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1.2 Les macro-algues

2.2.1 La culture et récolte des macro-algues

Contrairement aux micro-algues qui, à part dans de rares cas d’eutrophisations de lacs ou étangs, nécessitent absolu- ment la mise en place d’un système de culture, les macro-algues peuvent être cultivées ou directement récoltées dans leur environnement, à la main ou moyennent des systèmes de récolte mécanisés.

2.2.1.1 La récolte des algues sauvages 2.2.1.1.1 Les outils de récolte

Selon les espèces considérées, les macro-algues sauvages peuvent être récoltées soit en mer à l’aide de navires équi- pés de systèmes de récolte spécifiques, soit à pied sur l’estran (littoral soumis à la marée).

En mer, des bateaux spécialisés sont utilisés, typiquement :

Des navires goémoniers, équipés d’une grue articulée au bout de laquelle peuvent être fixés différents outils : - un crochet appelé « scoubidou ». Cette solution est typiquement utilisée pour la récolte de Laminaria di-

gitata.

- un peigne dragué sur les fonds. Cette solution, inspirée des pêcheurs norvégiens, est typiquement utili- sée pour la récolte de Laminaria hyperborea, laminaire ne pouvant être prélevée avec le scoubidou. Des navires équipés de filets.

Des bateaux « faucardeurs / ramasseurs », équipés d’une fourche télescopique modulable à l’avant du bateau permettant de couper, ramasser et stocker les algues en un seul passage, sont également proposés pour les algues en flottaison (Ex : Ulves), notamment en plans d’eau (lacs, étangs, etc.) et canaux.

Des navires « sabliers » sont utilisés pour la récolte de Lithothamnium calcareum ou « maërl », à l’aide d’une drague aspirante. Pour des raisons écologique de maintien de cette espèce répertoriée comme « menacée ou en déclin », son exploitation est interdite en Bretagne depuis début 2013.

Figure 21 - Le scoubidou utilisé pour la récolte de

Laminaria digitata

Figure 22 - Le peigne Norvégien utilisé pour la récolte de

Laminaria hyperborea

A terre, les algues de rive ou algues d’échouage peuvent être récoltées de différentes façons, illustrées en Figure 23 :

A pied : découpées (Ascophyllum nodosu, Himanthailia elongata ou Fucus sp.) ou arrachées (Chondrus crispus, Porphyra, etc.), ramassées à la main ou à la faucille et chargées dans des remorques tirées par tracteur. C’est un travail sélectif qui permet de fournir une biomasse de haute qualité utilisée pour l’alimentaire (en tant que lé- gume) ou pour les carragénanes (Chondrus).

A l’aide de bulldozers et tracteurs, que ce soit pour :

- La récolte d’algues vertes en flottaison avant l’échouage sur les plages (donc avant décomposition) afin de garder une qualité chimique valorisable. Cette biomasse est récoltée en période d’efflorescence esti- vale (marées vertes).

- La récolte d’algues échouées sur les plages. Cette biomasse considérée comme déchet (car souvent en cours de décomposition) est principalement utilisée pour un amendement direct de terres agricoles (si- gnature de conventions avec les agriculteurs).

Figure 23 – Récolte sélective d’algues à terre par les goémoniers (à gauche) et collecte d’algues vertes avant échouage (centre ; sociétés Olmix / Agrival) et après échouage (à droite)

2.2.1.1.2 Les périodes de récolte : disponibilité de la biomasse

La récolte des algues suit un calendrier saisonnier respectant le cycle de reproduction de l’algue afin d’assurer le temps nécessaire à la restauration poste-récolte (on parle de plan de gestion). La disponibilité de la biomasse dépend donc des espèces, de la période de l’année et de la zone géographique considérée.

A titre d’exemple, le Tableau 5 indique les périodes de récoltes des principales espèces de macro-algues en France :

Toute l’année Février à Avril &

Septembre à Novembre Mars à Décembre Mars à Août Mai à Octobre

Ulva, Saccharina latissima, Himanthalia elongata, Ascophyllum nodosum, Fucus

Laminaria hyperborea Palmaria palmata Porphyra Chondrus, Mastocarpus, Laminaria digitata

Tableau 5 – Périodes de récolte des principales espèces de macro-algues en France 2.2.1.2 La culture des macro-algues

La culture des macro-algues, bien que minoritaire en France, représente la grande majorité de la production mondiale (cf. § 3.1.3.2). Les modes de culture des algues varient selon le mode de reproduction, sexué ou asexué, des espèces ciblées.

Les algues capables de se multiplier simplement par voie asexuée (ou dite végétative, exemple : Ulves) permettent une culture rapide et facile de la biomasse, dans des bassins à terre par exemple.

La reproduction sexuée implique quant à elle l’émission de spores microscopiques par les algues gamétophytes, mâle et femelle. La fécondation de ces spores donne ensuite lieu à une algue que l’on appelle sporophyte, qui est généra- lement la forme visible à l’œil nu et qui est récoltée. La reproduction sexuée se résume à une alternance de phase gamétophyte/sporophyte qui doit être maitrisée pour pouvoir procéder à la culture de l’espèce.

Concrètement, les semences (spores) sont produites en écloseries, puis la fécondation et l’ensemencement des lignes par les plantules (gamétophytes) sont effectués à terre avant de procéder à la croissance de biomasse fixée sur des lignes posées en mer (horizontales et verticales). Ces différentes étapes, calquées sur le cycle reproductif des algues, sont illustrées en Figure 24 et Figure 25.

Figure 25 – Des étapes calquées sur le cycle reproductif, exemple de Saccharina latissima [11]

Par ailleurs, certaines macro-algues sexuées peuvent être cultivées en bassin à terre. L’entreprise vendéenne INNO- VALG cultive par exemple une macro-algue (Chondrus crispus) en association avec une micro-algue (Odontella) depuis plus de 10 ans à l’aide de raceways à ciel ouvert (cf. Figure 26). Plusieurs projets de culture à terre sont en cours de préparation par des algoculteurs seuls ou en association avec des conchyliculteurs.

Figure 26 – L’entreprise INNOVALG équipée de raceways (à gauche) pour co-cultiver Chondrus crispus (au centre) et

Odontella aurita (à droite)

Les techniques de culture sont aujourd’hui maitrisées pour une partie des espèces disposant déjà d’applications commerciales (alimentation, agroalimentaire). Le principal enjeu associé à la culture des macro-algues dans l’optique d’une production de biocarburants est la maitrise du changement d’échelle nécessaire à son industrialisation et à la baisse de ses coûts de production. En effet, la culture des macro-algues est relativement intensive en main d’œuvre, mais surtout, le passage à une grande échelle de production nécessiterait de passer des zones proches de la côte (gé- néralement saturées) à une culture en pleine mer, ce qui pose aujourd’hui des problèmes majeurs d’ancrage à ces profondeurs. Des projets d’intérêt ont lieu pour évaluer le potentiel de la culture des macro-algues en association avec des parcs éoliens offshores, mais les surfaces restent limitées.