en 2012 (%) [4] Les flux d’importation représentent plus de 2 Mt pour une valeur de près de 770 M$ [30].

Si la Chine est le principal producteur mondial, il est également premier importateur (37% des importations mondiales), ses volumes de production ne suffisant pas à répondre à la demande intérieure, suivis du Japon (16%), des Etats-Unis et de la France.

3.2.1.2 Caractérisation de ces marchés

Le Tableau 14 donne des informations plus précises sur les principaux produits micro-algaux : ordres de grandeurs de prix de vente et de taille de marché, maturité du marché et potentiel intérêt pour de nouveaux entrants.

Produits Taille du marché mondial

Prix de vente (€/kg MS)

Maturité du marché Potentiel d’évolution et intérêt

Alginates 35-40 kt/an ~10

Mature, fortement concurrentiel, fortes barrières à l’entrée

Marché relativement stable, croissance à la marge (1-2%/an) mais surcapacité de production.

Polyphénols ~200

(très dépendant de la

qualité)

Mature

Fucoxanthine Marché de niche ~3000

Non mature Très verrouillé (nom- breux brevet) Marché en croissance Substituts de sels (miné- raux)

Marché de niche < 10 Non mature Marché en croissance

Algues légumes 16 Mtfraiches/an Très gros marché asiatique, Marché français de niche Vrac : ~50 Sachet 50g : ~80-100

Mature en Asie Marché asiatique en croissance Marché français à construire

Tableau 14 – Caractérisation des principaux marchés des produits macro-algaux [11], [30], [13] 3.2.1.3 Analyse du contexte dans quelques pays clés

Comme pour les micro-algues, cette section donne une vision synthétique de l’environnement des macro-algues dans quelques-uns des principaux pays producteurs. Comme présenté au paragraphe 3.2.1.1, ces pays sont pour la plupart asiatiques. La filière macro-algues étant plus mature que la filière micro-algues, on s’attache ici principalement à dé- crire les principaux leviers ou conditions ayant permis leur développement, plutôt que les projets de R&D ou méca- nismes incitatifs. Ces éléments sont principalement issus du rapport du projet BREIZH’ALG publié en 2013 [29].

3.2.1.3.1 Chine

La Chine est de loin le premier producteur (59% en 2010 [29]) et consommateur mondial (61% en 2010[29])) de ma- cro-algues. 99% du marché chinois sont représentés par 4 espèces : la Laminaire du Japon (57% de la production), la Gracilaire commune, le Wakamé et Nori (~14% chacune). Ces algues sont consommées en alimentation humaine, comme légume ou condiment (intégration dans des soupes, etc.). Les principaux facteurs sous-tendant cette position dominante sont les suivants :

Une consommation culturelle d’algues, profondément ancrée dans les habitudes culinaires. Les macro-algues sont utilisées comme des légumes, en accompagnement, et sont appréciées pour leurs qualités nutritives. La consommation individuelle moyenne est de 8 kg/personne/an.

Un parc de consommateurs énormes : une population d’1,381 milliard d’habitants, en croissance. Des surfaces de production importantes.

Une production historique avec des techniques de production maitrisées. Une main d’œuvre bon marché.

Portée par la croissance de la population, la consommation continue d’augmenter. Les sites de production sont quant à eux saturés, phénomène compensé par une augmentation des importations (1er importateur mondial). La pollution croissante des eaux territoriales entraine également une hausse des coûts de production, si ce n’est des problèmes sanitaires.

3.2.1.3.2 Japon

Le Japon était en 2010 le 4e consommateur mondial (5 %), 5e producteur (3 %) et 2e importateur (16 %) mondial de macro-algues [29]. 90 % du marché japonais sont représentés par 2 espèces : Nori (66 % de la production), notam- ment utilisée pour la confection de Makis, et la Laminaire du Japon. La encore, le développement de la filière trouve ses racines dans les habitudes alimentaires des japonais, avec une consommation individuelle moyenne de 7 kg/habitant/an et une faible sensibilité du consommateur au prix du produit [29]. Contrairement à la Chine, le mar-

ché est ici en décroissance, en corrélation directe avec une décroissance de la population depuis 2005. Les coûts de production japonais étant aujourd’hui supérieurs au prix des algues importées (de Chine notamment), la production japonaise de macro-algues devrait suivre la consommation et décroître à moyen terme.

3.2.1.3.3 Indonésie

L’Indonésie était en 2009 le 2e producteur mondial (16 %), 2e consommateur (13 %) et 1er exportateur mondial de macro-algues (32 % des flux). 87% du marché est centré sur la production d’Euchema spp [29]. Ces algues sont culti- vées et non récoltées à l’état sauvage. Contrairement à la Chine et au Japon, et à l’instar de la France, la production indonésienne de macro-algues sert le marché des colloïdes, et notamment de carraghénanes utilisés somme stabili- sants, émulsifiants et gélifiants dans l’agro-alimentaire, tandis que la consommation individuelle en alimentation reste faible.

Comme ses voisins du nord de l’Asie, l’Indonésie bénéficie d’importants espaces littoraux, cette fois peu exploités, d’un climat propice et d’une main d’œuvre bon marché. La culture algale s’y est imposée comme une nouvelle source de revenus pour les familles qui n’arrivaient plus à vivre de la pêche [29].

3.2.1.3.4 Chili

Le Chili est le premier producteur de macro-algues non asiatique, à la 6e place en 2010 avec 2 % de la production mondiale, derrière la Chine, l’Indonésie, les Philippines, la Corée du Sud et le Japon [29]. Là encore, la production est concentrée sur deux catégories d’algues : le genre Lessonia (~60 %) et les gracilaires (~10 %). Comme l’Indonésie, le Chili a une production orientée sur la production de colloïdes à l’export (2e exportateur mondial) et une consomma- tion domestique d’algues légumes faible [29]. Le Chili s’est intéressé tôt aux macro-algues en raison d’une utilisation traditionnelle (« cochayuyo ») aujourd’hui en déclin mais compensée ces dernières années par des investissements étrangers dans l’aquaculture et le développement d’une expertise de recherche au sein d’instituts locaux.